[Terminé] La Ville des Falaises (LIBRE)

La Ville des Falaises

- Aaah, ça fait mal, je vais mourir !

- N'importe quoi, l'infirmière vient de dire que ce n'était qu'une égratignure !

On pouvait bien peser plus de dix tonnes et être l'animal le plus grand du monde, si c'était pour avoir un comportement de bébé saurien à peine sortit de l'oeuf, ça ne servait pas à grand chose. Sany leva les yeux au ciel. Les mâles, de vraies chochottes ! Même si elle devait reconnaître que, effectivement, un coup de bec de ptéranodon sur la patte, ça devait faire mal. Mais le prédateur n'avait fait que frôler l'épaisse peau du diplodocus avant que ce dernier le l'écrabouille par terre d'un coup de son énorme queue bien placée. Autant dire que le reptile volant avait rapidement battu en retraite après ça. Tel était le risque de s'aventurer dans les coins sauvages de l'est. A la base, la jeune femme était simplement partit en reconnaissance du côté du Fleuve Amu, profitant que tout soit calme à Khasra pour laisser un peu la ville seule le temps d'une balade dans le désert. La matriarche n'avait pas peur du danger et connaissait très bien les lieux pour les avoir étudier dans sa jeunesse. Mais bon, les imprévus étaient toujours possible. Heureusement que Canyon City n'avait pas été bien loin. L'ascension jusqu'à la cité coincée dans les falaises n'avait pas été une mince affaire pour Ator et sa patte blessée. Mais au bout du compte, ils y étaient quand même arrivé et s'étaient empressés de se rendre au Centre de Soins de la ville.

- Bon, eh bien, essaie de te reposer, fit la jeune femme, dès que ce sera possible, nous reprendrons la route.

Elle laissa là l'énorme créature qui reposait sur un nid à sa taille, l'entaille de sa patte soigneusement bandée par le personnel médical des lieux. Sany quitta donc le centre de soin, se retrouvant à l'extérieur, face aux immenses falaises qui encerclaient la ville, avec non loin de là un imposant précipice. Il n'y avait pas à dire, Canyon City était vraiment une merveille trop sous-estimer selon elle. Tout ça parce qu'elle n'était pas une grande cité comme Chandara ou Sauropolis. Mais elle avait bien plus que ces grandes villes, c'était bien ce genre de vue unique au monde. Un vent chaud soufflait dans le canyon, agitant doucement la longue chevelure ébène de la jeune femme qui n'avait absolument pas peur du vide devant elle, bien au contraire. Elle quittait peu sa ville, mais quand elle le faisait, elle ne le regrettait jamais. Ca en valait toujours le détour. Dire que c'était la saison des pluies en ce moment, mais du côté du désert, ça se ressentait à peine. Elle avait seulement remarqué que le fleuve était un peu sortit de son lit par endroit, dû aux averses qui alimentaient ses sources dans le nord de l'île, mais rien de bien alarmant. En ce moment même, elle se disait que le reste de l'île devait être plus verdoyant que jamais en cette saison.

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Les gens allaient et venaient à travers les bâtiments creusés dans la roche des falaises, un lieu ombragé à ce moment de la journée où chacun vaquait à ses occupations. Sany ne s'éloignait pas trop du centre de soins non plus, au cas où. Elle n'avait pas très envie de laisser son alter-ego seul mais malheureusement, elle ne pouvait rien faire de plus. Alors autant en profiter pour promener son regard partout dans la ville, pour une fois qu'elle y était. Vers les précipices, on voyait voler de ça, de là, pas mal de skybax, qui étaient de loin les dinosaures les plus communs de cette partie de l'île. Son "instinct", si on pouvait appeler ça comme ça, donnait à la matriarche un sentiment de vide quand elle n'était pas en compagnie de son alter-ego. Tel était là le fardeau d'avoir un alter-ego. Les pires moments étaient ceux où ils étaient contraint de se quitter pour x ou y raison.

