[Terminé] En chasse (Xyria)

Xyria jaillit soudainement de la forêt, en plein dans la plaine devant la caverne où s'était réfugié Adam, et rapidement poursuivie par les quatre raptors que le chef avaient lancé à sa poursuite. Comment était-elle arrivée ici ? Disons qu'elle était toujours aussi rapide, mais la douleur limitant ses mouvements, elle avait préféré faire quelques détours pour perdre ses poursuivants plutôt que de courir en ligne droite vers le village, finalement. Elle savait qu'elle ne serait pas capable de l'atteindre à-temps et avait tourné en espérant trouver un plan.

Le raptor qui surveillait la caverne avait ses ordres. Il dressa l'oreille, surpris, mais ne bougea pas. A l'ordre du chef, le second toujours embusqué resta sur place aussi. C'est lui qui rompit sa position pour courir droit vers la gallimimus.

-Oh, mille écailles ! Soupira Xyria.

Et bien foutu pour foutu, elle n'allait pas se laisser faire : elle baissa la tête, se lança dans une dernière accélération et fonça sur le chef qui lui foncé dessus. Quand ils entrèrent en contact, elle sentit ses griffes se planter dans ses épaules et grimaça. Mais elle, elle lui donna un bon coup de boule dans l'estomac, ce qui le déstabilisa, l'empêcha de s'accrocher et le fit tomber sur le côté.

Elle était trop fatiguée, elle ne pourrait pas tenir bien longtemps. Aussi, quand elle vit la caverne, elle y fonça tout droit, passant à-côté du guetteur qui lui lança juste un cri perçant, cria à l'humain qu'elle vit à l'intérieur :

-Pousse toi ! Pousse toi ! Pousse toi ! Fait moi une place !

Avant de s'y glisser rapidement et d'aller de plaquer contre la paroi, à ses côtés, surveillant les raptors qui s'étaient arrêtés à-côté du guetteur...

-Bien-sûr que non, ce n'est pas une blague ! Affirma Xyria.

Et oui, elle le considérait comme responsable de la situation. Les vélociraptors s'en étaient pris à eux parce qu'ils avaient senti et avaient été attirés par l'odeur de son sang. Si il ne s'en n'était pas pris à elle à la base, rien de tout-ça ne serait arrivé... ou si, mais Xyria était jeune et avait besoin d'un responsable de la situation pourrie dans laquelle elle se retrouvait autre que "la faute à pas-de-chance". Et en outre, elle était en colère contre lui. Et non, elle n'espérait pas faire ami-ami avec lui, après se qu'il s'était passé, ça n'arriverait clairement jamais.

Mais elle était assez encrée dans la réalité pour dire :

-Aucun d'entre-nous n'a la moindre chance contre une meute de vélociraptor. Je ne te laisse pas plus d'une demi-journée avant qu'il ne trouvent un moyen de t'avoir, ne serai-ce que parce que tu t'es endormi...

Elle grimaça :

-... et je l'avoue, j'ai tout-autant de chance que toi. Je ne sais pas encore comment on pourrait s'en sortir à deux, mais on aura plus de chance. Est-ce que ton honneur et ton désir absolu de me tuer va au-delà de ton désir de survivre ? Parce que ça voudrait dire que tu es drôlement suicidaire !

Xyria avait gardés les yeux sur l'humain durant tout le long de l'échange, et particulièrement sur la lame brillant dans sa main. Elle ne savait pas si il finirait par accepter sa proposition, mais une chose était sûre : qu'il l'accepte ou non, si il en venait à vouloir la tuer malgré-tout, elle ne comptait pas se laisser faire. Là, ce serait lui ou elle, elle n'aurait aucune honte à faire preuve de violence...

Ce fut cependant un soulagement pour elle quand il rangea son arme. Elle retint un soupir, puis répondit à sa question :

-Pas encore, laisse moi réfléchir...

Elle se tourna vers le raptor unique visible qu'ils pouvaient voir.

-Déjà, que sait-on ? Quatre m'ont poursuivie, et tu en as trois autour de toi. On peut donc en conclure qu'ils sont sept, en espérant que certain ne sont pas resté caché. Mh...

