[Terminé]L'espoir fait vivre - PNJ

29 ans (depuis le 01/05/2023)

L'espoir fait vivre

Voilà. Les jours avaient passé, les nuits aussi, bien que plus difficilement. La jeune femme avait enfin regagné des forces. S'alimenter posait encore parfois problème, elle ne faisait que picorer, mais son estomac avait cessé de crier famine et son visage avait retrouvé ses couleurs. Personne n'avait encore osé s’intéresser de trop près à elle. C'était comme si une aura répulsive émanait d'elle. Comme si elle était considérée comme chasse gardée, en quelque sorte. Et elle savait bien qu'Adam n'y était pas pour rien. D'ailleurs, c'était plutôt bon pour sa santé. Ne pas se faire envahir de questions, ne pas avoir à se replonger dans des souvenirs douloureux qu'elle tentait d'atténuer. Oui, cette solitude lui était bénéfique en fin de compte.

Depuis quelques temps, Charlotte se réfugiait dans ses dessins. Au fond de son sac de fortune, celui là même qu'elle avait confectionné avec un drap dérobé au temple du ciel, elle s'était souvenue de sa carte approximative et de ces quelques pages qu'elle avait prit, au cas où, et dont la plupart étaient désormais gondolées, froissées. Charlie les avait rassemblées, pliées sur elles même pour former une sorte de livret sans reliure ni couverture. Ainsi, elle s'était mise à griffonner les végétaux sur lesquels elle avait la chance de tomber. Le château était loin d'en regorger, mais dans la cour sortaient parfois quelques touffes d'herbes, quelques graminées miraculés ou de petites fleurs sauvages qu'elle s'empressait de dessiner. Ca lui aérait l'esprit. Se concentrer sur cette simple beauté naturelle l'empêchait de vagabonder sur des rives sombres au risque de s'y noyer.

Une fois encore, elle avait passé sa journée assise à même le sol, cachée derrière une petite charrette à la roue cassée, à dessiner cette pâquerette sous toutes ses coutures. Le temps n'avait pas l'air de passer et ni le vent, ni le coucher du soleil ne l'avait fait quitter son spot. Profitant de cette clarté en déclin, elle ajouta en vitesse ce petit insecte qui passait par là et dont elle ignorait le nom. Lui aussi fut multipliés, présenté tantôt sous un angle, tantôt sous un autre.
Ne penser à rien d'autre qu'à ça lui faisait un bien fou. Elle sentait les plaies de son coeur se recoudre doucement, difficilement, mais surement. Le chagrin était toujours omniprésent, évidemment, mais elle n'avait plus ses pensées morbides. Elle avait réussi à réserver ça au domaine de la nuit, où ses cauchemars s'en donnaient à coeur joie. Mais au moins, ses journées n'étaient plus un calvaire. Charlotte se relevait.

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L'ESPOIR FAIT VIVRE
Alderic Mizzar

- Alderic ! Alderic !

Cette voix ne cessait de résonner dans la cour du château alors que l'homme venait à peine de sortir de la vaste demeure, accompagné de Darren, son second. Ils avaient à peine fait quelque pas à l'extérieur que ce cri les avait arrêté. Quand ils se tournèrent vers la source de la voix, ils virent un homme se hâter vers eux, essoufflé suivit par deux autres qui en portaient un troisième inerte et ensanglanté. Baissant les yeux vers le malheureux, Alderic resta interdit un moment. Finalement, son regard se redressa vers celui qui avait crié.

- Que s'est-il passé ? demanda t-il, les dents serrées.

- Un t-rex, répondit l'autre à bout de souffle, un jeune mais...Il nous a eu par surprise alors qu'on chassait le chasmosaure dans la plaine...Dyrik est très mal, j'espère qu'on l'a ramené à temps.

Alderic poussa un profond soupire. C'était le danger des jeunes dinosaures. Trop jeunes pour comprendre où étaient les limites de leur territoire, et ils n'hésitaient pas à quitter les Marais Pluvieux pour causer des dégâts ailleurs. D'un signe de tête, il fit comprendre aux autres d'emmener le blessé se faire soigner, espérant grandement qu'il survive à ses nombreuses blessures. Rien ne disait encore que cet homme sera toujours en vie demain.

- Tu vas pas laisser passer ça j'espère ? lança furieusement Darren, c'est pas parce qu'il est jeune qu'il faut laisser faire ! Tant que cette bête n'en fera qu'à sa tête, nos chasseurs seront en dangers de mort !

- Ne t'en fais pas, calma Alderic, je compte bien montrer à ce monstre qui gouverne réellement cette partie de l'île. Va donc demander à Adam d'organiser un juste retour des choses avec nos meilleurs guerriers.

Le second hocha la tête avant de décamper sur le champs pour retourner à l'intérieur du château. Alderic le regarda un moment partir avant de contempler le reste de la cour. Dans cet angle là de celle-ci, il n'y avait pas grand monde. C'était un coin habituellement désert. Mais quand il fit volte-face, il aperçu quelqu'un, visiblement planqué derrière cette charrette qui faisait partie du décor depuis quelques années déjà. A vrai dire, il ne voyait que des parcelles d'une silhouette qui dépassait. Il s'en approcha alors. Il lui était déjà arrivé de tomber sur un enfant qui se cachait dans un coin pour pleurer parce qu'il s'était fait mal. Dans le doute, il décida de faire le tour de la charrette. Il tomba alors nez à nez avec une jeune fille assise par terre, qui était visiblement en train de dessiner. A lui qui connaissait chaque membre de son clan, il devina tout aussi bien l'identité de la seule personne qu'il ne connaissait pas. Ce qui était ironique en soi.

- Charlotte Nelson ?

Voilà bien des jours qu'il savait qu'elle avait élu domicile dans son clan, assisté par Adam. Mais jusqu'à présent, il ne l'avait encore jamais rencontré et juste vu de loin. Ce qu'il savait d'elle, il ne le devait qu'à Adam et c'était même lui qui lui avait conseillé d'attendre avant de l'interpeller pour quoi que ce soit. Avec le temps, il avait fini par oublier un peu le fait qu'elle était là, faisant confiance à Adam, qui s'occupait d'elle, qui lui apportait de quoi manger et même de quoi se vêtir pour changer des vêtements user avec lesquels elle était arrivée le premier jour.

- Nous nous rencontrons enfin, poursuivit l'homme avant de pencher la tête légèrement sur le côté d'un air intrigué, que faites-vous là par terre et toute seule ?

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L'espoir fait vivre

Dans son dos, des cris et des bruits de pas pressés et lourds se firent entendre. Pourtant, la jeune femme était bien trop prise dans son activité, loin de ce monde, quelque part ailleurs, si bien qu'elle n'y prêta pas plus attention que ça. C'était surement les enfants qui jouaient, comme tous les autres jours. Elle resta donc concentrée sur cet insecte curieux qui s'aventurait désormais sur sa cheville. Avant qu'il ne rentre sous son large pantalon en toile de lin et finisse par remonter le long de sa jambe, elle lui présenta son doigts et ce dernier y monta, aventureux. Là, elle prit le temps de l'observer de plus près. On aurait dit un gros scarabée, doté de plusieurs paires d'ailes d'un bleu irisé. Après un instant, il s'envola dans un bourdonnement gras et Charlie le regarda s'éloigner, détendue.

