[Terminé] A sec [Quête]

A sec

La tempête a été vraiment très rude. C'était une occasion en or de trancher discrètement une gorge et de faire passer un rebord de falaise pour calmer ma bête intérieure qui se meurt de ne pas avoir fait couler de sang humain depuis bien trop longtemps, mais cela aurait été stupide de ma part. Nous étions retranchés dans le château pour encaisser avec force et solidarité ce qu’il se passait en extérieur et c’est avec un grand haut le cœur intérieur que je me suis montré bienveillant avec tout le monde. C’est un masque dont il faut prendre soin pour ne pas me faire jeter de cette communauté et devoir me débrouiller par mes propres moyens. Un tueur en série aussi prolifique que moi ne peut pas échapper à la justice sur une île qu'il ne peut pas fuir. En outre, je ne suis pas certain que la justice de Outsiders soit bien enviable à celle des dinotopiens, ils seraient foutus de me découper en morceaux pour appâter des écailles à massacrer pour se nourrir.

La météo a été contre nous à bien des égards puisqu’elle a totalement ruiné les récoltes sur le point de se faire et les réserves qui avaient déjà été faites. C’est un coup dur pour tout le clan et il ne faut pas longtemps à notre chef pour mettre en branle une réunion de crise. Ses mots sont vraiment durs, non pas envers nous ou lors, mais juste à sortir de sa bouche. Il se résout à devoir demander aux dinotopiens de l’aide. Deux volontaires doivent se rendre à Prosperine, la grande ville la plus proche dans le but de négocier de quoi tenir jusqu’à ce que les prochaines récoltes soient possibles.

Les gens sont soit outrés d’une telle proposition, soit totalement choqués par les nouvelles, mais il y a aussi beaucoup des deux. Personnellement je trouve cela amusant et je me demande un bref instant si je ne vais pas juste quitter la communauté en pleine crise en prétextant je ne sais quoi afin d’aller prendre du bon temps dans les villes dinotopiennes. Mais en réalité, cela serait bien trop que mon départ n’est qu’un prétexte pour échapper à une période difficile. L’amusement est donc de courte durée, même si voire les gens s’exciter et pester ainsi n’en n’est pas moins drôle tant cela est puéril. Je ne tarde donc pas à m’avancer et sortir des rangs.

Erik ▬ J’irai aussi chef ! Ça va me faire un peu d’occupation.

Je n’ai pas bien vu depuis ma position dans la foule l’autre volontaire, ce n’est que maintenant en me trouvant tout devant que je me rends compte que le petit nouveau repêché il y a quelques jours. C’est bien ma veine ça un petit jeune qui ne connaît pas l'île ni les gens. Si j’en crois ce qu’on raconte de lui, ce sont des membres du clan qui l’ont trouvé sur la plage alors autant dire que niveau dinotopiens il n’y connaît sûrement rien du tout. M'enfin, c'est une compagnie comme une autre.

Je sors des rangs pour me diriger vers un manteau mit en boule où se trouvent mes affaires. Je sors les lanières de cuir pour les mettre en place sur mes avant-bras avant de ranger des couteaux dedans et enfin enfiler mon manteau pour dissimuler le tout. Je m’approche du jeune pour pouvoir l’avertir de la situation.

Erik ▬ Fais tes affaires on part dans dix minutes, Prosperine c’est pas tout à côté. Et essaye de ne... bas de pas trop ressembler à Outsider car ça ne va pas être simple de négocier.

Après ça, je me dirige vers mes quartiers spartiates du château pour chercher le reste de mes affaires, une besace de voyage, des bottes un peu plus robustes que celles que je porte et surtout quelques breloques que j’ai déjà troqué par le passé à Prosperine et qui pourraient m’aider à nouer un dialogue et non pas nous faire chasser directement de la ville. Je m’en vais ensuite retrouver mon acolyte de mission pour pouvoir nous lancer sur la route.

Cette mission ne va pas être simple...

