[Terminé]L'espoir fait vivre - PNJ

Voir Adam comme ça, après une grande partie de la journée livrée à elle même, ça lui fit un choc. Soudainement, elle réalisait tout le danger qui cernait le château et ce à quoi le jeune homme faisait face constamment. Elle ne réalisait que maintenant qu'elle voyait son visage en sang. La blessure était surement plus impressionnante qu'elle n'était réellement importante, mais tout de même, la vision n'était pas agréable. D'autre part, alors qu'ils avaient été séparé l'un de l'autre par le destin durant de nombreuses années, qu'ils avaient grandi en pensant ne jamais se revoir, et bien maintenant Charlie devait bien l'admettre : Adam lui manquait sitôt qu'il s'éloignait d'elle. Là encore, elle s'en rendait compte seulement maintenant. Et ce qu'il faisait lorsqu'il n'était pas près d'elle ne faisait qu'augmenter encore la dureté de son absence.

Alors aussi naturellement que simplement, elle lui fondit dessus, comme pour se réfugier et s'assurer qu'il était bien là, en vie. Le sang pouvait bien goutter sur ses vêtements, sur son propre visage ou dans ses cheveux qu'elle avait peine à démêler, elle s'en moquait. Ce fut un geste instinctif. Et alors que l'australienne préférait cette étreinte beaucoup plus expressive que n'importe quelle réponse, une idée germa dans son esprit fertile, toujours animé de cette flamme téméraire et inconsciente. Elle n'en ferait pas part à Adam tout de suite, sachant parfaitement l'ampleur de ce que tout cela impliquait, mais Charlie avait dores et déjà prit sa décision : un jour, elle aussi partirait à la chasse. Ainsi, elle resterait auprès d'Adam.

Elle leva son visage vers lui et lui offrir ce même sourire auquel avait eu droit tour à tour, Alderic et Seraphina.

"Tout va bien."

Effectivement, malgré la fatigue constante sur ses traits et la faiblesse évidente de son corps, Charlie rayonnait par ce sourire aussi inattendu qu'il était devenu rare ces derniers temps.
Adam ne manqua pas de remarquer la terre sur ses mains et la jeune femme ressenti brièvement une pointe d’appréhension, avant de se souvenir ce à quoi elle avait pensé, un peu plus tôt. Elle savait que même si l'idée ne lui plaisait pas _pas plus que celles à venir d'ailleurs_, il ne voulait que son bien, alors elle se força à ne pas baisser les yeux.

"J'ai aidé Seraphina dans les champs..." elle ne pu s'empêcher de jeter un coup d'oeil à la jeune femme qui s'éloignait d'eux, "...et tout à l'heure, je vais aider pour la préparation du banquet."

Elle espérait sincèrement qu'Adam ne voit pas d'un mauvais oeil son activité soudaine. Surtout, qu'il ne croit pas qu'elle profitait de son absence pour n'en faire qu'à sa tête. Après tout, elle avait eu l'avale d'Alderic lui même et puis ça faisait un moment qu'elle y pensait. C'était le genre de questions que Charlie ne s'était jamais posé auparavant, pas même envers ses propres parents, c'est dire à quel point elle se sentait dépendante d'Adam et avant tout redevable.

"Ca m'a fait du bien, tu sais. Seraphina est très gentille."

Les deux femmes n'avaient pas passé énormément de temps ensemble et Charlie ne s'était pas épuisée à la tâche. Intérieurement, elle savait que Seraphina y avait veillé. Mais ça avait suffit pour rebooster moralement la brune qui n'attendait que ça. D'ailleurs, elle comptait bien retourner dans les cultures dès le lendemain, espérant plus que tout pouvoir enfin compter sur une nuit dénuée de cauchemars.

"Et toi?" dit-elle en regardant son front de plus près.

