[Terminé] Loi n°8 : Chante chaque jour [Kai]

Loi n°8 : Chante chaque jour

Même si la saison sèche n'était pas encore revenue, le temps était vraiment radieux aujourd'hui et Sany n'aurait pas pu espérer mieux. Mais d'un autre côté, elle avait toujours toutes ses chances de voir un temps radieux dans le désert n'est-ce pas ?

Le soleil était présent. Lumineux. Et pas aussi fort que lorsque la canicule du mois prochain frappera l'île entière. Un ciel azuré et dépourvu de nuages contrairement aux derniers jours qui n'avaient pourtant pas laisser voir de pluie à l'horizon. Même en saison des pluies, le désert restait un désert. Les nuages se montraient plus souvent mais ils n'étaient pas forcément synonymes de moussons. En général, les lourds cumulus chargés d'eau restaient coincés derrière les Montagnes Oubliées, s'y dévalant en terrible blizzard.

Les cultures allaient bon train cependant à l'Hacienda. C'était ce que Sany pouvait voir alors qu'elle parcourait les allées d'orangers, suivit de près par Ator le diplodocus. Elle avait donné dans la matinée un cours de maternité à la couveuse du domaine à ses stagiaires, afin que chacun puissent connaître les bases à appliquer en cas de rencontre imprévu avec un oeuf abandonné ou un nouveau-né délaissé. On ne savait jamais ce qui pouvait arriver sur cette île après tout et les stages d'assignations ne servaient pas qu'à labourer des champs. C'est alors que la Matriarche aperçu plus loin la personne qu'elle cherchait. Elle s'approcha de Kai, toujours d'ardeur heureuse au travail, et afficha un sourire.

- Kai ? interpella t-elle, me permets-tu de t'arracher un moment à ton dur labeur ?

Elle marqua une courte pause avant de préciser :

- Un long moment.

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Loi n°8 : Chante chaque jour [Sany]

La saison sèche n’est pas encore venu, mais il n’y en a plus pour très longtemps avant que les premières sécheresses n’arrivent. Cela se sent car les jours pluvieux se font plus brefs par ici pour nous laisser des journées plus clémentes et douces. Ce sont des journées comme celles-ci qui font qu’on aime bien travailler en extérieur. Ici, j’ai pris le rythme de travail et je sais déjà qu’il ne me reste que quelques mois à faire encore pour sans doute en finir avec les tâches liées aux vergers de la cité. Ce qui me peine par avance, c’est de savoir que si la fin de mon labeur d’ouvrier agricole arrive doucement à son terme, c’est également le signe que mon éloignement de Sany approche chaque jour un peu plus. Ce sont ce genre de pensées qui venant m’assaillir qui attirent des nuages dans un ciel radieux. Je ne sais pas vraiment comment cela va se passer au moment où Sany va décider de mon assignation pour le stage à effectuer avant de devenir un authentique dinotopien, mais je sais que cela va nous peiner tous les deux de devoir être séparés. Ce n’est pas comme si nous passions tout notre temps ensemble évidemment, après tout elle est très occupée toute la journée pour répondre aux différents besoins de la ville qu’elle gère avec le plus grand soin pour le bonheur de ses habitants. Mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que les moments quotidiens, même s’ils sont brefs, que nous passons ensemble vont nous manquer.

Depuis le lever du jour, je suis dans les vergers que nous sommes en train de préparer pour le retour des jours longs et ensoleillés. Il faut procéder à la taille des quelques vieilles branches qui ne pourront plus porter de fruits, préserver et soigner les bourgeons qui sont déjà bien formés en vue d’une éclosion de fleurs proches. C’est là que j’entends des bruits de pas dans la terre qui se rapproche de moi et en levant la tête je peux voir Sany. Comme toujours, je suis agréablement surpris et un sourire vient parer mon visage, illuminé par le sien.

Passé la première agréable surprise de la voir, elle m’offre une seconde surprise en me demandant si elle peut se substituer à mon labeur pour un “long” moment.

Kai ▬ Évidemment Sany ! Pour toi, j’ai tout le temps du monde.    

Je me redresse un peu tout en cherchant du regard un collègue qui travaille sur un oranger non loin de moi pour lui faire signe et l’avertir que je m’en vais. J’attrape mes affaires pour ne pas les laisser sur place et me tourne vers Sany.

Kai ▬ Je suis tout à toi !

Loi n°8 : Chante chaque jour

Depuis que la Matriarche avait échangé ses sentiments avec Kai, les choses étaient devenues étrangement plus simples et à la fois plus contraignantes.


En dépit de ce qu'elle ressentait pour lui, elle ne pouvait se permettre de favoritisme à son égard en ce qui concernait le travail à l'Hacienda -même si elle en avait nullement besoin car il exécutait ses tâches si bien qu'il n'y avait que peu de choses à lui reprocher- et elle ne pouvait espérer lui choisir un futur qui le ferait rester ici à son bon vouloir car elle savait très bien que ça ne serait pas à sa convenance. Les mois défilaient et l'approche des assignations arrivait petit à petit. Sany se devait de suivre avant tout la voie que l'île avait tracé pour l'homme, et non celle qu'elle souhaiterait qu'il ait afin de le garder auprès d'elle. Elle n'irait pas jusqu'à dire que ça l'attristait car l'égoïsme ne faisait pas partie de son âme, mais elle n'était pas indifférente au futur départ de celui envers qui elle s'était révélée. Surtout depuis que des choses étranges ont commencé à se produire sur l'île, mettant plus d'une fois en danger la vie du Dolphinback.

Bien sûr, c'était une chose à laquelle elle s'était préparée dès lors que Kai s'était déclaré à elle. Et c'était bien un aventurier qui avait tant la bougeotte qu'elle aimait. C'était normal alors de devoir faire avec. Sans surprise à son interpellation, Kai accepta évidemment de lui accorder tout le temps du monde. Elle n'en attendait pas moins de lui et de toute façon...ne lui aurait pas tellement laisser le choix !

- Moi de même, lui répondit-il avec une pointe de malice après que l'homme ait reprit ses affaires, je souhaiterais que tu m'accompagnes.

Elle fit signe à Ator et ce dernier baissa la tête jusqu'à la poser au sol. Aussitôt, Sany monta sur son museau, puis sa tête avant de progresser en équilibre le long de ses vertèbres jusqu'à ce que la pente montant vers les omoplates soit trop haute. Elle se tourna alors, invitant d'un geste Kai à en faire autant. Sitôt les deux bipèdes sur son encolure, Ator releva le cou avec lenteur, le temps de permettre à ses cavaliers de gagner sans trop de difficulté la sécurité de son dos pour enfin quitter le domaine de l'Hacienda.

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Loi n°8 : Chante chaque jour

Une journée ne peut pas mieux se dérouler que lorsqu’elle vient me voir de bon matin, même en plein travail. Cela me met le cœur en fête d’entrée de jeu et cela ne va qu’en s’améliorant alors qu’elle m’invite à la suivre dans un long moment pour reprendre ses quelques mots. Il va de soi que ce n’est pas courant pour nous de nous voir autant, même après que nous nous soyons l’un et l’autre révélé nos sentiments mutuels. En tant que matriarche, malgré ses sentiments pour moi, elle se doit de rester impartiale dans sa façon de faire et je sais que ce ne sera qu’une fois mon devoir accompli que nous pourrons être pleinement naturels l’un envers l’autre. Cela va de soit que je ne peux pas être privilégié par rapport aux autres jeunes et je n’y tiens pas non plus. S’il faut que je devienne un authentique dinotopien, ce doit être par ma seule personne et non par favoritisme. Je fais donc tout pour ne pas mettre Sany dans des situations délicates, préférant presque parfois profiter de la fin de journée pour discuter avec d’autres personnes pour avoir plus d’informations sur comment accomplir nos travaux le plus efficacement pour la journée suivante. J’aime profondément Sany et je n’apprécierait pas qu’on dise qu’elle se laisse envahir par ses bons sentiments pour moi et ne fausse pas mon intégration, sachant pertinemment qu’en plus cela ne se peut. Sany est intègre et ne se laisserait jamais aller comme ça.

