[Terminé] Un maigre espoir au bout d'une longue quête

Un maigre espoir au bout d'une longue quête

Il n'y a pas de hasard à Dinotopia et le destin a voulu que ce cher bibliothécaire a eu raison et j'ai ainsi pu attraper le dernier bus en partance pour le sud juste avant son départ. C’est un petit gain de temps qui me permettra de revenir plus vite auprès de Sany.  

Je me connais et pendant le trajet j’imagine déjà ce que je pourrais faire avec un peu plus de renseignement voire l’ébauche d’un savoir ancestral sur l’art de communiquer avec les prédateurs de l’île. Ce n’est pas une mince à faire et je doute encore de pas mal de choses ce qui soulève dans mon esprit tout autant de questions. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas d’ouvrages consacrés à la pratique ? Est-ce que c’était de la tradition oral et donc passé d’un ambassadeur à un futur ambassadeur dans le cadre de sa formation ? Cela veut-il dire qu’il y a une façon de faire propre à chaque carnivore et qu’il ne pourra m’aider qu’avec une seule espèce de ces derniers. Tant de choses se bousculent dans mon esprit et je n’arrive pas à me calmer facilement pendant le trajet. Le risque d’être déçu est grand car il pourrait me donner des éléments qui ne me serviront à rien tout autant que de simplement me renvoyer d’où je viens sans répondre.  

Quand j’arrive au village agricole au charme buccolique qu’est Churmley je suis très content. C’est la première fois que je prends cette route vers le sud passant par ici. C’est une zone agricole qui doit largement permettre à Waterfall City de manger, mais je suis aussi surpris de voir qu’il y a une couveuse ici. Sans doute la principale de la région. Il n’y a pas de doute, c’est un cadre idéal pour vouloir prendre sa retraite après une vie largement occupée avec des tractations à mener avec des carnivores.  

Je me dirige vers la première personne ayant l’air d’être du coin dans le but de m’aider à trouver Rukon Cérataure. On ne tarde pas trop à m’orienter dans sa direction et j’y vais d’un pas tranquille contrastant avec le tumulte dans mon esprit.  

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Je m’oriente selon les indications que l’on m’a données pour trouver la personne que je cherche et c’est une maisonnette tout à fait charmante que je trouve. Entourée d’une petite clôture et baignée par le soleil de la journée qui est encore assez haut pour qu’on se laisse aller à lézarder au soleil. Un protocératops se trouve là, allongé paisiblement à profiter de la chaleur sans se soucier de ce qu’il peut se passer à côté jusqu’à mon arrivée. En effet, une femme se trouve en train d’étendre du linge pour qu’il puisse profiter de la chaleur pour sécher rapidement. C’est elle qui me voit en premier puisqu’elle s’arrête dans sa tâche et m’offre de vives salutations.

Kai ▬ Toute harmonie madame. Non je ne suis pas du coin. Pas du tout même, je suis arrivé sur l’île l’an dernier pour tout vous dire.

Je me frotte la nuque avec la main sous le coup de l’évidence que mon étrangeté a ici. Je suis à chaque fois identifié comme n’étant pas du coin de façon plus ou moins proche de la réalité de ma nature de Dolphinback. Toutefois, pour le coup cette fois-ci c’est surtout parce que je n’ai jamais mis les pieds avant dans ce charmant village agricole.

Kai ▬ Mais je pense être au bon endroit tout de même. Je cherche un certain Rukon Cératosaure. On m’a vivement conseillé de me renseigner sur la carrière d’ambassadeur qu’il a eu.

Je me racle un peu la gorge voyant du coin de l’œil le protocératops en train de me regarder d’un œil sans avoir pour autant bouger et je décide de tourner mon regard totalement dans sa direction avant de poursuivre.

Kai ▬ C’est bien vous ? Je m’appelle Kai Awana. J’espère que ça ne vous dérange pas trop. J’aurais peut-être dû vous demander avant avec une perruche postale si cela vous convenait, milles excuses.

