[Terminé] Une journée riche d'enseignements [feat Sany]

Une journée riche d'enseignements

Les choses étaient à la fois si claires entre eux et si silencieux. Et dans un sens, c'était une situation qui avait quelque chose de rassurant. Toutefois, elle espérait malgré tout que les choses n'aient pas évolué ainsi simplement parce qu'elle avait été la hasardeuse sauveuse de l'homme.

En tout cas, ce n'était pas ce qu'elle ressentait. Elle n'avait pas basée sa relation avec Kai à partir d'une quelconque pitié qu'elle aurait pu avoir envers lui. Même si, évidemment, elle avait été bien attristée de son sort, comme on pouvait l'être pour tous les Dolphinbacks qui avaient le malheur d'arriver ici. Elle n'avait pas eu besoin de ça en tout cas pour s'attacher à lui. La simple personnalité de l'homme avait suffit et ça avait été un réel plaisir de le voir évoluer sur cette île, être capable de surmonter les épreuves de la vie et de s'extasier au sein d'un lieu qui lui avait pourtant tout prit.

- Souvent, corrigea t-elle avec malice.

Ator était loin d'être aveugle et avait clairement vu dans le jeu de l'un comme de l'autre. Même si on pouvait sans doute attribué au lien puissant qu'il entretenait avec Sany et qui lui permettait aisément de lire autant dans son coeur que dans son esprit. L'invitation de Kai prit cependant la matriarche à revers, elle qui ne s'attendait pas à ce qu'il opte pour un repas à part.

- Eh bien...Comme d'habitude j'imagine.

- Tu n'as qu'à y aller, suggéra alors le saurien, je peux rester ici pour surveiller ces garnements !

- Voyons Ator !

- Ca va, je plaisante ! Mais je pourrais les écraser s'ils ne sont pas tous au boulot à ton retour.

- Assurément, gloussa la matriarche avant de se tourner vers Kai, bon très bien. Je suppose qu'une fois ne fera pas de tort.

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Une journée riche d'enseignements

La malice de Sany est fraichaichissante et bienvenue. Cela me donne comme une sorte de déclic supplémentaire. Cette boutade en apparence tout à fait anodine m'évoque le souvenir de mes relations les plus fortes de ma vie passée. Je dois avouer que je suis un baroudeur un peu casse-cou et il m'est arrivé des bricoles lors de mes aventures. Cette façon de sous-entendre qu’il faut m’avoir à l’œil souvent, c’est tout à fait mérité. J’ai alors un sourire des plus tendre envers elle.

Ici sous son regard, je me sens en sécurité et pleinement moi aussi. Elle cautionne mon attitude autant qu’elle la réprouve. Un dinotopien digne de ce nom ne se met pas en danger comme je souhaite le faire et ma façon de voir les choses, mon avenir et ma pratique de recherche est tout à fait non conventionnelle pour cette île et son peuple. A bien des égards, je suis une sorte de Pastel Absolem humain si j’en crois sa réputation de chercheur de terrain. Est-ce que c’est ça un alter-ego saurien ? Franchement je ne sais pas. De ce que je me souviens des leçons brèves à l’académie et de la façon dont Sany m’en a également parlé, il s’agit d’un lien aussi évident que l’amour, si ce n’est plus encore.

En ce qui concerne mes sentiments pour Sany, je suis tout à fait sûr de moi.

J’ai l’impression que ma proposition prend un peu de court la matriarche qui ne sait pas trop quoi dire d’autre si ce n’est l’évidence de son projet habituel en ce qui concerne sa pause pour manger.

Heureusement, il semblerait que j’ai un allié et lorsque je regarde Ator alors qu’il suggère à son âme sœur d’accepter mon invitation, je me rends compte qu’il est de façon évidente conscient de mes sentiments pour Sany.

Je ris de bon cœur en voyant Ator aussi enthousiaste et blagueur. Il y a beaucoup de chaleur dans cet être et c’est amusant dans le fond car j’ai toujours pensé que pour rendre les animaux supérieurs à nous, ils ne leur manquaient vraiment que la parole. Moi qui me suis senti toujours plus proches des animaux, chaque saurien que je rencontre est une découverte humaine profondément bonne.

Je sais bien que la matriarche a des devoir et Sany est toujours très responsable. Elle déjeune toujours avec les personnes qui travaillent à l’hacienda dans le but d’être présente en cas de besoin, pour répondre aux questions informelles qui arrivent parfois pendant le déjeuner. C’est ainsi qu’elle a l’habitude de faire depuis des années et j’arrive comme une fleur avec ma proposition.

Kai ▬ A la bonne heure !

Je l’invite donc à me suivre pour nous diriger vers le restaurant se trouvant en ville.

Je ne sais pas trop si Sany est l’héritière d’une lignée de dolphinback venus d’Inde, mais une chose que j’espère, c’est qu'elle apprécie le curry. Il me semble bien que oui de souvenir. Même si celui du Grain de Sable est fort, ce n’est pas vraiment un souci. J’ai su m’adapter à la force des épices lors d’un long séjour en Inde pour une étude des gavials du Gange.

Je dois bien avouer cependant que je suis un peu stressé alors que ce n’est pas dans mon habitude de l’être. Cela fait bien des années que je n’ai inviter une demoiselle pour un tête et c’est clairement ce que j’espère que ce rendez-vous êtes pour nous deux. J’espère ne pas trop me faire d’idée, mais j’ai comme le sentiment que je ne laisse pas Sany totalement indifférente.

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Kai fut satisfait de la réponse de la matriarche et cette dernière devait bien avouer qu'elle aurait du mal à lui refuser l'invitation même si ses responsabilités étaient en jeu. Heureusement, elle avait un alter-ego sur qui elle pouvait compter en toute circonstance et même s'il n'avait aucune autorité à l'hacienda, Sany savait qu'il était tout à fait en mesure de veiller sur ceux qui s'y trouvaient.

