Entraînement de groupe [Outsiders]

Entraînement de groupe

Comme chaque matin, Charlie s'était réveillée avant l'aube. Encore un peu endormie, elle avait descendu l'escalier qui séparait le grenier qui lui servait de chambre du reste de la maison. Elle aimait beaucoup être la première debout et pouvoir profiter du calme et de tout l'espace de la maison de Sera. Assise devant une fenêtre, la brune buvait un thé aromatisé aux baies diverses tout en rêvassant. Un moment qui ne dura que le temps de vider entièrement sa tasse. Le ciel s'éclaircissait déjà et il était temps de gagner les champs.

Après plusieurs heures d'un travail aussi harassant qu'important, puisqu'il s'agissait d'oeuvrer pour nourrir convenablement tout le clan en cette saison difficile, Charlie se rendit à la zone d'entraînement, casse croûte à la main. Elle avait tout juste prit le temps de rincer ses mains terreuses et son visage à l'eau fraîche du puit avant de s'y rendre, prenant place sur les remparts. De là-haut, elle avait une vue imprenable sur les guerriers. Motivée par l'envie de calmer les cris de son estomac vide, Charlie s'empara du morceau de pain fourré d'une mixture au légumes qu'elle avait apporté et y croqua à pleines dents. Seulement à ce moment, ses yeux tombèrent en contre-bas. Etaient-ce bien Adam et Morrigan qui s'entraînaient? Un sourire apparu sur son visage plongé dans l'ombre de son chapeau de paille.

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Une nouvelle journée au château. Comme d’habitude, ma routine du matin commence et c’est par une toilette approfondie que je débute cette dernière. Nul besoin de dire que c’est ce que j’essaye de conserver un maximum comme habitude venant du monde extérieur d’avoir une hygiène exemplaire. Puis, je me prépare en m’habillant, prenant soin de mettre en place chaque lame dissimulée que je possède à sa place dans les plis et replis de mes habits ainsi que dans les encoches ostensiblement visibles de ma bandoulière de cuir. Ensuite, je sors du petit coffre placé sous une latte du plancher de ma chambre dans lequel je conserve le pistolet et les munitions que j’ai trouvées il y a plus d’un an avec Morrigan lors de notre découverte de l’épave. Je le place dans une sorte de holster en cuir de fabrication maison à mon bras avant de rabattre la manche ample de ma chemise de lin dessus.

Une fois prêt, je quitte ma chambre et arpente un peu les couloirs du château, passant sur les murailles et admirant le paysage, cherchant toujours du regard un endroit approprié pour établir mon futur atelier. Depuis la dernière chasse avec Morrigan, et les soins que je lui ai prodigués, je commence à songer à me trouver un autre rôle au sein de cette communauté en plus des chasses à mener. Mais tout médecin qui se respecte doit avoir un atelier, un cabinet où recevoir ses patients. Je procède donc à une prospection matinale depuis plusieurs jours, mais sans grandes réussites pour l’instant.

Je me dirige ensuite au terrain d’entraînement. Ce n’est pas tant pour réellement rester alerte et physiquement apte que pour montrer que je ne fais pas rien de mes journées ici. Après, il y a toujours du monde et c’est donc toujours une bonne occasion pour socialiser un peu avec les autres guerriers ou chasseurs de la communauté.

Comme souvent, la personne la plus identifiable de l’air d’entraînement à une heure aussi matinale, c’est Adam. En tant que premier guerrier, le plus émérites de tous, il n’est pas étonnant de l’y voir que ce soit pour purement s’entraîner ou encadrer des entraînements.

En m’approchant, je vois aussi Morrigan. Ce n’est étonnant, impossible de la laisser au repos plusieurs semaines de suite celle-là.

Il y a évidemment pas mal de monde de présent à part ces deux-là, mais le fait est que ce sont ceux que je connais le plus qui se trouvent ici. Je m’approche donc d’eux d’un pas assuré avant de les interpeler.

Erik ▬ Bien le bonjour à vous. Comment se porte votre entraînement ?