Le sourire de ma tendre Sany alors que je lui réponds que je suis tout à elle avant de me répondre avec malice suffit à me faire fondre et rire intérieurement.

Kai ▬ Avec plaisir, je te suis.

Je l’accompagne avec entrain, posant au passage mes affaires à côté de celles de mon collègue le plus proche. Nous nous rapprochons d’Ator qui abaisse son coup et sa tête pour laisser monter Sany sur lui. Cette dernière me fait signe de la suivre et de monter sur son alter ego de la même manière qu’elle.

Nous gagnons tous deux l'encolure d’Ator et prenons position sur son dos et ce dernier commence à quitter l’hacienda et la ville. Cela suffit à me faire soulever un sourcil dubitatif quant à la situation et m’adresser à la matriarche.

Kai ▬ Heu Sany, où allons nous au juste ?

Loi n°8 : Chante chaque jour

Sany n'avait pas honte des sentiments qu'elle éprouvait pour Kai. Est-ce que le reste de l'Hacienda savait pour eux ? Elle n'en savait rien mais ne cherchait pas non plus spécialement à le cacher à tout prix.

Son affection pour l'homme n'était un secret pour personne, pas plus que le fait qu'elle l'ait sauvé un beau jour sur la plage. Peut-être que leurs regards et leur face à face de temps en temps pouvaient éveiller les soupçons. Si tel était le cas, la jeune femme n'en avait pas eu vent, mais ne s'en inquiéterait pas plus non plus. Elle avait foi en ses semblables. Les médisances n'avaient pas lieu d'être à Dinotopia, d'autant plus que cette confiance était mutuelle et que les Khasriens seraient sans doute prêt à tout accepter venant de leur Matriarche.

Alors que Ator quitte tranquille l'imposante cité du désert, croisant bon nombre de sauriens allant et venant à l'intérieur de cette dernière, Kai ne put s'empêcher de se montrer curieux quand à ce départ sans détails de la part de Sany. Elle sourit devant son air quelque chose sceptique et répondit :

- Je suis tentée de te le dire, mais je crois que je préfère te laisser un peu patauger dans le brouillard pour le moment.

Etait-il au courant du jour d'aujourd'hui ? Il n'en avait pas l'air. Il n'avait sans doute pas encore connaissance des nombreux jours particuliers qui pouvaient animer l'existence des Dinotopiens durant l'année et la jeune femme ne pouvait lui en tenir rigueur. C'était peut-être même mieux ainsi en vérité. L'effet de surprise n'en serait que meilleur. Bien évidemment, elle n'avait pas abandonné l'Hacienda à son départ et avait naturellement confier les rênes à des ouvriers expérimentés.

Ator progressa dans le désert à son rythme et la chaleur de la région ne tarda pas à se faire balayer par des vents parfumés aux odeurs de sels et d'algues. Le son d'un ressac calme s'y joignit et, passant au-dessus d'une dernière dune, le diplodocus dévoila les rives de Warmwater Bay. Non loin de là, une plate-forme en bois munit d'un cordage semblait les attendre. Ator s'y arrêta avant de coucher son énorme corps sur la plage. Agilement, Sany se laissa glisser le long des écailles de sa patte jusqu'au sol, attendant que Kai en fasse de même. Une fois l'homme revenu à la même hauteur qu'elle, elle lui prit les mains, décidant de ne pas le faire languir d'avantage pour le sortir de son ignorance.

- Mon cher Kai, commença t-elle, le sourire aux lèvres, je sais à quel point l'eau est ton élément. C'est pourquoi en ce Jour des Amoureux, je t'ai préparé cette petite balade sur l'océan.

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Loi n°8 : Chante chaque jour [Sany]

Alors que nous quittons l’imposante cité du désert, je me risque à demander à Sany où nous nous rendons car je suis pour le moins perplexe tout de même. Ce n’est pas souvent que la matriarche s’accorde un peu de temps à l’extérieur des murs de sa ville. Il faut dire qu’elle est nécessaire à son bon fonctionnement et tout le monde compte sur elle pour régler le moindre problème grâce à son sage jugement. Cependant, cette dernière reste taquine avec moi et souhaite délibérément me laisser dans le flou et ne rien révéler de son projet. Je me laisse étrangement porté par la situation malgré l’incompréhension qui me gagne. Je ne fais que sourire à Sany tout en affichant une légère moue me disant que de toute façon elle ne va pas me répondre et ce n’est pas grave.

Kai ▬ Hum, ce n’est pas grave, je te fais confiance, ce qui compte c’est que tu sois là.

Je pense sincèrement qu’elle pourrait m’emmener à l’autre bout du monde que je la suivrai maintenant. Je suis totalement sous le charme de sa personne.

Je suis assez intrigué par la situation. J’ai l’étrange sentiment d’avoir raté quelque chose d’important aujourd’hui. C’est ce genre de sentiment qui vous fait dire que c’est juste devant vous, totalement évidemment pour toutes les autres personnes que vous pouvez croiser, mais totalement nébuleux de votre propre point de vue.

Après avoir franchi certaines dunes, je suis comme foudroyé instantanément par une odeur plus que familière, celle des embruns de la mer. L’odeur des algues se fait ensuite sentir également très rapidement après ça. Je comprends l’idée de Sany qui a demandé à Ator de nous conduire au bord de mer.

Lorsque nous arrivons sur la plage, Ator se couche sur le sable et nous permet de glisser sur sa patte pour descendre. Une fois aux côtés de Sany, cette dernière me révèle enfin ce qui m’a échappé. C’est le jour des Amoureux. Voilà donc une attention très particulière que de me conduire en un tel jour en un pareil endroit, elle qui sait combien l’eau est importante pour moi. J’ai un sourire très tendre pour elle en ce moment.

Kai ▬ Je… je ne sais pas quoi dire ah ah. C’est une très gentille attention Sany. Merci.

Il y a une plateforme en bois sur la berge et je ne peux que me dire que c’est sur cette plateforme que nous allons pouvoir nous balader. Je me demande encore comment, est-ce qu’Ator va nous tirer ? Après tout, il aura un pied beaucoup plus loin que nous et pourrait parfaitement le faire.

Kai ▬ Je suis très impatient de faire cette balade en ta compagnie.

Loi n°8 : Chante chaque jour

Sany comprenait la confusion de Kai. Ce n'était pas si souvent qu'elle se permettait ce genre de distraction. Aujourd'hui faisait partie des rares occasions qu'elle s'offrait hors de l'Hacienda.

Kai n'insista pas quand à sa curiosité. Que pouvait-il bien risquer de toute façon ? Il n'avait pas tort. Le fait qu'ils soient tous les deux ensemble était déjà une bonne chose et loin la plus importante. La marche du saurien se déroula paisiblement jusqu'à ce que Sany puisse déceler l'expression étonné de Kai face aux parfums océaniques amenés par les vents marins. Plus encore lorsque les deux humains se retrouvèrent à nouveau sur le plancher des vaches et que Sany révéla enfin au Dolphinback les raisons de cette petite cachotterie.

- Je t'en prie, sourit-elle.

Il ne fut pas difficile pour Kai de deviner l'utilité de l'embarcation qui n'attendait plus qu'eux. Le rythme du ressac la balançait déjà doucement sur le rivage.

- Dans ce cas, n'attendons pas plus longtemps, ajouta t-elle aux paroles de l'homme.

Lui saisissant la main, elle l'entraîna vers le radeau avant de s'emparer du cordage accroché à ce dernier.

- Prêt Ator ? lança t-elle, c'est parti !