Alors qu'elle s'apprêtait à poser les derniers coups de crayons sur ses pages ternies par son voyage, un homme prononça son nom. Surprise, elle n'osa d'abord pas bouger, figée. Enfin, lorsqu'elle se retourna, se fut pour découvrir cet homme aux cheveux longs encadrant un visage aux traits particulièrement dessinés et marqué d'une prestance certaine. Sa carrure était tout aussi impressionnante. Ce fut d'ailleurs elle qui la poussa à se lever, droite comme un i. Evidemment, elle ne manqua pas de deviner de qui il s'agissait. Elle avait pensé devoir le rencontrer tôt ou tard, et le moment était venu.

"Euh... b-bonjour." fit-elle, aussi gênée qu'une enfant prise en flagrant délit de bêtise, "Eh bien je... je dessine. Ca me fait du bien, je crois."

L'homme était loin d'être ignorant à son sujet. Adam s'en était assuré, elle en était persuadée. Quelque soit sa place au château, il avait des comptes à rendre et si on l'avait laissée rester ici sans rien exiger en retour, ça n'était pas sans savoir un minimum à son sujet. L'homme n'était sans doute pas sans savoir ce qu'elle avait traversé et l'état dans lequel elle avait été ces derniers jours.
Charlie baissa la tête, coinçant son crayon dans les pages qu'elle referma pour enfin relever son visage vers son interlocuteur, essayant de retrouver un peu de contenance. Ca n'était pas dans son caractère d'être si intimidée, mais ici, les choses étaient différentes. Elle connaissait si peu de ce monde que son assurance avait été revue à la baisse, et malgré tout, elle restait encore et surtout fragile.

"Merci de m'avoir laissé rester ici."

C'était le moindre des remerciements, effectivement. Et encore, ça n'était pas assez selon elle. Charlie ne comptait pas en rester là. Elle était plus que tout désireuse de faire honneur à sa présence ici. Se montrer utile, rembourser sa dette. Envers lui, Adam, Wymer et les habitants du château. Elle leur devait tant...

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L'ESPOIR FAIT VIVRE
Alderic Mizzar

En effet, l'homme savait de Charlotte majoritairement le drame qu'elle avait vécu il y a quelques jours. Il ignorait combien de temps exactement mais se doutait bien que ce n'était pas encore passé. Il avait assisté à l'arrivée d'Adam, il y a dix ans de cela alors qu'il n'était même pas encore chef des Outsiders et savait donc déjà un peu sur le sujet de ce qu'on vivait qu'une telle tragédie. Jamais il n'aurait pu croire que cet adolescent serait aujourd'hui l'un de ses meilleurs guerriers néanmoins. Qu'importait le drame, l'être humain semblait capable de tout vaincre car la vie se devait d'être forte face à l'adversité. Quoi qu'il en soit, il avait de lui-même deviner l'état émotionnel de la jeune fille face à lui, sachant qu'elle reprenait peu à peu des forces à l'abri du château. Et de toute façon, il n'était pas dans les habitudes de l'homme de brusquer qui que ce soit, et surtout une nouvelle venue. Aussi, devant l'attitude timide de la demoiselle, il se contenta de sourire à sa réponse.

- Vous semblez inspirée. Pour ma part, je n'ai sans doute pas dessiné depuis au moins trente ans.

Il faut dire que quand il était petit, son père avait énormément insisté sur son apprentissage pour faire de lui un guerrier émérite. Pas beaucoup de temps pour jouer avec d'autres enfants ou faire du dessin ou toute autre activité de son âge. Il observa la jeune fille ranger son crayon entre ses pages, suivant ses mouvements du regard et en silence. Cette dernière le remercia alors de son hospitalité et Alderic haussa les sourcils. A vrai dire, il ne s'attendait pas à être reconnu. Mais les paroles de Charlotte ne faisait aucun doute, elle savait qui elle était. Ca l'étonnait dans le sens où ils n'avaient jamais été officiellement présentés.

- Mais...Je vous en prie, répondit-il alors sans lâcher son sourire, ainsi vous savez donc qui je suis ?

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L'espoir fait vivre

Face à sa réplique, Charlie tenta un sourire. Elle le croyait volontiers, à vrai dire. Avec son statu et les responsabilités qu'elle devinait aller avec, il n'avait surement pas le temps pour flâner et dessiner n'avait jamais aidé à un peuple à se tenir debout. C'était un passe temps pour celui qui en avait trop, ce qui n'était surement pas le cas de cet homme.
Et oui, inspirée, elle l'était. Depuis son plus jeune âge, ses parents avaient décelé en elle l'âme d'une créative. Son imagination était fertile et ses compétences, variées. Elle en avait pour ainsi dire fait son métier. Les végétaux, ça l'avait toujours passionnée. Et ici, elle découvrait des espèces qu'elle n'avait encore jamais eu ailleurs. Xyria lui en avait montré quelques unes dont elle se souvenait parfaitement bien, propriétés comprises. Peut-être se fabriquerait-elle un jour un recueil de ces plantes si utiles. Une sorte de carnet de botanique amateur. Oui, cette idée lui plaisait.

"Pas vraiment, j'ai deviné."

Et ça n'avait pas été bien sorcier. Jusqu'à présent, tous s'étaient tenu à bonne distance d'elle. C'était tout juste si on osait lui adresser un sourire. Alors une personne de sa carrure qui venait jusqu'à elle, ça ne pouvait être que lui. Qui d'autre sinon? Adam la préservait de tous. Elle le savait d'avance, il serait le seul et le premier à aller à sa rencontre. Après tout, n'était-ce pas de son devoir? Charlotte s'était attendu à le voir débarquer un jour où l'autre, voilà tout. C'est ce qu'elle aurait fait elle, si elle avait été à sa place. D'ailleurs, elle pensait le rencontrer plus tôt. Mais l'homme, aussi impressionnant soit-il, avait respecté sa peine. Il n'était pas si rude qu'il en avait l'air.

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L'ESPOIR FAIT VIVRE
Alderic Mizzar

Les seules choses que Alderic serait susceptible de dessiner encore de ces jours, ce serait des cartes, ou des plans, pourquoi pas ? Non pas qu'il s'y connaissait pour dessiner ce genre de chose, mais c'était les seules qu'il avait déjà faite au moins une fois. Une carte d'une zone de l'île pour guider ses troupes par exemple, ou des plans de plomberie pour aménager le château, des choses comme ça. Toutefois, il y avait d'autres personnes ici qui étaient même plus à même que lui à faire ce genre de choses également. L'homme étira un peu plus son sourire à la réponse de la jeune femme. Deviner hein ? Intéressant. Alors il avait la tête d'un chef pour qu'elle le devine aussi facilement que ça ? C'était assez flatteur. Il était vrai qu'elle aurait pu deviner par élimination, se disant que si quelqu'un pouvait passer outre le périmètre de sécurité imposé par Adam, c'était bien lui. Toutefois, ce n'était pas tout à fait vrai. Darren, le second, était également un haut gradé qui serait en mesure de faire ce que bon lui semblait sans se soucier du jeune guerrier. Une chance pour Charlotte, Darren ne semblait pas vraiment s'intéresser à elle. Une chance parce qu'il manquait cruellement de tact et qu'il aurait pu brusquer la demoiselle sans s'en rendre compte, à l'inverse d'Alderic.

Pourtant, Darren était au courant comme tout le monde de la présence d'une étrangère ici. Mais il s'en moquait pas mal en vérité, jugeant qu'il avait d'autres priorités plus importantes. Peut-être craignait-il de devoir jouer les nounous envers elle. Si c'était le cas, il pensait bien mal car Adam avait déjà pris ce rôle très au sérieux, avec supplément chien de garde prêt à recaler ceux qui s'approchaient trop près. Chien de garde un peu occupé aujourd'hui apparemment, puisqu'il n'était pas aux côtés de la jeune fille.