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e suis surpris d’entendre de la bouche de mon interlocutrice qu’elle n’a jamais rencontré de dolphinback avant moi, mais finalement ce n’est peut-être pas étonnant. Il faut être au courant que l’un d’entre nous s’échoue et quand on y pense ce n’est pas évident. Après tout, pour les grandes villes et surtout Waterfall City c’est normal, puisqu’on doit signer le registre des naufragés, mais pour le reste des nombreux villages de l’île, à moins de se fournir en journaux ce n’est pas aussi évident d’être au courant.

J’affiche un large sourire comme je sais en avoir avant de lui répondre assez sommairement.

Kai ▬Ah oui ? Et bien si vous voulez parler un peu de ça, je serais ravi de vous raconter des histoires du monde extérieur ma fois.

Je ne sais pas à quel point les gens peuvent être intéressés par ça, mais au moins je suis toujours disponible pour en parler et d’autant plus maintenant que cela ne me peine plus d’y penser.

En revanche mon sourire s’étiole aussi vite qu’une fleur en manque d’eau par la saison sèche lorsque le protocératops me répond. Evidemment que j’aurais dû prévenir de ma venue, mais heureusement pour moi il semble prêt à me pardonner cela grâce à ma condition de dolphinback ce qui n’est pas plus mal.

Kai ▬ Pour être franc, j’ai joué de chance. On m’a conseillé de trouver un ancien ambassadeur et j’ai fait la rencontre du maître de la bibliothèque de Waterfall City qui m‘a aidé à vous trouver.

Je ne sais pas si bien ou mal de lui dire que je viens plus ou moins sous le conseil d’Arthur Denison. Après tout, cet explorateur lui a retirer son travail en rapportant les roches solaires et sur Dinotopia la vocation se trouve pratiquement pour la vie une fois qu’on l’a.

Kai ▬ Il se peut qu’une fois mon année à Khasra mené je me tourne vers l’étude des carnivores pour tout vous dire. Donc en un sens je suppose qu’on peut dire que c’est presque comme un devoir scolaire. Je prends un peu d’avance en somme.

C’est en tout cas mon souhait, mais il est aussi vrai que j’aimerai simplement pouvoir arriver à nouer un dialogue avec un carnivore comme cela pouvait se faire dans le temps. Qui sait ?

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La femme qui m’accueille avec bien plus d’égard que le saurien comprend bien que je ne suis pas là pour discuter et elle passe rapidement à autre chose en souhaitant bien toutefois parler du mon extérieur.

Kai ▬ Pas de problème madame, je trouverai du temps pour ça.

Si le protocératops est au début intrigué à l’idée de savoir pourquoi on m’a conseillé de venir le voir, il est très direct lorsqu’il en connaît la raison.

Il dévalorise l’importance que sa personne et son savoir peuvent avoir à mes yeux car s’il est vrai qu’il peut y avoir de nombreux experts en carnivores comme le professeur Absolem, il n’y a plus qu’une seule personne encore en vie pour dire qu’il communiquait avec eux. C’est un détail, mais qui a son importance et il faut que je lui précise le fond de ma pensée.

Kai ▬ Si vous permettez que je vous explique un peu plus ce que je faisais dans le monde extérieur vous comprendrez ma démarche.

J’étais biologiste spécialisé sur l’étude des animaux. Des grands carnivores justement et surtout un homme de terrain. Ici, il est évident que même s’ils obéissent toujours à leur instinct de chasseur ils ont évolué et si je veux continuer à faire en quelque chose qui me correspond, je me dois de les étudier d’une autre manière. A l’extérieur, j’arrivais à les approcher de très près et être accepté par eux parfois. D’une certaine manière nous communiquions ensemble et avons posé des bases de relations.

C’est un coup double car la femme n’est pas loin et finalement c’est un peu comme lui livrer des informations sur le monde extérieur et mon propre passé.

Kai ▬ Donc vous comprenez pourquoi je vous cherchais monsieur Cératosaure ? Vous arriviez à communiquer avec eux dans le cadre de votre fonction d’ambassadeur. Mais je n’ai trouvé aucun livre traitant de comment vous faisiez ça. Donc j’aimerai savoir comment vous faisiez.

