[Terminé]La Grande Epreuve...

La Grande Epreuve

- Merci beaucoup, répondit Sany aux compliments de la saurienne, vous aurez tout le temps d'en manger une fois arrivé en ville !

Difficile pour la matriarche de Khasra de ne pas se vanter du succès des oranges de son Hacienda ! Chaque région, chaque ville à Dinotopia avait ses petites spécialités après tout comme Churmley qui faisait l'orge de la plus haute qualité qui soit, Pooktook et son cidre si réputé, ou encore Sky City qui fournissait du lait dans toute l'île.

Le voyage restait épuisant même quand on se laissait porter par un énorme dinosaure. Sany n'avait pas voulu décevoir Xyria, mais elle devait bien reconnaître que sous l'air froid du désert après une balade sous son soleil de plomb, elle n'avait qu'une envie : dormir. Le soleil et la chaleur la réveillera bien assez tôt, alors autant en profiter tant qu'il faisait nuit noire. De toute manière, elle-même adorait partager et échanger avec autrui, alors elle comptait bien satisfaire ses envies de mieux connaître la saurienne dès que les occasions reviendront. Dès que Khasra sera à la vue de tout le monde, rien n'empêcherait finalement Sany et sa monture de marcher aux côtés de la jeune gallimimus pour bavarder un peu avant d'arriver. Puis que Xyria sera en mesure de voir la ville de loin, cela ne devrait plus être dérangeant d'être accompagné ou non. De toute manière, plus elle s'approcherait de la ville, plus elle croisera les bus qui allaient et venaient.

La nuit se passa sans encombre. Il faisait froid, mais Sany avait l'habitude. Sous son étoffe et contre les écailles chaudes d'Ator, ça lui suffisait amplement pour ne pas vraiment souffrir de cette température. Sitôt l'aube s'éleva par-dessus les dunes du désert que la jeune femme s'éveilla doucement. Son premier réflexe fut de se coiffer ! Sa longue chevelure soigneuse n'aimait pas beaucoup ces nuits à la belle étoile et Sany devait bien admettre qu'elle n'aimait pas se savoir avec des cheveux ajustés n'importe comment. Comme elle pensait à tout quand elle quittait la ville, elle sortit sa petite brosse pour s'occuper de ça, le temps que les deux dinosaures se réveillent à leur tour. Le feu s'était éteint depuis longtemps. Il n'y avait plus que des braises désormais qui crépitaient faiblement sous un tas de cendre.

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Sany n'avait pas remarqué qu'elle était la première réveillée. Mais au moins, elle n'était pas la dernière ! Et sitôt debout, elle s'était empressée de démêler sa tignasse, ôtant tout grain de sable qui aurait pu s'y loger durant la nuit. Au moins, les dinosaures n'avaient pas le soucis du démêlage de cheveux tous les matins ! A part lustrer leurs écailles, ils n'avaient pas vraiment grand chose à faire pour être présentable. Mais peut-être que la jeune femme accordait trop d'importance à sa propre apparence. C'était le cas de beaucoup d'humains, et surtout beaucoup d'humaines ! C'est alors que Xyria entra dans son champ de vision.

- Bonjour Xyria, répondit amicalement la jeune femme, ça ne vaut pas un vrai lit mais ça allait. Et vous ?

Bien que les dinosaures pouvaient dormir mieux n'importe où que les humains. Ou du moins certains humains. Mais Sany avait acquis un certain goût du luxe depuis qu'elle était devenue matriarche et elle ne serait pas mécontente de retrouver ses draps satinés et colorés à l'Hacienda. Terminant sa toilette vite fait, la matriarche écoutait tranquillement les explications de la jeune femelle jusqu'à être surprise par l'exclamation de cette dernière. La saurienne venait de dénicher un scorpions dans son tissu et l'expulsa vite fait bien fait. L'animal ne se fit pas prier pour déguerpir aussitôt sous le sourire amusé de la Khasrienne.

- Vraiment taquine comme bestiole, commenta t-elle, il faut être prudent !