- Alderic Mizzar, lança alors l'homme en tendant la main vers Charlotte, autant que les choses soient faites correctement.

Par la suite, il jeta un regard autour d'eux. Toujours pas d'âme qui vive. Les bruits venaient de plus loin derrière l'angle du mur. Si elle cherchait une planque ici, elle avait plutôt bien trouvé. Rien que des mauvaises herbes, une vieille charrette et un coin d'ombre pour éviter un soleil trop brûlant. Reportant son attention sur la demoiselle, l'homme reprit :

- Je me doute bien que vous vouliez rester un peu seule ici mais je voulais juste m'assurer que vous n'aviez besoin de rien.

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L'espoir fait vivre

Scurtant la main tendue devant elle, Charlie s'en saisi timidement et tâcha de retenir le nom qu'il lui donnait. Alderic. Oui, ça sonnait bien pour un meneur. Elle s'en souviendrait facilement. Etrangement et sans raison particulière, cette poignée de main lui transmit quelque chose de positif. Comme si par ce biais, elle pouvait ressentir ce qu'il était, au plus profond de lui. Ca n'était qu'une impression, évidemment, mais elle avait envie de lui faire confiance. C'était un sentiment naturel, comme lorsqu'elle avait rencontré Adam la première fois, sans réaliser qui il était. Quelque chose de bon émanait de cet homme.

Voilà maintenant que lui aussi lui proposait son aide. N'en avait-il pas déjà suffisament fait? C'était déjà bien trop aux yeux de Charlotte qui clairement, se sentait privilégiée au château, et sur protégée. Pourtant, elle prit son courage à deux mains et après un bref instant d'hésitation, elle se lança.

"En fait... oui."

Charlotte était loin d'être cette fille fragile, timide et triste qu'elle était pourtant devenue malgré elle avec tout ce qui lui était arrivée en si peu de temps. Sa nature était effectivement tout autre et commençait tout juste à reprendre sa place. En effet, cet état n'était qu'éphémère et son caractère téméraire et fort finirait bien par ressortir. En voilà un court extrait, signe qu'elle reprennait des forces.

"Je vais mieux. J'aimerais me rendre utile."

Elle savait qu'Adam n'était pas particulièrement pour, que c'était surement encore trop tôt selon lui. Il s'inquiétait tellement que s'il avait pu, il ne la quitterait pas un seul instant. Alors autant profiter de cette entrevue pour s'imposer.

"Je ne veux plus profiter de votre hospitalité sans rien faire pour vous en échange."

C'était quelque chose qui la dérangeait depuis le début et elle comptait bien y remédier à la première occasion. Question d'éducation, de valeurs. Si dessiner lui permettait de s'apaiser, ça n'aidait en rien ce peuple qui lui avait tendu les bras de gré ou de force d'ailleurs, car elle ne savait pas quel était l'opinion de ces gens à son sujet. En tout cas, elle n'en pouvait plus d'attendre que son état s'améliorer suffisamment pour partir de nouveau à l'aventure. Brasser de l'air, ça ne faisait pas partie de ses principes.

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Alderic Mizzar

Pendant un temps, Alderic se demanda si la jeune fille allait lui donner sa main. Elle avait l'air timide et il ne la connaissait pas assez pour savoir que ce n'était pas un trait de caractère habituel chez elle. Timide ou pas, elle était en droit de rester craintive après son traumatisme après tout. Mais finalement, elle glissa sa main dans la sienne, bien qu'avec un grand manque d'assurance. Comme pour l'aider à la retrouver -ou la taquiner pour essayer de la faire sourire-, l'Outsider lui fit un baise-main distingué. Il essayait toujours de faire en sorte à ce que les nouveaux venus aux châteaux se sentent rapidement à l'aise, et bien que cela risquait de mettre d'avantage Charlotte dans l'embarras, Alderic avait décidé de compter sur un soupçon de galanterie pour l'aider à se poser. Dans le Monde Extérieur, on pointerait cela comme de la drague et certains criaient au harceleur. Mais sur cette île, les moeurs étaient si différents. Alderic vivait dans un temps bien inconnu de la jeune femme et lui même ignorait tout du monde sinistre de la perversion et de la barbarie des hommes vis-à-vis des femmes dans les grandes villes de l'autre côté des océans.

- Vous ne profitez pas. C'est normal d'avoir besoin de temps pour se reposer.

Il ne se doutait pas de tout ce que ressentait Charlotte à propos de son hébergement et de ses privilèges. Oui, elle était privilégiée dans le sens où on ne lui imposait pas de corvée. Mais après tout, elle venait juste d'arrivée et n'était pas encore une Outsider. Pourquoi lui faire faire les tâches d'un clan qui n'était pas le sien ? De plus, tout comme Adam, Alderic trouvait ça normal de ne pas encombrer quelqu'un qui avait subi une si grande déchirure du coeur. L'homme était patient avec ça. Aussi, quand la jeune fille signala qu'elle avait besoin de quelque chose, il trouva ça tout aussi flatteur qu'elle veuille bien se confier à lui. Et alors qu'il écoutait la dite requête, il devait bien reconnaître qu'il ne s'y attendait pas. Quoi que c'était plaisant de l'entendre dire qu'elle allait mieux. Son sourire baissa quelque peu à la demande de la jeune femme. C'est alors que celle-ci s'expliqua un peu mieux, souhaitant ne plus rester là à ne rien faire. L'homme ne répondit pas tout de suite, d'abord songeur. Avant de juger qu'il n'était pas le mieux placé pour savoir ce que Charlotte était en mesure de faire ou non.

- Eh bien, si vous êtes sûre d'être en état, je ne vois pas de raison de m'y opposer. Qu'aimeriez-vous faire ?

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L'espoir fait vivre

En tant normal, le baise main d'Alderic _pratique tout droit sortie d'une autre époque ou bien d'un de ces romans d'amour à l'eau de rose que lisait sa mère_ aurait surpris Charlie jusqu'à l'en faire rougir, et elle aurait immédiatement retiré sa main de son étreinte. Mais au lieu de ça, ce geste étrange l'infantilisait en quelque sorte. C'était comme si elle était redevenue cette enfant, sensible et joyeuse qu'elle était autrefois. Elle se souvenait de feu son grand-père qui lui en faisait à chaque fois qu'ils se voyaient, en l'appelant "mademoiselle". Charlotte ne comprenait pas bien le geste d'Alderic, mais dans ses yeux brillait une étincelle amusée qui n'était en rien de déplaisante. C'était surement de la galanterie, elle ne connaissait pas les coutumes des Outsiders, mais elle voyait ça également comme une marque de bienveillance à son égard. Finalement, elle retira sa main pour la replacer autour de ses pages griffonnées, bien encrée.

Sans surprise, Alderic se montra aussi compréhensif que ses semblables. Etait-ce là une qualité commune à ce peuple qu'on lui avait pourtant décrit comme barbare? Charlotte était perdue de ce côté là. Heureusement, elle avait fait son possible pour mettre de côté les a priori qu'on lui avait glissé dans la tête, tout au long de son voyage et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'était pas déçue.
Enfin, il sembla vouloir accéder à sa requête et c'est alors que Charlie se mit à sourire vraiment pour la première fois depuis qu'elle avait atterri au château. Un sourire qui s'effaça bien vite lorsqu'elle se mit à réfléchir à sa réponse.
Que faire? De quoi était-elle capable? Comment une simple fleuriste pouvait se rendre réellement utile pour les Outsiders qui n'avaient surement que faire de ce métier sans intérêt particulier et qu'ils ne connaissaient peut-être même pas.