La réaction d'Adam ne surprit pas Charlie qui s'était même attendu à pire. Au final, il n'avait fait que lui répéter ce qu'il lui avait déjà dit un sacré paquet de fois face à son insistance. Malheureusement pour l'Outsider, il savait pertinemment qu'il ne pourrait pas toujours veiller sur elle et Charlie n'avait pas beaucoup changé de ce côté là : têtue comme une mule. Là non plus, il ne pouvait pas la contraindre à rester clouée au lit, ni même à manger plus qu'elle n'en avait envie, quand bien même elle en avait cruellement besoin. En revanche, c'est Charlie qui pouvait faire quelque chose.

La jeune femme ne passa pas à côté de l'air étrange que prit Adam lorsqu'elle s’intéressa de trop près à sa blessure. Ca n'était pas de la pudeur, il y avait autre chose. Une chose qu'elle ne comprenait pas, surement car elle n'en était pas encore capable. Elle qui venait tout juste de prendre la mesure des dangers qu'il encourait chaque jour avait bien du mal à se figurer que cette petite blessure n'était qu'un extrait. Ou du moins, elle n'avait pas envie de savoir. Une chance qu'elle ai été absorbée dans ses dessins, cet après midi, et que la charrette l'ai préservée d'une vision d'horreur qui n'aurait pas épargnée sa nuit. Car aussi casse cou qu'elle puisse l'être, Charlie n'avait jamais brutalement côtoyé ce qu'était réellement l'horreur. et clairement, elle n'y était pas prête.
Forcement, elle suivit Adam à l'intérieur de cette pièce qui servait d'infirmerie et prit place sur le banc, calant ses mains sous ses cuisses tout en regardant son ami farfouiller dans les étagères. Une fois qu'il eu trouvé le nécessaire, Charlie se leva spontanément. "Attend." Profitant d'un récipient d'eau prévu à cet effet pour se laver les mains elle se saisit des affaires qu'Adam avait déniché. Disons qu'il y avait plus simple que de nettoyer une blessure sur son propre front. Alors comme il avait pu le faire pour elle à son arrivée au château, la jeune femme entreprit de soigner Adam, concentrée. C'était aussi une manière détournée de lui faire comprendre qu'elle n'était pas totalement incapable, qu'elle aussi voulait être là pour lui. Tout en nettoyant d'abord les contours de sa plaie, elle dit :

"Je te promet de manger plus. Et si je sens que je suis faible, je m'arrête."

Enfin, elle attaqua le gros oeuvre, mordant sa lèvre inférieur pour se tenir concentrée et ne pas infliger de douleur à Adam au détour d'un geste mal placé. Comme elle l'avait pensé, la coupure n'était pas si grave, ni bien profonde. Elle saignait beaucoup, mais ça n'avait rien d'inquiétant.

"Fais moi confiance, Adam."

Charlie ne pas du genre à se sentir obligée de quoi que ce soit. Elle avait ressenti l'envie de prendre soin de lui à son tour, et c'est ce qu'elle faisait. A présent qu'ils étaient réunis et qu'elle avait prit le temps nécessaire pour éclaircir ses idées sans toutefois que son chagrin ne la quitte, elle tenait à sa vie au moins autant que s'il était un membre de sa famille. Sur cette île, elle n'avait plus que lui désormais. En le voyant revenir de la chasse avec cette blessure, elle avait prit toute la mesure de son attachement pour Adam.

Il ne répondit pas à sa prière, surement perplexe à ce sujet. Ici, il était le seul à la connaître réellement. Il savait surement à quoi s'en tenir avec la jeune femme. Son caractère bien trempé ne s'était qu'endormi, mais jamais elle ne le perdrait. En dépit de tout ce qui avait pu lui arriver, Charlie restait fidèle à elle même et ça, Adam le savait et il avait peur pour elle. Ce monde n'était pas le sien et sa témérité pouvait la mettre en danger, autant vis à vis de ce qui se tramait aux abords du château que de sa propre manière de gérer sa vie et son état de santé préoccupant. D'autant qu'Adam ne savait pas encore tout ce qu'elle avait du faire avant de parvenir jusqu'ici, tous les risques qu'elle avait prit, toutes les fois où elle aurait pu mourir. S'il le savait, Charlie était certaine qu'il ne la laisserait plus jamais livrée à elle même.