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De là haut, Charlie observait les guerriers tout en grignotant sans se soucier des miettes tombant plus bas sur le sol et potentiellement, sur la tête de ses semblables dans l'hypothèse où ils se rapprocheraient un peu trop des pierres. Assise sur un créneau, ses pieds s'agitaient distraitement dans le vide. Avec le temps, elle avait apprit à reconnaitre les silhouettes depuis cet angle et elle nota la présence de Morrigan, l'archère à qui elle devait son initiation et qu'elle tenait en haute estime. Adam était là également et avait deviné sa présence à en juger par ce sourire qu'elle pensait lui être adressé. Puis elle entendit la voix d'Erik qui entra lui aussi en scène, saluant les deux autres.

Manifestement, Morrigan avait également senti son regard peser sur elle puisque cette dernière leva les yeux vers elle. Charlie lui répondit par un grand signe de la main, croquant à pleines dents dans son pain fourré, ravie du spectacle auquel elle aurait droit aujourd'hui. En plus, le vent n'était pas assez puissant, même ici, pour l'empêcher de percevoir les discussions, comme cela arrivait parfois. A bien y réfléchir, elle non plus n'avait pas vu la guerrière s'entraîner depuis un moment. Charlie n'était pas constamment là, pas aussi souvent que ceux qui s'y rendaient pour se perfectionner, mais assez régulièrement pour connaître à peu près les habitudes de chacun. Cela la rassura d'entendre qu'elle était en pleine forme, mais elle espérait qu'elle n'ai pas de souci d'une autre nature.  

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Le temps est idéal pour un petit entrainement, même si d’ordinaire, je ne suis homme à rester au terrain d’entraînement bien longtemps. En réalité je ne suis presque ici que pour faire bonne figure et montrer que je ne perds pas en adresse et maintenir ainsi mon état de guerrier pour le clan. Ben entendu, cela va sans doute prochainement changer quand je ferai en sorte de m’établir en tant que médecin au château et m’assurera une sorte de tranquillité. Même si cela ne m’empêchera pas de prendre les armes si d’aventure le besoin s’en fait sentir bien entendu.

Une autre chose de sûre, c’est qu’il vaut mieux ne pas déconner avec Morrigan. Si Adam me gratifie d’une réponse laconique qui a tout d’une salutation chaleureuse vu le garçon, pour la demoiselle, c’est une autre histoire. Si en apparence cela est presque étrangement optimiste de son point de vue d’ainsi annoncer qu’elle est en pleine forme, j’entends l’autre son de cloche. Celui qui est vaguement une menace digne du Don Corleon, le parrain mythique du cinéma. Cette brève palabre qui résonne à mon oreille comme “en pleine forme et t’as pas intérêt de sous-entendre le contraire sinon tu finis avec une flèche dans l’dos”.

Je souris aimablement, de façon plutôt factice, mais très bien feint.

Erik ▬ Heureux de voir que vous êtes tous deux en pleine forme ! Pour ma part, tu n’as pas tort, je suis bien là pour ne pas rouiller. Il faut bien s’entraîner. Sinon, ce serait un coup à revenir blessé d’une chasse.

Je n’ai pas pu ne pas évoquer le sujet. C’est finalement légèrement plus fort que moi de taquiner indirectement Morrigan, bien que le sous-entendu soit vraiment très loin d’être compréhensible.

Du coin de l’œil, je vois que nous ne sommes pas vraiment seuls non plus, outre les jeunes voulant se former et les vieux briscards qui supervisent, il y a Charlotte au loin qui se trouve en train de faire un signe dans la direction de Morrigan. Va-t-elle également s’entraîner aujourd’hui une fois son encas terminé ?

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Assise sur les remparts, Charlie observait les guerriers s'y rencontrer. Là-haut, un léger vent adoucissait la chaleur estivale, portant avec lui quelques particules iodées. Attentive à ce qu'il se passait en bas, la jeune femme n'en demeurait pas moins pensive. Combien de jours, de mois, d'années s'étaient écoulées depuis qu'elle avait passé les portes du château pour la première fois? Combien de champs avait-elle labouré, fauché, semé? Le temps passe si vite, songea Charlie, et c'était mieux ainsi. Elle se souvenait comme les premiers instants avaient été si longs, si difficiles à supporter, et se trouvait heureuse de voir qu'à présent ceux-ci étaient plus épars et qu'il lui arrivait même, parfois, de regretter ces trop courtes journées. A vrai dire, le travail y était pour beaucoup, mais l'été, il fallait bien occuper ses après-midi en dehors des champs frappés de plein fouet par les rayons du soleil. Et pour cela, Charlie pratiquait un certain nombre d'activités, dont ses entraînements qu'elle n'avait jamais cessés, mais toujours à l'abri des regards. Elle ne pratiquait dans la zone dédiée que lorsqu'elle était sûre de n'y trouver personne...