Les scorpions, ce n'était pas ce qui manquait dans le désert, et même en ville parfois même si la foule avait plus tendance à les éloigner qu'autre chose. Ils étaient venimeux mais pas téméraire pour un sou. Celui n'avait clairement pas chercher à se défendre mais avait été plus surprit qu'autre chose. Sany se leva finalement avant d'épousseter sa tunique tandis que Ator s'éveilla à son tour, poussant un bâillement en ouvrant la large mâchoire.

- Bonjour tout le monde !

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Sany hocha la tête aux explications de la gallimimus. C'était bien ce qu'elle pensait : que les dinosaures étaient plus aptes à dormir n'importe tout, sans toutefois avoir leur préférence de confort bien évidemment. Après, ça dépendait sans doute des individus. Comme pour les humains, il y avait des dinosaures qui aimait le confort d'un lit tel leur semblables mammifères, et d'autres qui pourraient roupiller sur un rocher que ça ne les perturberait pas ! Sany était du genre à aimer le confort tout en ayant appris à s'en passer quand il le fallait.

- Oui, du moins les gardiens. Je connais bien d'autres gallimimus restés à l'état de proie !

Après tout, seuls les Gardiens d'Habitat luttaient contre les dangers de la fauve carnivore de l'île. Même les gardes que l'on pouvait trouver dans les villes ne se risquaient pas à cela. Eux étaient là pour garantir le respect des lois dans les cités, point barre. Personne d'autre à part les gardiens n'avaient l'habilitation à affronter les périples mortels qui faisaient leur quotidien au sein de l'île. En dehors d'eux, tous les autres dinosaures n'étaient que proie pour les prédateurs. Tous les gallimimus ne s'égalaient pas. Ceux qui n'étaient pas dans l'armée des plaines n'avaient rien de comparable avec leurs semblables.

- C'est cela, répondit la jeune femme avec amusement.

Parfois, les plus petites créatures pouvaient se révéler bien pire que les plus grosses.

- Plutôt oui ! répondit Ator à la saurienne, la marche dans le désert, ça fatigue quand même ! D'ailleurs, je ne pensais pas vous voir, j'aurais cru que vous seriez déjà parti.

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Xyria ne serait-elle vexée des paroles de la jeune femme ? Parce que ce n'était nullement l'intention de Sany. Pour elle, être une proie n'était pas une insulte, ni même un mot péjoratif. Il fallait voir les choses telles qu'elles étaient : il y avait des proies et des prédateurs sur cette île. Même Xyria, en dépit du fait qu'elle faisait partie des gardiens, elle restait une proie. Une proie qui savait se défendre, certes, mais une proie quand même. Elle était celle qui mangeait les plantes et qui, par la chaîne alimentaire, peut être mangé par d'autres animaux. C'était là, la définition d'une proie. Ce n'était pas un mauvais terme, il ne fallait pas en avoir honte. C'était juste un fait aussi véridique que de dire qu'elle était un reptile.

- Je ne le nie pas, répondit la matriarche, nous sommes bel et bien des proies. Du moins, les humains de cette île en sont, car ils ne font pas partie de ceux qui chassent pour se nourrir. Je me réfère notamment aux Outsiders. Eux, ils sont à la fois la proie et le prédateur. Cela me fait penser à certains Dolphinbacks avec qui j'ai eu l'occasion de discuter. Dans leur monde, ils se considèrent comme le sommet de la chaîne alimentaire...

Elle gloussa :

- Autant dire que ceux qui découvrent cette île doivent se sentir logé au rang de souris en un claquement de doigt ! Mais je taquine ! Ce n'est pas forcément drôle d'être une proie. Mais il reste important de ne pas l'oublier et de l'accepter. Ce n'est pas parce qu'on est une proie qu'on est stupide et peureux. Les proies savent faire preuve de tout un tas de stratagème pour survivre et c'est en cela admirable. C'est ainsi que les humains ont survécu à l'évolution du monde, et...Vous aussi, sur cette île du moins.