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Le vénérable protocératops m’écoute avec la plus grande attention lorsque je commence à lui parler de ce que je faisais dans le monde extérieur. Evidemment, je ne fais qu’aborder le sujet de façon superficielle ce qui n’est pas vraiment l’idéal pour lui donner l’idée la plus juste. Seul compte pour moi qu’il comprenne que j’ai envie de pouvoir communiquer avec eux et que j’aimerai savoir quel en est le secret en fin de compte.

Cependant je déchante vite lorsque le saurien décide de se positionner pour me faire face, étant posé sur son derrière. Le fait est qu’il m’explique assez simplement à sa façon que seul un de ses congénère peut parler aux carnivores. Rukon me fait part que son espèce dispose de la capacité singulière d’avoir une amplitude de vocalise si élevé qu’ils peuvent imiter beaucoup de chants et de cris et que pour eux c’est un jeu d’enfant de parler à un carnivore. Ces derniers auraient donc un langage simplement constitué de subtilités complexes dans les sons émis.

Kai ▬ Hum je vois. C’est donc impossible de communiquer avec eux... je comprends mieux la phrase énigmatique qu’on m’a délivré, “il vous faudra un protocératops expérimenté”. C’est véritablement un problème du coup. A part vous, personne ne dispose plus de ce savoir-faire unique ? Mais d’après vous, serait-il possible... non c’est stupide.

S’il y avait eu des instruments de musiques élaborés dans le but de pouvoir reproduire des sons caractéristiques des carnivores alors on me l’aurait surement dit dans mes recherches précédentes.

Kai ▬ Il semble, d’après vos dires, tout à fait impossible pour un humain comme moi de pouvoir communiquer avec eux. Mes recherches à ce niveau semblent être dans une impasse...

Cet ancien ambassadeur a accepté de répondre à mes questions, mais c’est plus douloureux de s’apercevoir qu’il n’y a en effet aucun moyen de revenir en arrière. On m’avait prévenu que les choses briser sont souvent impossible à réparer sur Dinotopia... Mais il faut que je garde confiance. Il faut que je lui demande quand même sans quoi je le regretterai.

Kai ▬ Il faut que je vous le demande. Est-ce qu’un humain a déjà réussi ou pourrait y arriver selon vous ? Peut-être avec l’aide d’une sorte d’instrument qui pourrait produire les mêmes sons subtils comme un appeau ? Il faut vraiment que je puisse communiquer avec un carnivore. S’il vous plaît, dites-moi que ce n’est pas espoir.

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L
e saurien a bien trop de retenue pour éclater de rire face à la demande que je lui fais, mais c’est du pareil au même puisque sa réponse est pour le moins sans appel. Il est impossible pour un humain d’être capable de reproduire de tels sons et ce n’est pas négociable. Pas étonnant, car finalement nos cordes vocales nous limitent beaucoup, si cela se trouve, les protocératops ont des choses en commun avec l’oiseau lyre et c’est une prouesse de l’évolution de pouvoir arriver à ce genre de résultats.  

Je dois bien avoir l’air abattu face à cette évidente réponse de la part de Rukon qui ne mache pas ses mots pour que ce soit bien clair. Aujourd’hui, aucun membre de son espèce n’apprend plus à parler aux carnivores et lorsque ce dernier représentant s’éteindra, tout cet art sera perdu pour toujours. D’un autre côté je comprends bien mieux maintenant pourquoi il n’y a aucun livre traitant de la profession et expliquant comment faire. C’est un art qui se passe de maître à disciple, étant un art de la voix.

Kai ▬ Pardonnez-moi, mais je trouve ça triste qu’un art pareil, toute un morceau de culture dinotopienne millénaire disparaisse à cause de l’existence de roches solaires qui a mis un terme à cette activité.  

Et si les roches solaires venaient à manquer un jour ? Ce serait un drame car personne ne pourrait plus jamais parler aux carnivores et ce serait simplement la fin de Dinotopia et la mort pour tous ses habitants ou presque.  