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A sec

Il ne me faut pas longtemps pour être prêt, en réalité je ne suis jamais très lent pour l’être. C’est une manie que j’ai gardée de quand j’étais un tueur en série dans le monde extérieur. Il faut toujours être sur la brèche et prêt à partir en cas de besoin. J’ai même fait en sorte d’accumuler pas mal de chose que je ne négocie pas. Cela forme un véritable petit sac de survie qui m’attend enterrer à bonne distance du château et avec quoi je pourrai repartir à zéro s’il le fallait sans trop avoir à pleurer la perte de mes effets. Ça clairement c’est une habitude que j’avais avant et dans chacun de mes appartements j’avais un sac prêt avec tout le nécessaire pour disparaître et changer d’identité et de vie en cas de besoin. Alors dans une vie aussi sauvage que celle d’un Outsider sur Dinotopia, c’est une façon assez saine de vivre, en tout cas c’est ainsi que je vois les choses.  

En très peu de temps je suis au rendez-vous que j’ai donné au jeune arrivé et il est déjà là. Je ne prends donc pas la peine de m’arrêter et je continue de marcher d’un pas rapide et décidé en direction de la route sud. Je mets un léger moment à me rendre compte qu’il commence directement à parler et se présente. Paytah, c’est bien le nom que j’avais cru entendre, un truc qui sonne un peu indien ça. Ça me rappelle presque une vieille visite dans une ville à côté d’une réserve. J’y avais rencontré une jeune fille et j’ai décidé d’être un peu plus original que d’habitude dans mon procédé et d’imiter des méthodes de guerre indienne. Cela avait fait la une du journal local et inquiété les membres de la réserve. Aha, quel souvenir.

Erik ▬ Erik. Et franchement, tu peux dire tu au point ou t’en ai. Dis-je avec un sourire charmeur.

Une question tout à fait pertinente arrive ensuite. Prosperine n’est pas tout à côté malheureusement, mais c’est bien plus proche que ne l’est Waterfall City et sur un terrain bien moins dangereux et complexe. Il peut néanmoins y avoir quelques carnivores sur la route puisqu’on passe dans les montagnes et que BlackBone n’est pas si sûr que ça. Je prends un instant pour réfléchir, mais sans pour autant m’arrêter ou ralentir le pas. Il ne faut pas perdre la moindre minute.

Erik ▬ Et bien comme c’est à environ quatre-vingt kilomètres d’ici, je dirais que si on marche d’un pas vraiment rapide, on peut y être en deux jours, même si on sera vraiment fatigués à l’arrivée. Ce ne sera pas bien grave car il va nous falloir du temps pour les convaincre et qu’ils préparent ce qu’on leur a demandé. Sinon peut prendre un rythme de croisière plus rafraîchissant et commode, mais on n’y sera pas avant trois jours au moins. Donc vu l’urgence, je ne sais pas toi, mais je pense qu’on va surtout faire marcher nos jambes et se dépêcher. Il y a beaucoup de gens qui comptent sur nous.  Dis-je d’un ton sûr mais avenant.

En réalité je n’en ai pas grand-chose à faire de ce qu’il se passe et de la crise. Je fais surtout ça pour mon image dans la communauté et le fait d’être finalement tranquille et non réquisitionné pour faire des réparations suite aux dégâts de la tempête. Mais il ne faudrait pas prendre trop de temps tout de même, car j’envisage sérieusement que les choses ne seront pas forcément simples à Prospérine et j’aimerai faire les choses correctement. Les dinotopiens sont peut-être des abrutis, ils se méfieront rapidement de nous une fois qu’on leur aura dit qui nous sommes. Cela m’énerve presque un peu, car je ne vois pas encore comment arriver à préserver mon identité dans cette ville tout en accomplissant la mission, mais j’ai deux jours pour trouver une idée.  