Même si ça, elle pouvait l'attribuer avant tout à l'harmonie qui régnait entre les deux espèces. Si les humains et les dinosaures s'étaient associés, c'était bien pour pouvoir survivre sur Dinotopia et qui plus est, dans un monde bien meilleur que le reste de la planète. Ator interrompit la conversation en rejoignant le monde des réveillés, se rendant compte de la présence de la saurienne malgré son réveil en retard. Celle-ci lui assura qu'elle n'allait pas tarder.

- D'accord...Ah, prends garde, il faut toujours vérifier si une bestiole venimeuse ne s'est pas glissée dans tes affaires durant la nuit.

Sany ne put s'empêcher de tomber hilare devant la remarque de son alter-ego. Il n'en loupait jamais une celui-là ! Et elle ria d'avantage devant la mine d'incompréhension qu'il lui envoya, du haut de ses petits yeux ancrés dans sa tête au bout de son long cou. Finalement, Sany se leva en s'étirant, s'époussetant pour ôter l'éventuel sable de ses habits et de remettre son voile sur la tête car le soleil tapait déjà bien fort pour une matinée.

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Il n'y avait aucun mal à vouloir préférer la fuite et la ruse à l'attaque ou la défense. D'ailleurs...Une grande majorité de la population dinotopienne fuyait les prédateurs, et Sany en première ligne ! -Bien que les dangers soient moindre de son côté de l'île- Sany eut un sourire amusé aux paroles et aux gestes de la saurienne avant de répondre :

- Tout le monde n'a pas votre courage, moins encore votre expérience. Il faut donc opter pour d'autres façons de ne pas se faire manger tout cru !

Ator, bien qu'aussi imposant si ce n'est plus qu'un t-rex, ne valait sans doute pas le courage de Xyria. S'il était capable de se défendre au cas où il se retrouverait acculé, ce bon gros dino choisira toujours la fuite d'abord ! Ce n'était guère la vaillance qui l'étouffait.

- Encore heureux, poursuivit Sany, sinon, ce ne serait pas valoir mieux que les Outsiders.

Les dinosaures carnivores avaient une bonne excuse de tuer : il fallait bien manger ! Mais des humains qui tuaient, ou même des sauriens herbivores...Ca n'avait pas de sens, surtout s'il y avait moyen de faire autrement pour s'en sortir. Sany savait que jamais elle ne serait capable de tuer, ni même de blesser quelqu'un. Humain ou saurien d'ailleurs.

- C'est entendu, répondit la jeune femme après avoir calmée son hilarité à cause de la remarque innocente de son alter-ego, faites bonne route !

Sany salua la saurienne d'un signe de la main et la regarda partir, le sourire aux lèvres. Elle prit son temps pour se préparer également à reprendre la route, manger un bout...Plus il y aurait de distance entre eux et Xyria, mieux ce sera. Une fois prête, la matriarche grimpa sur le dos de son compagnon et Ator se mit tranquillement en route, prenant la direction prise par la gallimimus quelques instants avant. Vivement qu'ils arrivent à destination !

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Sany avait foi en Xyria. Elle ne l'a jugeait absolument pas méprisante sur la question. Pour la jeune femme, un bon Dinotopien devait savoir qu'il n'y avait aucune honte à fuir et à être une proie pour les plus gros. Elle fut d'ailleurs étonné des précisions apportées par la saurienne.

- Vraiment ? Je n'ai jamais entendu parler de ça. N'est-ce pas un peu dangereux ?

Il ne s'agirait pas que ceux qui apprennent à se défendre se croient capable d'égaler les gardiens et de partir jouer les super-héros. Parfois, un malentendu était si vite arrivé. La jeune femme hocha la tête en offrant un sourire à la dinosaure. Elle avait de quoi être fière de faire partie des gardiens et de protéger ceux qui sont dans le besoin. C'était une carrière noble mais dangereuse et tout le monde savait qu'on pouvait compter sur ces protecteurs de l'île.

- Moi jamais, répondit Sany au sujet des Outsiders, il faut dire qu'ils ne viennent jamais de ce côté de l'île.