Le saurien est plus que catégorique, mais c’est aussi parce que je ne lui dis pas toute l’histoire qui entoure ma recherche. Je n’ai pas vraiment le choix. Je n’ai pas fait tout ça pour rien.

Kai ▬ Dinotopia est un joyau d’art et de culture artistique. Huitième code de Dinotopia, chante chaque jour. Il n’y a jamais eu aucun fabriquant d’instrument de musique qui s’est penché à faire des sons que produisent des carnivores grâce à vos congénères ?

Si ce n’était pas le cas, c’est surprenant, mais en même temps ce serait comme retirer à un protocératops sa particularité, mais c’est aussi révélateur du fait qu’à Dinotopia on stagne plus qu’on innove.

Kai ▬ Je vais être franc avec vous. C'est plus que pour des recherches. J’ai fait la rencontre avec un carnivores qui n’a jamais été vu avant sur l’île et j’ai épuisé les moyens d’en savoir plus. Le seul qui s’offre encore à moi, ou à n’importe qui représentant les autorités de l’île serait de poser la question à des carnivores directement. Si je ne peux pas techniquement le parler, vous pourriez m’enseigner à le comprendre peut-être ?  

Je... je sais que vous n’avez aucune raison de me croire, mais... Arthur Denison m’a dit qu’il n’y avait peut-être qu’un carnivore pour en savoir plus et c’est lui qui m’a conseillé de trouver un ancien ambassadeur et un protocératops expérimenté...

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Je comprends parfaitement la situation et mine de rien je suis pourtant surpris car le vieux saurien ne semble pas avoir de rancune particulière, ce ne serait pas très dinotopien de toute façon. C’est la fin d’une époque, mais il le vit plutôt bien alors même qu’il exprime que c’était peut-être dans l’ordre des choses que les roches solaires aient mis un terme à la nécessité d’avoir des ambassadeurs. Il m’explique sommairement que c’était un travail dangereux en plus et que les dialogues ne se finissaient pas toujours bien à cause de la susceptibilité des carnivores, une chose que je peux comprendre et qui me fait un peu rire, même si je tache de me contenir devant le vieux Rukon.

Kai ▬ Je trouve ça quand même assez dangereux. Ne compter que sur les roches solaires bien viendront bien à manquer un jour et ne plus avoir d’ambassadeurs formés au cas où une nouvelle crise n’arrive, ce n’est pas la plus sage des décisions. Mais c’est peut-être comme vous dites dans l’ordre des choses...

Je ne cache pas ma tristesse, même si cela n’a pas l’air d’être le cas pour le saurien. Mais je trouve ça dommage qu’une partie de la culture ancestrale de Dinotopia s’arrête avec Rukon. Apprendre la langue des carnivores aurait pu devenir un cursus intéressant dans un département de langue à l’université, même s’il s’avère que seuls les protocératops auraient visiblement pu le suivre. Mais la compréhension de ce langage par les autres dinotopiens auraient pu aider à comprendre des menaces ou autre de la part des carnivores.

J’ai un léger sourire lorsqu’il exprime le fait que les carnivores n’ont pas de voix très mélodieuse et que ce serait aussi une des raisons expliquant l’absence de tels instruments. Une nouvelle fois, c’est dommage. En plus, je ne trouve pas ça très juste. Pour avoir entendu quelques vocalises de Deinonychus à RaptorTown, je trouve que ça a son charme, mais peut-être faut-il est aussi passionné que moi pour ces dernier pour l’entendre ainsi aussi. Même les grognements gutturaux d’une mère tyrannosaures pour sa fille en plein jeu avait quelque chose qui respirait la force et une tendresse intense.

Lorsque j’aborde le cœur de ce qui m’amène ici, le saurien m’écoute avec attention et je sens bien qu’il est concentré sur ce que je lui dis, mais une fois encore, c’est un coup d’épée dans l’eau. Il semble convaincu que je ne pourrais pas apprendre ce langage, car il est très complexe et de son côté, il ne saurait même pas comment l’expliquer.