... mais peut-être que l'heure était venue pour elle de changer ses habitudes? Tandis qu'elle mâchait la dernière bouchée de son déjeuner, Charlie fixait les cibles avec insistance. Pratiquer entourée de guerriers expérimentés lui permettrait sans doute de s'améliorer et l'occasion était là, en bas, maintenant. D'autant que les guerriers en question n'étaient pas n'importe qui. Sans réfléchir davantage, Charlie essuya ses mains sur son pantalon en lin vaguement blanc et se dirigea vers la zone d'entraînement où elle retrouva Morrigan, Adam et Erik, sans avoir oublié de récupérer arc, flèches et couteaux de lancer au passage. "Bonjour de plus près, tout le monde!" Solaire, elle poursuivit avec une question un peu plus timidement, portant naturellement son regard vers Adam. "Je peux me joindre à vous?" Peu importe la discipline finalement, Charlie voulait bien tout apprendre. Elle espérait seulement ne pas être un fardeau pour eux, pensée qu'Adam avait très certainement deviné en dépit de son sourire.

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Mon attitude est souvent désinvolte, pour ne pas dire taquine la majorité du temps où je converse avec des personnes auxquelles je suis habitué. Sans quoi je garde souvent mes distances et reste plutôt sérieux et stoïque. J’aurais peut-être dû opter pour cette option de comportement ce matin en arrivant sur le terrain d’entraînement tout compte fait.  

La guerrière ne manque pas l’occasion de rebondir à ma petite pique que seule elle ici présente a su comprendre. Cela me fait plaisir intérieurement, m’amuse même car même si je suis certain qu’elle n’apprécie vraiment pas l’idée que je fasse des insinuations, j’escompte tout de même un peu qu’elle prenne ça avec un certain second degré à force. Je ne suis pas homme d’ordinaire à blaguer, mais la façon dont elle peut se montrer acide par moment me plaît bien je dois également me l’avouer.  

S’il est vrai qu’Adam est le plus doué des guerriers de tout le château, sans quoi il ne serait pas le véritable homme de confiance de notre chef, j’en oublie vite que son truc c’est la lance ou l’arc. D’une manière plus qu’habile il rappelle à Morrigan que je suis plus expert que lui dans le maniement des lames, même s’il est sans doute plus doué que moi à l’épée, enfin je le suppose car je ne le vois pas souvent avec ce genre d’arme en main.  
En tout cas, je goutte à l’amertume soudaine d’une mauvaise blague qui se retourne contre soi. Je ne doute pas un seul instant que la chasseresse se délecte déjà de l’idée de me rendre mon mauvais sens de l'humour à propos de sa convalescence.  

Gardant toute ma contenance, j’esquisse un large sourire dans la direction d’Adam, puis de Morrigan avant de rétorquer.

Erik ▬ Bien sûr ! Je serais ravi de pouvoir t’aider à t’entraîner au maniement de la dague par exemple. Essaye de ne rien me couper au passage.  Dis-je toujours avec humour.

Connaissant la demoiselle, ce ne serait pas étonnant qu’elle essaye de me faire payer au passage mon impertinence. Mais finalement, ce n’est pas plus mal de partager un entrainement avec Morrigan. Cela pourrait bien me laisser apprécier sa guérison dans la façon dont elle aura de se mouvoir. Oui, d’une certaine manière je vais pouvoir flatter mon ego en évaluant le travail bien fait.  

C’est à peu près à ce moment-là qu’arrive la jeune Charlotte. Guillerette comme à son habitude, elle signale son envie de s’inviter à notre petit groupe en train de discuter et se préparant pour l’entraînement.  J’esquisse un simple sourire accompagné d’un petit hochement de tête approbateur pour ma part.