Le désert n'était pas très attirant pour les gens en général. Khasra était protégé par les rigueurs de ce dernier. Nul carnivore, nul humain hostile. Elle fut choquée d'apprendre que Xyria avait failli passer à la casserole. Il était vrai qu'elle avait entendu que les Outsiders mangeaient des dinosaures. Manger des dinosaures...Brr ! Rien que d'y penser ! Ator aussi en avait des frissons. Il ne s'imaginait pas fini à la broche. Surtout qu'un saurien comme lui nourrirait les Outsiders pour des années au moins !

- Eh bien, fit la jeune femme en croisant les bras, je ne connaissais quasiment rien de ces gens là. Ils sont trop loin par rapport à nous. Mais vu que vous semblez mieux les connaître, je suppose que vous avez raison. Quoi que j'ai déjà lu bon nombre de leurs agissements dans la presse, véritablement choquant en ce qui me concerne.

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Jusque là, Sany comprenait les dires de la saurienne, mais il y avait quelque chose qui clochait dans cette conversation. Ce fut Xyria qui trouva. Il y avait tout simplement eu un malentendu entre les deux femelles. Elle ne put s'empêcher de glisser une main devant sa bouche lorsque la saurienne le dissipa, bien honteuse. Ce n'était pas digne d'une matriarche d'être aussi bouchée !

- Oh je vois ! Excusez-moi, je suis confuse. Il faut croire que je ne suis pas aussi bien réveillée que je pourrais le croire !

Et elle gloussa, consciente de sa bêtise et de l'effet bizarre que ça avait dû produire. Enfin, mieux valait en rire n'est-ce pas ? Sany s'était trouvée ridicule et c'était sans doute là sa seule punition en fin de compte. Les propos de la dinosaure devenaient soudainement plus clairs et surtout plus rassurants !

- Je me disais aussi, ajouta t-elle en riant.

Sany n'aimait pas avoir des préjugés. C'était contre le principe dinotopien. Mais à défaut d'avoir connu des Outsiders, de près ou de loin, elle ne pouvait se référer qu'à ce qu'on lui disait et rares étaient ceux qui les tenaient en discours élogieux.

- Je ne sais pas si tout le monde les juge dans leur généralité, mais après tout, ce sont eux qui ont décidé de vivre à l'écart. Sans doute parce qu'ils nous jugent tout autant. Mais bon, tant mieux s'ils ne sont pas tous des assassins !

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Personne n'était parfait ! Ni une gallimimus de l'armée, ni une matriarche ! Les jours dans le désert, ça n'aidait pas à la bonne écoute, il fallait croire. Ator avait sourit, amusé par la situation, tandis que Sany confirma les propos de la saurienne d'un sourire complice et d'un hochement de tête.

- Je vous donne raison, mais les bonnes intentions, c'est déjà ça.

Dans le Monte Extérieur, ils avaient un curieux dicton disant que l'Enfer était pavé de bonnes intentions. Sany n'avait jamais été d'accord avec cela. Les dinotopiens étaient trop bons pour avoir ce genre de répliques en tout cas. Ca prouvait à quel point ils appartenaient à deux mondes bien différents.

- Vraiment ? s'étonna la jeune femme devant ce que lui rapporta la saurienne au sujet des Outsiders, hypocrites, manipulateurs et trop heureux ? Qu'ils sont étranges ! Je ne sais pas si j'aurais la même façon de penser même si j'étais coincé quelque part loin de chez moi. Je serais plutôt reconnaissante envers ceux qui m'aiderait, mais je ne leur en voudrais certainement pas.

La conversation tourna longuement, mais il fallait tout de même un moment donné que Xyria ne poursuive son chemin dans le désert, ou bien elle n'arrivera pas à Khasra à temps. Aussi, la jeune femme coupa court leur discussion pour lui suggérer, comme l'avait si bien fait remarqué Ator, qu'elle devrait se mettre en route. Leur conversation pourra toujours reprendre durant la pause repas, qui ne sera pas présente avant un bon moment encore. Sany et son alter-ego laissèrent partir Xyria la première, prenant leur temps pour se remettre en route à leur tour alors que la piste de la gallimimus n'était déjà plus visible. Juchée sur le dos de l'immense dinosaure, Sany avait rajusté son voile pour se protéger des rayons sans pitié du soleil tandis que sa monture avait reprit tranquillement l'allure d'une démarche non pressée mais qui couvrirait aisément la distance parcouru par la gallimimus.