Kai ▬ En même temps, je reconnais qu’avec plus d’un siècle sans pratiquer la langue, ce n’est sans doute pas évident de pouvoir expliquer comment ça marche. Ce... ce n’est pas grave. Peut-être que je pourrais essayer de la comprendre en les observant un temps dans leur vie de tous les jours.

Dire que je connais Denison est un grand mot. Je l’ai brièvement rencontré il y a quelque jour dans sa retraite spirituelle. Il semblait penser qu’il avait apporté la Paix et l’Harmonie par la division et je ne saurais dire s’il m’a dit ça sur le ton du regret ou non.

Mais oui, tout ça concerne bien cette histoire de carnivore mystérieux. Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est plus gros que n’importe quel autre carnivore et Denison lui-même m’a dit qu’il n’en avait jamais vu avant... enfin... si, mais seulement sur une gravure où pensait à une des représentation d’Ogthar.

J’ai peur que vous fussiez mon dernier espoir de pouvoir communiquer avec les carnivores pour en savoir plus. Je vais devoir me résoudre à l’évidence, ma tutrice avait raison et peut-être que j’ai voulu un peu trop interpréter cela comme un signe du destin. Peut-être que ce qui est brisé, l’est à tout jamais.

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Le saurien a raison, ce n’est bon de penser au pire, la question ne se pose pas encore. Si on est avisé, en partant du fait qu’il a fallu un siècle pour épuiser les roches solaires ramenées par Denison, il faudra sans doute bien au moins ça encore pour qu’il en soit de même avec celles des frères Scott. C’est évident. Mais ne serait-ce que pour l’aspect culturel, cela reste regrettable, mais c’est ainsi que vont les choses dans le monde, elles changent. Il a de ce fait amplement raison et d’autres solutions seront peut-être arrivées, mais pourquoi cela ne passerait-il pas par une continuité de l’apprentissage des protocératops du langage des carnivores ?

Kai ▬ Vous avez raison, il vaut mieux rester positif.

En revanche ma remarque a été un peu trop prise pour une attaque sans doute. Je ne suis pas bien au fait de la façon dont l’âge si avancé peut altérer ou non les capacités et ce qui était une remarque bien innocente a failli créer un scandale.

Kai ▬ Je ne voulais pas vous offenser voyons, vraiment désolé. Je voulais seulement dire que ça n’avait pas l’air évident à la grande époque de ce que vous laissiez entendre, mais du coup après tant de temps ça doit être plus difficile encore c’est tout. Je ne voulais nullement me montrer blessant.

Clairement, ce n’est pas avec des réflexions passant pour des piques que j’allais pouvoir le convaincre de parler en langue des carnivores dans le but que je puisse avoir un aperçu de leur langage.

Le vieux Rukon a raison également, la division est une façon de vivre que l’on peut observer partout et finalement contribue à une forme d’unité si on y regarde bien, mais tout de même. Pourquoi devrait-on attendre la Grande Vallée pour pouvoir tous vivre ensemble ? Evidement pour ceux qui mangent purement et simplement de la viande, ce serait compliqué, mais il y a bien une tolérance avec le poisson et certain sont même reconvertis en piscivores par le dressage. Il y a donc des solutions, bien que tout ne soit pas reproductibles avec tous c’est un fait.

Certaines choses sont irréparables, mais on ne peut le savoir qu’une fois avoir tout tenter pour les réparer. Je ne m’avoue donc pas encore vaincu pour autant, surtout pas après les mots qu’il a pour moi.

Kai ▬ Sortir de votre retraite ? Vous voulez dire que vous allez m’aider ? En tout cas je peux vous jurer qu’il est réel. J’en ai fait un croquis très précis et il pourrait être une d’une espèce parente des Baryonyx vu son aspect.

Je fouille dans mon sac pour ne pas laisser le semblant d’envie de m’aider de ce retraité retomber. J’y trouve mon carnet de voyage et je l’ouvre aux pages qui concernent le fameux dinosaure avec toutes dessins, les parties plus ou moins détaillées, les annotations faites suites aux observations faites avec le professeur Absolem ou encore ce que m’a dit Denison.

Kai ▬ Tenez, regardez par vous-même.