Tel un lasso, la Matriarche envoya la corde, visant la tête du saurien de la boucle préalablement faite. Le diplodocus suivit le lien du regard et glissa sa tête dedans quand il arriva à proximité. La corde était assez longue pour ne pas tirer l'embarcation vers le haut dès lors que le saurien se remit sur ses quatre pattes. Et également lorsqu'il prit de l'avance pour s'enfoncer dans les eaux de la mer. Pendant ce temps, Sany se tourna vers Kai.

- Si monsieur veut bien se donner la peine, l'encouragea t-elle en désignant la plate-forme de bois désormais reliée au dinosaure.

La jeune femme monta dessus, s'y installant afin de ne pas perdre l'équilibre. Finalement, après une certaine distance, la corde se tendit enfin et le radeau se glissa doucement sur l'eau au rythme de la marche lente du long cou droit devant. Plus il avançait, plus son corps disparaissait dans l'océan. Au bout d'un moment, on ne pouvait voir que sa tête et une partie de son cou tandis que l'embarcation flottait tranquillement derrière lui, bien éloignée de la côte à présent.

- Eh bien, fit Sany, voilà qui doit te changer de ses journées habituelles.

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Loi n°8 : Chante chaque jour [Sany]

Sany est un rayon de soleil incarné. En bonne dinotopienne qu’elle est, elle s’efforce toujours de penser aux autres avant elle et aujourd’hui elle m’a réservé une surprise de taille. Une balade en mer sur un radeau qui ne peut être tiré que par ce très cher Ator. A passer tout ce temps dans le joyau du désert qu’est la ville de Sany, j’en oublie presque tout le bien-être que m’apporte l’océan dans la vie, à moins peut être que ce ne soit la présence de la matriarche pour qui j’ai tant de sentiments qui ne me fait oublier la mer. L’eau est l’élément fondamental de la vie et pour les maoris, cela relève du divin, mais avec Sany, j’ai trouvé un nouveau primordial à mon existence.

Je me laisse entraîner vers le radeau avec un large sourire aux lèvres par Sany avant que cette dernière ne lance une corde à noeud autour du cou de son alter ego. Sans broncher, ce dernier se met en route et nous entraîne enjambée après enjambée au large en un rien de temps sans même que le radeau ne représente quoi que ce soit pour lui.

Le radeau ainsi entraîné par le long cou me procure une joie immense car je ne m’étais pas retrouvé sur un radeau au large depuis de nombreuses années. Cela me ramène à mon enfance et aux souvenirs avec mon père et mon oncle lorsque nous sortions parfois en mer sur une frêle pirogue traditionnelle à quelques encablures pour le simple plaisir de naviguer. Le pied marin ne s’oublie pas et j’avoue que j’évolue d’un bout à l’autre de ce radeau en quête de simplement faire varier mon point de vue sur l’eau cristalline dévoilant la vie marine sous la surface. Puis mon regard se fixe à nouveau sur Sany que j’invite à saisir ma main pour l’approcher du bord afin de partager cet instant en lui garantissant de ne pas tomber à l’eau.

Kai ▬ Je sais que je l’ai déjà dit, mais je te remercie Sany. Cela me change énormément du quotidien c’est vrai, mais ne va pas croire que ce quotidien m’ennuie. Il y a encore plus précieux que la mer à Khasra.

Cela fait très sentimental, peut-être même un peu trop, mais à Dinotopia, les lois font qu’il faut toujours exprimer les choses que l’on peut ressentir. J’ai perdu beaucoup de choses, toute une vie, en arrivant ici, mais j’ai tout autant gagné, voire plus encore. Dinotopia est un comme un rêve éveillé pour moi, mais Sany est ce qui fait que tout devient réel et tangible.

Je ne peux détacher mon regard de celui de Sany tout en lui prenant les mains avant de poursuivre la conversation.

Kai ▬ Tu sais, depuis que nous nous sommes parlé à coeur ouvert il y a quelque temps, je dois t’avouer que je me sens revivre pleinement à Dinotopia et j’ai passé un sérieux cap maintenant. J’espère vraiment construire une très belle histoire avec toi, à tes côtés.

Ce ne sera pas facile tous les jours, car j’ai la bougeotte et nous le savons bien que cela va nous séparer régulièrement, mais qui dit séparation, dit retrouvailles. Ce n’est pas le style de vie qui convient à tout le monde et c’est un risque. Avant Abigail, aucune de mes histoires ne sont allées très loin à cause de ça. Je sais que Sany me comprend mieux que beaucoup de monde et même si elle n’est pas d’accord sur beaucoup de points par rapport à mes désirs d’études, elle sait que je le fais avec le plus grand respect et sérieux et non par excès de confiance en moi. C’est une femme qui est tellement active et a tellement de choses à gérer au quotidien que dans ma tête, c’est évident qu’elle arrivera à faire avec mon style de vie et que cela nous ira très bien. Mais tout de même, la pensée d’être éloigné d’elle est presque déjà une souffrance alors que nous sommes tous les deux à partager un moment parfait.

Kai ▬ Je sais qu’aux yeux d’un dinotopien je peux être un peu bizarre à vouloir bouger autant, mais je voulais te dire que ce n’est pas parce que j’ai le cœur voyageur que je ne peux pas me sentir chez moi à tes côtés.

Loi n°8 : Chante chaque jour

Sany savait à quel point Kai était proche de l'eau et aussi ce qui doit lui en coûter de vivre dans un environnement tout sauf humide. Khasra n'était pas trop loin de la mer heureusement, du moins à pas de saurien. Ce serait dommage de ne pas en profiter.

Aussi, en ce jour où elle avait envie de participer à la célébration des amours, la jeune femme avait décidé de faire plaisir à Kai en lui offrant ce qu'il aimait : l'océan. Un break sur la mer pour trancher avec les longues journées qu'il faisait dans la ville aride du désert. Sans doute qu'il pouvait faire ça seul dès qu'il avait un créneau dans son emploi du temps de stagiaire car ce n'était pas difficile de se rendre à la plage pour peu qu'on ai une monture, mais avec Ator et le radeau, Sany lui donnait l'occasion de voguer au plus loin de la rive et en sa compagnie qui plus est. Outre la balade, la matriarche faisait également cadeau de son temps libre.

Elle aurait aimé lui dévoiler plus. Mais depuis la surface, à part quelques poissons, le Dolphinback ne pouvait avoir connaissance des merveilles sous-marines qui tapissaient les profondeurs cernant l'île. Il n'y avait pas que les dinosaures et les mammifères préhistoriques qui avaient survécu. Dans le fin fond des eaux entre le Récif de l'Effroi et l'île se trouvait une faune tout aussi particulière où nautiles, trilobites, cephalaspis et autre fossiles vivants pullulaient joyeusement. La main dans celle de Kai, Sany suivit ce dernier avec une certaine prudence, peu envieuse à l'idée que le radeau ne chavire en cas de perte d'équilibre. Contrairement à l'homme, elle n'était pas aussi à l'aise avec l'élément de l'eau. Si précieux là où elle avait toujours vécu, elle ne manquait cependant pas de respect envers les flots.

- Je n'ai jamais pensé que tu t'ennuyais, sois-en rassuré, répondit-elle d'un sourire, sa main serrant la sienne.

Elle le laissa poursuivre avant de lui répondre à nouveau :

- Je suis vraiment heureuse de l'entendre. Bien que je t'ai vu t'intégrer si vite à nos coutumes, à notre mode de vie, je suis rassurée d'en entendre à présent la confirmation. Je veux que tu sois épanoui, où que tu sois à Dinotopia.

Elle porta sa main à la joue de l'homme avant d'ajouter :

- Cette histoire, nous avons déjà commencé à la construire. Dès l'instant où tu es arrivé ici. Et elle ira loin autant que nous le voulons. Grâce à toi, je sais à présent qu'il y a encore un étage au dessus du bonheur, bien qu'il ne porte pas de nom, et qui transforme la vie en un enchantement indescriptible.