"Je sais." répondit elle tout simplement.

Après avoir plusieurs fois passé le linge humide sur sa plaie, celle-ci était dégagée et le sang avait cessé de couler. Elle en prit un second et passa le contenu de la fiole sur la coupure aux bords un peu mâchés par elle ne savait quoi. Elle jugea inutile de le recoudre, ni même de lui mettre un pansement. Ca n'était pas si vilain. Si elle avait du user d'un fil et d'une aiguille, elle l'aurait fait sans hésiter, mais elle fut soulagée que ça ne soit pas le cas.
Charlie rangea elle même le petit nécessaire qu'Adam s'était procuré et alors qu'elle était face à l'étagère, elle repensa à ce qu'elle s'était demandé en imaginant à quoi pouvait bien ressembler la bête qu'ils avaient abattu.

"Dis... c'était quoi, comme dinosaure? Celui que vous avez ramené?"

Un t-rex donc. En voyant la taille ds morceaux de viande rapporté, c'est ce à quoi elle avait pensé. Adam semblait vouloir se justifier de ce geste, mais Charlie n'en demandait pas tant, quoi que quelque part c'était rassurant quant à l'avenir et à leur manière de faire les choses. Les Outsiders avaient simplement défendu leur territoire, comme il le disait si bien et la jeune femme n'y voyait là aucun mal. D'autant qu'apparemment, cette chasse au t-rex semblait relativement exceptionnelle. Ils avaient prit de grands risques pour la chasser et ne l'avaient fait que parce ce dernier s'en était prit à eux. Mais autre chose intriguait la brune qui ne se détournait toujours pas de son étagère, faisant mine de s'appliquer à la ranger. La vérité, c'est que sa curiosité lui brûlait les lèvres, mais qu'elle avait également un peu peur qu'Adam ne lui pose trop de questions auxquelles elle n'avait pas vraiment envie de répondre. Du moins pas tant qu'elle n'irait pas mieux et qu'Adam n'aurait pas pleinement confiance en elle. Mais c'était dans sa nature et Charlie ne pu s'empêcher de poser la fameuse question.

"Et euh... il n'avait rien de particulier sur lui? Dans la gueule ou autre chose...?"

Elle s'en voulait par avance d'avoir ouvert sa bouche. Charlie avait tant bien que mal tenté de tourné ça innocemment, mais elle savait que Adam n'était pas un idiot. Trop tard, elle ne pourrait pas se plaindre si par la suite son ami se montrait méfiant.

Charlie arrêta donc ses manigances avec les fioles, se rendant juste compte du fouillis qu'elle était entrain d'y mettre. Son regard se tourna vers Adam. Dans quoi venait-elle de mettre les pieds? Tant pis, elle en avait surement trop dit. Et puis, elle se disait que de toute manière, il aurait fini par lui poser des questions sur l'avant, sur ce qu'elle avait fait avant d’atterrir ici. Tôt ou tard, ce serait arrivé. Mais peut-être pouvait-elle retarder un peu ce moment.
Elle n'en dit donc pas davantage quant à cette supposée marque distinctive ou étrangeté qu'aurait possédé le t-rex. Si ça avait été le cas, Adam l'aurait dit tout simplement, sans lui demander de détail sur ce à quoi elle pensait.

"Pour rien, pour rien..."

Charlie retira soudainement sa main de la sienne et fit un pas en arrière, l'air penaude. Qu'elle idée d'aller poser des questions sur ça, franchement. Pourtant, elle savait à quoi ça allait mener... N'importe quoi, se dit-elle. Mais au fond, Charlie savait qu'elle ne pourrait pas lui cacher éternellement la manière dont elle été arrivée chez eux. Peut-être avait-elle besoin de lui raconter? Peut-être qu'inconsciemment, elle avait envie de connaitre sa réaction face à tout ça, lorsqu'elle parlerait de Xyria, notamment. Peut-être qu'elle voulait enfin savoir ce qu'il penserait s'il savait qu'elle s'était plus ou moins liée d'amitié avec un dinosaure. Oui, c'était surement pour ça qu'elle avait tenté le diable.