Elle se tourna vers son carquois de flèches.

-Je peux fabriquer une fumée soporifique à l'aide de quelques végétaux que je peux trouver dans le coin, mais il me faut le temps de les cueillir, et un moyen de le leur lancer dessus sans trop approcher. Et pour cela, il te faut ton arc...

Tout-ça, c'était si près, mais finalement si loin, vu que des raptors se tenaient entre eux et se dont ils avaient besoin, justement.

-Je reste la plus rapide, je pourrais aller les chercher, mais tu dois détourner leur attention.

-Je m'intéresse aux outsiders ! Protesta Xyria. Tu n'es pas le premier que je cotoi, tu sais. Ni même que j'arrête. Tu n'es même pas le premier avec lequel je dois faire équipe pour survivre face à des prédateurs...

Elle se demanda d'ailleurs se que devenait Jason. Il avait été insupportable durant leur voyage, mais lui, au moins, il n'avait pas essayé de la manger, il avait même montré un soupçon de malaise lorsqu'il l'avait accidentellement blessée.

Elle pencha le museau sur le côté avec agacement et lui dit :

-Cela-dit, tu es le premier à m'avoir prise pour du gibier. Alors excuse-moi ne de pas avoir particulièrement envie de connaître ton groupe et vos meurs et d'avoir quelques doutes sur ton honnêteté !

Mais oui, ils n'avaient pas le choix, ils devaient faire le trêve. Ils ne pourraient pas s'en sortir chacun de son côté. Elle espérait juste qu'il ne la trahirait pas, à la fin.

Elle se permit une dernière petite pique en ajoutant :

-Ne pourra me battre ni aujourd'hui, ni aucun autre jour, de toute-façon...

Et elle se remit à la conception de son épouvantail.

Oui, Xyria était persuadée que les raptors le croiraient. Ils avaient beau être des prédateurs intelligents, même capables de confectionner des pièges simples... en blessant une proie, par exemple, pour pousser les autres à sortir l'aider... ils n'avaient pas l'esprit de la construction et ne saisirait pas, sur le coup, qu'elle avait créé un "faux humain". Il lui suffirait de courir assez vite pour qu'ils ne voient pas ce détail. Car en effet, si ils le remarquaient, ce serait fini.

Une fois l'épouvantail terminé, elle demanda juste à l'humain :

-Aide moi à l'attacher sur mon dos.

Et une fois cela fait, elle s’étira les membres, agitant les griffes en l'air, et lui dit :

-Attend que nous ayons disparu dans la forêt pour sortir. Et n'oublie pas : aussi rapide et discret que possible. On aura qu'une chance. Ils se laisseront avoir par ce stratagème une fois, pas deux...

Car si les raptors ne le comprendraient pas sur le coup, ils apprenaient et n’oubliaient pas.

Elle s'élança finalement dans la sortie. Le raptor qui bloquait l'entrée poussa un cri étouffé quand elle lui mit un coup de tête dans le ventre, le faisant tomber, et toute la horde la poursuivit tendis qu'elle filait droit dans la forêt. Alors qu'elle se retrouvait au-milieu des arbres, elle tâcha d'attraper les plantes utiles qu'elle croisait, arrachant un peu tout au passage, en fait, tendis qu'elle maintenait la distance avec les raptors en tournant entre les arbres...

*Et si j'avais tors de lui faire confiance ?*...

Xyria y avait songé durant sa course, justement. Elle attirait les raptors au loin et il avait seulement à retrouver son arc et à retourner à la caverne. Simple et efficace, si ils faisaient un-tant-soit-peu attention chacun de son côté. Mais... :

*Et si il se contentait de partir ?*...