Les séparations à venir n'allaient pas être des plus agréables à vivre et Sany en avait bien consciente. Mais ce n'était pas ça qui l'avait empêché d'ouvrir son coeur. C'étaient des sacrifices qu'elle était prête à subir si c'était pour permettre à Kai de vivre pleinement son expérience dinotopienne. Tout ira bien. Elle ne doutait pas de son amour. Et elle savait qu'il reviendrait toujours quoi qu'il arrive.

- Non bien sûr, je n'en doute absolument pas, assura t-elle, c'est ce coeur voyageur que j'ai décidé d'aimer.

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Loi n°8 : Chante chaque jour [Sany]

Ce qui est amusant à voir, c’est avec quelles précautions Sany se déplace sur le radeau, ne voulant sûrement pas chavirer. Même si Sany a un profond respect pour toute chose sur ce monde, il est clair que l’eau n’est pas son élément premier. Je m’amuse à la simple idée de nous laisser tomber à l’eau tous les deux, mais je réserve ce genre de surprise lorsque l’ambiance sera plus à la plaisanterie car pour l’heure, je suis simplement profondément touché par son geste. Aujourd’hui est un jour dédié aux amoureux et elle le consacre pleinement à moi, à nous. C’est donc tout particulièrement que je prends soin d’aborder le sujet très sérieusement avec elle et de m'épancher sur mes sentiments profonds pour elle.

Kai ▬ Cette île, c’est comme un rêve éveillé pour moi. J’ai toujours été très proche des animaux dans le monde extérieur et ici, c’est simplement incroyable de voir la symbiose entre tous les êtres vivants. Je ne peux que m’épanouir ici et je le sais. Il y a tout un tas de vocations qui peuvent s’ouvrir à moi ici. L’étude des carnivores n’en est qu’une parmi d’autres. Je commence aussi à avoir d’autres idées, sans doute à force d’être auprès d’une matriarche en particulier. Dis-je avec un clin d’oeil.

Le fait est que Sany a une excellente influence sur tout le monde à l’hacienda et même si on peut avoir tout un tas de certitudes, le fait est qu’il y a tellement de possibilités ici qu’elle nous présente que tout est encore possible. Je ne me ferme plus à aucune possibilité. Même si je poursuis toujours le rêve secret de nouer des liens avec au moins un carnivore pour prouver que tout contact n’est pas mort, je reste ouvert à suivre d’autres voix que leur étude.

Beaucoup de choses se bousculent dans mon esprit alors que je profite pleinement de l’instant avec Sany qui par sa seule présence est capable de me faire perdre mes moyens. Elle me fait penser soudainement avec ses mots, ses paroles à une choses qu’on m’a dit un jour et je me sens obligé de partager ça avec elle.

Kai ▬ Un jour, j’étais dans une tribu, je te passe les détails mais j’y ai fait la rencontre d’un homme qui voyageait partout comme moi et il m’a dit une chose. Il y a deux nords. Celui du monde qu’indique toutes les boussoles et le Vrai Nord, celui que ta boussole intérieure t’indique. C’était une façon de dire que son Vrai Nord, c’était chez lui. Je… Tu es mon Vrai Nord Sany.

Emporté par cette révélation qui n’en n’est pas vraiment eu finalement, je ne peux pas retenir cette envie soudaine d’embrasser Sany.

Loi n°8 : Chante chaque jour

Même si Kai n'était pas encore un Dinotopien administrativement parlant, pour Sany il n'y avait pas de doute qu'il en était un. Depuis longtemps même. Depuis même avant son arrivée sur l'île étant donné sa personnalité aussi humble, respectueuse et humaniste qu'il avait.

Il était fait pour cette île. C'était son destin que de finir ici malgré le drame qui l'y avait conduit. Sany se jura de faire en sorte à ce que ne soit pas un sacrifice en vain, même si elle savait qu'elle ne pourra remplacer l'ancienne femme de l'homme, elle honorera sa mémoire en prenant soin de ce dernier à sa place, et lui permettre d'être heureux. Ca avait été un choix mûrement réfléchi. Sany ne s'était jamais aventuré trop loin dans ses sentiments pour le Dolphinback par respect pour la perte qu'avait subi ce dernier. Elle ne l'avait fait que lorsque Kai lui avait assuré que leur lien ne dérangerait ni lui, ni celle qui reposait on ne sait où, que ce soit dans un paradis inconnu de la Dinotopienne ou dans l'immensité de la Grande Vallée.

- Eh bien, fit-elle plus taquine, je suis ravie de constater que mon influence commence enfin à porter ses fruits.

Ce n'était pourtant pas son influence qui dirigera l'avenir de l'homme dès que ce dernier aura achevé son stage d'assignation dans son hacienda.

- Ce sont de belles paroles, admit la matriarche lorsque le Dolphinback lui conta une anecdote de son passé.

Le genre de paroles qui collait très bien à la pensée dinotopienne.

- Tu es mon Nord, ajouta t-elle par la suite non sans glisser ses mains sur les épaules de l'homme avec douceur, mon Sud. Mon Est, mon Ouest...Et mon Centre. C'est pourquoi, qu'importe où tu seras, nous serons toujours ensemble, même si nous ne nous voyons pas.

A ces mots, elle répondit enfin au baiser que le Dolphinback désirait partager et qui était de loin le bienvenu, bercé par le doux mouvement de l'eau sous eux.

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Loi n°8 : Chante chaque jour [Sany]

Le cadre est parfait pour discuter avec Sany et lui dire ce que je pense. Le temps est magnifique et il se peut que beaucoup de choses se passent aujourd’hui, mais pour l’heure, je tiens simplement à lui exprimer mes sentiments et ma profonde gratitude pour son geste. Je ne suis pas un dinotopien de pure souche, mais avec Sany, j’ai l’impression que malgré les circonstances tragiques qui m’ont amenées ici j’étais destiné à venir à Dinotopia. Est-ce qu’Abigail est auprès des esprits de la mer ou même du tout puissant Océan ? Je ne sais pas, mais avec ce que j’ai appris ici depuis mon arrivée, j’espère qu’elle est dans la Grande Vallée, car c’est là qu’est sa place, au milieu des dinosaures qu’elle aimait tant et cela voudrait dire qu’un jour sûrement, je pourrai lui présenter Sany.

Je suis un nouvel homme maintenant et notre relation avec Sany est merveilleuse. J’aime la façon dont elle a de se jouer de moi. Il est certain qu’elle a une bonne influence sur moi. Si je ne passe pas mon temps à étudier les carnivores, il est certain que je pourrais embrasser une voix proche des dinosaures de l’île qui me fera bouger. Plus le temps passe, plus je songe que je pourrais à la fois mener des recherches en tant qu’universitaire, autant que je pourrais me rendre ostensiblement utile aux sauriens et mammifères en devant un médecin pour eux. Je me laisse le temps de mûrir cette idée dans le temps et voir ce que Sany décidera, car c’est elle qui aura la charge de m’envoyer au coeur de ma nouvelle vie pour Dinotopia. Cela me plaît, car je la suivrai jusqu’au bout du monde si c’était son choix.

Je suis aux anges quand elle reprend ma façon de tourner les sentiments que j’ai pour elle avec mon histoire et de dire que je suis toutes les directions pour elle et que peu importe où je serais, où elle sera, nous serons ensemble à chaque instant. Puis c’est là qu’elle me rend le baiser que je désirais si ardemment.

L’instant semble à la fois durer une éternité tout en étant plus bref que le battement d’aile d’un oiseau-mouche. C’est simplement merveilleux. Je profite totalement de ce baiser sincère entre nous qui ne fait que sceller un peu plus les sentiments que nous avons décidé de partager l’un et l’autre.

Kai ▬ Dites moi chère matriarche Dis-je un peu taquin. Est-ce que la femme du désert que tu es sait nager ?