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A sec

Prosperine est une grande ville plus au sud, derrière la chaîne de montagne qui borde la péninsule où se situe le château des Outsiders. Il nous faut descendre et atteindre lesdites formations rocheuses, mais le fait qu’elles soient mitoyennes de BlackBone. Il nous faut éviter le plein sud sinon nous passeront entre la chaîne de BlackBone et celle de Crackshell Point ce qui nous exposera à d’éventuels carnivores un peu égarés et affamés qui donneraient n’importe quoi pour se mettre quelque chose sous la dent. Si la perspective de devoir sacrifier le gamin pour nourrir des prédateurs au lieu de périr avec lui ne me dérange pas plus que ça, expliquer au chef que nous sommes partis ensemble et que je reviens seul, faute d’avoir su aider un nouveau à survivre, ne m’enchante pas du tout. Nous allons directement partir en direction du sud est afin de nous situer le plus loin possible des carnivores, quitte à devoir prendre quelques sentiers montagneux de Crackshell Point.

Erik ▬ Nous allons prendre la route vers le monastère d’Halcyon et une foi là nous prendrons plein sud. On devrait voyager sans faire de rencontres malheureuses en chemin. Mais faut garder le rythme sinon on n’y sera jamais demain soir.  

Je préfère ensuite garder le silence, même si au bout de quelques temps c’est mon camarade de voyage qui finit par rompre la tranquillité de notre route. Je n’ai rien contre lui et en vérité cela ne me dérange pas vraiment qu’il se mette à rire sans raison en pensant juste à un souvenir sans doute hilarant de son point de vue. C’est juste que je ne suis pas câblé pour trouver les mêmes choses amusantes et qu’il m’est vraiment très inutile de demander plus de détails sur ce qui le fait rire. Toutefois, une personne normalement constituée se pose des questions et a envie de rire avec ses interlocuteurs.

Erik ▬ Ah oui ? Quel genre de souvenir ? Dis-je avec le sourire, comme déjà prêt à partager son rire.

Très honnêtement, je n’ai pas envie de savoir, mais cela fait meilleur genre et participe à entretenir un masque de sympathie avec tous les membres du clan.  

Nous devons négocier avec les Dinotopiens pour nous faire aider au château. Si les Outsiders sont des personnes fières d’être ce qu’ils sont et qui ne se font pas passer pour autre chose, ce n’est pas mon cas. La fierté ne m’a pas aidé à rester libre toutes ces années, mais la filouterie si. Je ne veux pas rompre ma couverture alors que très peu de gens sont en courant que je suis un Outsider tant je cultive l’ambivalance et voyage de façon méthodique. Le problème avec une île dont personne ne peut s’en aller, c’est que les habitants finissent par se connaître et se reconnaître à la longue. C’est donc pour ça que je ne reste pas longtemps dans une ville, que je cache souvent beaucoup mon visage et que je ne visite jamais la même ville dans la même année depuis que j’ai rejoint les Outsiders. J’aimerai éviter de trop me griller à Prosperine, toutefois, je pourrai toujours essayer de jouer sur les deux tableaux. Au pire je n’aurais qu’à glisser à demi-mot que je songe à revenir du côté dinotopien de l’île.  

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A sec

Au moins le jeune métisse a l’air de savoir marcher et ne pas avoir peur de faire de la route, donc ce n’est pas un problème d’aller jusqu’à Prospérine pour notre mission. Ce ne sera pas forcément de tout repos pour autant à cause des problèmes pouvant survenir sur le chemin.

Le jeune homme me narre l’histoire qui l’a conduit à se gausser en pleine route. Je tiens à dire que je suis surpris qu’on puisse être trafiquant d’arme dans un lycée, mais en même temps il a l’air américain, donc étant que ce pays est plein de tarés, rien d’étonnant. Il est un peu jeune pour avoir fourni les détraqués de Colombine, mais c’est la même idée au final, vendre des armes à des gamins qui ne savent pas s’en servir, dans une société qui prône l’action par soi-même sans réfléchir pour se défendre. Finalement, ce n’est pas étonnant qu’il y ait eu autant de monstre comme moi là-bas qui se sont rendu célèbre de par leurs actions et arrestations. Je ne suis pas vraiment certain de savoir ce qu’il y a de drôle dans ce qu’il me raconte, mais je fais honneur à ces mots en affichant un sourire hilare, qui n’est bien évidemment que factice.