Elle avait fait son plan à la va-vite, mais ce n'était que maintenant, alors qu'elle courrait entre les arbres en se faisant chasser par les prédateurs et en cueillant se qu'elle voyait, qu'elle se disait qu'il pouvait la lui faire à-l'envers. Il lui suffisait de partir dans l'autre sens et de rentrer chez lui, et alors, elle serait bloquée, et certainement morte. Il n'avait aucun intérêt à l'aider, de toute-façon, c'était surement se qu'il se disait. Rah, maudite éducation dinotopienne qui faisait qu'on avait toujours une confiance aveugle envers les autres ! Mais maintenant, elle n'avait plus le choix : elle devait lui faire confiance, et espérer qu'il n'allait pas essayer de la piéger.

Au bout de quatre minutes... elle tenait le compte des secondes dans sa tête... elle fit une feinte, passa les raptors et retourna vers la caverne en espérant le retrouver. Elle commençait vraiment à fatiguer et à ralentir, il lui fallait faire vite. Elle détacha l'épouvantail de sur son dos pour détourner leur attention. Bien-sûr, ils commencèrent à mordre et à griffer le manteau, avant de se rendre compte qu'ils avaient été piégés. Ils poussèrent alors un cri de frustration et reprirent la traque, mais trop tard : elle avait réussi à traverser la plaine et regagnée la caverne.

En le voyant, arme à la main, elle lui dit :

-Ouf ! Contente de te voir...

Elle se retint de dire : "que tu ne m’aies pas abandonné", se contentant d'ajouter :

-... entier.

Elle déposa les végétaux au sol et commença à les trier. Pendant ce temps, elle lui demanda, visiblement moins agressive qu'un peu plus tôt, sans-doute parce que fatiguée, ou juste rassurée qu'il soit là :

-Tu peux allumer un feu, s'il-te-plait ?

Il est vrai que Xyria y avait pensé : elle aurait pu essayer de sauver sa veste. Mais d'un autre côté, ça lui aurait été impossible : les raptors la suivaient de près, à ce moment-là. Tout en courant, elle n'aurait pas pu réussir à retirer le mannequin de son dos, retirer la veste, la mettre sous sa patte et le leur balancer sans qu'ils ne la rattrapent... ou tout du moins sans qu'ils ne s’aperçoivent qu'ils avaient été dupés et changent de plan, ce qui les aurait mis tout-les-deux en danger. Il était plus simple et plus sûr de leur envoyer le tout. Il n'allait quand-même pas se plaindre de la perte d'un vêtement ? Car c'était ça ou sa vie...

Tendis que le jeune humain allumait son feu, le plus proche possible de l'entrée pour en évacuer la fumée, justement, Xyria prit des bouts de tissus dans son sac, les tressa pour en faire des sorte de masque et lui en tendit un en disant :

-Met ça devant ta bouche, ça t'évitera d'être endormi par les fumées.

Et elle se mit au travail. Elle tria les végétaux qu'elle avait arrachés par poignées en passant à-côté d'eux pour n'en retirer que ceux qui les intéressaient, calcula avec minutie le dosage... trop faible ne ferait que leur donner un coup de moue, trop fort, ça pourrait les tuer... et mit le tout dans une boule de tissus qu'elle attacha à une flèche qu'elle récupéra de sur Adam. Ce qui était bien, avec le feu, c'était que la fumée empêchait les raptors de les voir faire. Ces derniers s'étaient rassemblés et faisaient fronts pour les empêcher de sortir, maintenant qu'ils ne cherchaient plus à leur tendre des pièges. Mais le feu ne servait pas qu'à ça...

Elle enferma son mélange végétal dans une boule de tissu et y ajouta une mèche qu'elle enflamma. Puis elle attaqua la boule sur la flèche et la tendis à l'humain :

-Voilà, dit-elle, il y a de-quoi endormir un couple de brachiosaures, là-dedans. Dès que la flèche touchera le sol, le mélange va s'enflammer et lâcher un énorme nuage de fumée soporifique. Vise bien le centre de là où ils se trouvent pour tous les avoir. On aura qu'une seule tentative.

-Environs une heure, répondit Xyria à la question que lui posa le jeune humain.

Et soudainement, elle eut une petite inquiétude qui monta en elle...