Je suis aux anges et mon esprit d’éternel enfant en moi veut presque, non pas briser cet instant si fort et beau que nous avons en parlant à coeur ouvert, mais juste l’emmener sur quelque chose de plus régressif et taquin comme nous le sommes entre nous souvent. Il en faudrait peu pour basculer à l’eau, mais si elle m’y pousse, il serait bien possible que je l’entraine avec moi.

Loi n°8 : Chante chaque jour

Sany se sentait parfaitement bien en ce moment même. La sérénité pure. L'air marin qui balayait le surplus de chaleur émise par un soleil radieux au sein d'un ciel azuré se reflétant dans une eau turquoise magnifique.

La rive était bien lointaine à présent et elle avait l'impression d'être seule au monde en compagnie de Kai. Elle ne pouvait rêver mieux. Portée par les flots dans un mouvement continue et doux, c'était presque semblable que de flotter sur un petit nuage et c'était probablement ce qu'elle faisait intérieurement également. C'était comme être dans son propre monde, rien qu'elle et lui. L'avantage d'être coincé sur une île, c'était qu'elle avait moins la sensation de perdre de vue l'homme aventurier. S'il avait eu accès au monde entier, elle n'aurait clairement pas été aussi sereine de le savoir parti d'un bout à l'autre de ce dernier. Même si cela n'excluait pas le fait que Dinotopia était un endroit dangereux où le moindre imprudent pouvait tout de même disparaître en un éclair.

La matriarche prit son temps pour offrir ce baiser à Kai. Ils étaient seuls. Pas un regard malvenu même s'il n'y avait rien de mal à exprimer son amour en public à Dinotopia. Les sentiments avaient une place importante dans la vie de chacun et le respecter était nécessaire. Mais tout de même, il était bon d'être seul à seul. D'avoir un instant juste pour deux, entre ciel et mer.

- Nager ? répéta t-elle, visiblement sceptique aux propos de l'homme, oh ? Tu veux dire...Comme ceci ?

Un regard au départ aux sourcils froncés d'une fausse incompréhension, Sany ôta ces mauvaises rides bien vite en même temps que ses mains jadis caressantes sur les épaules de l'homme ne se mettent à repousser vivement ce dernier en arrière, là où le rebord du radeau pouvait le laisser choir en plein dans les eaux, non sans faire fuir les poissons au passage. Devant le son caractéristique de l'éclaboussure, Ator daigna tourner un regard derrière lui sans pour autant stopper sa marche paisible dans les flots. Bien qu'il se passait de commentaires, il n'en pensait pas moins en observant le couple profiter de sa journée. Ah, vivement qu'il se trouve une compagne lui aussi !

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Loi n°8 : Chante chaque jour [Sany]

J’aime profondément Sany et rien de ce que le monde pourrait faire ne saurait changer cela. Ici, au milieu de nulle part en particulier, simplement bercer par les flots, nous sommes pleinement libres de nous exprimer comme nous l’entendons elle et moi. Bien entendu, sur dinotopia personne ne nous jugerait avec sévérité pour simplement nous retrouver elle et moi alors que nous nous aimons, mais ce n’est pas correct dans ces circonstances encore. Il pourrait y avoir une mauvaise interprétation des choses. C’est une matriarche et moi un nouveau venu sur l’île et même si elle ni moi ne sommes en tort ou pudiques, il est particulièrement appréciable d’avoir ce moment à nous seul. En compagnie d’Ator ! Lui qui avance paisiblement au milieu des flots l’air de rien.

Il y a comme un instant de flottement alors que nous nous embrassons, très vite suivi par une espièglerie de ma part. Sur l’instant je ne saisis pas ce qu’elle veut dire alors qu’elle me retourne la question, mais je comprends tout de suite à sa fausse moue qu’elle a une autre idée derrière la tête à laquelle je me suis préparé. Il va de soi que lorsqu’elle pose ses mains sur mes épaules, c’est pour mieux me faire choir du radeau et je me laisse pousser bien volontier avant de simplement lui attraper le bras au dernier moment pour l’entraîner avec moi à l’eau.

Je me laisse couler un instant, la transparence cristalline de l’eau m’offrant l’opportunité de voir Sany dans l’eau ainsi qu’Ator continuant doucement ses pas. Puis je reviens à la surface, le sourire au visage se muant en un rire sincère.

Kai ▬ J’étais sûr que tu ne pourrais pas résister ! ah ah ah !

Loi n°8 : Chante chaque jour

Pour le jeune diplodocus, qui ne faisait pas tellement attention à ce qui se passait derrière lui, ce moment était surtout une bien agréable balade maritime où il prenait un bon bain frais.


Autant dire quelque chose qu'il ne pouvait qu'appréciait en cette chaude journée, sentant poissons et autres créatures inconnus sous-marine lui glisser entre les pattes et lui chatouiller les écailles. Il ne s'ennuyait pas le moins du monde et était content en plus de rendre ce service aux deux tourtereaux. Néanmoins, devant le duo tombant à l'eau, le saurien fut prit d'un doute. Il préféra alors s'arrêter, histoire de ne pas s'enfuir avec le radeau et abandonner les deux autres au milieu de l'océan ! De toute façon, même à l'arrêt, le radeau continuait de se déplacer derrière lui selon le bon vouloir du courant marin, seulement limité par la corde qui le reliait à l'animal à présent immobile.

La fraîcheur de l'eau fut brutale, mais pas désagréable pour autant. Dans le fond, il avait été facile de s'attendre à ce genre de renversement de situation -sans vouloir faire de mauvais jeux de mots !- Sa tunique satinée flottait gracieusement dans la clarté de la mer alors qu'elle cherchait son chemin vers la surface. Elle y remonta, brassant les flots comme du temps où elle se baignait jadis dans le fleuve Amu, se frottant le visage pour en extraire le surplus d'eau salée et mieux apercevoir le visage euphorique de son compagnon.

- Ca aurait été dommage de manquer ça, gloussa t-elle.

Soudain, une silhouette leur passa au-dessus, bondissant hors de l'eau avant d'y retourner non loin d'eau, les éclaboussant au passage. Une seconde arriva à son tour, son aileron traçant son chemin à la surface de l'eau avant de plonger. Un troisième dauphin leur fit fête dans un autre bond où il tournoya joyeusement dans les airs avant de chuter. Un groupe de joyeux lurons venaient apparemment de trouver l'ambiance des humains à leur goût pour les rejoindre. Le sourire aux lèvres, Sany passa sa main sur la peau lisse de l'un d'eux qui passa à ses côtés.

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Loi n°8 : Chante chaque jour [Sany]

Notre relation est assez étonnante je trouve. Sany est une femme si calme, si mesurée et sage, tout ce qui fait sans doute une matriarche d’exception faite pour son rôle. Pourtant elle est capable de faire preuve de tant d’espièglerie envers moi, comme si elle avait su conserver son âme d’enfant qui ne demande qu’une chose, pouvoir s’exprimer de temps en temps. Ce qui est tout à fait étonnant, c’est que son influence sur moi, sa présence, me donne le même genre d’impression. C’est sans doute pour ça que je m’attendais à être poussé dans l’eau ou la pousser elle à l’eau. Et c’est pour cette raison que je ris autant aux éclats dans l’eau avec elle et que je suis d’accord avec ses mots.

Kai ▬ C’est vrai, tu as raison.

Je me sens revivre totalement, à la fois gamin qui s’amuse avec une amie de toujours et embrassant pleinement les plaisirs simples et enfantins de jouer dans l’eau et à la fois homme qui est comblé par la présence de son autre moitié.