Qu'est-ce qui pourrait arriver de fâcheux de toute façon ? Les jeunes avaient beau être jeunes, ils étaient sages et disciplinés. Et les ouvriers sauront les remettre au travail par eux-mêmes. Tout le monde connaissait sa place à l'hacienda. Ainsi, Sany pouvait accepter l'offre de Kai de bon coeur et sans le moindre sentiment de culpabilité. Il lui tardait d'ailleurs d'avoir un petit moment en sa compagnie un peu à l'écart du domaine. Non pas que ce n'était jamais arrivé avant, mais ça commençait à dater et depuis que Kai avait débuté son stage, leurs échanges ne s'étaient fait qu'au travers de celui-ci.

Serait-ce de l'appréhension qu'elle percevait chez l'homme tandis qu'elle cheminait à ses côtés, quittant le domaine pour s'aventurer dans les rues de la cité du désert ? Elle en avait bien l'impression. C'était si rare chez lui qu'elle le repéra assez aisément à vrai dire. Quand au restaurant choisi, Sany n'avait rien à dire de ce côté là. Elle appréciait grandement la cuisine qui s'y faisait et Kai avait plutôt eut une bonne intuition en optant pour celui-ci, d'autant plus qu'il n'était pas très loin de là. Le duo fut alors accueillit par un serveur iguanodon avec toute la bonne humeur du monde. Faut dire qu'il ne pouvait sans doute en être autrement quand c'était la cheffe de la ville qui se pointait pour déjeuner ! Celle-ci suggéra à Kai l'ombre d'un ravenale sur la terrasse où se poser, à moins bien sûr que l'homme ne préfère la fraîcheur des murs intérieurs.

- Merci pour l'invitation, fit la matriarche à l'adresse du Dolphinback, serais-tu allé manger tout seul si je n'avais pas été là ?

Elle entreprit de se commander un jus de citron vert bien frais pour commencer. Voilà qui changerait des oranges.

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Les rendez-vous galants, voilà bien quelque chose qui me fait plus peur encore que de devoir attraper un crocodile pour l’emmener en sécurité ou en soin vétérinaire. Déjà du temps où nous avons commencé à nous fréquenter avec Abigail, c’était toute une épreuve pour arriver à aller vers elle sans me sentir comme un petit garçon impressionné. C’est à croire que vraiment les relations avec les humains sont bien moins faciles à appréhender pour moi. Aujourd’hui me voilà replongé dans le bain de l’inconnu avec une femme des plus impressionnante de par sa position, certes, mais en réalité ce qui m’impressionne le plus chez Sany c’est bien l’importance de mes sentiments pour elle.

En plus de ça, je dois dire que les uses et coutumes de Dinotopia, bien que je les comprenne dans la majeure partie des cas, en ce qui concerne la bonne façon de courtiser une personne. Je pense qu’il est stupide de croire qu’il y a “une” bonne façon de faire, mais il est possible que la situation me rende de toute façon un peu bête dans cette histoire. Est-ce qu’elle a une attente particulière ? Cela m’étonnerait. Elle est tellement franche et naturelle que je doute fort du fait qu’elle puisse attendre quoi que ce soit de ma part si ce n’est la sincérité à son égard par rapport à ce que je ressens pour elle. Il va de soi que je ne serais jamais fourbe ou malveillant à son égard et encore moins non sincère avec mes sentiments.

Nous arrivons sur place et évidemment Sany fait sensation. La Matriarche de la ville qui vient se restaurer sur son temps de pause du midi est une chose sans doute dès plus rare. Sa simple présence suffit à coller un sourire sur l’assemblée. La proposition de l’ombre d’un ravenale est des plus apprécié et nous pouvons nous installer.

Une fois encore, Sany me sort de mes rêveries et pensées anxieuses. Je lui souris tendrement. Est-ce qu’elle connaît déjà la réponse ?

Kai ▬ Oh mais voyons c’est un plaisir !

Il vaut mieux rester fidèle à moi-même et à ma sincérité et ma franchise.

Kai ▬ Franchement Sany, je ne crois pas. Je voulais surtout partager ce moment avec toi à cet endroit.

Le choix du citron vert de Sany me semble des plus judicieux et j’opte pour la même chose afin de l’accompagner.

Kai ▬ Je... je suis très content que tu aie accepté mon invitation pour tout dire.

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Sany renchérit son sourire. Bien sûr que c'était un plaisir, elle n'en doutait pas. Un plaisir pour lui comme pour elle. Elle avait apprit depuis bien longtemps que l'homme était toujours très sincère et qu'il n'était pas du genre à faire quelque chose qui lui déplairait. Ou faire quelque chose juste pour faire plaisir même si cela devait ne pas forcément lui convenir.

Non, Kai était un homme qui savait ce qu'il voulait. Qui s'attardait sur le bien des autres mais qui n'oubliait pas le sien pour autant. Il n'avait pas proposé cela à Sany juste pour être poli, ce n'était pas son genre et Sany n'en douterait jamais. Pour un homme qui venait du continent, il possédait une grande part dinotopienne en lui. Peut-être que ça avait toujours été son destin de se retrouver ici en fin de compte. Sany était de ceux qui croyaient qu'il y avait des gens quelque part qui n'étaient pas fait pour vivre dans leur monde, mais plutôt pour découvrir cet endroit et s'y enraciner comme s'ils avaient été une graine égarée.

- Je suis ravie alors que mon acceptation ne t'ait pas déçu. D'autant plus que tu as su choisir l'un des meilleurs restaurants de la ville. Y étais-tu déjà venu avant ?