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Comprendre et agir, c'était très différent. Sany aussi comprenait ceux qui étaient mauvais à cause de leur situation. Et elle ne blâmait personne de psychologiquement craquer au point de commettre de mauvaises actions. Mais ce n'était pas pour ça qu'elle réagirait pareil à leur place. Enfin, il était difficile de prévoir comment on pourrait réagir face à des situations comme celles-ci mais Sany était convaincue qu'elle serait à même de garder son sang-froid et son pacifiste envers et contre tout. Elle sourit à Xyria. Oui, c'était peut-être juste parce qu'elle était plus sage et matriarche. Toutefois, Sany espérait tout de même que bien d'autres Dinotopiens en feraient autant sans pour autant être à la tête de quoi que ce soit. Un bon Dinotopien se devait d'être sage. Mais évidemment, tout le monde n'était pas pareil, même sur cette île.

- Ne vous sous-estimez pas, répondit sincèrement la jeune femme.

S'il n'était pas possible de prévoir qu'on se comporterait calmement et sagement, il n'y avait aucune raison de penser qu'on pouvait prévoir de mal agir. Des fois, sous la pression de certaines situations, on se découvrait autant de qualités que de défauts jusqu'alors inconnus.

Alors que Sany et Ator poursuivaient leur chemin de leur côté, sans même faire attention à l'heure qui passait, ils virent bientôt la gallimimus revenir vers eux. Le diplodocus s'arrêta, baissant la tête vers elle.

- Pourquoi pas, répondit Sany, il doit être l'heure !

Sur ce, la jeune femme descendit du corps du dinosaure, s'aidant de sa patte que ce dernier avait redressée vers le haut. Mais même ainsi, ça restait une sacrée acrobatie à faire, ne serait-ce que pour l'atteindre dans chuter de trop haut. Ator la posa ensuite sur le sol sableux et chaud, aux côtés de Xyria.

- Venez donc un peu à l'ombre, proposa t-elle en faisant signe à la gallimimus de la suivre sous le ventre de l'imposant saurien qui était suffisamment haut pour permettre à la dinosaure de passer en dessous sans peine.

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Evidemment, quand Sany parlait de se sous-estimer, elle avait bien vu que la jeune saurienne était loin du compte au niveau de prouesses physiques. Mais elle parlait surtout du contexte duquel elles parlaient, à savoir le comportement le plus adéquate à avoir si on venait à se retrouver à la place des Dolphinbacks.

- Oh que oui, répondit la jeune femme, même aucune chance du tout.

C'était les gens qui finissaient sur l'île et non l'inverse. Et même si quelqu'un, par le plus grand des miracles, sortait de l'autre côté du Récif de l'Effroi, le Monde Extérieur n'avait jamais semblé très attrayant aux yeux de Sany. Elle était curieuse, certes, elle avait entendu tant de choses sur le sujet ! Mais en bien tout comme en mal hélas. Les humains de là-bas n'avaient pas l'air de vivre très heureux. Déjà un monde sans dinosaures, ça ne lui inspirait rien du tout ! Quand Xyria les rejoignit finalement pour démarrer la pause de midi, Sany procéda à une descente à la fois calculée mais risquée. Enfin, elle était tout de même agile et avait l'habitude depuis tant d'années, comme pas mal de Dinotopiens de cette région d'ailleurs.

- Merci ! répondit-elle en souriant, mais vous savez, c'est plus une question d'habitude. C'est normal quand on a grandi ensemble.

Enfin presque. Sany avait fini de grandir depuis bien longtemps à l'époque où Ator devait encore pousser jusqu'à devenir plus haut qu'un arbre ! Le diplodocus avait l'habitude de servir de parasol à son alter-ego, aussi celui-ci n'avait pas réagit quand cette dernière avait demandé à Xyria de s'abriter un peu. Après tout, il n'y avait rien d'autre dans le coin pour ça. A la question de la saurienne, Ator baissa son cou, le tournant vers lui-même pour pouvoir voir celles qui étaient sous lui.