"Euh, j'ai promis que j'aiderais pour préparer le banquet. J'y vais!"

Et elle fit demi-tour, tournant le dos à Adam pour tenter de s'éclipser. Comme s'il allait en rester là.

Oui, selon Charlie, c'était tout à fait nécessaire. Elle ne voulait pas qu'Adam se fasse un sang d'encre dès qu'il s'éloignerait d'elle. Il s'inquiétait bien assez. Rien ne pressait donc. Charlie préférait autant qu'il n'en sache pas trop jusqu'à leur départ pour la fameuse taverne des pilleurs. D'ailleurs, c'était aussi cet objectif qui la poussait à aller de l'avant, en plus de vouloir rassurer Adam, ce pourquoi elle n'était manifestement pas très douée et c'était peu de le dire.

Sans surprise, Adam la reteint alors qu'elle tentais de prendre la poudre d'escampette. Son protecteur autoproclamé et qui prenait son rôle avec un sérieux particulier avait sans doute raison et elle préféra écouter ses directives, tout en se disant que ça l'apaiserait pour le moment et remettrait peut-être à plus tard l'inévitable discussion.

Charlie se tourna vers Adam pour acquiescer. "Peut-être plus tard, alors." consenti la jeune femme sans grand enthousiasme tout en espérant que Seraphina ne serait pas trop déçue de ne pas la voir apparaître ce soir dans les cuisines. Des banquets, il y en avait chaque jour, alors elle aurait l'occasion d'aider à sa préparation une autre fois, quand Adam ne serait pas là pour la retenir ou qu'elle serait en pleine forme. Pour l'heure, il est vrai que ses traits trahissaient sa fatigue et son petit travail de la journée avait surement suffisamment épuisé ses réserves d'énergie pour lui garantir une nuit calme. Du moins, c'est là tout ce qu'elle espérait.

"Alors... je vais me laver."

Cette rude journée à s'activer sous le soleil n'avait pas épargné la brune qui s'en voyait pressée de se débarrasser de ces vêtements trempés de sueurs et de terre sur ses genoux.

Et Adam avait raison de craindre que la jeune femme ne finisse par en faire qu'à sa tête. Ca n'était pas dans sa nature de se laisser freiner, ni dicter ses faits et gestes. Si Adam n'avait pas été Adam, elle ne se serait surement pas laissé mener ainsi. Mais elle devait tant à son ami qu'elle se laissait faire, préférant le voir rassuré. Elle ne voulait surtout pas être un poids pour lui plus qu'elle ne l'était déjà. Adam pouvait se vanter d'être la seule personne en ce monde à avoir un pouvoir sur elle.

Charlie s'apprêtait à quitter la pièce pour rejoindre la chambre que Adam et Wymer lui prêtaient si gentiment, quant ce dernier fit son apparition, la coupant dans son élan. L'homme s'exclama, prenant par surprise la jeune femme qui s'était figée sur le moment avant de se détendre aussi rapidement qu'elle reconnu le vieil homme.
Wymer s'inquiéta d'abord de juger par lui même l'étendu de sa blessure, puis soulagé, il avoua chercher Charlotte. Étonnée, la jeune femme lança un regard intrigué aux deux hommes. Que lui voulait-on, elle qui faisait son possible pour rester discrète?

"Oh euh... ben merci..."

Le haussement de sourcil de son ami n'échappa pas à Charlie. Il ne devait pas être ravi qu'il l'encourage ainsi à poursuivre sur cette lancée, mais Charlie devait bien admettre que c'était bel et bien le cas. D'autant qu'elle appréciait Seraphina et qu'elle attendait avec impatience le moment où elle la retrouverait dans les champs.

"C'est vrai?"

L'excitation, voilà qu'elle n'avait pas ressenti ça depuis un sacré bout de temps. Elle ne réalisait pas très bien ce que cela signifiait, mais ce qui était certain, c'est qu'Adam n'avait pas l'air particulièrement heureux de cette nouvelle. Un immense sourire se dessina sur le visage de Charlotte.

"Je... d'accord!"