"Hum... je ne sais pas trop. Je suis fleuriste."

Sans trop savoir pourquoi elle avait dit ça, elle prit le temps pour réfléchir davantage, et enchaîna :

"Je... je sais coudre aussi. Mais donnez moi n'importe quoi à faire, même une tâche ingrate. Ca m'est égal. Je veux juste... servir à quelque chose."

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L'ESPOIR FAIT VIVRE
Alderic Mizzar

Si tous les Outsiders semblaient aussi compréhensifs aux yeux de la jeune femme, ces derniers gardaient tout de même des opinions probablement très variées de l'un à l'autre. Mais Alderic, en tant que leader, faisait toujours son possible pour maintenir un semblant d'harmonie au sein de son clan et surtout faisait tout pour inculquer à chacun sa vision des choses, son respect et sa noblesse. Que tous s'accordent pour que la nouvelle venue se repose plutôt que ne s'attelle à la tâche était une chose. Demander à tous les Outsiders de se montrer un minimum compréhensif avec les Dinotopiens en était une toute autre. Alderic n'était pas fervent défenseur de la violence et bien qu'il n'appréciait pas le mode de vie des autres habitants de l'île, il ne leur déclarait pas la guerre pour autant. Cela dit, bien des Outsiders avaient tendance à se laisser aisément guider par le mépris, comme Darren son second par exemple. Ou faisaient trop de liens avec les dinosaures, comme Adam. Toutefois, malgré ces quelques mauvaises ondes, Alderic était plutôt assez fier de voir la retenu de son peuple par rapport à leurs préjugés.

Devant le sourire si sincère de Charlotte, Alderic su alors qu'il n'avait pas eu tort d'accepter qu'elle mette un peu la main à la pâte. C'était en la voyant ainsi qu'on devinait aisément que c'était clairement ce qu'elle désirait depuis longtemps. Il n'y avait pas de fleuriste chez les Outsiders. Il était vrai que ce n'était pas le genre de métier qui pourrait servir dans un peuple de combattant vivant dans un château. Néanmoins, Alderic voyait bien de quoi il s'agissait. Il y en avait chez les Dinotopiens après tout. Mais ici, celui ou celle qui voulait des fleurs allait les cueillir lui-même ! Le sourire de l'homme revint, doux et plus bienveillant encore que jadis devant l'insistance de la demoiselle. D'un geste de la main, il l'invita à s'approcher avant de poser sa main sur son épaule et de répondre, l'index en l'air comme pour lui dicter une leçon importante :

- Ici, nulle tâche n'est ingrate. Même décrasser des tuyaux est si utile à tous qu'elle est une mission des plus honorable.

Glissant sa main sur l'omoplate de la jeune fille, par ce geste, il la poussa légèrement pour l'inviter à le suivre.

- Vous êtes fleuriste...Soit, cela veut dire que vous savez travailler la terre non ? Le travail dans les cultures pourrait être un trop rude labeur peut-être...? Sinon, puisque vous savez coudre, et que vous aimez je l'espère, vous pourriez peut-être aider nos tailleurs et tisserands ?

29 ans (depuis le 01/05/2023)

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Aussi hésitante face à son invitation à réduire la distance qui les séparait qu'à lui serrer la main qu'il lui tendait, Charlie s'approcha néanmoins, ravie qu'il ai accepté sa demande. Peu importe ce qu'il lui réservait, elle savait que ça ne serait que positif pour elle. Aussi, lorsqu'il posa sa main sur son épaule comme l'avait fait Wymer, elle ne senti pas cette vague de tristesse tenter de s'emparer d'elle. Non, elle avait bien d'autres perspectives en tête, notamment tout faire pour ne plus rester si inactive. Le dessin était un début, mais certainement pas une finalité.

Elle comprit les propos d'Alderic et hocha la tête, se laissant entraîner à ses côtés pour une lente marche. Par là, ce qu'elle avait voulu dire c'est qu'elle ne ferait pas sa précieuse. Décrasser les tuyaux comme il disait, ou aller dans les champs, tout lui conviendrait. D'ailleurs à ce sujet, ils avaient la même vision des choses. Dans son monde, ce que l'on pourrait qualifier d'ingrat était, comme ici, absolument nécessaire au bon fonctionnement de leur société, même si bien souvent ces métiers n'étaient pas reconnus à leur juste valeurs et certainement pas rémunéré à la hauteur de leur utilité publique. En ce qui la concernait, même si son propre travail pouvait en faire rêver plus d'un, il était loin d'être facile et de tout repos, contrairement à ce que l'on pourrait penser en façade. Ca n'était surement pas le métier le plus délicat qu'il soit, surtout lorsqu'on finissait l'hiver avec les mains si rudement menées qu'elle étaient pleines de crevasses, sans compter les tendinites à répétitions et les mal de dos chroniques. Mais Charlie vivait sa passion et ne s'était jamais plainte. Tout bonheur à son lot de douleurs et elle les acceptait.

"J'irais aux champs."

C'était le choix de la jeune femme têtue et entière qu'elle était. Quitte à travailler, autant donner de sa personne. Voilà qui l'épuiserait. Le soir venu, avec un peu de chance, elle s'effondrerait de fatigue et passerait des nuits sans cauchemar. Et si Alderic avait suggéré que c'était peut-être trop dur pour elle, alors elle s'y engouffrait d'autant plus volontiers. C'était tout Charlie, ça. Signe qu'elle reprenait définitivement du poil de la bête et qu'elle avait décidé de ne plus se laisser aller.

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Alderic Mizzar

Alderic hocha la tête à la réponse de Charlotte. Soit. Elle avait fait son choix. Bien qu'on pouvait difficilement parler de champs dans ces cas-là. Les Outsiders faisaient avec la place que leur attribuait l'enceinte du château et ce n'était pas grand chose quand on voulait cultiver toute sorte de chose. L'homme sortit donc la jeune fille de cet angle désert de la cour, retournant vers des lieux bien plus animé, passant à côté des airs d'entraînement où l'on pouvait voir quelques hommes et femmes s'atteler durement à la tâche. L'Outsider traversa la cour, passa à côté des habitations et des étalages avant de s'engager vers un lieu bien plus verdoyant. Au fond, on pouvait apercevoir quelques arbres, cernés eux-même d'arbustes. Mais en première ligne se trouvaient les plants à même la terre. Il y avait là plusieurs hommes et femmes qui arrosaient, désherbaient, cueillaient, semaient, plantaient, sous le chaud soleil d'aujourd'hui.

- Seraphina, appela l'homme.

Une jeune femme à la peau mâte, qui était en train de récolter des poivrons dans un panier d'osier, se redressa aussitôt en reconnaissant la voir de son meneur. Elle l'interrogea du regard, curieuse, avant de poser ses yeux verts sur la jeune fille à ses côtés.

- Voici Charlotte, présenta l'homme sans plus de cérémonie.

A vrai dire, tout le monde au clan connaissait Charlotte déjà ! Le nom avait vite fait de circuler de bouche à oreille, ainsi que ses origines et ses relations avec leur vaillant guerrier. En revanche, personne n'avait encore osé lui adresser la parole tant elle avait tenu à rester à l'écart de tous. Aussi, la femme vêtue d'une robe paysanne de lin était bien étonné de cette soudaine apparition et présentation officielle, par son leader qui plus est.

- Elle aimerait beaucoup vous aider dans les cultures, poursuivit ce dernier, est-ce que je peux te la confier ?

- Oh...Mais bien sûr, pas de problème !

La femme étira un sourire comme si on venait de lui offrir le plus grand des honneurs. Elle resta planté là, et attendit sagement. Alderic se tourna alors vers Charlotte.