- Non du tout, répondit-il, nous autres diplodocus avons une bonne résistance ! C'est pourquoi on préfère habiter le désert. Ne vous en faites pas !

- Eh oui, soupira Sany avec le sourire en sortant son jus d'orange, les humains ont de quoi bien envier les sauriens des fois ! Vous verrez, Xyria, quand vous aurez votre alter-ego, vous aurez tout intérêt à prendre en compte ses limites physiques !

- Les mammifères sont des chochottes.

- T'as fini de dire des bêtises toi ?

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- Oui, enfin, un peu près.

Sany se rendit compte que cette phrase pouvait amener quiconque à croire des choses qui n'étaient pas véridiques. Non, les deux alter-egos ne s'étaient pas connu depuis l'enfance. Toutefois, cela faisait déjà pas mal d'années qu'ils avaient formé leur lien, à une époque ou ni l'un, ni l'autre n'avait fini sa croissance. Aussi, quand Xyria demanda plus de détail sur leur rencontre, Sany en profita pour corriger un peu sa réponse.

- En fait, j'étais adolescente quand on s'est connu, fit-elle avant de boire une gorgée de jus d'orange et d'en proposer à la jeune saurienne, Ator était encore petit, sa famille travaille dans les plantations d'orange de l'Hacienda. Et c'était là-bas que j'avais choisi d'aller faire mon entraînement initiatique d'un an. A l'époque, j'habitais à Ptéros. C'est donc là-bas que je l'ai rencontré. Et croyez-moi, il n'était pas aussi...Grand.

Mais comment ne pas craquer devant la bouille d'un bébé diplodocus ? Ator avait à peine une dizaine d'années à l'époque, et bien qu'il avait déjà la taille d'un cheval en ce temps là, il avait été tout simplement mignon à croquer aux yeux de la jeune adolescente que Sany était à l'époque. Celle-ci haussa les épaules avant de poursuivre :

- Après, le reste, ça c'est fait tout seul...Mais durant cette année, le mystères du lien d'alter-ego n'en furent plus pour nous. Lorsque j'ai quitté l'Hacienda pour ma formation, il ne voulait plus me quitter et malgré son jeune âge, il a laissé ses parents pour pouvoir rester avec moi. Par chance, ma formation était à Khasra, donc on était jamais bien loin de sa famille quand même !

Ator ne disait rien, mais il écoutait avec nostalgie l'évocation de ses années d'enfance. A vingt-cinq ans, l'imposant saurien avait enfin fini sa croissance et il était temps car sa taille, bien que bien connue, était toujours impressionnante pour ceux qui n'auraient pas l'habitude de croiser des diplodocus. Certes, dans le reste de l'île, il y avait des brachiosaures par exemple. Eux pouvaient se vanter d'être les plus haut car ils tenaient leur cou bien droit. Mais les diplodocus étaient les plus longs. Leur cou était plus long, tant et si bien qu'ils avaient du mal à le tenir droit comme les brach. Mais s'ils le pouvaient, ils seraient bien plus haut qu'eux.

- Ah, les plaines ! soupira le géant, des déserts de verdures ! J'aimerais tant en voir un jour ! Ca doit être magnifique.

Sany sourit à la remarque de Xyria.

- Oui, sans doute. Mais je crois qu'on s'adapte surtout bien en compagnie saurienne !

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Sany haussa une épaule. Il existait sans nul doute des façons plus belles, ou plus poétique de rencontrer son âme-soeur. En soi, il y avait probablement plus d'une personne qui avait rencontré la sienne durant son stage. Après tout, c'était durant ce moment là que les jeunes humains fréquentaient le plus les sauriens et d'ailleurs, c'était le but du stage : que les humains s'adaptent aux travaux en compagnie des dinosaures. Après, il y avait effectivement des moyens plus direct, comme l'adoption, ou encore pour les besoins d'une armée dont les membres devaient former des paires avec leur moitié. Finalement, quelle importance ? L'essentiel, c'était d'avoir trouvé le saurien fait pour soi ! Sany n'aurait pu rêver mieux qu'un diplodocus. C'était tout de même bien pratique dans un désert.