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Le vieux saurien se décide bel et bien à contribuer à l’enquête, sans doute à cause des paroles de Denison. Moi qui hésitais à le nommer au début pour ne pas froisser Rukon, c’est finalement ma carte maîtresse dans le but de le convaincre de m’aider dans cette histoire.

Quand je lui présente mon carnet ouvert sur les pages concernant le carnivore mystère, il m’accorde qu’il y a bien un air de famille, même s’il est assez limité. Evidemment, entre la taille et la crète dorsale, il y a de sérieuses différences. Le museau et les pattes puissantes pouvant le faire passer de quadrupèdes à bipède et surtout certainement nager sont des indices d’appartenance à la même famille selon moi.
Sa taille est très imposante et c’est ce qui pose le plus problème car il pourrait faire concurrence et dépasser le giganotosaure, le plus monstrueux des carnivores. Si je me souviens de ce que me disait ma défunte Abigail, ce dernier aurait pu être un rival plus que sérieux au T-rex s’ils avaient vécu à la même époque pour ne pas dire une sorte de proie tant l’écart de taille est important. Cependant, même si ce nouveau dinosaure est plus grand, il ne l’est pas forcément de beaucoup et un combat avec un giganotosaure pourrait ne pas forcément tourner en sa faveur. Toutefois, je ne me vois pas du tout essayer de nouer le contact avec un giganotosaure avec l’aide de Rukon. Si mon analyse de la créature est juste, nous aurions plus de succès à voir cela avec des Baryonyx, mais comme il est apparu dans la région de Blackwood, se sera sans doute mieux de commencer avec le T-rex qui y vivent.

Kai ▬ Quand il est arrivé dans les ruines, le T-rex qui nous traquait a fui sans demander son reste ou risquer la confrontation.

Je récupère un peu mes affaires et je reste un instant à songer que je n’ai pas tout le temps du monde pour faire ça mine de rien. Il faut que je lui demande plus d’informations.

Kai ▬ Du coup, comment procède-t-on selon vous ? Vous voulez faire à votre façon dans votre coin ou est-ce que je peux vous suivre et vous observer faire ? Je sais que vous avez dit que vous ne pouviez pas apprendre à un humain, mais je pense que je gagnerai à pouvoir vous voir faire.

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Rukon a bien raison sur ce point. Même si fondamentalement nous sommes tous des animaux, un comportement primitif élémentaire nous faire prendre du recul face à plus imposant que nous. C’est un mécanisme de survie qui marche ma majorité du temps. Un t-rex à ce point plus petit que l’inconnu n’a rien à gagner à rester face à un si gros prédateur, d’autant plus s’il ne l’a jamais vu lui non plus. Toutefois, il en aurait été sûrement autrement si ce dernier était sur son territoire, ou si sa progéniture était en danger.

Je suis content que le saurien veuille que je sois présent avec lui car il n’a pas tous les détails. Il est également très prévenant en me faisant part du fait qu’il n’est pas très heureux de me mettre dans une situation où je pourrais risquer ma vie. J’allais pour lui répondre, mais la jeune femme qui doit être son alter-ego intervient dans la conversation pour souligner qu’il n’a pas plus à le faire.

Je prends conscience du grand âge de Rukon au moment où elle en parle et il faut dire que cette femme a tout sauf tort sur la question. Je n’ai pas à demander à ce saurien de prendre autant de risques sur mes simples interprétations. C’est dangereux et rien n’est certain. Cela me renvoie à ce que m’a dit Sany au sujet de ma prise de risque et surtout sur la promesse que je lui ai faite de faire vraiment très attention.

Kai ▬ Rukon... elle n’a pas tort. Vous avez mis tout ça derrière vous il y a longtemps. Ce n’est pas bien que je vous entraîne là-dedans sans plus attendre. Les autres d’abord, toi en dernier. Je ne devrais pas aussi ardemment cultiver mon envie de vouloir parler avec des carnivores, pensant bêtement pouvoir faire quelque chose...