Je reste un instant inerte dans l’eau, profitant du calme qu’elle me procure, savourant son contact contre ma peau, la fraîcheur qui tempère la chaleur de la saison sèche. C’est là que je sens quelque chose qui m'effleure la main, avant que ma conscience ne s’éveille à nouveau en entendant le son caractéristique de quelque chose qui plonge dans l’eau. Des dauphins viennent de s’inviter au milieu de notre moment, sans doute attirés par les bruits que nous avons fait en tombant dans l’eau et en riant. Ces créatures sont naturellement joueuses entre eux et sont également de bons amis des amis, plus encore à Dinotopia ce qui rend tout ceci finalement assez normal.

Je retire mes bottes avant de les lancer sur le radeau et ainsi pouvoir nager plus facilement. J’en profite ensuite pour me laisser couler doucement dans l’eau et pouvoir admirer les dauphins nous tourner autour un peu mieux avant de revenir à la surface, posant une main sur une des hanches de Sany et gratifiant son cou d’un baiser.

Kai ▬ On a attiré des petits curieux. Tu veux plonger avec eux ?

Loi n°8 : Chante chaque jour

Il est vrai que depuis qu'elle avait gagné son rôle de matriarche, Sany ne s'était que peu autorisé ce genre de dérive. Elle n'en restait pas moins taquine mais usait d'avantage de la parole pour ça que de gestes.

Calme et discipline formaient une grande part de sa vie. Elle n'était plus une gamine digne des plus grandes farces mais elle n'était pas mécontente de pouvoir s'exprimer un peu plus en la présence de Kai qui était sans doute le seul à lui donner envie d'en faire plus que de simplement plaisanter en belles réparties. Surtout aujourd'hui, où elle avait décidé de consacrer son temps à lui et à lui seul. Elle pouvait bien se permettre quelques égards.

- J'ai toujours raison.

Elle ne manqua pas de noter par ailleurs que cette baignade plus ou moins improvisée n'était pas mauvaise à prendre, bien au contraire. La jeune femme écarta les longues mèches de sa chevelure ébène collant à son visage. Ce n'était pas seulement elle. La matriarche appréciait tout particulièrement voir Kai dans son élément naturel, prenant autant de plaisir qu'un enfant qui découvrait la vie. C'était le but en venant ici. Il était évident que l'homme se serait retrouver à l'eau un moment ou l'autre, de gré ou de force !

La venue des dauphins fut la bienvenue. Ils étaient tout sauf farouches et ceux de Dinotopia avaient droit au plus grand respect de la part de ses habitants. On ne leur avait jamais rien demandé et ils n'étaient pas doué de parole comme les sauriens, ni préhistoriques comme la faune locale mais pourtant ils étaient là, aux côtés des humains comme de vieux frères, s'invitant même jusque dans les villes en remontant les canaux, toujours partant pour offrir leur affection à la peuplade de l'île.

Sany étira un sourire, sentant les lèvres de Kai se poser sur sa peau.

- Allons-y, répondit-elle, ne les décevons pas.

Sous le soleil qui faisait scintiller la surface de la mer, la Khasrienne inspira avant de se laisser couler sous les vagues. Les cétacés se regroupèrent autour des deux humains. Sans doute devinaient-ils aisément leur relation. Puis Sany se saisit doucement de l'aileron de l'un d'entre eux qui se mit à accélérer la cadence, entraînant la jeune femme à sa suite, accompagné par le reste du groupe tandis qu'un second se présenta de lui-même au Dolphinback. Sany ne lâcha prise que lorsque l'air vint à manquer. Elle n'avait pas autant de retenu que son compagnon concernant l'apnée et remonta aussitôt à la surface pour retrouver un élément qui lui était plus favorable, à nouveau saluée par les dauphins bondissant autour d'elle.

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Loi n°8 : Chante chaque jour [Sany]

Sany et moi sommes très différents sur bien des points. Je suis fougueux et téméraire, voire même imprudent parfois quand la situation l’impose. Il n’y a qu’à voir comment j’ai agi lors de l’attaque de baryonyx. Sany, elle, est calme et toujours très réfléchie. Elle impose un rythme souple et élégant là où je me laisse porter par un vent furieux allant dans tous les sens. Pourtant, il y a quelque chose qui réunit ces deux choses très opposés, les ouragans, comme celui qui protège l’île de l’extérieur. Elle est l'œil de la tempête et ce qui ramène tous les vents au calme serein.

Sany me complète parfaitement et je ne pouvais pas rêver meilleure personne à qui confier mon coeur et la sagesse d’avoir toujours raison pour moi. Ma vie est tout à fait différente de ce qu’elle semblait être destinée à être maintenant que je suis ici, mais malgré la tragédie, je ne regrette en rien ce qui m’est arrivé car maintenant que je connais Sany, que mon coeur bat pour elle et que sa raison me canalise, je suis pleinement entier à nouveau.

J’esquisse un large sourire à ces mots avant de répondre non sans une grande pointe d’humour.

Kai ▬ Sauf quand tu as tort.

Je pense bien malgré tout que les fois où Sany peut avoir tort sont aussi rares que des nouveaux venus sur Dinotopia.

Cette baignade est une véritable bénédiction qui s’offre à moi de me sentir pleinement entier à nouveau, le tout avec Sany, ce qui ne fait que rajouter à ce sentiment de plénitude. Lorsque les dauphins s’invitent avec nous et que je propose de les suivre, sans l’ombre d’une hésitation, Sany accepte et se laisse sombrer avant d’attraper l’aileron de l’un de nos nouveaux camarades tandis qu’un autre vient m’offrir le sien.

La vie sous l’eau est presque une seconde nature pour moi. Dans ma famille, on passait notre vie dans l’eau ou presque, que ce soit pour la pêche, la récolte de perles ou même l’observation des animaux dans mon cas. Très vite, mes yeux s'adaptent à nouveau à la distorsion de l’eau et je profite pleinement du spectacle que je contemple. Je vois Sany qui se laisse remonter du coin de l’oeil, sans doute pour aller quérir un air précieux. Moi, j’économise mon air encore, habitué que je suis à l’apnée avant de retourner vers la surface à mon tour pour reprendre ma respiration, mais surtout pour parler avec Sany.

Kai ▬ C’est magnifique en dessous ! Je crois que je pourrais passer des jours à explorer les fonds au large de Dinotopia ! Tu veux continuer à plonger ?

Loi n°8 : Chante chaque jour

- Ah non. Même quand j'ai tort, j'ai raison, fit Sany avec un soudain sérieux.

Sérieux qui n'avait de sérieux que la façade. Car celle-ci fut rapidement remplacé par un nouveau sourire plaisantin et un regard pétillant d'espièglerie.

Qui oserait la contredire ? Les jeux dans l'eau ne firent qu'accentuer cette complicité dans cet élément dont la jeune femme n'était pas la plus habituée. Mais elle savait nagé et pas qu'un peu et savait apprécié le plaisir de l'eau l'entourant qui la revigorait. Ce genre de baignade était devenu un luxe pour elle qu'elle se permettait que très rarement alors elle en profitait. Les dauphins rajoutaient du plaisir au moment présent. Il ne fallait pas oublier que ces deux humains s'étaient invités chez eux après tout ! Mais loin d'en tenir rigueur, eux aussi savouraient l'instant pour renforcer les liens.

- Je crois que cela me suffit, avoua néanmoins la matriarche, mais si tu veux mon avis, il te faudra plus qu'un dauphin pour aller aussi loin et longtemps sous l'océan !

Et ce n'était pas à Dinotopia que l'homme trouverait la parfaite combinaison de plongée accompagné de bouteille d'oxygène prête à servir aux plus grandes explorations sous-marines.

- Oh, regarde là-bas.

Son regard avait viré vers l'horizon. Non pas celui qui menait à l'île, mais celui de l'autre côté. Loin, bien loin alors que la ligne se courbait entre ciel et mer apparaissait un tracé sombre de nuages qui se perpétuait sur l'ensemble du lointain, le terrible Récif de l'Effroi qui avait déjà causé tellement de mal depuis son apparition. Si loin et si près à la fois, il n'était pas visible depuis la berge mais les deux humains étaient à présent assez éloignés de celle-ci pour pouvoir commencer à distinguer ce phénomène sinistre.