L'homme fut partant pour un jus de citron aussi frais que celui de la matriarche. C'était la saison des pluies mais ici, dans le désert, la chaleur persistait quoi qu'il arrive. Une boisson de ce genre ne sera jamais démodée en ville.

- Et moi je suis heureuse que tu m'aies invité. Même si ça semblait sortir un peu de nulle part, répondit-elle avec un sourire amusé, cela faisait un moment qu'on avait pas eu un moment posé entre nous.

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Une journée riche d'enseignements

Le Grain de Sable m’a laissé un bon souvenir, même s’il remonte à un moment maintenant. C’était avant mon premier départ. J’avais été très intrigué par l’endroit après la rencontre avec Sany. Je me disais qu’entre le désert, l’architecture locale étant ce qu’elle est, et avec parfois ce sentiment de me retrouver entre l’Inde et le Moyen Orient ici, je me suis dit que le curry devait être excellent pour un restaurant spécialisé en la matière installé là.

Kai ▬ Je suis déjà venu oui. C’était avant de partir l’an dernier. J’étais curieux de connaître les currys d’ici. Comme j’ai beaucoup aimé, je me suis dit que c’était un lieu tout indiqué pour te proposer de manger avec moi.

C’est un établissement qui n’a rien à envier à ceux du monde extérieur et les arrangements de curry et de fruits et légumes est un véritable délice pour les papilles. Cela fait un moment que j’ai envie de revenir manger au Grain de sable, mais je voulais profiter d’une telle occasion pour y aller pour une fois avec une personne vraimen spéciale à mes yeux.

Kai ▬ Sorti de nulle part ? J’espère que tu dis ça dans le bon sens du terme ahah !

Je ris, mais en réalité c’est sûrement pour tromper le léger coup de stress que cela me met d’entre ça. Toutefois, cela me rassure de l’entendre dire que nous n’avions pas eu de moment à nous deux depuis longtemps. J’ai comme l’impression que cela lui a manqué et c’est pareil pour moi.

Kai ▬ Pour tout te dire, ça fait un moment que j’ai envie de te voler un peu de ton temps. Je heu, enfin, c’est peut-être mal dit ah ah !

Je me racle un peu la gorge avant de boire une gorgée de nos boissons fraichement arrivées avant de dire trop de bêtises. Franchement, cela ne me semblait pas si compliqué dans mon souvenir d’être simplement franc avec une femme pour qui on a de la tendresse. Allez Kai ! Bordel ce n’est pas si compliqué !

Kai ▬ Ce que je veux dire, c’est que, ça fait un moment que je voulais vraiment t’inviter à un tête-à-tête.

Ce n’est pas ce qu’on peut appeler une vraie grande déclaration, mais ce n’est tout de même pas si mal de mon point de vue. Même si je ne sais pas vraiment si la notion de “tête-à-tête” peut avoir la même à Dinotopia que dans le monde extérieur.

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- C'est vrai qu'ils font de bonnes choses ici, avoua la matriarche.

Et peu de restaurants à Dinotopia pouvaient se vanter de savoir faire des plats au curry et de le faire bien surtout. Mais c'était la vraie spécialité de cet établissement et ce qui en faisait sa renommée à travers toute l'île.

- Mais bien sûr, assura t-elle à l'homme, peut-il seulement exister un mauvais sens du terme face à une invitation improvisée ?

Elle afficha un sourire devant l'embarras apparent de l'homme. Notamment parce qu'elle n'avait vraiment pas l'habitude de le voir ainsi et c'était une facette qu'elle prenait plaisir à découvrir. Comme quoi, il y avait encore des choses à explorer dans la personnalité de Kai et plonger dans cet inconnu convenait très bien à Sany. Plus elle en savait sur lui, plus elle se sentait proche de lui, et ça ne faisait que la combler d'avantage. Ceci dit, elle n'était pas sadique au point de savourer le stress qui émanait de lui non plus et réfléchissait alors à la meilleure façon de lui rendre son aisance.

- Eh bien...Je suppose que ce n'est pas évident en effet. Mon rôle au sein de cette ville ne me laisse pas trop de temps à accorder aux gens à qui j'aimerais donner plus de ma personne.

Surtout les personnes qu'elle avait la chance d'avoir près d'elle pour un temps limité. Kai n'allait pas rester éternellement à Khasra, elle le savait. Bientôt, elle le perdra à nouveau dans les confins d'une jungle, sans savoir quelles folies il y ferait avec les prédateurs.

- Et toi, plus particulièrement, précisa t-elle.

Autant être claire après tout. Même s'il était vrai que ce genre de réflexion pouvait concerner également sa famille à Ptéros par exemple. Il n'y avait pas que des avantages à être matriarche. Le bien de sa communauté avant tout et si gérer une ville prenait beaucoup de temps, Sany en avait encore plus à donner car elle gérait un lieu de stage et devait également, de ce fait, gérer son domaine et faire son enseignement aux plus jeunes, réfléchir à leur avenir.

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Une chose qui m’interpelle à Dinotopia, c’est l’impressionnante varié de cuisines qui s’y trouve, mais finalement il est possible que les dolphinback au fil des générations et des époques finissent par arriver avec tout un bagage de connaissances et de coutumes avec eux. Cela finit forcément par être adopter par des dinotopiens qui reproduisent et pérennisent ces coutumes. C’est ainsi qu’on trouve des humains parfois aux traits asiatiques ou indiens comme Sany et il n’est donc pas étrange de trouver une force de cuisine plus avancée qu’on ne pourrait s’y attendre d’île insulaire. Si on rajoute la culture du végétarisme, sinon véganisme présent sur l’île et partager dans la quasi-totalité à l’exception peut-être des cités côtière ou fluviale qui s’autorisent parfois poisson et fruits de mers dans leur régime alimentaire, la cuisine s’est adaptée. Je suis peut-être un peu trop gourmand, mais il est vrai que j’aime beaucoup voyager à travers l’île ne serait-ce que pour gouter les mets plus régionaux.