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IL y avait une drôle d'ambiance sur le terrain et Charlie ne passa pas à côté, sans pour autant être capable de mettre le doigt dessus. Peut-être que ces piques entre Erik et Morrigan cachaient quelque chose d'autre, qui sait? Elle n'aimait pas fourrer son nez dans les affaires des autres, aussi décida t elle de passer outre, remerciant la gentillesse de l'archère par un sourire et des yeux brillants de la même admiration qu'elle lui avait porté lors de leur première rencontre. Cette dernière l'avait déjà initiée au maniement de l'arc et d'après ce qu'elle avait compris, elle avait à faire avec Erik, question lames. En fait, Charlotte espérait surtout les voir tous à l'œuvre d'un peu plus près. Elle n'était pas sûre de pouvoir tenir un entraînement avec qui que ce soit ici présent, mais c'était tout de même autre chose de les voir en bas plutôt que depuis les remparts, bien que ce soit l'un de ces spots préféré au château.

De la part d'Adam, Charlie n'en attendait pas moins concernant sa plaisanterie. Elle lui tira la langue, comme une enfant. "Ca, c'est petit!" dit-elle ne faisant semblant de le prendre au sérieux. En vérité, la brune aimait les taquineries du guerrier. Pour ce qui était de sa proposition, même si elle manquait cruellement de confiance en elle sur le sujet, Charlie trouva l'idée excellente. Ce serait enrichissant, peut-être même amusant? Maintenant, il faudrait qu'elle ose se frotter à eux et ça, c'était encore autre chose! Elle se doutait bien qu'ils seraient gentils avec elle. Lui faire mordre la poussière trop souvent, ce serait plus cruel que drôle, non?

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Nul doute que plaisanter avec Morrigan n’est une tâche aisée, bien au contraire et il n’y a qu’à voir le sourire carnassier qu’elle me retourne à ma pique. Le double discours un mon point fort et je ne doute pas que cela ne lui tape sur le système. Mon quart d’heure d’amusement touche à sa fin en tout cas, car mine de rien je dois maintenant me montrer à la hauteur de ce que les autres pensent de moi, à savoir être un expert des lames. S’il est vrai qu’Adam est un combattant d’exception, il admet néanmoins être avant toute chose, un lancier et que les lames, bien que les maîtrisant, ne sont pas son point le plus fort, me refilant donc la tâche que j’ai déjà accepté pour faire bonne figure.

Néanmoins, on peut dire qu’on reconnaît bien vite son talent de leader. Pas de place pour l’imagination dans cette situation. Lorsque le chef actuel se trouvera trop vieux pour la tâche, il désignera sans l’ombre d’un doute Adam pour le remplacer. Bien loin de l’image d’un être sournois, il est direct et capable de prendre les choses en mains. Pragmatique au possible il a eu une idée pour nous permettre à tous de nous entraîner afin de renforcer des points faibles grâce aux points forts des autres et ainsi propose une séance d’entraînement riche.

Si à la base je suis venue pour faire bonne figure, je me retrouve embarqué dans quelque chose de fort peu intéressant de mon point de vue. Mais maintenant que j’y suis, je suis bien obligé d’y rester. Et puis ça ne peut pas me faire de mal de véritablement transpirer un peu. Après tout le repos que je me suis déjà accorder, une petite remise en forme n’est pas de trop.

Erik ▬ Je dois dire Adam que cela me paraît être une excellente idée.

Comme je veux paraître le plus possible motivé, bien que ce ne soit pas le cas, je décide déjà de m’osculter pour choisir parmis les lames que j’ai sur moi. Contrairement à beaucoup de combattant d’ici, j’ai opté pour les lames courtes. Je n’ai pas vraiment d’épée, au mieux pourrait-on parler de dague, bien que la plus longue dont je dispose ne dépasse pas les trente-cinq centimètres. J’ai beaucoup de petits poignard et couteaux de lancer en revanche, ainsi que par chance maintenant depuis ma dernière escale aux marcher des fouilleurs d’épaves, des scalpels que j’ai remis en état.

Je ne sais pas encore comment nous allons nous répartir dans l’absolue, mais je laisse ce soin à notre leader. Après tout, peut-être a-t-il envie de directement prendre sous son aile sa tendre et douce amie.