La jeune femme essayait de ne pas y penser en perdant son regard dans le gouffre devant elle, observant sans broncher les kilomètres de hauteur, devinant le cours du Fleuve Amu tout en bas. Avec les allées et venues des skybax en dessous et au dessus d'elle, Sany ne fit pas particulièrement attention à ceux qui venaient de se poser non loin d'elle, sur une plate-forme d'atterrissage prévue spécialement pour les ptérosaures. Une conversation s'engagea tout près de la matriarche qui continuait de ne pas vraiment en tenir compte jusqu'à ce qu'une voix s'éleva plus que les autres et n'attire son attention. Surtout parce qu'il s'agissait d'une voix familière. Et bien qu'elle eut du mal à se souvenir à qui elle appartenait, ce n'était qu'un détail et elle fit aussitôt volte-face en fouillant les environs du regard. Elle remarqua rapidement le gallimimus et la propriétaire de la voix lui revint aussitôt en tête.

La dinosaure était allongé sur un brancard à sa taille, entourée d'urgentistes qui semblaient examiner son état, empêchant Sany de voir clairement ce qui se passait finalement. Elle n'osa pas les déranger mais elle ne quittait pas la scène des yeux, voyant la gallimimus qui s'agitait jusqu'à ce que l'infirmière ne s'éloigne finalement. La vue se dégagea pour Sany, qui vit finalement la patte folle du reptile, calée dans une attelle de bois. La jeune femme choisit ce moment pour s'approcher rapidement d'elle.

- Xyria ?! fit-elle une fois à ses côtés, mais qu'est-ce qui vous ait arrivé ?

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Bien que rapide, Sany avait eut le temps de remarque le doute qui plana en l'espace de quelques secondes dans le regard de Xyria lorsque celle-ci avait finit par l'entendre et poser les yeux sur elle. La jeune femme devina aisément que la reptile avait eut le même soucis de mémoire pour se souvenir d'elle. Ce qui était normal. Leur unique rencontre commençait à dater un peu après tout. Quoi qu'il était sans doute plus difficile de se souvenir d'un gallimimus en particulier que d'un être humain. Quoi qu'il en soit, la dinosaure avait l'air contente de la retrouver. Il en serait sans doute de même pour la matriarche si ça avait été en d'autres circonstances. En effet, une vive douleur rappela efficacement la reptile sur sa blessure afin de la faire tenir tranquille.

- Oh doucement Xyria, s'empressa de dire la jeune femme une fois près du dinosaure.

Les infirmiers l'avaient également rappeler à l'ordre mais de toute façon, Xyria n'avait pas tellement le choix si elle ne voulait plus avoir mal. Alors elle répondit à Sany, lui expliquant de quelle manière elle avait été accidenté dans les rocheuses. Rien de l'entendre, Sany avait mal à sa place !

- Mais quelle idée de faire des courses dans les falaises, souffla t-elle, forcément, un accident est si vite arrivé.

Elle comprenait bien sûr que c'était là le but et le risque des entraînements mais tout de même.

- D'ailleurs, le reste de l'équipe n'est pas venue ?

C'est alors que Xyria retourna la question à la matriarche au sujet de sa présence ici. La jeune femme en avait profité pour s'accroupir afin d'être à la hauteur du gallimimus couché sur le brancard.

- Si loin, si loin...répéta t-elle, je suis moins loin de chez moi que vous de chez vous. Enfin, si je suis ici c'est parce que nous avons eut un petit incident nous aussi avec Ator. Nous avons été attaqué par un ptéranodon et Canyon City était l'endroit le plus proche pour soigner une vilaine blessure d'Ator. Bon, rien de bien grave au final.

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Sany avait mal pour Xyria. La voir avec cette patte coincée dans le bois l'inquiétait un peu, même si une patte se réparait facilement. Du moins, à partir du moment où on respectait les consignes des médecins ! Ne s'étant jamais rien cassé dans sa vie, la jeune femme ne pouvait pas imaginer ce que ça faisait, la douleur que le reptile devait ressentir en ce moment même. Son attention se porta malgré tout sur le récit de la gallimimus qui défendait le style d'entraînement qu'elle avait dû faire aujourd'hui. Une fois encore, Sany n'en doutait absolument pas. Ca devait être important pour les gardiens de pouvoir s'adapter à tous les terrains. Elle pencha légèrement la tête sur le côté, compatissante.

- Je ne remets pas en doute votre façon de pratiquer vos exercices, assura t-elle tout d'abord, seulement pour ce genre de terrain justement, les skybax demeure les plus qualifiés.