Je souris donc à Sany qui cautionne mon avis sur le Grain de Sable et donc mon choix pour ce repas de midi. Je suis vraiment content que cela lui face plaisir comme endroit. Toutefois, je suis certain qu’elle dirait sans doute que ce serait un plaisir de manger n’importe où ailleurs car tous les établissements de sa ville doivent être doués dans leur domaine.

Je suis alors un peu pris de court par la façon dont elle retourne sa réponse. Cela me fait rire sur le coup, car elle a cette façon tout à fait dinotopienne de tout prendre sous un regard positif. Cela valide en tout cas comme une bonne idée de l’avoir invité et c’est vraiment ce dont je n’étais pas sûr.

Kai ▬ Je suis content que tu le prennes comme ça alors. Personnellement j’aime toujours les invitations improvisées, mais comme tu es souvent prise, tu aurais pu ne pas apprécier aussi. C’est donc une bonne chose que nous voyions cela sous le même regard.

Je sens que je suis stressé par la situation, mais le pire c’est que je sens qu’elle le perçoit très bien et ça ne me rend que moins serein encore. Décidément, je ne suis pas très à l’aise. C’est idiot en plus, mais quelque part, malgré la carrure imposante de l’aventurier de terrain, les certitudes de l’homme de science, l’avis tranché du passionné de la nature, je reste une sorte de petit garçon penaud avec une femme qui me plaît. Comme s’il y avait beaucoup d’enjeux alors que pas tant que ça. La vie est ainsi faite que si les choses ne fonctionne pas il faut passer à la suite de son aventure. Mais il y a quelque chose de différent, quelque chose qui me pousse à croire qu’il y a un grand enjeu derrière.

La précision qu’elle fait alors qu’elle m’explique que son rôle de matriarche est parfois si prenant qu’elle n’a pas le temps qu’elle aimerait à accorder aux gens à qui elle aimerait donner plus de sa personne vibre en moi. Cela sonne comme une sorte de musique du destin. Ai-je vu juste en me disant qu’il y avait peut-être un enjeux derrière tout ça ?
Finalement quand j’y pense. Soit le destin est une suite aléatoire d’évènements que l’on pourrait prédire grâce à la science, mais qui reste impossible à notre échelle, soit il est tissé par une ou plusieurs volontés conscientes. L’homme de science penche pour la première possibilité, mais l’homme de foi arrivé à Dinotopia penche pour la seconde possibilité. Si c’était mon destin d’arriver ici, que ce soit les esprits de mes ancêtres ou ceux de la nature qui l’ont décidé, alors peut être que c’était aussi leur volonté que Sany me trouve pour me sauver la vie, que je revienne à Khasra pour la revoir et développer des plus grands sentiments pour elle ?

Beaucoup de questions se bousculent dans mon esprit tandis qu’on passe commande et que nous attendons d’être servis. Je ne cesse de lui sourire bien entendu, mais cela ne m’empêche pas d’avoir le cerveau en ébullition. Je bois une nouvelle gorgée et ce jus de citron bien frais et je me décide. J’essaye de lui toucher la main du bout des doigts tout en croisant son regard ensuite.

Kai ▬ Sany... il faut que je te dise une chose. Je pense que cela se voit, mais il faut que je saute le pas et t’avoue mes sentiments. Je pense que je ressens beaucoup plus que de la simple amitié pour toi..

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Telle était Dinotopia après tout : une île de naufragés. Les premiers humains à y avoir accès étaient déjà des Dolphinbacks. Au fil du temps, avec tant de nouvelles arrivées de part le monde, il était évident que la culture de l'île en devienne aussi variée dans bien des domaines, et celui de la nourriture avant tout.

Malgré tout ces mélanges de savoir du Monde Extérieur, Dinotopia restait unique et pas seulement à cause des dinosaures mais bien de part malgré tout une culture qui lui était propre, née d'un mélange de tant d'autres, saupoudrée par le mythe évident des sauriens. Kai n'avait sans doute pas tort de penser que Sany aurait été comblée dans n'importe quel restaurant. Chacun sur l'île se valait. Cependant, elle appréciait d'avantage tout ce qui pouvait lui rappeler là d'où elle venait, à savoir la désertique région Est de l'île. La force de l'habitude sans doute.

- Sache que si j'avais été prise, ça ne m'aurait pas empêché d'apprécier ton intention, assura la matriarche, même si cela aurait signifié que je n'aurais pas pu y répondre présente. Ca n'aurait été que partie remise de toute façon.

Ca c'était une certitude. Bien sûr qu'elle avait des devoirs mais elle se sentait également capable de prendre un peu de temps pour autrui, et pour Kai majoritairement car il était celui qui accaparait toute son attention quand il était dans les parages. Ou plutôt, quand elle avait la chance de le voir dans les parages surtout. Et ses sentiments envers l'homme ne l'effrayait absolument pas même si c'était une nouveauté pour elle. La seule chose qu'elle avait à craindre serait son prochain départ, dès qu'elle lui aurait accordé son Habitat et sa formation. Le plus simple serait pourtant qu'elle lui impose une formation ici même. A Khasra. Mais ce serait injuste envers Kai, et mensonger envers le destin, ainsi qu'égoïste de sa part. Elle ne pouvait aller à l'encontre de ce que Dinotopia attendait de l'homme. Quelque chose que l'essence de l'île lui transmettra bien assez tôt après avoir vu le Dolphinback prendre soin de cette essence tout le long de son stage.