- N'hésite pas à demander, si tu as besoin de quoi que ce soit. Nous sommes tous une famille ici.

Sur ce, l'homme s'éloigna d'elle. Il quitta les lieux et disparu derrière les murs du château.

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L'espoir fait vivre

Pour sa plus grande satisfaction, Alderic ne chercha ni à discuter sa décision, ni à la comprendre. Au lieu de cela, il s'empressa de lui offrir ce qu'elle avait tant désiré. Leur marche trouva sa fin face à une femme en pleine récolte en qui Alderic semblait avoir toute confiance. Seraphina. Ce prénom semblait ancien. Encore quelque chose hors du temps pour l'australienne qui était déjà bien dépaysée. Lorsque celle ci releva son visage vers eux, interpellée par son chef, ce fût pour leur offrir son aimable visage. Passé l'étonnement, elle osa enfin poser ses yeux sur Charlotte, comme si enfin on l'autorisait à assouvir sa curiosité jusque là fort maîtrisée. Sa peau était plus mate encore que la sienne, tout juste brûlée par le soleil, se dit elle. Et la couleur de ses yeux était si intense qu'elle eu du mal à les quitter. Quelques perles de sueur ornaient son front et ses mains étaient bien celles d'une travailleuse acharnée. Un détail qui ne manqua pas de la frapper. C'était parfait.

"Merci pour tout." souffla t elle à Alderic qui s'éloignait déjà. Charlie le regarda un moment, sa chevelure flottant derrière lui au rythme du vent. L'émotion était particulière. Elle ressentait une sorte de calme intérieur. Voilà, elle allait enfin pouvoir mériter sa place et cette idée l'apaisait. Passer à l'action n'en serait que plus bénéfique, elle en était intimement convaincue.

"Et merci à toi aussi."

En prononçant ces mots, elle s'était tournée vers la jeune femme, lui offrant ce même sourire auquel avait eu droit le meneur Outsider. Un privilège dont même Adam n'avait pas profité, puisque absent. D'ailleurs, elle ne pu s'empêcher de songer à ce qu'il pensait de tout ça. Là encore, ça ne faisait pas partie des préoccupations habituelles de la jeune femme. Mais celui qui jusque-là avait tout fait pour qu'elle se sente bien méritait au moins qu'elle s'inquiète de sa réaction, bien que ça ne l'empêche en rien de suivre ses idées. Et celle ci en particulier ne lui plairait pas de prime abord, mais après tout il ne voulait que son bien, alors au final il en serait heureux lui aussi. Charlotte en était sûre

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L'ESPOIR FAIT VIVRE
Seraphina

Seraphina était une femme comme bien des autres et n'était pas particulière aux yeux d'Alderic dans le sens où il ne lui faisait pas mieux confiance qu'à une autre. La vérité étant qu'il faisait confiance à chaque membre de son clan. Mais il savait la paysanne douce, patiente, compréhensive et empathique et avait jugé que ça serait une bonne "tutrice" pour Charlotte. Du moins, pour ses premières tâches parmi le peuple. Il savait que Seraphina serait une bonne première amie pour elle. La femme Outsider regarda son chef repartir après qu'il ait affiché un dernier sourire aux remerciements de la jeune femme. Et dans le regard que lança cette même jeune femme à l'homme qui retournait au château pour mener à bien ses autres responsabilités, Seraphina nota déjà qu'un lien semblait s'être formé entre elle et son leader. C'était une bonne chose. Le mieux encore avec Alderic, c'était de l'avoir à la bonne. Et ce n'était pas difficile tant il aimait les siens et apparemment, il avait lui aussi son petit attachement à Charlotte qu'il devait voir sur le long terme comme une future Outsider. Qui plus est, Seraphina ne pouvait en rien blâmer la nouvelle. Pour elle-même, son meneur était plutôt agréable à regarder !

Le sourire de la paysanne s'agrandit quand les remerciements lui furent attribué également. Merci de quoi ? Elle n'en savait absolument rien. Mais ça la touchait malgré tout. Jusqu'à présent, Charlotte avait toujours été cette étrangère, cette mystérieuse femme défendu coeur et âme par l'un des guerriers du clan. De quoi grandement intriguer n'importe qui ! Mais voilà à présent que le voile du mystère tomba. Pas de guerrier à l'horizon pour le remettre mais clairement un ordre du chef. Autant dire que la curiosité de Seraphina allait enfin pouvoir être satisfaite. En plus, cette jeune fille lui rendait un sourire qu'elle n'avait encore jamais vu auparavant. C'était l'entretien avec son chef qui l'avait requinquer à ce point là ? Vraiment...Il n'y avait pas à dire. Alderic avait un don. Il avait un don pour faire tenir cette communauté debout malgré l'enfer qu'était le reste de l'île et il avait un don pour maintenir tout le monde heureux au sein de ce mur de pierre qui les isolait.

- Ne me remercie pas, assura alors la femme, déjà j'espère que tu ne risque rien. J'avais entendu dire que tu restais loin des autres parce que tu étais mal en point. Mais c'est un honneur de faire enfin ta connaissance. Et ce serait même plutôt à moi de te remercier de bien vouloir m'aider à la récolte ! Le début de la Saison Sèche est très profitable aux cultures, après que la terre ait été arrosée et refait le plein de nutriments durant la Saison Humide. Ah, au fait, tu as entendu, je m'appelle Seraphina. Mais je t'en prie, tu peux m'appeler Sera.

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L'espoir fait vivre

Décidément, cette Seraphina n'était que douceur et gentillesse. Elle pouvait l'entendre à sa voix, le voir à son visage, dans ses yeux. Son coeur était bien à sa place et Alderic ne l'avait pas choisie au hasard. Comme à chaque fois qu'elle rencontrait un nouveau Outsider, Charlie repensait à ce qu'on avait pu leur dire d'eux avant qu'elle ne s'aventure jusqu'au château. Des mises en gardes, elle en avait une des tonnes. On l'avait regardée partir avec inquiétude et certains avait même craint qu'elle rejoigne leurs rangs, comme endoctrinée. Mais la vérité, c'est qu'elle se sentait bien mieux ici que nulle part ailleurs jusqu'à présent.

Ses remerciements avaient été le top départ pour Seraphina, visiblement ravie de pouvoir enfin parler avec elle. Son flot de paroles amusa l'australienne qui découvrait chez la jeune femme à la peau matte une curiosité grandissante à son sujet, assorti d'une douceur particulière.

"Oh euh, non. Ne t'inquiètes pas, je vais bien mieux."

Charlotte préférait autant rester vague à ce sujet, histoire de ne pas remuer le couteau dans la plaie. Elle ne savait pas à quel point on pensait qu'elle allait mal et dans quelles mesures, ni ce qui se racontait à son sujet. La croyait-on malade? Ou blessée? Dans un sens comme dans l'autre, son isolement avait été bénéfique au début, c'était certain.

"Moi aussi, je suis ravie de faire ta rencontre." dit-elle sincèrement. Entendre une nouvelle voix, faire connaissance, voilà qui lui changerait les idées. Charlie hocha la tête, "D'accord, Sera. Et moi, Charlie."

Ce surnom n'était pas réservé à sa proches. C'était un diminutif qui l'avait suivi toute sa vie si bien que dans son monde, même dans le domaine professionnel, on l'appelle ainsi. Sur l'île en revanche, peu de personnes la connaissaient sous ce nom, puisque peu de personnes la connaissaient tout court. Seulement un cercle très restreint avait pu approché la jeune femme et tous n’empruntaient pas ce surnom qui n"en était plus vraiment un pour la jeune femme.
Charlie remonta les manches de sa blouse en lin, d'une teinte plus claire que son pantalon, et elle s'accroupi près de Seraphina, prête à en découdre avec ces poivrons.