Après tout, les gardiens avaient tous un terrain particulier à surveiller et les gallimimus étaient rattachés aux plaines, sans grand étonnement. Une fois encore, ce n'était pas un reproche et l'idée de départ était bonne. Chaque membre de l'armée se devait à se préparer pour toutes sortes de situation. Y comprit se casser une patte d'ailleurs. En soit, la situation était malheureuse pour Xyria mais c'était ainsi quand on était gardien. Il n'y avait pas de risque zéro, pas même pour l'entraînement.

- Ca doit faire mal, commenta la Matriarche en observant la patte blessée, vous vous étiez déjà blessé de la sorte avant ? J'imagine qu'on se blesse souvent dans l'armée.

Les risques du métier. Et sa présence ici était la preuve qu'il n'y avait pas que dans l'armée que ça arrivait !

- Finalement, vous êtes ici un peu de la même façon que moi. Canyon City nous aura épargné de longs voyages douloureux. Enfin pour Ator en ce qui le concerne, pas moi.

Elle aurait eu du mal à supporter ses jérémiades durant tout le trajet de retour jusqu'à Khasra !

- Oui, ce n'est rien, ajouta t-elle à propos de son alter-ego, il en faut plus qu'un ptéranodon pour faire plier un diplodocus.

Heureusement que le reptile volant avait été tout seul d'ailleurs. Sany n'aurait pas tenu le même discours devant toute une horde. Mais d'un autre côté, les diplodocus et les ptéranodons vivant dans la même zone de l'île, il était évident que les deux espèces savaient se défendre l'une contre l'autre sans surprise. En fait, à bien y réfléchir, ce ptéranodon avait été un peu stupide de les attaquer seul. Une pensée que Sany n'étirerait pas en profondeur. Elle n'aimait pas insulter les dinosaures même s'ils étaient carnivores. Disons alors que ce spécimen avait été un peu trop confiant et naïf. Peut-être un jeunot qui voulait prouver quelque chose qui sait.

- D'après les médecins, oui, répondit la jeune femme, à condition de ne pas forcer la marche et de prendre bien soin de la blessure. Une chance, parce que je ne me voyais pas rester trop longtemps loin de la ville.

Ni loin de son alter-ego. Bon, après, comme d'habitude, elle déléguait toujours les plus simples responsabilités à quelqu'un de fiable avant de partir quelque part. Devant la petite mine du reptile, Sany étira un sourire.

- Ne vous inquiétiez pas ! Un plâtre n'est pas éternel après tout.

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Les skybax étaient néanmoins les plus rapides tout de même, si les missions à réaliser se trouvaient dans les hauteurs. Là où d'autres dinosaures d'armées devaient se mettre à l'escalade, les skybax n'avaient qu'à battre un peu des ailes. Les skybax et les gallimimus étaient d'ailleurs les deux types de gardiens les plus rapides et les plus polyvalents, là où les ankylos avaient tendance à ne jamais quitter le désert par exemple en plus d'être très loin d'être rapides sans vouloir les vexer !

- Eh bien...Visiblement, ce n'est pas encore au point ! répondit Sany en offrant une oeillade à la saurienne.

Elle plaisantait bien sûr. Elle ne doutait pas un instant que les gallimimus, dont Xyria, avait déjà de l'expérience sur ce genre de terrain. Un accident, ça pouvait toujours arriver, même aux meilleurs. Sany n'avait pas trop de connaissances sur la façon de faire des autres armées. Elle était plus habituée aux skybax et aux ankylos qui étaient radicalement différents. C'étaient ces derniers qu'on voyait surtout à Khasra pour une raison ou pour une autre, après un sauvetage par exemple où il fallait ramener des victimes en sécurité. Et visiblement, Canyon City y avait droit aussi. Rien d'étonnant, il n'y avait pas tellement de communautés dans cette partie de l'île.

- Peut-être, mais je pense que la plage doit tout de même être moins dangereux pour ce genre d'entraînement !

Peu de chance en tout cas que des rochers nous déboule dessus ou de tomber dans un ravin. Mais la matriarche comprenait le principe en tout cas. Encore heureux que la gallimimus survivrait ! Manquerait plus que ça : mourir d'une patte cassée. C'était toujours possible évidemment, si la blessure n'était pas soignée, mais tout de même.