Vraiment, c'était totalement inattendu et surtout inespéré. Elle allait enfin pouvoir rendre sa chambre à Wymer et Adam!

Elle repensa à Alderic. Peut-être n'y était il pas tout à fait pour rien dans cette histoire. Quoi que d'après ce qu'elle avait vu d'elle, Seraphina était suffisamment généreuse pour que cette décision n'appartienne qu'à elle. En tout cas, c'est Alderic qui les avaient fait se rencontrer et pour ça, elle lui en était d'autant plus reconnaissante.

Sur ce et après avoir rendu sa lance tâchée de sang à Adam, le vieil homme quitta la pièce, ravi d'avoir annoncé cette nouvelle à l'australienne.
Par ces mots, Adam approuvait indirectement l'emménagement de Charlie chez Seraphina, ce qui déclencha un nouveau sourire chez la brune.

"Alors allons y!"

Effectivement, une fois arrivée dans la chambre, rassembler ses affaires n'avaient pas été bien long. Le tout tenait sur le rebord du lit. Quelques vêtements simples qu'on lui avait procuré, son carnet à dessin qui consistait seulement à plusieurs feuilles de papier repliées sur elles-mêmes, et son sac créé dans un drap déchiré qui ne contenait plus que sa carte, un crayon et une couverture à moitié décousue. Même avant le crash, Charlie n'avait jamais été très matérialiste et se contentait du nécessaire, bien qu'il fallait quand même avouer qu'elle n'avait jamais si peu possédé. Mais sur cette île justement, le nécessaire était encore plus restreint. Le fait qu'il n'y ai pas d'électronique et la technologie relativement rudimentaire réduisait drastiquement les possibilités.

Charlie lança donc son sac sur son épaule après y avoir glissé son carnet et chargea ses bras d'une pile de vêtements propres. Avant de quitter les lieux, elle jeta un dernier coup d'oeil pour s'assurer que rien n'avait été oublié, mais aussi et surtout parce que par la force des choses, elle s'y était sentie chez elle.

C'est vrai qu'elle avait bien aimé passé du temps avec Seraphina et que le fait qu'elle ai parlé d'elle en bien à Wymer, allant bien jusqu'à proposer qu'elle prenne place chez elle augmentait encore ce sentiment. Mais cette joie était surtout due au fait que malgré tout, elle n'aimait pas l'idée de priver le vieil homme de son lit, même si celui ci lui avait assuré qu'il aimait dormir à la belle étoile. Que Adam décide de lui prêter son lit, c'était une chose, mais pour son père adoptif, c'en était une autre. Enfin elle n'aurait plus l'impression de s'imposer, puisque Seraphina se proposait de l'héberger un temps. Personne ne dormirait plus dehors par sa faute et ça, ça lui ôtait un poids.

Charlie se laissa guider par Adam jusque près des champs. Là, une maison bien bâtie se dressait humblement, aussi accueillante que la jeune femme qui leur ouvrit la porte. La brune lui adressa un sourire avant de se tourner vers son ami et d'en faire autant pour lui. Que dire? Elle ne savait pas très bien. Elle était heureuse d'emménager chez Sera, mais d'un autre côté, cela signifiait également s'éloigner un peu plus d'Adam, ce qui ne l'enchantait pas vraiment finalement alors même que ça ne la dérangeait pas quelques minutes plus tôt. Surement parce que lui même ne semblait pas franchement ravi.

"A plus tard."

C'était tout ce qu'elle trouva à dire. Elle aurait voulu le prendre dans ses bras, en guise d'au revoir, mais ses bras chargés l'en empêchait. Alors répondant à une pulsion, elle posa un furtif baiser sur la joue du jeune gomme avant d'enfin consentir à entrer chez Seraphina. Sur le pas de la porte, elle adressa à cette dernière quelques mots de remerciement, exprimant à quel point elle était reconnaissante. Avant que la porte ne se referme, elle lança un dernier regard à Adam.