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Seraphina

On pourrait se dire que c'était un caractère naturel chez Sera que d'être la bonté et la douceur incarnée. Ou peut-être que c'était son rôle de mère qui l'avait aménagé ainsi. Quoi qu'il en soit, il était certain que le meneur du clan n'avait pas fait fausse route en confiant Charlie à elle. Il y avait sans doute d'autres Outsiders moins patients ou moins sociaux qui auraient plus mis la jeune fille dans l'embarras qu'autre chose. Les Outsiders méritaient probablement les mises en garde qu'on faisait d'eux. Ils étaient armés et ne rechignait pas sur la force et la violence pour se faire entendre. Ils étaient capable de tuer de sans froid, de commettre des crimes aux yeux des Dinotopiens. Ces derniers avaient sans doute raison de les craindre. Ils étaient terriblement différents.

- Alors tant mieux ! s'enthousiasma la jeune femme aux paroles de la nouvelle, de toute façon, si jamais tu ne te sens pas bien, n'hésite pas à le dire.

Il était vrai qu'elle ne savait pas grand chose de Charlie, mais comme le reste, elle savait déjà qu'elle était survivante d'un accident, qu'elle avait donc tout perdu, qu'elle venait de bien loin et outre le fait qu'elle pourrait en effet être malade ou blessée, Sera ne négligeait pas la convalescence d'un drame vécu. Beaucoup de Outsiders en avait vécu des choses de ce genre. Pas de naufrage ou autre, ça devenait rare désormais de trouver des Outsiders anciennement Dolphinback -c'étaient surtout leurs descendants- mais avec les dangers de l'île, il était facile de perdre un proche, ou de vivre un tout autre enfer. D'ailleurs, Sera n'avait pas manqué à la règle.

- Très bien Charlie, j'espère que tu aimes les poivrons ! Nous en avons eu beaucoup cette saison.

Elle tendit alors un panier à Charlotte.

- Ils ne sont pas seulement beaux et gros, ils sont tellement bon ! Si tu venais au banquet ce soir, tu pourrais les goûter par toi-même.

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L'espoir fait vivre

Munie du panier prêté par Seraphina, Charlie se mit donc au travail. Ca n'avait rien de compliqué et à première vue ça n'était pas très fatigant. Mais lorsqu'on passait sa journée à ramasser des légumes dans les champs, sous la chaleur écrasante d'un soleil un peu trop brillant, la tâche pouvait vite devenir éreintante. D'autant plus lorsqu'on passait des nuits désastreuses et que son corps ne s'était pas encore tout à fait remis. Malgré tout, Charlotte était bien décidée à travailler et terminerait sa journée aux côtés de Sera, coûte que coûte. Elle espérait surtout que ses prochaines nuits seraient plus calmes, grâce à ça.
Charlie avait toujours été très impliquée dans tout ce qu'elle faisait, peu importe que ça lui plaise ou non. Du moment qu'elle s'engageait à faire quelque chose, elle le faisait à fond. L'australienne n'était ni du genre à bâcler, ni du genre à se plaindre en prime.

"Ca tombe bien, j'aime beaucoup." dit-elle en jetant un regard complice à la jeune femme.

Attrapant l'un de ces gros poivrons gorgés d'eau, la jeune femme s'étonna de sa brillance et effectivement de sa grande taille. A vrai dire, jamais elle n'en avait vu d'aussi beau et appétissant et ce, malgré tous les stratagème des grandes surfaces et des producteurs peu scrupuleux de son monde. Ici, il ne semblait pas être question de pesticides, ni de quoi que ce soit du genre, et c'était tant mieux. Les rayons du soleil caressaient les feuilles des plantes, tandis que l'air pure transportait jusqu'à elle ces odeurs végétales qu'elle aimait tant. Le poivron rejoignit le fond de son panier artisanal, suivi de bien d'autres.

"Un banquet?"

C'était quoi, exactement, un banquet? Ca avait des sonorités moyenâgeuses et le décor n'y était surement pas pour rien. Elle ne s'était jamais posé la question sérieusement. Certes, elle savait que c'était une sorte de fête, une grande tablée où chacun pouvait manger quasi à volonté. Mais elle n'était pas certaine que ça se résume uniquement à ça. Intriguée, elle lança un regard à Sera tout en continuant à plonger ses mains parmi les feuilles odorantes et d'un vert profond.

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L'ESPOIR FAIT VIVRE
Seraphina

Sera sourit à la jeune fille. Aussi bien pour sa réponse sur les poivrons qu'en constatant le sérieux avec lequel elle s'était mise au travail. Mais intérieurement, elle se promis tout de même de surveiller de près la demoiselle, histoire qu'elle n'attrape pas en plus une insolation au passage. Si jamais quelque chose lui arrivait, non seulement son chef ne sera pas content du tout, mais en plus elle n'avait pas envie également de s'attirer les foudres d'Adam.

- Oui, le banquet, répondit-elle en continuant également sa cueillette.

Puis, elle se rendit compte que Charlotte l'avait en quelque sorte interrogée.

- Ah, mais tu n'es sans doute pas au courant !

Est-ce que c'était ça qui expliquait qu'elle n'y soit jamais allé ou bien est-ce à cause de son désir de rester à l'écart jusqu'à aujourd'hui ? Quel qu'en soit la réponse, c'était l'occasion de changer cela. Jusqu'à présent, c'était sans doute Adam qui se chargeait de lui ramener de quoi manger, pour le peu qu'elle mangeait, sans vouloir la convier dans un endroit où elle serait surchargé en sociabilité.

- Tous les soirs à la tombée de la nuit, on organise un grand banquet, expliqua t-elle alors, c'est une sorte de grand repas familial.

Certes, c'était un peu festif aussi. C'était tout de même tout le clan qui se retrouvait pour partager un bon moment sous les étoiles -quand le temps le permettait- autour d'un grand feu. Mais pour les Outsiders, ça n'avait rien d'être une occasion. C'était tous les jours.

- Les chasseurs auront ramené la viande dans la journée, et ceux qui font les récoltes, comme nous, ramènent les fruits et les légumes. Et nous mangeons tous ensemble.

Cueillant encore quelques poivrons parfumés, la jeune femme se leva un moment, se rendant à l'ombre d'un arbre où l'attendait un seau. Dans ce seau, elle y trempa une coupe pour y récupérer de l'eau qu'elle porta ensuite à Charlie.

- Tiens, il est important de savoir bien s'hydrater quand on reste sous le soleil comme ça !

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Seraphina expliqua donc ce qu'était ce fameux banquet qui l'intriguait tant. Adam ne lui en avait jamais parlé. Pas étonnant, puisqu'elle n'était jusqu'alors pas en état de voir qui que ce soit. Elle se figurait déjà un monde grouillant, un brouhaha constant... non, avec sa fatigue, elle n'aurait pas résisté une minute dans un endroit pareil.
Alors que Charlie se figurait un événement exceptionnel, elle fut d'autant plus étonnée d'entendre que c'était quotidien. Il y avait de quoi être impressionnée par ces coutumes dignes d'une vraie famille, mais à grande échelle. Et d'un côté, ça ne la surprenait pas complètement. Elle se disait que c'était surement un moyen de tenir la population unie et soudée, dans le partage et la gaieté. Ca avait l'air formidable. Alderic le lui avait dit avant de la quitter, d'ailleurs. Plus qu'un peuple, ils étaient avant tout une grande famille. Et cette idée plaisait beaucoup à Charlie, bien qu'elle n'en fasse pas partie.