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Charlie ne manqua pas de remarquer le regard que Morrigan posait sur eux, sur elle plus particulièrement. Elle ne parvint pas à le décrypter, à y lire quoique ce soit d'autre que la même gentillesse qui l'avait poussée à lui apprendre ce qu'elle pouvait de la pratique du tir à l'arc, mais cela convenait à la bouclée. Pourquoi se torturer à essayer de savoir à quoi elle pensait exactement? Voyait elle autre chose derrière l'évidente complicité entre elle et Adam? Charlie n'aurait pas été contre le savoir, mais être dans l'ignorance ne la dérangeait pas non plus à cet instant. Elle tira la langue au guerrier qui rebondissait sur ses propres taquineries. Une grimace à laquelle il avait souvent droit dans ces cas là, souvent assortie d'une bousculade... mains quelque chose la retint cette fois ci.

Ce même regard changea encore lorsqu'il se tourna vers Erik. Décidemment, quelque chose n'était pas franc entre les deux, pensa Charlie, qui là encore se passa de tout questionnement. Peut-être qu'à l'occasion, si elle se retrouvait en tête à tête avec la chasseresse, les deux brunes pourraient en discuter? En tous cas, la proposition d'Adam que ces deux là commencent l'entraînement ensemble intriguait l'australienne. Ou du moins, leurs réactions. Elle les guetta discrètement, tout en se réjouissant de cette séance avec Adam. Comment réprimer ce sourire qui illuminait son visage?
De son côté, Charlie n'avait aucune proposition à faire, étant plus que novice dans ce genre de pratique. Elle haussa les épaules, après s'être rangée près d'Adam, chargée de toutes les armes à l'honneur pour cet entraînement à quatre.

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C’est intéressant cette façon de se chamailler gentiment. Le sérieux d’Adam lorsqu’il s’exprime me fait finalement un peu réfléchir. D’un point de vue très analytique, il fait sérieux et froid dans sa manière de dire les choses à Charlotte, mais elle le prend avec humour encore et encore, sans doute parce qu’elle le connaît bien. Mais de fait, comment sent-elle la différence entre une boutade et le sérieux ? C’est une chose très perturbante de mon point de vue. Je suis totalement déficient sur ce genre de subtilité empathique du langage chez les autres c’est pour ça que dans ma manière de singer les émotions, j’empreinte toujours au registre démonstratif.

Je suis assez rapidement ramené hors de ma réflexion lorsque Morrigan demande comment on s’organise et quels seront les groupes pour le premier tour tandis qu’Adam lui répond que cela lui paraît évidemment de former un groupe Morrigan et moi-même et lui et Charlotte. Je lui réponds d’un signe de tête validant son choix. J’avais de toute façon déjà accepté de l’aider avec les lames.

Erik ▬ Je suis d’accord pour commencer le premier tour dans cette configuration. Cela me paraît logique. Après quoi, si les tours sont courts, nous pourrons revenir sur ce que nous avons déjà fait. Tout dépend.  

J’essaye de me montrer un minimum investi dans la situation. L’entrainement peut nous faire du bien il est vrai, mais je doute d’avoir un quelconque intérêt autre de simplement faire comme cela m’intéressait réellement afin de toujours mieux m’intégrer. Cependant, la fois où j’ai brièvement donner des bases du combat rapproché à Charlotte, je me souviens avoir tout à fait par hasard eu réellement envie de lui partager ce savoir et être “content” de ses progrès. Une chose est certaine, depuis un moment je semble changer et cela ne me plaît guère.  

Ce qui est certain, c’est que l’émotion n’est pas feinte chez Charlotte lorsqu’on voit son sourire lors de l’annonce des groupes. Comment peut-on à ce point être heureux de passer du temps avec une personne en particulier ? Cela me dépasse, même après toutes ces années. Je conçois l’émotion qui peut animer une personne à ce niveau, mais je suis incapable de me représenter la chose. Cela dit, peut être que c’est la même sensation que lorsque je passais du temps avec mes victimes, bien que je n’en sois toujours pas persuadé.

Erik ▬ Je pense que pour être à minima efficace, il faut bien pouvoir répéter quelques mouvements et peut être qu’un petit quart d’heure par tour est une bonne approche. Ça permet aussi de se prendre un peu de temps de repos régulièrement après les efforts. Mais on peut aussi pousser un peu plus vers la demi-heure.

Je me tourne vers Morrigan, puis Adam, alternant entre les deux dans le but de quérir implicitement leur avis sur la question, eux qui ont l’habitude de s’exercer.  