La proposition de mon camarade me fait sourire également. Je ne sais pas trop comment réagir car sur le coup ça m’amuse en pensant qu’il essaye d’être drôle, mais je comprends vite qu’il est très sérieux. Je ne sais pas trop par où commencer pour lui répondre. Je n’ai pas envie de lui laisser non plus l’image de quelqu’un d’hautain et méprisant.

Erik ▬ Très sincèrement, cela ne m’a pas l’air d’être une très bonne idée.

En réalité, c’est une épouvantable idée de mon point de vue car jamais ça ne marchera. On pourrait se faire passer pour des dolphinback qui ont été dépouillés, ce n’est pas un problème, mais jamais on ne nous donnerait plus de nourriture que nécessaire.

Erik ▬ Nous avons besoin de nourriture pour toute la colonie, mais aussi de semences pour relancer des champs détruits par la tempête. Si on fait ce que tu suggères, ils nous donneront de quoi manger pour sustenter notre faim et éventuellement pour la route mais pas d’avantage. Nos besoins sont infiniment plus importants en revanche. Je ne pense pas que nous pourrons couper à dire que nous venons de la part de la colonie pour les aider.

Porspérine est clairement perdue pour ma couverture maintenant, tout ce qu’il me reste à faire c’est réduire la portée des dégâts. De toute façon à la longue une partie des habitants doit s’être fait une petite idée et se douter que je ne suis pas vraiment un dolphinback errant. C’est le risque en étant sur cette île depuis déjà trois ans. Mon petit manège arrive à son terme. Tant que ce n’est que dans cette ville, ce n’est pas très dérangeant encore.

Les heures passent et se ressemblent. La région dispose de plusieurs petits ruisseaux d’eau claire qui me permet de ne pas taper dans mon outre de voyage et d’économiser en vue de la marche montagneuse qui nous avons à faire. J’escompte bien à ce que nous arrivions dans la soirée à mi-chemin, ce qui veut dire que la fin de journée sera dédiée à l’ascension et à la marche sur les sentiers montagneux. Je ne suis pas du genre bavard et je ne tiens pas spécialement à gâcher mon oxygène dans une conversation stérile. Toutefois, je ne suis pas certain que mon camarade me laisse beaucoup le choix dans cette histoire.

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A sec

Il semble que le gamin arrive à comprendre que notre mission n’est pas si simple et qu’il ne nous suffit pas de revenir deux sacs de patates pour que tout s’arrange pour nous. Toutefois, il n’est pas bête non plus. La possibilité de voler les ressources n’est pas si stupide, bien que cela n’apportera que d’avantage de haine pour nous autre. Je prends plusieurs longues minutes pour réfléchir alors que nous marchons, sans répondre à ce commentaire de sa part.  

Si nous voulons aider tout le monde, il nous faut une charrette, mais assez petite pour que nous puissions la manœuvrer à nous deux seulement. Cela veut dire que nous serons limités en termes de ressources à transporter, mais nous pourrions charger beaucoup de sacs de graines et quelques sacs de provisions peut être. Est-ce que ça peut suffira pour remplir les conditions de la mission ? Je n’en suis pas persuadé, mais c’est possible. Toutefois, nous aurons également problème d’une patrouille qui sera envoyé dès l’aube à la poursuite de la charrette volée et qu’à la vitesse où des dinotopiens peuvent se déplacer grâce à leurs saloperies d’amis à écailles, nous serions rattrapés avant d’avoir franchis les montagnes. Nous pouvons toujours créer une grosse diversion en mettant le feu au village aussi, cela pourrait causer beaucoup de dégâts aux habitants et il y aurait des pertes, mais nous serions sans doute tranquilles. En réalité, la perspective que des gens puissent périr dans les flammes me laisse songeur et me donne l’eau à la bouche.  

Je reste à afficher un sourire avenant, bien que voulant lui transmettre ma perplexité.

Erik ▬ Les voler peut se faire, mais il nous faudrait mettre le feu à la ville pour couvrir notre larcin et ne pas être rattraper.  