"Ca à l'air chouette. Je trouve ça beau que vous passiez des moments tous ensemble."

Le sujet de la viande fut tout naturellement évoqué par Seraphina, mais Charlotte n'en fit rien. Que ce soit chez les Outsiders, ou de l'autre côté de l'île, chacun avait sa position là dessus, et bien tranchée qui plus est. Quant à l'australienne, ça n'était absolument pas le cas et ça ne le serait sans doute jamais. Peut-être, si elle n'avait pas fait la rencontre de Mehen et Xyria, aurait-elle adhéré aux pensées de ce peuple. Il aurait pour ça suffit qu'Adam lui raconte son histoire personnelle et l'affaire aurait été pliée. Et même sans ça, elle ne se serait sans doute jamais posé la question. Elle avait beau ne pas voir d’inconvénient à tourner sur la broche le t-rex qu'elle et Xyria avaient semé en venant jusqu'au château, le contraire l'aurait horrifiée, elle devait bien l'admettre.

"Merci."

Charlie reçu le petit récipient tendu par Sera et se força à en boire plusieurs gorgées, pour la rassurer. Les aliments passaient mieux depuis quelques temps, mais ça n'était pas encore ça. Quant à l'eau, c'était ce qu'elle tolérait le mieux, mais à petite dose sous peine de se sentir nauséeuse. Charlie devait constamment se battre avec son estomac qui criait famine, tout en rejetant la nourriture qu'elle lui offrait. Après avoir rendu la coupe à Sera, elle demanda :

"On continu avec les poivrons?"

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Seraphina

Sachant que Charlotte avait eu besoin d'un certain temps d'adaptation avant de se montrer et de bien vouloir s'adresser à d'autres personnes, Sera pouvait aisément deviner la raison pour laquelle la jeune fille n'avait encore jamais participer aux banquets pourtant quotidien du clan. Mais à présent qu'elle était là, à récolter des poivrons, peut-être que c'était le signe qu'elle pouvait enfin commencer à chercher l'intégration. Peut-être que ça ne serait pas évident au départ, mais après plusieurs fois, cela pourrait l'aider à se mettre à l'aise parmi ce peuple dont elle se sentait totalement étrangère. Sera sourit à la réponse de la jeune fille avant de répondre :

- C'est vrai. C'est toujours très plaisant je trouve. Mais tu sais, les Dinotopiens aussi en font, nous ne sommes pas une exception.

A l'inverse que les Dinotopiens n'en faisaient, eux, pour certains occasions. Pour célébrer un jour particulier par exemple. C'était tout autant convivial, mais il y avait un autre objectif qu'un repas partagé comme les Outsiders, c'était un événement plus festif et occasionnel. A l'inverse aussi que les Dinotopiens n'avaient pas de viande à leur menu. Là où les Outsiders s'en passaient rarement. Il arrivait des fois où les chasses ne donnaient rien, alors le clan devait se contenter du peu que leurs cultures arrivaient à produire. Car même si les plantes poussaient bien, elles prenaient leur temps et même si elles produisaient beaucoup, proportionnellement aux bouches à nourrir, ça ne restait pas suffisamment. Il n'y avait pas de place dans la cour du château pour des cultures plus imposantes.

Sera aussi prit le temps de boire un peu avant de reprendre le travail. Elle hocha la tête pour répondre à la question de Charlie avant de poursuivre la récolte. Une fois celle-ci terminée, les paniers des deux femmes furent bien plein de poivrons rouges, brillants et appétissants à souhait. Sera se redressa, les mains sur les hanches, satisfaite.

- Voilà une bonne chose de faite, fit-elle, ça va ? Nous allons porter ça à l'intérieur du château si tu veux bien.

Aussitôt, la femme attrapa son panier avant de se rendre vers l'entrée de l'immense bâtisse sombre.

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Que ce soit à Waterfall City ou à Khasra, Charlie n'avait jamais participé à un quelconque événement de ce genre et pour cause, elle avait bien d'autres chats à fouetter. Personne ne l'y avait convié et ça n'avait rien d'étonnant étant donné les circonstances. Elle n'avait ni eu le temps de chercher à s'intégrer, ni l'envie. Chercher ses proches et quitter cette île au plus vite, voilà ses priorités. Mais les choses avaient changé et Charlie était allé de désillusion en désillusion. Jamais elle ne pourrait regagner son pays, coincée sur cette île pour toujours. Plus rien ne pressait réellement non plus, puisque elle en était venue à la conclusion que sa famille entière avait péri, même si dans les faits elle ne pensait à rien d'autre que de rencontrer ces pilleurs d'épaves. Alors en attendant son départ, envisager de se créer une place au sein de ce peuple n'était pas vide de sens, bien que sa réelle priorité se trouve ailleurs. Car au fond, les choses n'avaient pas tant changé pour Charlie. Elle essayait simplement d'avancer du mieux qu'elle le pouvait.

"Oui, ça va." dit-elle en essuyant les gouttes de sueurs qui perlaient sur son front.

Voilà qui l'avait tenue occupée, loin des pensées néfastes, en plus de donner un coup de main à ces gens qui l'avaient recueilli sans rien attendre d'elle en échange. C'est tout ce qu'elle demandait.
Charlie suivit donc Sera à l'intérieur, portant son lourd panier à bout de bras. Une tâche plus dure que prévue pour la jeune femme qui ne laissait pourtant rien paraître. Car au final, avec tout ce qu'il s'était passé, Charlie avait perdu beaucoup de poids et sa musculature déjà relativement faible s'était vue encore réduite. Entre ses peines qui la bouffaient intérieurement et le peu qu'elle pouvait manger... Certes, son séjour au Temple l'avait aidée à se ressaisir, mais ça n'eut été que pour mieux replonger par la suite. Il lui faudra encore du temps pour retrouver toute sa force et surtout pour ce qui allait suivre, elle le savait, elle devait s'endurcir.

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Seraphina

Sera voyait bien que Charlie était épuisée. Elle devait avoir chaud, être fatiguée, et son corps maigre faisait peur à voir. Surtout pour la jeune femme qui craignait qu'un moment ou l'autre, celle qu'on lui avait confié ne s'effondre d'épuisement. Aussi, elle gardait toujours un oeil sur elle. Même quand elle menait la marche vers le château, elle se retournait de temps en temps pour voir si Charlotte suivait. Mais elle suivait. Elle tenait bon, malgré le panier qui lui semblait lourd à porter. N'importe qui de censé lui dirait d'arrêter et d'aller se reposer. Mais Sera ne voulait pas aller contre sa volonté. Si Charlotte disait que ça allait, alors elle ne pouvait la forcer à arrêter. Ce n'était pas son genre de donner des ordres. En revanche, elle serait sans doute contrainte de le faire si vraiment ça n'allait pas. En attendant, Elle mena la demoiselle dans les sous-sols du château, croisant bon nombre de personnes dans les couloirs, et la guida jusqu'à la réserve de nourriture.

C'était dans cette grande pièce remplie d'étagère eux-même rempli de paniers et de bacs en tout genre qu'était entreposer la nourriture en attente d'être dévorées. Il y avait des fruits et des légumes, certes, mais il y avait aussi de la viande séchée, très prisée pour les voyages, des épices, du sel récolté de la mer et bien d'autre chose encore. La pièce était particulièrement fraîche, car cette même fraîcheur était bien conservée par la pierre du château et sa situation dans les sous-sol. Mais il faisait sombre aussi. Les Outsiders n'avaient pas de roche solaire pour s'éclairer. Ils n'avaient que le feu, et il était proscrit dans cette salle justement pour garder la fraîcheur. Heureusement, les torches du couloir éclairaient un peu par la porte ouverte, assez au moins pour permettre à Sera et Charlie de pouvoir marcher sans foncer dans quelque chose. La femme indiqua alors où poser le panier de poivrons frais à Charlotte.