Charlie ne s'était attendu à aucune réaction de la part d'Adam. Elle se doutait qu'il n'était pas vraiment commun à ce genre de marque d'affection, contrairement à elle qui faisait de même avec ses frères. Même si tous les trois avaient une relation fraternelle explosive, il leur arrivait régulièrement de s'enlacer et de se déposer des baisers sur le front lorsqu'ils se réconciliaient par exemple, voir même sans raison particulière. Et Charlie avait désespérément besoin de ressentir ce genre d'affection pour quelqu'un, même si elle ne s'en rendait pas compte. C'était naturelle pour elle et nécessaire à sa survie.

Le dialogue entre Adam et Sera fit sourire la jeune femme. Le jeune homme avait définitivement du mal à la quitter et tenait à s'assurer que Sera veillerait sur elle comme lui l'avait fait jusque là. Seraphina lui claqua presque la porte au nez et Charlie ne savait pas très bien si elle devait en rire ou non. Ceci dit, elle appréciait la façon qu'elle avait eu de lui répondre et se disait qu'ici, elle serait libre de ses faits et gestes, ce qui en soit n'avait rien de déplaisant pour la brune éprise de liberté, mais qui avait conscience qu'elle devrait apprendre à se canaliser, ne serait ce que pour ne pas faire de peine à Adam. S'il lui arrivait quoi que ce soit, ce dernier ne lui pardonnerait pas. Ni à elle, ni à Sera.

Charlie suivit donc Seraphina jusqu'à l'échelle.

"Merci encore, vraiment." dit-elle en la gratifiant d'un énième sourire reconnaissant.

La jeune femme grimpa donc les barreaux de bois solides et découvrit la sorte de mezzanine qui lui servirait de chambre. Tout de suite, Charlie se dit que ce serait parfait. Effectivement, c'était tout à fait modeste comme le reste de la bâtisse et de son intérieur, mais elle s'y sentait bien, comme chez elle. Elle ne tarda pas à se décharger de ses affaires, les déposant sur son lit, avant de se précipiter vers la fenêtre. Là, elle observa Adam s'éloigner un moment, jusqu'à ce qu'il finisse par disparaitre dans les entrailles du château.

Après avoir prit soin de ranger ses affaires dans la commode que lui avait attribué son hôte, elle descendit l'échelle pour rejoindre le salon et retrouver Sera, son sourire en moins. Elle devait bien l'admettre, loin d'Adam, elle se sentait anxieuse. En sa présence, elle se savait en sécurité, et surtout, aimée. Alors le quitter, même si ça n'était pas définitif et qu'elle le reverrait surement dès le lendemain, ça lui tordait le coeur.

Ces paroles ne relevaient pas uniquement d'une formule de politesse dite par automatisme. Charlie sentait bien qu'elle le pensait sincèrement et qu'en ces lieux, elle se sentirait rapidement à son aise. Elle tâcha donc de se détendre, pour faire honneur à Seraphina qui se montrait particulièrement généreuse avec elle. Regardant autour d'elle un instant, histoire de prendre rapidement ses marques, elle découvrit plus en détail cette humble maison qu'était celle de Sera. Tout le mobilier était en bois et manifestement, fait main. Cela donnait des airs campagnards à l'ensemble qui ne manquèrent pas de lui rappeler la demeure de ses grands parents, au bord du lac où son grand père passait son temps à pêcher, y entraînant même ses petits enfants lors des vacances d'été. Un vrai petit paradis sur terre, un environnement serein dans lequel elle se sentait bien. Tout comme ici.

"Oui, beaucoup. C'est très joli, chez toi."

Elle prit le temps de considérer la proposition de Sera. Rien ne l'empêchait de la suivre, comme prévu initialement. Adam n'était pas là et Sera se montrait encourageante. Pourtant...

"Non, merci. Demain peut-être. Je crois que je vais aller me coucher, si ça ne t'embête pas."

Si Adam ne la voyait pas au banquet, il n'en serait que plus rassuré quant à sa bonne volonté. Et c'est ce qu'elle voulait. Alors elle se résigna à tirer un trait sur ses projets, pour cette fois au moins.
Se montrer raisonnable. C'était une grande première pour Charlie.