La route se poursuit, mais nous ne sommes pas encore arrivés aux montagnes. C’est là qu’il se met à soupirer et demander si nous sommes presque arrivés. Je n’en reviens pas sur le moment, mais je décide de rester imperturbable devant ce commentaire digne d’un enfant. Je parre une nouvelle fois mon visage d’un sourire “sincère” pour lui répondre.

Erik ▬ Tu vois les montagnes au loin ? Il nous faut les atteindre avant la nuit pour arriver demain soir à Prospérine.  

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A sec

Le gamin n’est clairement pas partisan du fait de mettre le feu à toute une ville pour assurer notre prospérité de clan tout en gardant ce problème dû à la tempête secret. Mais clairement ce n’était pas mon intention véritable même si cela ne me dérangerait pas et que je me délecterai volontiers des cris de terreur et de douleur de tous ces gens.  

Je me tourne vers le métis après sa question et son discours, son envolée lyrique à mon intention pour m’invectiver que nous ne ferons pas ça. Je me tourne vers lui avec un regard d’abord froid, mais je feins de tenter de retenir un fou rire avant de le laisser simplement éclater. C’est un double mensonge en soi, rien de très compliqué à feindre, j’ai l’habitude du mensonge. Je laisse se dessiner sur mon visage une espèce de sourire, clairement en train de me moquer de lui.

Erik ▬ Oh mon dieu t’es crédule toi ah ah ah ah !

Je me retourne à nouveau pour poursuivre la route en continuant de rire à ses dépens pendant un moment comme un mec bien lourd ayant réussi une bonne blague. Je ne sais pas trop où ça va nous conduire, mais il faudrait peut-être que j’arrête de me payer sa tête pendant la route où il va tirer la gueule. Je cesse de rire et je m’adresse à lui sans pour autant me retourner pour ça.

Erik ▬ Ah ah... Non mais on va devoir simplement leur dire qu’on en a chier avec la tempête et qu’on a besoin d’eux. La base. Tu connais le code dinotopien ? “Les autres d’abord, toi en dernier” c’est gravé dans la roche. On n’aura aucun mal à leur faire nous aider à la hauteur du nécessaire. Détends-toi. Les dinotopiens sont des idiots qui préfèrent nous aider que nous savoir en train de mourir de faim à cause d’eux, même si on pose pourtant des pièges pour leurs saloperies d’écailleux.  

Clairement je ne me fais vraiment aucun souci pour la bonne réussite de notre mission pour le clan, c’est plutôt ma relation avec Prospérine qui m’inquiète. Mais je pense que c’est évident que je n’ai pas le choix maintenant alors que je me suis porté volontaire.  

Nous continuons de voyager dans une certaine forme de silence après que je lui ai répondu. Je fais en sorte de maintenir un rythme de marche très rapide dans le but de nous éviter tout retard. Je n’ai pas envie de passer une semaine sur cette mission pour la communauté et nous mettrons assez de temps comme ça pour le retour.  

Le soleil commence à décroitre assez tard et je tiens à profiter de toute la luminosité possible alors que nous entamons l’ascension.

Erik ▬ A partir de là on évite de trop boire, on ne sait pas si on aura un ruisseau avant demain d’avoir descendu l’autre flanc de la montagne.  

Je prends toujours la tête de la marche jusqu’à ce que le soleil soit pratiquement coucher. C’est quand nous commençons à ne plus voir grand-chose que je tiens à faire notre grande pause pour la nuit.

Erik ▬ Ok, je pense qu’on va se poser là. Ça me semble bien. Pas de feu, pas de cuisson ce soir. On va bien dormir et repartir à l’aube. Je prends le premier tour de garde et je te réveil pour la seconde partie de la nuit.

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Le jeune métis devient vite vexé à cause de cette petite raillerie. C’est un moment bien amusant pourtant que de plaisanter sur la crédulité du jeune homme. Un simple regard logique sur la situation lui aurait permis de comprendre que c’était une plaisanterie depuis le début et qu’il n’est pas possible de brûler leur village pour avoir les ressources qu’il nous manque. Le chef ne cautionnerait jamais une expédition aussi meurtrière et ce n’est pas un taré assoiffé de sang, ça c’est moi. Je ne tiens pas à me mettre dans de mauvaises grâces de notre leader et encore moins des grands guerriers du clan.