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Une fois de plus, Charlie haussa les épaules. Qu'ils arrangent les modalités de l'entraînement entre eux! De son côté, elle n'avait ni avis ni proposition à faire. Quoiqu'elle aurait pu rétorquer que le quart d'heure passé avec elle aurait pu faire office de pause pour eux... mais elle n'en fit rien. En tant que novice, elle se contenterait de faire ce qu'on lui dirait, voilà tout. Malgré une pointe d'appréhension, la brune se réjouissait de faire ses premiers pas sur le terrain, peu lui importait pour le reste, qui plus est entourée de personnes qu'elle appréçiait, pour le moins.

"Oui!" se réjouissa Charlotte lorsqu'Adam se tourna vers elle. "J'avais pas oublié!" fit-elle, toute fière qu'enfin son ami d'enfance réalise la promesse qu'il lui avait faite. La jeune femme se saisit de la lance qui lui était tendue. Effectivement, même si elle avait de bonnes heures à observer son guerrier préféré à l'oeuvre devant elle, jamais elle n'avait eu l'occasion de s'y essayer. Tout ce qu'elle espérait, c'est que cela ne paraisse pas trop et qu'elle n'ai pas l'air aussi gauche qu'elle avait l'impression de l'être avec cette arme entre les mains.
Charlie hocha la tête, concentrée et appliquée telle l'élève modèle qu'elle se révélait être lorsqu'il était question d'apprendre à se battre. "Ca va comme ça?"

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Nous tombons rapidement tous d’accord sur la façon dont va se dérouler l’entrainement et je ne doute pas de subir tôt ou tard les foudres de la fougueuse Morrigan. Toutefois, je prends la chose avec le sourire et un immense plaisir de pour une fois pouvoir apporter un peu de mon savoir à une personne pourtant aussi expérimentée qu’elle dans l’art de se battre et survivre. Nul doute qu’il n’y a pas meilleure archère qu’elle entre tous les outsiders, ainsi que de biens meilleurs combattants que moi à l’arme blanche. Toutefois, dans ma catégorie, je dois dire que j’excelle. Evidemment contre des dinosaures cela est plus que limitatif de manier la lame courte, et aussi courte que celles que j’ai sur moi. Toutefois, lorsqu’on s’y connait un minimum en anatomie et qu’on est un bon lanceur de couteaux, tout devient bien moins compliqué et à l’exception d’un archer justement, je pense pouvoir arriver à me confronter à n’importe qui.

Mon regard est attiré vers la lance que manie Adam pendant ma réflexion et je dois bien dire qu’évidement je le redoute. Le jeune homme est un combattant émérite et je doute de pouvoir l’approcher avec aisance.

Qu’il en soit, tout de suite je suis avec la ténébreuse Morrigan et si je tarde elle finira par me lancer un de ses terribles regards noirs.

D’un simple signe de tête je réponds à sa question par l’affirmative. Il est temps de commencer et après nous verrons le tir à l’arc. En espérant que son cours ne se traduise pas par elle me tirant dessus comme un lapin.

D’un mouvement rapide, je décroche l’un des couteaux que j’ai à ma bandoulière. Puis je le fais sauter à l’opposer pour m’en saisir par la lame et le tendre à la guerrière aux cheveux d’ébène.

Erik ▬ Commençons.

Une fois armés tous les deux de couteaux je me charge de lui montrer ce qui est pour moi capitale dans la pratique de la lame de lancée, ou de la lame tout court. Je place le couteau au niveau de la bosse du de la paume permettant l’axe du pouce, la lame parfaitement en équilibre.

Erik ▬ Comme tu le vois il tient en parfait équilibre. C’est là la première chose qu’il faut savoir et dont il faut s’assurer. Il faut que la garde équilibre la lame et tu peux t’en assurer en testant cette dernière de cette façon, en plaçant un axe au niveau de la jonction entre la lame et le pommeau. Pour le combat à la lame, c’est aussi important que d’avoir une flèche bien droite pour faire mouche.

Si la lame n’est pas bien équilibrée, au corps à corps c’est à toi de devoir compenser ça et c’est assez pénible car ça apporte de la rigidité dans tes mouvements, et autant dire que tu peux abandonner l’idée de faire mouche à distance.

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