L'effleurement des doigts de Kai sur sa main ramena Sany au présent. Oui le présent. C'était ça qui comptait pour le moment. Son sourire ne s'estompa pas lorsque Kai reprit la conversation. Elle ne chercha nullement à l'interrompre, bien au contraire, son regard semblait inciter l'homme à poursuivre de plus belle.

- C'est vrai, cela se voit, commença t-elle avec un sourire amusé, et tu ne dois pas en avoir honte. Ni avoir peur.

Elle marqua une pause, détachant un temps ses prunelles de ceux du Dolphinback, histoire de chercher ses mots. Finalement, elle le regarda à nouveau pour poursuivre :

- J'espère que tu ne me trouves pas trop injuste de te laisser te jeter seul à l'eau. Je vois bien à quel point cela te perturbe. J'aurais dû en faire autant bien plus tôt, ne serait-ce que pour t'éviter ce désagrément mais...Eh bien, je sais que tu avais une femme avant. Que tu l'as perdu, que ça a été terrible pour toi. Et je ne savais pas trop comment ce genre de chose aurait pu être prise par un Dolphinback après tout ça.

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La culture Dinotopienne est très riches et diversifiée de par l’apport des différents dolphinbacks arrivés au fil du temps, parfois en véritable équipages entiers avec tout ce que cela suppose comme poids sociologique apporté. Au final, il faudrait peut-être que je m’intéresse au sujet, à moins qu’une conversation dans quelques années avec Katell ne s’impose pour avoir son point de vue si elle se met à étudier la société dinotopienne et son histoire. Mais il est possible que des villages entiers furent fondé par des communautés importantes de dolphinbacks arrivés en même temps et voulant préserver leur culture à eux. Le tout s’est alors imbriqué et a évolué jusqu’à former cette société étonnant et cosmopolite qu’elle est aujourd’hui.  

La matriarche m’assure que dans l’éventualité où elle aurait été prise par quoi que ce soit, ça n’aurait été que partie remise à une autre fois. Elle aurait donc bien voulu de cette invitation quoi qu’il en soit et c’est un prompt réconfort pour l’homme plein de doutes que je suis devant elle et l’appréhension de ses sentiments envers moi. Cela me rassure énormément et commence à me conforter assez pour lui avouer mes sentiments les plus sincères et les plus profonds. C’est un saut vers l’inconnu bien que je pense que je ne la laisse pas indifférente.  

Avouer mes sentiments pour Sany après finalement aussi peu de temps partagés ensemble tout compte fait est la chose la plus risquée, audacieuse et en même temps stressante pour moi depuis... mon mariage ? C’est un moment où on se jette vraiment à l’eau et où tout peut changer pour vous d’une seconde à l’autre en fonction de l’autre. Mais je ne pouvais plus taire mes sentiments plus longtemps pour elle.  

Je souris et je laisse partir un rire soufflé alors qu’elle confirme bien que cela se voit. Je ne suis pas vraiment doué pour mentir ou cacher ce que je ressens de toute façon. Elle me dit ensuite que je n’ai pas à en avoir honte ou peur. Se pourrait-il donc qu’elle ressent la même chose ? Mon cœur bat à tout rompre, j’ai l’impression qu’il va faillir sur la table. Le silence qui flotte entre elle et moi alors qu’elle a détourner un instant seulement les yeux des miens me semble durer une éternité. Puis, vient alors à nouveau le contact visuel et la suite des propos de Sany.  

Si au début je souris en voulant demander pourquoi ce serait injuste de sa part de me laisser me jeter à l’eau, avec une envie débordante de blaguer, elle ne m’en laisse pas le temps. En fait, c’est très sérieux et ce n’est pas le moment de rire. En fait, elle avoue qu’elle aurait du en faire autant que moi sur la révélation de ses sentiments à mon égard, mais qu’elle ne l’a pas fait par respect pour la mémoire d’Abigail et ma période de deuil. Ne sachant pas vraiment comment faire et trouvant cela délicat en pareille situation.  

Je lui attrape la main, la caressant doucement avec mon pouce tout en la regardant tendrement, droit dans les yeux et un discret sourire aux lèvres.

Kai ▬ Décidément Sany, tu es pleine de sagesse. Ne t’en veut donc pas, je pense que tu as fait le bon choix.  

Tu as raison. La perte d’Abigail a été très dure. Si dure que j’ai cru en mourir foudroyé sur place sur cette plage où tu m’as trouvé. Après, je n’ai fait que me mettre des œillères en croyant arriver à surmonter sa perte en m’intéressant à tout ce que l’île pouvait m’offrir. Mais c’était faut et le retour à la réalité a été douloureux. Mais j’ai compris qu’Abigail la première ne voudrait pas que je vive dans le passé et encore moins sans personne avec qui partager ma vie.

Je ne peux pas m’empêcher d’échapper un rire entre ma barbe en imaginant surtout ce qu’elle dirait vraiment.

Kai ▬ Et surtout une personne pour veiller sur moi et me faire la morale sur mes aventures dangereuse ahah !

Abigail fera toujours partie de moi. Elle représente toute une période de ma vie, de très belles années, de très beaux projets. Malheureusement elle n’est plus, mais j’espère qu’elle est dans un endroit meilleur, bercée par les esprits et veillant encore sur son idiot d’un monde plus vaste et inconnu qu’elle découvre autant que moi. Un jour, nous nous reverrons surement, avec de la chance, elle ira à la Grande Plaine pour nous y rejoindre. Mais il faut que j’aille de l’avant aussi. L’île est un nouveau départ, un nouveau monde, avec de nouvelles personnes. Elle restera une part de moi, mais aujourd’hui il y a de la place pour une autre personne, de la place pour Sany.