Le sioux me signifie qu’en effet il avait proposé de dire la vérité avant que je ne lance cette idée folle d’un incendie en rebondissant sur sa seconde possibilité de voler les ressources. La jeunesse est tellement prompte à s’offusquer d’un rien de nos jours, c’est incroyable.

Erik ▬ Faut se faire plus confiance mon garçon. C’est un conseil. Suis tes idées dans la vie, sinon on te les imposera un jour. Enfin, c’était vrai dans le monde d’avant remarque.

Le seul problème c’est d’opérer un troc à la hauteur de ce qu’ils donneront. Mais je ne m’en fais pas trop non plus. On peut facilement les rouler ces idiots en jouant sur la corde sensible de leur code de vie.

Tout se passe bien pour notre route en tous les cas et cela me permet de réfléchir sur les mots à utiliser avec les habitants de Prospérine pour les persuader de nous venir en aide. Ces gens ont le cœur sur la main et ça les perdra. Nous n’avons rien, mais nous pouvons promettre de la main d’œuvre, de rendre service à notre tour. Le chef n’aura qu’à refuser ou honorer la dette après si jamais des habitants de Prospérine décident de venir la chercher.

Le soir et la nuit venus, nous campons, mais sans faire de feu. Une chose que j’ai appris en parcourant l’île c’est de toujours faire le choix entre dormir et manger. Si l’on mange en faisant un feu, alors il faut partir au bout d’une heure pour ne pas être là quand arrivera le carnivore attiré par l’odeur et la lumière. Si on veut dormir, alors on ne fait pas de feu et on mange simplement des produits secs ou des fruits.

Je prends le premier tour de garde, mais rien ne se profile à l’horizon, une nuit calme surement, mais c’était le but de toute façon. Nous avons pris la route de la montagne de Crackshell Point, pour éviter le plus possible les carnivores qui peuvent venir de BlackBone. La nuit est plutôt calme et silencieuse, c'est quelque chose de rassurant et d’apaisant quelque part. Je pourrais trancher la gorge du petit, le laisser là dans un coin et dire qu’un carnivore l’a dévoré, mais ce ne serait même pas amusant...

Au bout d’un moment, au jugé de l’aspect du ciel, je comprends qu’il est temps pour moi de réveiller mon camarade pour qu’il puisse faire son tour de garde. Je pose ma main sur son épaule et le secoue doucement.

Erik ▬ Aller, c’est à ton tour.

Puis doucement je me glisse sur un coin de sol en mettant en place mon vêtement rouler en boudin pour me faire un support plus agréable pour mes cervicale qu’un gros rocher.

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Le jeune est capable de réfléchir il me le montre en énonçant une vérité tout à fait pertinente à laquelle je songe depuis que le chef a fait son annonce. Nous allons devoir proposer des services à ces idiots de dinotopiens et comme un troc de service ne serait pas nécessairement dans l’heure, ils nous feront crédit de ce qu’ils vont nous donner bien gentiment et ce serait à notre leader de voir s’il honore le marché plus tard ou pas.

Erik ▬ Bingo ! C’est exactement ça. Ces andouilles ne voudront pas d’armes car ils sont pacifistes et préfère se laisser bouffer qu’autre chose, donc c’est impossible de leur proposer ça et c’est pourquoi on n’a rien pris. Nous n’avons rien à leur proposer qu’ils ne soient capables d’accepter autre que leur rendre service. C’est donc sur ça que nous allons partir demain en négociant avec eux.

Les outsiders sont des travailleurs et ils n’auront pas froid aux yeux d’envoyer une bonne partie des gens à travers un voyage jusqu’à Prospérine pour travailler aux champs de la ville. Toutefois, j’espère que la ville sera dans de bonnes disposition car j’ai lu en allant à Waterfall City avec Adam que les autorités de Dinotopia étaient sur le qui-vive en raison de pièges relevés. J’espère que ça n’a pas été encore le cas, car je n’ai pas encore eu le temps de voir si une autre gazette a été publiée. Ce serait plus que difficile de traiter avec eux comme il se doit si c’est le cas.