- Si jamais tu as faim, n'hésite pas à te servir ici. Nous avons pas forcément d'heure pour manger finalement, fit-elle en haussant les épaules, veille juste bien à toujours bien fermer la porte quand tu repars.

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Charlotte suivait Sera dans les entrailles du château. Elle n'avait pas encore eu l'occasion ni l'idée de s'aventurer dans les sous-sols. L'australienne tenta de se souvenir du chemin à emprunter, au cas où elle devait y retourner un jour, du moins si elle continuait effectivement à donner un coup de main dans les champs. A mesure quelles avançaient, l'obscurité s'intensifiait si bien qu'avec la différence de clarté avec l'extérieur aveugla ponctuellement la brune. Si elle avait du s'y rendre par elle même, elle se serait surement perdue en admettant qu'elle ai réussi à y voir suffisamment pour s'y risquer. Charlie suivait donc Seraphina à la trace, tout en tâchant d'ignorer les regards intrigués braqués sur elle. A vrai dire, elle n'avait pas passé beaucoup de temps ici et le peu qu'elle avait passé, ça avait toujours été seule et globalement inactive. De quoi susciter la curiosité en effet. Charlie n'en voulait à personne, elle n'aimait simplement pas être le centre de l'attention. En revanche, c'est Seraphina qui aurait droit à un interrogatoire sitôt leur séparation faite.
Les deux femmes arrivèrent enfin dans une sorte de garde manger à l'échelle d'une pièce relativement grande. La fraîcheur des lieux donna un frisson à Charlotte qui se débarrassait bien volontiers de son panier trop lourd pour ses bras frêles. Il faisait si froid que c'en était presque désagréable pour la jeune femme habituée à supporter les rayons australiens. Dans sa boutique, il faisait surement aussi frais qu'ici ce qui la poussait à porter des pulls mêmes en hiver. Frileuse, elle n'avait jamais vraiment cherché à fuir les chaleur d'été, bien au contraire.

"D'accord." se contenta t elle de dire, tout en sachant parfaitement qu'elle n'irait jamais piocher dans les réserves du château. "Je peux t'aider à faire autre chose?" demanda t elle avec espoir.

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Sera avait comme un doute sur le fait que Charlie ose un jour se servir elle-même de la nourriture, que ce soit au risque de se perdre ou simplement parce qu'elle n'oserait pas prendre dans les réserves du château. Mais bon, il n'y avait aucune raison qu'elle ne le lui dise pas malgré tout car Charlie pouvait bien faire comme tous les autres ici. Surtout pour ce qu'il s'agissait de manger, elle en avait bien besoin. Cette dernière lui demanda ensuite si elle pouvait faire autre chose pour aider et Sera ne pu s'empêcher de distinguer son désir absolu de vouloir se rendre utile dans le ton de cette requête.

- Nous en avons fini pour aujourd'hui, répondit la femme, mais si tu veux, tu pourras venir m'aider tous les jours aux cultures. En attendant, tu as bien mérité une petite pause ! Il y aura bientôt le banquet à mettre en place aussi. Si tu en a envie, tu pourras aussi nous aider pour ça.

Avec le sourire, Sera quitta la pièce du garde-manger pour retourner vers l'extérieur. Elle longea à nouveau les couloirs frais du sous-sol et avait également hâte de retrouver la chaleur de dehors. C'est en regagnant le rez-de-chaussée qu'elle entendit du bruit.

- Ah, les chasseurs sont probablement revenus ! lança t-elle.

Elle pressa le pas vers l'extérieur. Et son instinct ne l'avait pas trompé. Dans la cour, les lourdes portes s'étaient ouvertes pour laisser revenir une troupe de personnes qui transportaient tant bien que mal ce qui semblait être des parcelles de corps d'un énorme dinosaure. C'était un t-rex. Celui qui avait été pris dans la ligne de mire des Outsiders. Ces derniers avaient su l'abattre et n'avaient ramené que l'essentiel au camp. Même jeune, la créature faisait tout de même la taille d'un éléphant si ce n'est plus. Seuls ses os et ses entrailles étaient restés quelques part sur l'île, et seront rapidement dévoré par des charognards de passage.

Mais chasser le T-rex comportait des risques évidemment, et les combattants présents n'étaient pas tous intacts. Mais il n'y avait eu aucun mort heureusement. Alderic était venu à leur rencontre pour considérer la réussite de leur mission. Seraphina le voyait même observer avec une certaine inquiétude une plaie sanglante qu'Adam arborait au front et bien qu'elle ne pouvait entendre leur conversation de là, le jeune guerrier semblait signaler qu'il allait bien. Mais ce qui intéressait le plus la jeune femme, c'était un autre guerrier qui aidait au transport de la viande. Ce dernier fit une courte halte alors qu'il vit Sera aller à sa rencontre pour échanger une étreinte puis un baiser scellant son retour tandis que le reste de la troupe emmenait toute cette viande à l'intérieur du château.

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C'est d'abord déçue qu'elle entendit la réponse de Sera, pour enfin avoir un regain d'énergie lorsque cette dernière l'invita à les aider pour la préparation du banquet. Si elle n'était pas vraiment sûre de vouloir y prendre part, elle comptait bien donner un coup de main en cuisine. Ca n'était pas vraiment son truc, mais elle pourrait tout à fait se rendre utile, même si signifiait seulement éplucher des légumes par centaines.

"Oui, je veux bien."

Sur ces mots, Charlie suivit Sera en sens inverse dans les couloirs souterrains du château, ravie d'avoir ce poids en moins au bout de ses bras et de retrouver l'éclat de l'astre qui rayonnait particulièrement fort en cette belle journée. Lorsque la belle Seraphina s'exclama, les deux s’élancèrent dans la cour, à la rencontre des dits chasseurs. L'australienne n'avait pas encore eu l'occasion d'assister à un retour de chasse mais à vrai dire, ça ne l'enchantait pas plus que ça. Là encore, ça n'était absolument pas son terrain.

Le bruit des lourdes portes que l'on poussait attira son regard et c'est avec des yeux ronds comme des billes qu'elle regarda des hommes ramener d'énormes pièces de viande au château. L'animal abattu devait surement être énorme, se dit elle, tout en essayant de deviner de quel bête il pouvait bien s'agir. Peut-être était-ce le t-rex qui les avait prises en chasses, elle et Xyria, plusieurs jours auparavant. Quoique le coup de la boule puante dans la narine avait du sérieusement le refroidir et le dissuader de s'approcher de ce coin là.

Dehors, elle constata également la présence d'Alderic. L'homme discutait avec l'un des chasseurs. Lorsque le meneur eut enfin terminé sa conversation et qu'il libéra son champs de vision, ce fut pour découvrir Adam arborant une blessure sanguinolente au front. Son coeur fit un bond dans sa poitrine tandis que Seraphina s'éloignait pour tomber dans les bras d'un autre guerrier qu'elle ne connaissait pas. Elle resta un instant figée, fixant Adam avec cette expression d'inquiétude qui lui était propre et dont ses sourcils très expressifs étaient l'essence. A son tour, elle s'élança à sa rencontre et se planta devant lui sans que les mots ne lui viennent. C'était donc ça, son quotidien?

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