Kai ▬ Si tu savais combien tes mots me comblent de bonheur aujourd’hui. Il me fallait du temps et tu m’en a laissé. Et ce qui compte, c’est de se dire la vérité et n’est-elle pas magnifique ?!  

J’aurai presque envie de bondir et de chanter mon bonheur, mais je dois avouer que je suis un très mauvais chanter et j’épargnerai le supplice à Sany pour cette fois, surtout en public au restaurant.

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C'était un ressenti aussi étrange que nouveau. Nouveau ? Oh peut-être avait-elle déjà eut l'occasion de lorgner les garçons dans sa jeunesse, durant son adolescence, son stage qu'elle faisait en compagnie de jeunes hommes pas désagréables à regarder, mais sans plus. Par la suite, elle avait tellement voulu bien faire dans sa formation qu'elle ne s'était concentrée que dessus.

Et quand lui était tombée dessus le rôle de matriarche, l'idée de se concentrer sur autre chose que sa gestion de la ville ne l'avait absolument pas effleuré. Du moins, jusqu'à l'arrivée de Kai dans sa vie. Et elle avait longtemps réfléchit à la question en secret. Est-ce que c'était raisonnable ? Est-ce qu'elle pouvait se le permettre ? Etait-ce une bonne chose ? Serait-elle en mesure d'assumer une situation de ce genre ? Se méprenait-elle par hasard sur ses sentiments envers l'homme ? Beaucoup de question dont elle était au centre lui avait traversé l'esprit. Jusqu'à ce qu'elle se dise que le mieux était encore d'attendre et de voir comment se déroule les choses. C'était toujours ainsi que ça fonctionnait de toute façon. C'était en se montrant aussi patiente qu'observatrice qu'elle influait l'avenir des jeunes sous sa garde. Finalement, ce n'était pas si différent, à part qu'il s'agissait de son propre avenir cette fois-ci. Observe, écoute et retiens : sixième loi de Dinotopia.

La vie d'un Dolphinback pouvait être très différente de celle d'un Dinotopien. Même si Sany voyait en Kai une grande part dinotopienne, elle n'avait jamais oublié qu'il ne venait pas d'ici. Peut-être que leurs coutumes vis à vis du deuil étaient différentes. Peut-être que ce n'était pas convenable d'espérer quoi que ce soit envers quelqu'un qui avait perdu sa compagne, surtout aussi tragiquement. Et Sany pensait tout autant à cette dernière même si elle ne la connaissait pas. Kai lui en avait suffisamment parlé pour ça. Il n'était pas facile pour un Dinotopien de refaire sa vie après la perte d'un compagnon, d'une compagne ou même d'un alter-ego. Beaucoup ne les remplaçaient pas et finissaient seuls. Et la mémoire des disparus étaient très respectée et célébrée chaque année par tous. Kai ne tenait pas rigueur à Sany de son choix. La matriarche croisa son regard en plus de sentir sa main sur la sienne et fut soulagée d'entendre l'homme lui annoncer qu'elle avait bien fait. Oui, sans doute avait-elle bien fait. Et si Kai avait choisi de se déclarer aujourd'hui, c'était sans doute qu'il jugeait qu'assez de temps s'était écoulé non ?

- Abigail était une femme très bien et je ne veux pas avoir la prétention de la remplacer.

Elle sourit à son humour. Pour ça, plus qu'une femme, le monde entier devrait être présent pour faire la morale à un insouciant aussi terrible que Kai !

- Oui tu as raison, approuva la matriarche avec un sourire radieux, posant son autre main sur celle de l'homme, elle est de toute beauté. Je la vois scintiller dans ton regard.

Codage par Libella sur Graphiorum

Une journée riche d'enseignements

Ma venue à Dinotopia s’est faite dans la souffrance, comme tous les dolphinbacks qui s’échouent sur les rivages de cette île. Si certain ont eu la chance de survivre en groupe, cela a l’air d’avoir été le luxe du passé car de ce que je peux juger, il n’y a guère plus qu’un ou deux survivants maintenant. Est-ce qui finalement dans notre course à la technologie le récif est plus impitoyable avec nous ? Allez savoir. Ce qui est certain c’est que dans mon malheur j’ai vu disparaître ma femme dans le fond des eaux. Dans ma détresse, j’ai cru voir son esprit l’an passé et qu’il m’a indiqué que je n’aurai rien pu faire pour la sauver car c’était déjà trop tard. C’est un fait, mes souvenirs, ma peine m’ont longtemps joué des tours, mais la réalité, c’est Abigail n’était plus au moment même du crash. Elle s’en était déjà allée. Si son apparition a été réel de mon point de vue, qu’est-ce que cela peut bien prouver ? Est-ce que son esprit est avec ceux de l’île ? Avec le puissant dieu Ogthar ? Ou est-ce que c’est simplement mon esprit torturé qui a déliré pour se guérir lui-même ? Impossible à savoir le vrai du faux. Mon choix est de croire qu’elle m’est apparu pour me faire aller de l’avant.

Finalement, une chose me vient en tête alors que nous abordons le sujet à bras le corps et que se pose la question du choix de Sany d’attendre. C’était un bon choix et il m’est évident qu’il l’était tout simplement car il me fallait du temps. Fais une seule chose à la fois, septième loi dinotopienne. Il me fallait d’abord prendre le temps d’accepter la disparition d’Abigail, pour ensuite accepter que je ne pusse rien y faire. Cela m’a permis de pleinement et vraiment m’intégrer à la société de l’île. Et aujourd’hui, je peux enfin faire ce que j’ai envie de faire depuis longtemps, avouer mes sentiments à Sany.