La nuit est calme et dans l’ensemble se passe encombre. Je me réveille doucement aux premières lueurs tout juste au moment où mon camarade m’annonce qu’il est temps de reprendre la route vers notre destination. En quelques minutes nous sommes partis. Je ne mange que très peu, je tâche de finir le plus vite possible le peu de viande qu’il me reste pour n’avoir que des fruits sur moi au moment d’arrivée. En une grosse heure nous quittons les montagnes pour gagner les plaines qui s’étendent autour de Prospérine et on peut de notre point de vue encore surélevé voir la ville à l’horizon qui se dessine. Nous y serons sans aucun doute avant le coucher de soleil à condition de continuer à marcher à un rythme extrêmement soutenu car cela représente plus d’une trentaine de kilomètre encore. Il ne faut pas mollir, mais nous aurons bien deux ou trois jours pour nous reposer là-bas avant de repartir.

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Le chemin commence à devenir long, mais fort heureusement, malgré l’effort important, pour ne pas dire militaire que cela demande de faire 80km en deux jours, il se déroule au moins largement dans le silence ce qui est vraiment apaisant pour l’esprit. Je ne suis pas un bavard, ou en tout cas pas réellement. Je suis capable de parler pendant des heures si on ne m’arrête pas, mais pas par passion, mais par manipulation évidemment. Ce silence me permet néanmoins de réfléchir avec soin à notre tâche de demande d’aide. Cela va faire jubiler certain dinotopiens qui seront très heureux d’apprendre que les rebelles que nous sommes sont obligés de venir la queue entre les jambes dans le but d’avoir la chance de survivre car notre mode de vie qui n’est pas le même que le leur ne nous le permet pas. Ils seront assurément attristés par notre situation, car ils n’en n’ont pas moins le cœur rempli de bonnes intentions, mais il est évident que cela sera une sorte de preuve d’échec de notre volonté de ne pas faire partie de leur société. Il faut limiter cet effet qui nous place en mauvaise posture dans nos négociations.  

Plus le temps passe et plus la ville se rapproche sans pour autant qu’une idée lumineuse ne germe pour établir un plan de discussion à l’avance. J'anticipe bon nombre de leurs discours possibles, mais je n’arrive pas à sélectionner la meilleure option encore, d’autant plus que je ne suis jamais entré en contact avec le patriarche ou la matriarche de la ville. Impossible de savoir sur quel genre de personne avec laquelle nous allons mener nos tractations avant de la rencontrer malheureusement.  

La ville est en vue depuis un long moment déjà, mais je sens que le silence de mon compagnon n’est plus qu’une simple banalité de voyage. Je l’ai entendu déchirer, mastiquer encore et encore des morceaux de viandes. Le dinosaure, ça assèche la bouche comme beaucoup de viande faisandée et qu’elle soit salée ou sèche ça n’en retire pas le besoin de boire qui à mon sens lui a valu de consommer plus que de raison ses rations d’eau. Je me tourne vers lui pour lui tendre ma gourde dans laquelle il reste encore une dose convenable d’eau. Bien assez pour atteindre la ville tout en gardant pour moi.

Erik ▬ Je crois que tu t’essayes à la chasse non ? Et tu dis que tu n’as pas peur de voyager longtemps ou de façon soutenue courtement. Tu devrais essayer de limiter la consommation de viande au matin ou au soir et préférer les fruits pendant la journée. Le sucre c’est bon pour les muscles et ça hydrate. La viande non. Enfin simple conseil de survie ici.

Contrairement à chez nous, pas de supérette, de portable ou de uber ici. Une erreur de jugement pendant un voyage et c’est la mort qui nous touche, tout simplement.  

Finalement nous arrivons en ville et c’est assez rapidement que nous attirons les quelques premiers regards sur nous, d’autant plus étant donné d’où nous arrivons. Je me dirige avec le sourire vers un habitant pour le saluer.

Erik ▬ Paix de l’âme ! Vous est-il possible de nous indiquer où trouver le responsable de Prosperine ? Un patriarche ou une matriarche.  