Je suis désolé madame, je ne voulais pas créer de problèmes. Par contre, est-ce que ça vous irait si... et bien Rukon, vous pourriez peut-être appuyer ce que je soulève auprès des autorités de Waterfall City et les convaincre... je ne sais pas, de vous envoyer un disciple ? Si de ce que vous dites je n’ai aucune chance de pouvoir reproduire des sons propres aux carnivores pour leur parler, peut-être qu’il y a un protocératops sur l’île qui pourrait aimer apprendre ça et m’aiderait par la suite ?

Je commence m’emballer un peu et mon esprit va dans tous les sens. J’ai l’impression d’être un animal au bord du gouffre, à deux doigts de sombrer. Je m’accroche peut-être un rêve impossible...

Kai ▬ Pardon, je me suis emporté. Il vaudrait peut-être mieux que je vous laisse là, n’en parlons plus...

Je suis dépité. Ce n’est pas très dinotopien comme comportement. C’est assez égoïste et prétentieux de ma part de vouloir enquêter comme si c’était mon devoir, de penser que peut-être je pourrais être l’un des premiers à créer un lien avec une autre espèce de carnivore comme les skybax ou les smilodons ont pu le faire. J’aurais dû faire un rapport de mes impressions à Waterfall City, qu’ils auraient sans doute ignoré, mais j’aurais eu au moins le sentiment de bien avoir agit.

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Pour l’heure, il vaut mieux s’en tenir à là où nous sommes. Il ne serait pas sérieux de nous mettre en danger plus que de raison sans en savoir plus. Rukon est âgé et le perdre briserait complètement la jeune femme qui partage sa vie. J’ai bien compris que ce lien unique qui lie un saurien à un humain est plus fort encore que le simple amour entre deux être qui décident de s’unir dans une vie de couple. Ce serait incroyablement égoïste de s’embarquer dans une telle histoire et j’ai promis à Sany de rester dans les limites de mes capacités et ne pas aller plus loin. Je suis un dolphinback, je suis Kai Awana, mais ici ce que je faisais dans l’ancien monde n’a aucune valeur. Il faut que je me réinvente une vie ici et ma place n’est pas encore définie.

Je suis content que mon idée de trouver un disciple plaise à Rukon. Si cela n’aboutit pas à renouer avec les carnivores, ce n’est pas grave. Dinotopia ne perdra pas une partie de sa culture et de son savoir-faire qui est véritablement unique. Mais craintes sont sans doute un peu trop zélées, à cause de ma vie dans le monde extérieur qui me fait craindre parfois le pire même si je suis d’un naturel optimiste. Il faut que j’accepte qu’ici ce n’est pas pareil, mais il ne reste plus qu’une seule personne sur toute l’île capable de communiquer avec des carnivores... ce serait dommage de perdre tout ce savoir et je suis content qu’il soit d’accord avec ça.

Les paroles du saurien sont pleines de sagesse. Il ne faut pas éteindre la lumière sur le savoir de Dinotopia. Pas plus que je ne dois le faire sur mes espoirs, car une goutte de pluie enfante l’océan.

Kai ▬ Je vous remercie Rukon. Je vais garder espoir. Pour le moment, j’ai fait tout ce que je pouvais. Il faut que je laisse le temps se faire maintenant. Je suis certain que vous serez un enseignant formidable. Mais si ça ne vous ennuis pas, j’aimerai bien garder contact avec vous et pourquoi pas revenir à l’occasion une fois mon stage d’assignation terminé pour vous écouter pratiquer.

Une goutte de pluie enfant l’océan... J’ai hâte de voir l’océan que vous allez engendrer en partageant vos connaissances en tout cas.

J’attrape mon sac que j’avais posé au sol pour pouvoir passer la bandoulière sur mon épaule.

Kai ▬ Je ne vais pas vous importuner plus que de raison, il faut que je retourne à Khasra. Paix de l’âme à vous deux !

Je me retourne pour me diriger vers l’établissement le plus propisse pour m’accueillir cette nuit avant de reprendre la route demain vers Khasra, mais je me retourne une dernière fois avant de quitter les lieux.

Kai ▬ Oh et au fait ! Appelez-moi Kai !