- Par instinct...répéta le saurien pensif, on peut dire ça comme ça. Mais c'est un peu difficile à expliquer. C'était comme si elle était devenue un membre de la famille, une grande soeur. Oui, c'est sans doute l'instinct qui m'a fait comprendre que je ne voulais pas qu'elle soit loin de moi.

Sany afficha un sourire à la réponse du diplodocus. Les alter-egos, c'était un sujet compliqué, même pour les Dinotopiens eux-même. Parce que tant qu'on ne l'avait pas vécu, on pouvait difficilement le comprendre ou l'expliquer. C'était un peu comme l'Amour, avec un grand A, mais...Avec un tout autre sentiment qui n'avait pas de nom et qui était très variable. A la réponse de la gallimimus, Sany hocha la tête.

- Vu comme ça, vous avez raison.

C'était l'association des humains et des sauriens après tout qui avait fait naître cette île unique qu'était Dinotopia. A la question de Xyria, Ator fit une petite moue.

- Il n'y a pas de vacances pour les chefs, déclara t-il néanmoins avec une pointe de fierté dans la voix.

Bon, ce n'était pas lui le chef, c'était Sany. Mais à deux, ils ne formaient plus qu'un après tout. Et d'ailleurs, celle-ci confirma les paroles de sa moitié.

- C'est vrai, ce n'est pas toujours évident pour nous de nous absenter trop longtemps de Khasra. C'est que gérer une ville, ce n'est pas de tout repos et puis, je dois prendre soin des stagiaires à l'Hacienda. C'est dommage, parce que moi aussi, j'aimerais voir le reste de l'île. Découvrir les forêts, les plaines vertes et les villes du nord-ouest ! Mais bon, une Matriarche a ses responsabilité. C'est peut-être là le seul défaut de ma profession...

Elle se ressaisit en haussant les épaules.

- Je ne m'apitoie pas sur mon sort, loin de là ! C'est juste pour dire que je doute voir un jour plus loin que les frontières du désert. C'est déjà pas toujours évident de s'absenter comme je viens de le faire alors que je vais juste dans le village à côté.

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Mystique. C'était le meilleur des termes sans doute pour définir la relation qui liait deux alter-egos. A nouveau, Sany ne pouvait qu'approuver les dires de la saurienne d'un hochement de tête. Il y avait bien des mystères dans ce monde qui ne seraient jamais résolu et ce n'était pas plus mal comme ça parfois. De toute façon, Xyria l'apprendra bien à ses dépends. Un jour ou l'autre, elle aura une âme-soeur également. Une moitié avec qui elle partagera tout, et surtout de périlleuses missions de ses fonctions. Ce n'était qu'une question de temps. Et à ce moment là, tout deviendra clair comme un lac de montagne pour elle.

Tandis que Sany sortit un sandwich de son sac, Xyria semblait étonnée d'apprendre que la jeune femme n'était pas aussi libre qu'on pourrait le croire malgré son rôle de chef. Et non, un chef ne faisait pas tout ce qu'il voulait. Il devait avant tout mener son rôle à bien et penser en priorité aux siens. Là aussi, c'était un sujet délicat que Xyria peinerait sans doute à comprendre tant qu'elle n'aurait pas vécu la même chose. Mais ce n'était pas demain la veille qu'elle se retrouverait chef de quoi que ce soit. L'expérience était toujours le meilleur des apprentissages et la meilleure façon de se rendre compte des choses. Aussi, Sany nia d'un signe de tête.

- Rien d'assez long pour m'amuser à jouer les touristes à l'autre bout de l'île, répondit-elle, il faut que je puisse être disponible et rentrer rapidement en cas de problème.

Rien que là, pour être partie à côté, elle avait dû un nombre incalculable de directive et coller des tâches à des personnes qui n'étaient pas faite pour et qui ne seraient sans doute pas capable de gérer un trop gros soucis à l'Hacienda, ou même en ville.

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