Elle dressa le museau pour le regarder en-face et lui demander :

-Pourquoi tu me demandes ça ? Ne me dis pas que tu as l'intention de revenir et d'en profiter pour les tuer et les dépecer ? Ce serait facile et lâche !

Si il lui confirmait que c'était bien se qu'il comptait faire, elle ne renoncerait pas à leur plan pour autant. Elle tenait à la vie, quand-même, et c'était la seule chance qu'ils avaient d'échapper à leurs griffes vivants. Mais elle s'en voudrait toute sa vie d'avoir permis à un outsider de tuer toute un groupe de raptor, surement une famille, comme elle elle en avait une à qui elle tenait, peut-être même qu'ils avaient des œufs ou des petits cachés quelque-part...

Adam ne se cacha pas pour encocher la flèche, il le fit aux yeux des raptors, qui ne semblaient pas particulièrement impressionnés, la plupart se contentaient de s'écarter. Le meneur, en revanche, semblait même pousser un ricanement et se mit en-avant. Il défiait clairement Adam d'oser lui tirer dessus, et semblait dire que si il osait faire ça, toute sa horde lui tomberait dessus. Ils ne s'en sortiraient pas, encore moins comme ça, en les mettant en-colère.

Et bon-sang, qu'est-ce que cet humain visait mal ! Les raptors poussèrent un cri moqueur à son adresse lorsque la flèche s'écrasa bien trop loin pour les toucher, au centre du groupe. Il avait tiré en l'air, ils avaient largement eu le temps de la voir venir, cette flèche. Ils se mirent à pousser des cris pour rire de lui, et ne remarquèrent que trop tard la fumée qui les enveloppait. Il ne fallu pas plus de quelques seconde pour que tous s'effondrent, emportés par le produit sans même s'en apercevoir. Lorsque la fumée se dissipa, ils étaient au sol, leurs pattes s'agitant en spasme, respirant lentement...

-Tu as réussi !

Xyria sortit en boitillant de la caverne et tourna autour des raptors. Puis elle se tourna à-nouveau vers Adam en souriant... et eut un blanc en le voyant avec son arc à la main. Elle observa l'arme, puis son couteau, et finalement, leva un regard méfiant vers son visage. Elle se demandait si il allait tenir leur trêve ou si il allait profiter de ce moment où il l'avait à sa merci...

-Une menace pour les humains ?! Protesta Xyria aux paroles du jeune outsider en haussant un œil.

Elle voulait bien admettre que les siens n'appréciaient pas les dinosaures, même les domestiques, ceux qui vivaient en harmonie avec les habitants de l'île. Elle voulait aussi bien admettre que les carnivores posaient bien des soucis, représentaient une certaine menace... elle avait perdu son père à-cause d'eux, elle ne pouvait donc pas penser le contraire. Mais de là à dire que tous les dinosaures étaient une menace, il y avait un monde, quand-même !

Elle se dressa et répondit :

-Excuse-moi, mais je ne vois pas en quoi les miens et moi-même sommes une menace pour les tiens. Nous vivons depuis presque toujours en harmonie avec ton espèce sur cette île, nous vous avons aidé à la construction des villes, nous vous protégeons, même...

Enfin, elle parlait surtout des dinotopiens, bien-sûr, sauf pour le dernier point. Un membre de l'armée gallimimus protègeait toujours autant les outsiders que les dinotopiens.

-Certes, les carnivores peuvent poser des problèmes, mais ne fait pas d'amalgame : ils nous ennuient autant qu'à vous. Mon père est mort en voulant protéger des dolphinbacks d'une attaque de raptors, et ça a aussi failli m'arriver, une ou deux fois. Et le plus souvent, il suffit de ne pas déranger les carnivores pour ne pas avoir d'ennuis avec eux. Alors ne me sort pas cette bêtise. En fait, je trouve que vous, les outsiders, pour la plupart, nous ennuyez bien plus : on passe notre temps à vous proposer notre aide pour vous loger et vous nourrir, mais vous préférez vivre seuls sur les territoires hostiles et voler votre nourriture, quand ce n'est pas littéralement en nous tuant. Alors ne va pas me dire que c'est nous, la menace.