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Contrairement à ce que j’aurais cru à la base, les habitants de Prospérine semblent nous avoir immédiatement identifié comme des outsiders. Il y a des signes qui ne trompent pas à commencer par les regards et les chuchotements dans notre direction, mais aussi les sauriens dont les corps se raidissent comme s’ils avaient peur pour leur intégrité physique. Je ne pensais pas qu’ils arriveraient à nous identifier aussi vite et la réponse froide pour un dinotopien ne trompe pas, nous ne sommes pas vraiment les bienvenus ici. Une légère moue se dessine sur mon visage de manière fugace avant de disparaître en devenant un sourire aimable et reconnaissant pour les informations qu'il me donne.

L’hôtel de ville est donc notre objectif, mais discrètement et tout en feignant de refaire mon lacet serrant bien ma botte, je décide de m’adresser à mon compagnon métis.

Erik ▬ ça ne part pas du bon pied ici. T’as un visage d’ange alors sers t’en un maximum pour les faire se détendre. Faut penser à tous ceux qui comptent sur nous.

Je n’ai pas vraiment toute cette abnégation en moi pour de vrai, mais c’est bien de motiver du mieux que possible un camarade en territoire ennemi, ce qu’est cette ville d’une certaine manière. Paytah n’est peut-être là depuis longtemps, mais en réalité c’est un avantage de mon point de vue, sa candeur et sa naïveté dû à la nouveauté de l'endroit peuvent nous servir. C'est sur ce terrain que je compte jouer avec le responsable de la ville.

Une fois arrivés à l’hôtel de ville, nous entrons sans en demander davantage à savoir et tout en s’invitant dans les lieux je m’exclame.

Erik ▬ Paix de l’âme ! Nous cherchons le responsable de Prospérine pour une affaire de la plus haute importance ! Dis-je avec un large sourire sur le visage.

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Prospérine est la ville qu’il faut convaincre d’aider le clan, mais ce ne sera pas une chose facile à cause de l’opinion publique sur nous. Autant le dire, les chasseurs nous cause beaucoup de problèmes de mon point de vue et c’est précisément pour ça que je n’aime pas être clairement identifié comme en faisant parti. La mission était déjà compliquée à la base, mais en entrant dans l’hôtel de ville, la surprise fût de taille. Tombant de Charybde en Scylla, le saurien qui nous accueille moi et mon acolyte nous révèle que le patriarche n’est pas présent en ville. Quelle chance nous avons.

Erik ▬ Vous nous voyez navrés d’apprendre que le patriarche n’est pas présent, car la raison de notre venue de saurait attendre bien longtemps et encore moins un calendrier de rendez-vous.  

Je ne me montre pas froid ou autoritaire, j’enfile plutôt le masque d’un homme désespéré et à la recherche d’un espoir. Ce petit numéro n’est pas difficile à faire, j’ai l’habitude de tromper mon monde et finalement si la carrière d’avocat pour être au cœur du système judiciaire ne s’était pas imposé comme un choix logique, j’aurais été un merveilleux acteur.

Erik ▬ Nous représentons une communauté et nous avons subi de lourds dégâts à cause de la dernière tempête. Nos réserves de nourritures sont au plus bas et nos champs ont tous été dévastés. Nous avons besoin de vivres rapidement et de semences pour replanter nos champs afin d’espérer avoir de quoi tenir jusqu’à la prochaine saison.

J’utilise toujours cette fameuse intonation qui donne l’air désespéré. Pour l’instant je n’ai pas clairement dit que nous sommes des outsiders et il ne semble pas s’en être rendu compte, mais il faut encore un peu le ménager. C'est un écailleux, rien que d'apprendre cet état de fait va le braquer et sans doute même lui faire peur. Il faut le préparer à recevoir cette information et heureusement qu’il y a une petite gueule d’ange qui se trouve à mes côtés pour ajouter à la caution gentillesse de notre groupe. Qui pourrait croire à un monstre sanguinaire en voyant Paytah ? Même moi il me donne plus l'air d’être un ours en peluche et pourtant il m’a dit qu’il savait y faire.  

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