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Loi n°8 : Chante chaque jour [Sany]

J’aime le visage que Sany affiche quand elle prend cet air sérieux de façade, je peux lire le sourire et les rires intérieurs qu’elle exprime en silence. C’est sans doute ça qu’on appelle réellement comprendre l’autre. En tout cas, cela m’arrache un éclat de rire tout ce qu’il y a de plus franc avant de l’embrasser à nouveau.

Kai ▬ Je crois bien que je ne me lasserai jamais de ta répartie.

Tant de complicité en finalement si peu de temps. Deux ans déjà que je suis arrivé sur l’île et j’ai passé toute une année loin d’elle. Pourtant, en quelques mois, j’ai les certitudes qu’une longue vie à deux apporte, la complicité que je pourrais avoir avec une vieille amie de toujours. Cela se peut-il que depuis toujours je ne suis fait que pour cet endroit et arriver auprès de Sany ? C’est ce que l’eau me révèle alors que nous y sommes plongés tous deux. Je suis serein avec l’idée que l’océan m’a apporté sur les rivages de Dinotopia.

Je suis réceptif aux mots de Sany qui me dit qu’elle en a eu assez pour l’instant de sa plongée avec les dauphins. Je me permet donc de me positionner de tel sorte que mes mains l’aide à remonter sur le rebord du radeau avant de s’y asseoir. Elle a raison cependant, pour pouvoir explorer les fonds marins de l’île, il me faudrait du matériel descendu ou sérieusement m’entrainer. Je suis bon en apnée, mais pas au point d’être un champion. Peut-être que je devrais réfléchir à cela un jour, mais ce n’est pas grave si ma connaissance des côtes de l’île restent limitées.

Les mots de Sany et son regard me font me tourner vers l’horizon. C’est le Récif de l’Effroi, cette tempête perpétuelle qui tourne autour de l’île et la coupe du reste du monde.

Kai ▬ C’est à la fois si beau et si terrible…

Il est le garant de la protection de l’île du reste du monde. Il faut que cet endroit reste à jamais inconnu de ce qui se trouve de l’autre côté de ce voile sombre. A ce moment précis, devant mes yeux se déroulaient les quelques derniers instants de ma vie d’avant. Moi dans l’avion, Abigail à mes côtés, puis les secousses de la tempête, les masques de respirations qui tombent du plafond et puis les craquements de la carlingue qui se disloque. Ma main serre celle de Sany par réflexe alors que les événements se bousculent dans mon esprit. Mon corps reste dans l’eau et je peut sentir le battement lent et régulier de la houle, ce que nous appelons la respiration de l’Océan. Ma vie est ici maintenant et bien que rien de ce qui a pu être avant ne saurait être défait ou n’avoir aucune valeur, tout s’est déroulé exactement comme il devait en être jusqu’à cet instant précis. Je contemple mon passé aux côtés de mon avenir.

Kai ▬ Je t’aime Sany…

Je laisse échapper ces mots sans même m’en rendre compte, comme si c’était une pensée élémentaire, primordiale et incontrôlable.

Loi n°8 : Chante chaque jour

Les meilleures plaisanteries dont pouvait se vanter la matriarche resteront sans nul doute verbales. La jeune femme était trop sage pour être enfantine même si elle pouvait en être capable comme prouver tout à l'heure pour se retrouver dans l'eau.

- Il ne vaut mieux pas, renchérit-elle après avoir répondu au baiser de l'homme, lui tapotant doucement le nez du bout de l'index avec un sourire fier.

Autant qu'elle ne pourra jamais se lasser de son rire dès qu'elle parvenait à le provoquer, ni de l'éclat de ses yeux dès qu'elle croisait ses prunelles. Elle ne pouvait se lasser de l'amour de l'homme pour elle, pour l'océan, pour l'aventure. Kai était ce qu'il était. Une âme libre qui ne tenait pas en place et c'était comme cela qu'elle l'aimait. Jamais la matriarche ne s'était sentie seule durant toute sa vie et voir des couples se faire parfois même au sein de l'hacienda ne lui avait jamais apporté de mauvais sentiment. Mais à présent que Kai partageait sa vie, elle avait la sensation qu'il était une part vitale de son existence.

Sany apprécie volontiers l'aide du Dolphinback lorsqu'elle jugea bon de retourner sur la plate-forme flottante en bois. Il n'était pas forcément aisé pour elle de s'y hisser par ses propres moyens, quelque peu gêné par sa tunique trempée qui lui collait désormais à la peau autant que sa chevelure. Il lui offrit un sourire reconnaissant avant de repérer au loin le Récif de l'Effroi. Elle n'avait pas souvent l'occasion de pouvoir l'apercevoir. Depuis les rives, l'océan autour de l'île semblait aussi beau et paisible que n'importe où ailleurs, avec des lagons d'eau turquoise et calme. Bien des habitants de l'île ne se doutait pas du monstre climatique qui cernait le bout de terre.

- Moi aussi Kai, répondit aussitôt la jeune femme qui n'avait rien manqué de l'expression de son compagnon.

Elle se pencha sur le bord du radeau, portant la main de l'homme vers sa bouche pour y déposer un baiser. Le Dolphinback avait vécu un drame loin d'être oubliable par delà l'horizon et c'était de l'autre côté, sur les rivages de l'île, qu'elle l'avait trouvé. Cette parcelle de mer sur laquelle ils se trouvaient ne séparait pas seulement l'océan et le ciel mais également deux mondes bien distinct. Celui d'où elle venait et celui d'où lui venait.

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Loi n°8 : Chante chaque jour [Sany]

Me mènera-t-elle par le bout du nez qu’elle tapote avec son index jusqu’à la fin de mes jours maintenant ? C’est bien tout ce que je peux espérer de mieux dans ma vie je pense. Enfin, peut-être que je pourrais également souhaiter trouver une relation comme Sany en a avec Ator un jour, mais je ne sais pas si je suis déjà prêt pour ce genre de chose. Il paraît que tous les dinotopiens ne sont pas liés à un saurien. Tout ce qui compte pour moi maintenant, c’est le temps que je peux passer avec Sany, car chaque seconde semble être une éternité de bonheur béat. Je ne me lasserai jamais de ça, jamais d’elle, de son humour ou de la façon dont elle a de me regarder lorsque j'énonce une idée bien saugrenue du point de vue de la matriarche sérieuse qu’elle est.

Malgré le fait qu’elle soit trempée, la chaleur ne manquera pas de la faire sécher bien vite et j’aime la façon dont elle a accepté mon aide pour monter sur le radeau alors que chaque fibre de mon être désir rester dans l’eau. C’est amusant en réalité car je prends également conscience d’une chose. Ce sentiment de profondément être entier que j’ai quand je suis dans l’eau, je l’ai aussi quand je suis simplement auprès de Sany.

Contempler le rideau de tempête du Récif est un moment intense pour moi et je remercie Sany de le partager avec moi car il scelle un peu plus notre union émotionnelle et spirituelle même oserais-je dire. C’est hautement symbolique pour moi qu’elle me tienne la main pendant cet instant et me retourne une déclaration de son amour avant d’attirer mes lèvres contre les siennes une nouvelle fois. Se doute-t-elle de ce qu’il se passe à l’intérieur de ma tête à un pareil instant ? Qui sait de quoi elle est capable.

Kai ▬ Sommes nous si coupés du monde que ça ? Tout est meilleur à Dinotopia, mais… l’eau est partout et se mélange, tout comme l’air, même si cette tempête semble avoir un effet purificateur…

Je me laisse aller à quelques pensées à voix haute qui n’appellent pas forcément de réponse, même si je pense que Sany me donnera son avis là-dessus.