D’une certaine manière, Sany ressemble beaucoup à Abigail, tout en étant terriblement différente d’elle, c’est très particulier. L’entendre parler d’elle et dire que jamais elle n’aura la prétention de vouloir la remplacer me touche. Mais de toute façon pour moi il ne s’agit même pas de la remplacer.

Kai ▬ Personne ne pourra remplacer Abigail. Le temps que j’aie passé avec elle n’appartient qu’à elle et moi et il est maintenant révolu. Il s’agit plutôt de poursuivre mon histoire et de l’écrire si possible avec quelqu’un d’autre.

Dans ma culture, celle que m’a surtout transmis ma mère et les vieilles croyances Maoris, les ancêtres et les défunts que nous avons connus continuent de vivre autour de nous, dans la nature et nous-même. C’est un appel à leur mémoire que nous faisons lors des Hakas, pour qu’ils nous donnent force et sagesse. Ma vie avec Agibail demeura mon passé maintenant, mais j’ai aussi un avenir et je sais que la partie que nous avons écrit ensemble restera dans ma vie quelque chose de fort. Mais elle m’a aussi donné la force de vouloir entamer un nouveau chapitre avec Sany.

Je suis content de l’entendre me dire qu’il y a comme une étincelle qui brille dans mes yeux, mais est-ce que c’est simplement le bonheur d’une vérité éclatante ? Ou aussi le plaisir de contempler Sany qui ne s’estompe jamais ?

Je ne sais ce que je m’apprête à faire, mais au moment où peut être étais-je sur le point de me lever, on vient prendre nos commandes et je crois que sur le moment j’ai comme percuter que j’ai dit tout ça au restaurant et que peut être quelques oreilles trainaient ici et là. Aucun moyen de le savoir et je n’ai pas honte de mes sentiments. J’opte pour un curry qui utilise le produit emblématique de la ville, les oranges, car je suis pour le moins intrigué par l’associa de l’acidité de l’agrume, sa sucrosité et le piquant du curry.

Après cela, je ne peux que revenir dans les yeux de Sany, heureux comme un gamin, mais épris comme un homme.

Une journée riche d'enseignements

Sany opina du chef à la réponse de Kai. C'était sans doute la meilleure chose qu'il pouvait penser, et qu'elle pouvait penser également. La vie était comme un livre, composé de chapitres. Et ce n'était pas parce qu'on en avait fini un qu'il fallait en déchirer les pages pour l'oublier. Non, il fallait juste s'en rappeler, pour pouvoir mieux poursuivre le reste de l'histoire.

- Permets-moi alors de poursuivre cette histoire avec toi, répondit alors la matriarche d'une voix aussi paisible qu'assurée.

Elle avait beau le demander, finalement Kai avait déjà donner son accord avec ce désir de se dévoiler à elle. Mais avec ces mots, Sany scella en quelque sorte ce que chacun attendait de l'autre. Et elle était ravie de pouvoir enfin le faire sans risquer de mal agir. Ravie de voir que sa patience avait naturellement eut l'effet attendu. La patience et la compréhension avaient toujours été ses vertus les plus puissantes et ce qui avait fait qu'elle avait été désigné comme matriarche au bout du compte. Sany maintint le silence qui s'installa entre eux deux. Elle n'attendait pas de réponse particulière de Kai, parce qu'elle la connaissait déjà et que tout deux n'avaient jamais vraiment eut besoin de se parler pour se comprendre. Mais le silence fut brisé par le serveur venu quérir leur commande. Sany parcouru rapidement le menu des yeux, n'ayant pas vraiment eut le temps de le faire avec tout ça. Elle opta pour un curry d'haricots rouges dont sa dernière prise remontait à fort longtemps et qu'elle était bien tenté de ravoir dans ses papilles.

- Heureux ? lança t-elle avec une oeillade espiègle lorsque son attention fut retournée vers celui qui lui faisait face.

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Une journée riche d'enseignements

LLa tendre de Sany est touchante et c’est sans doute une très belle histoire qui continuera de s’écrire avec elle. Je peux sentir son investissement, sa passion palpable maintenant alors qu’elle lève le voile sur ses émotions. Elle est tellement patiente, dans la retenue et le contrôle d’elle-même que j’ai eu beaucoup de mal à deviner et lire en elle ses réels sentiments. C’est sans doute à cause de ça que mon stress est monté aussi vite et aussi fort, mais finalement c’est la raison du cœur qui triomphe.  

Je suis vraiment ému et je perds un peu mes mots malgré l’œillade espiègle qu’elle me lance et qui devrait normalement suffire à me faire rebondir.

Kai ▬Je ne suis pas certain que le mot soit assez fort pour décrire ce que je ressens.   Dis-je en souriant.

Je crois que c’est un grand jour, un de ceux qui marquent le début d’une toute nouvelle ère. Aujourd’hui, bien que je sois encore à des mois ou des années de pouvoir le dire officiellement, je me sens pleinement dinotopien. J’accepte de vivre sur cette île et de m’y reconstruire et grâce à Sany, je m’ancre un peu plus au sein de la société, mais plus encore, mon cœur s’accroche maintenant à une personne qui compte énormément et rend tout ça réel à un autre niveau.  

Je lui souris tendrement, pour ne pas dire amoureusement. On nous apporte les plats et je songe à une seule chose, elle. Je ne suis pas du genre à me faire des plans sur la comète, mais je sais que tout ne sera pas évident non plus et elle le sait. Notre histoire, jusqu’où ira-t-elle ? C’est une question qu’elle peut se poser tout autant que moi. Nous le savons, je vais bouger, car je ne tiens pas en place, mais est-ce qu’elle arrivera à s’y faire ? C’est déjà dans mes pensées. Je sais qu’elle me comprend et me connais. Elle sait bien dans quoi elle s’engage avec moi au final. Je ne sais même pas pourquoi cela m’inquiète un peu.  

Pour l’instant je suis auprès d’elle et elle auprès de moi. Malgré les tâches très nombreuses qui l’accaparent, nous avons beaucoup de temps devant nous pour que notre relation se développe encore.  

Peut-être que, quelque part, c’est même mieux pour nous deux. En tant que matriarche elle sera toujours avec un lourd devoir qui pèsera sur ses épaules. Les autres d’abord, toi en dernier, telle est la loi de Dinotopia et je crois que c’est ça qui me plait chez elle aussi. Cette faculté incroyable d’être aussi bienveillante avec tout le monde. Quant à moi, je serais toujours un aventurier passionné par la nature et le fait de vivre au plus proche d’elle et de ceux qui y vivent. Pourrais-je rester en place ? Surement pas, mais j’espère que nous arriverons à trouver un rythme qui nous satisfasse tous les deux lorsque le moment sera venu.

Kai ▬Et toi Sany, es-tu heureuse ?  

Je chasse mes inquiétudes futures pour les laisser là où elles seront, préférant m’intéresser à Sany, tout de suite.  

Une journée riche d'enseignements

La main de Sany se referma un peu plus sur cette de Kai, partageant parfaitement le ressenti actuel qu'un simple mot était trop faible pour le décrire.

- Ce n'est pas grave, lui souffla t-elle, il n'y a pas besoin de mot.

Ca n'avait jamais été aussi vrai que maintenant. Pourquoi s'encombrer quand les élans d'amour furetaient par eux-mêmes entre deux personnes telles deux perruches postales invisibles ? C'était un amour toutefois bien nouveau pour Sany. Il était fort, comme celui qu'elle avait pour Ator, mais pas de la même façon. Il était différent et elle n'avait rien pour le décrire. Par ailleurs, elle ne se cassa pas la tête à essayer de le faire. C'était là. C'était tout ce qui importait. voilà donc ce à quoi elle s'était abstenue durant toutes ces années ? Eh bien...Ca valait la peine d'attendre !

Loin des pensées qui tourmentaient Kai, Sany ne pouvait que croire en l'avenir sans pour autant trop s'y aventurer. Fais une seule chose à la fois et pour le moment, elle comptait bien profiter de la présence de Kai. Ce n'était pas comme si elle ne le connaissait pas et elle avait su s'éprendre de lui en dépit de ses nombreuses absences. Ce n'était pas anodin. Les plats furent finalement apportés. Voilà un déjeuner dont elle n'était pas prête d'oublier.

- Comblée, assura t-elle, le sourire large, l'oeil scintillant.

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Une journée riche d'enseignements

Sany a mille fois raison, il n’y a pas besoin de mot pour essayer de décrire ce qu’il se passe aujourd’hui, c’est impossible. C’est sans doute l’amour qui s’exprime et qui aide un peu à surévaluer l’évènement peut-être, mais je crois il y a trop de choses complexes s’entrechoquant dans ce moment pour y voir clair et aucun mot ne suffirait. C’est tellement de choses... Un nouveau chapitre de nos vies pour Sany et moi, mais aussi un aveu à moi-même qu’une vie peut parfaitement se poursuivre sur Dinotopia après un drame, tout comme le bonheur simple de sentiments partagés avec une personne qu’on aime. Le plaisir immense de la libération de la vérité et des sentiments gardés en soi bien trop longtemps vient par-dessus tout ça et rend le mot “heureux” trop faible. Mais il n’y a pas besoin de mots entre elle et moi, pas besoin de mot en un moment pareil c’est bien vrai.

Je ne sais pas ce dont sera fait l’avenir, et je ne suis pas certain que les esprits qui le tissent en coulisse le sache non plus. Cela m’importe peu. J’ai l’intuition que tout va bien aller maintenant que nous avons fait le choix de l’honnêteté et des sentiments. Je m’inquiète trop. Si son cœur m’a choisi, c’est en sachant parfaitement qui je suis et il en va de même avec le mien pour elle. La distance n’aura pas d’importance car les retrouvailles seront toujours fortes et source de réjouissance, de partage et de bonheur.

Alors que nos plats arrivent et que nous pouvons commencer à les déguster, je me suis lancé à lui retourner sa question pour savoir comment elle se sentait. “Comblée”, voilà sa réponse et je dois dire que ça prend tout son sens lorsque je vois son regard qui scintille. Elle est merveilleuse et je crois que c’est un mot parfait pour décrire mon sentiment de l’instant en fin de compte.

Je lui souris tendrement avant de commencer à manger et une fois encore, je ne suis pas déçu. Bien entendu, c’est sans surprise que cela soit bon, mais il y a quelque chose qui rend tout ça divin. Il n’y a pas meilleur moment que celui que nous vivons tous les deux en ce moment.

Cette journée restera forcément gravée à jamais dans ma vie, tant elle riche d’enseignements...

On peut le dire, c’est de loin le meilleur repas depuis que je suis arrivé à Dinotopia, et l’un des meilleurs de mon existence aussi, tout ça grâce à Sany et à nos aveux respectifs. Le soulagement et le bonheur ont succédé au stress et à l’appréhension. Tout va dans le meilleur des mondes et lorsque nous partons du restaurant, je me laisse aller à lui attraper sa main, afin de marcher côte à côte main dans la main en remontant vers l’hacienda. Je me sens bien, juste bien, mais nous avons encore une journée de labeur à terminer.
Bien que je me demande encore quel sera le programme de l’après-midi, je n'y pense même pas car pour le moment, seul notre relation naissante accapare mes pensées.