Kai ▬ Tu sais, dans certaines cultures dans le monde, on pense que la séparation n’est qu’une illusion de l’esprit. Que tout est connecté par des forces invisibles, des énergies ou des volontés divines pourquoi pas. Nous sommes peut-être issus de deux mondes très différents, mais nous sommes issus de la même humanité et portons tous les deux le même amour pour tout ce qui vit. Deux mondes, mais une seule famille. Voilà ce que je pense maintenant.

Loi n°8 : Chante chaque jour

Il était vrai qu'un Dinotopien pouvait se vanter d'être pleinement accompli lorsqu'il se trouvait un alter-ego car c'était là un lien plus unique encore que l'amour dans un couple étant donné qu'on le trouvait nulle part ailleurs dans le monde.

Les Dinotopiens sans alter-ego vivaient très bien. Mais quoi de plus belle image d'intégration qu'un Dolphinback qui s'en trouvait un ? Sachant surtout que c'était majoritairement les dinosaures qui posaient problème en général à l'intégration des nouveaux venus peinant à croire que de tels animaux existaient encore, doués de la même intelligence que les humains qui plus est. Enfin, de ce côté là il y avait des exceptions et Kai en faisait partie. Il avait incroyablement bien accepté l'existence des sauriens. Sany serait très heureuse pour lui s'il se trouvait une moitié saurienne.

Une fois de retour sur l'embarcation, Sany sentit rapidement les rayons du soleil la chauffer avec plaisir. La vision du Récif de l'Effroi ne gâche pas tant que ça la sensation. Pouvait-elle vraiment en vouloir à la tempête de protéger l'île ? Le Dieu Oghtar l'avait-il créée dans ce but justement ? C'était un peu triste d'être coupé du reste du monde, Sany aurait eu à coeur de partager le mode de vie idyllique de Dinotopia avec ce monde inconnu et peut-être lui permettre de se sauver de lui-même ? S'apitoyer n'était pas son genre néanmoins et elle préférait largement se satisfaire de ce qu'elle a. Si Kai avait accepté son sort ici alors elle ne pouvait que l'accepter aussi et tout faire pour le rendre heureux et ne pas lui faire regretter sa vie d'avant.

- Nous vivons dans le même monde, assura la jeune femme, sur la même planète. Mais ici, Dinotopia dispose d'une sorte de filtre qui nous préserve du temps. C'est ainsi que je vois les choses. Si ça se trouve, il y a bien d'autres lieux comme celui-ci dont personne n'a connaissance ailleurs qui sait.

Elle afficha un sourire à l'homme avant d'ajouter :

- Si tu avais le pouvoir de traverser le Récif de l'Effroi à ta guise, retournerais-tu revoir ton monde ?

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Loi n°8 : Chante chaque jour [Sany]

L’idée que d’autres endroits comme Dinotopia puissent exister dans le monde en restant totalement inconnu était séduisante. Il y a bien des mythes à travers le monde qui peuvent être réels de mon point de vue maintenant que je suis arrivé ici. En fait, je me demande même si au gré du temps il n’y a pas eu des passages qui se sont ouverts et fermés menant jusqu’à Dinotopia car il y a des éléments qui restent troublants. La présence des humains peut certes s’expliquer par leur goût pour l’aventure et la mer, mais pour les mammifères préhistoriques qui se trouvent ici c’est une autre histoire. Pour moi, le monde de l’obscur est la seule explication possible, mais cela impose donc quelque part que la Terre Creuse serait une théorie parfaitement plausible finalement. Alors peut-être existe-t-il bien d’autres endroits comme Dinotopia, cachés sous la surface, éclairés par des roches solaires ou que sais-je encore.

La question de Sany est terrible quelque part.

Kai ▬ Il y a beaucoup de personnes et d’êtres que j’aimerai revoir bien entendu. Mais c’est ici ma vie maintenant, auprès de toi.

Je n'éprouve plus le besoin viscérale de repartir car même si je sais qu’il y a des amis que j’aimerai revoir, certains de mes protégés que j’aimerai soigner encore et relâcher, je suis totalement lié à Sany aujourd’hui.

Kai ▬ Par contre si j’avais ce pouvoir, c’est avec toi que j'aimerais franchir le Récif. Pour te faire faire le tour de ce monde qui se trouve à l’extérieur et admirer les paysages que j’ai déjà parcouru. Sinon, je ne pense pas que je le franchirai, même si j’en avais le pouvoir.

Je serais sans doute toujours un peu nostalgique de ce monde maintenant perdu, mais je n’y peux rien. Il faudrait vraiment que l’occasion se présente et que Dinotopia soit en danger de péril total pour que je ne veuille franchir ce récif en en ayant la possibilité.

Emporté un peu par le moment, la sincérité et la profondeur de la conversation, je me laisse aller à libérer un certain nombre de sentiments. Je me mets à entonner un chant typique de mon peuple, de ma culture, qui exprime le lien qui unit toutes choses les unes aux autres, mais aussi et surtout nous lie à notre terre, notre chez nous. Un dinotopien doit saisir les moments où il faut chanter et les célébrer. Ce chant, je le dédie à mes ancêtres, aux esprits qui nous entourent, à Othar s’il entend, mais aussi et surtout à Sany qui est mon lien le plus fort et quoi de mieux que ce jour pour le célébrer ? Je clôture ce chant par un tendre baiser à celle que j’aime en me hissant d’un bon sur le radeau pour arriver à sa hauteur.

Loi n°8 : Chante chaque jour

Qui sait quels mystères regorgeaient encore dans le monde ? Des lieux aussi improbables que Dinotopia existaient peut-être ailleurs. Pas forcément des îles rempli de dinosaures mais des choses tout aussi incroyables.

Dinotopia elle-même possédaient encore bien des parts d'ombre que même le grand Arthur Denison n'avait eut l'occasion de dévoiler au grand jour. L'île avait déjà une longue vie et bien des choses s'étaient déroulés sur elle depuis son apparition. Des choses inimaginables. Des choses qui resteront peut-être à jamais inconnues d'ailleurs.

Sany n'avait pas questionné l'homme par doute. Elle ne douterait jamais de son amour pour elle, ni de son attachement pour l'île. C'était surtout une question de curiosité, posée de Dinotopienne à Dolphinback. Elle ne savait pas ce que c'était que d'être séparé de tout son monde, des siens. Est-ce que maintenant que Kai s'était intégré ici et avait trouvé même l'amour, pouvait-il encore avoir des désirs de retrouver ce qu'il avait perdu ? La réponse de l'homme ne se fit pas attendre et elle hocha la tête d'un air entendu. Elle sourit à la suite de ses paroles et répondit :

- J'en suis touchée. Mais je me demande si ça aurait été vraiment une bonne idée. Tu as manqué d'éloges à l'égard de ton monde les fois où tu m'en a parlé. Pour toi, c'est normal d'y avoir des attaches et des envies de le revoir mais pour quelqu'un comme moi, est-ce que cela en vaudrait vraiment la peine ?

Des Dinotopiens plus curieux auraient sans doute accepté si on leur avait fait cette offre. Mais même si Sany ne manquait pas de curiosité en temps normal, elle ne se voyait pas découvrir un monde à l'agonie. Autant que ce dernier reste mystérieux pour elle, ce sera toujours moins décevant que de voir ce qu'il en était vraiment. Face à la chanson dans laquelle s'était lancé Kai, Sany respecta ce moment dans un parfait silence, le comblant d'un regard amoureux envers l'homme, d'un sourire aux lèvres, pour finalement lever les yeux vers l'horizon où la mer touchait le ciel. Ator, les voyant finalement tous deux de nouveau sur le radeau, reprit sa marche tranquille dans les eaux tandis que Sany se blottit contre le Dolphinback qui venait de la rejoindre.

- C'était magnifique, commenta t-elle, cela vient de ton monde ?

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