- Ah les entorses n'ont rien à voir ! assura Sany.

La douleur n'était absolument pas la même et la jeune femme préférerait sans doute s'en faire dix par jour que d'avoir une jambe fracturée. Elle préférait ne pas y penser tout court d'ailleurs. Pour certains dinosaures, c'était horrible d'avoir un membre brisé. Xyria ne tarda pas à en faire part. Mais aux yeux de Sany, c'était plus un caprice qu'autre chose. La saurienne râlait de ne pouvoir se mouvoir librement. Si un diplodocus avait une patte cassée, ça représentait beaucoup plus pour lui car le poids d'une bête pareille ne pouvait tenir sur seulement trois pattes. Ce serait, pour eux, une question de survie que de ne pas bouger du tout.

- Allons, fit la jeune femme, c'est toujours moins pire que de ne plus courir du tout, vous ne croyez pas ? Certains ont eut moins de chances que vous au point de finir paralyser.

Loin d'elle l'idée de dire par là que la saurienne était chanceuse. Toutefois, il fallait apprendre à voir les choses du bon côté.

- Chante chaque jour, huitième loi de Dinotopia, ajouta t-elle avec le sourire.

Sany ne savait pas trop où en était l'expérience de la saurienne en milieu rocheux tel qu'ici, mais elle avait l'impression que la reptile se sentait honteuse d'avoir été blessée durant cette séance.

- Quitte à se faire blesser, il vaut mieux que ce soit à l'abri d'un entraînement que face à un danger mortel.

Par la suite, Xyria s'interrogeait sur le ptéranodon qui avait causé du tort au duo de Sany et d'Ator. La jeune femme haussa les épaules.

- Oh, sûrement. Même si les ptéranodons vivent en groupe, il pouvait peut-être s'agir d'un membre banni par exemple. Ce ne sont pas les hypothèses qui manquent. Ce qui compte, c'est que rien de grave ne se soit passé et je pense que celui-ci aura retenu une leçon et réfléchira un peu plus avant d'attaquer quelqu'un. Surtout quelqu'un accompagné d'un diplodocus !

Elle eut un sourire amusé. Le ptéranodon n'avait pas vraiment été blessé. Secoué plutôt, avant d'abandonner rapidement le conflit.

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Sany releva un moment son regard de Xyria, réfléchissant à la dernière fois où elle avait effectivement vu une plage. Ce n'était pas courant, elle devait bien l'avouer. Aussi peu courant que le reste de ses voyages qui s'éloignaient un peu trop de sa ville. Toutefois, peu courant ne voulait pas dire jamais pour autant et elle répondit :

- Pas souvent en effet, mais ça m'est déjà arrivé quand même.

Notamment dans sa jeunesse, bien avant qu'elle ne soit matriarche. Comme elle étudiait le désert avec son mentor, elle connaissait du coup les côtes Est de l'île qui longeaient le Grand Désert. De vastes plages de sables fins et chauds qui s'étendaient sur des kilomètres avec quelques plantes qui arrivaient à consigner eau de mer et désert brûlant en kit de survie. Sany écouta alors les explications de la saurienne.

- Ooh je vois ! Mais vous avez parlé de plages, pas de falaises, nuance !

Elle fit une oeillade à la reptile, mettant un point d'honneur à séparer les deux termes totalement différent.

- Pour moi, une plage n'est pas une falaise. C'est...Une plage quoi. Avec du sable, et parfois des rochers effectivement mais qui ne font pas deux cent mètres de haut en général.

Elle se mit à rire. Elle jouait peut-être un peu trop sur les mots mais bon, c'était comme ça qu'elle avait apprit les choses. En tout cas, si on parlait de falaises, ça changeait la donne évidemment. Les falaises, qu'il y ai de l'eau ou non en dessous, ça restait dangereux quoi qu'il arrive. Et en effet, c'était le genre de littoral qu'elle voyait encore moins que les plages classiques. En même temps, il était plutôt déconseiller pour un diplodocus de s'approcher du rebord d'une falaise ! On ne savait jamais. Ici, à Canyon City, la ville était bâtie sur des parois sûres. Mais en milieu plus sauvage, il fallait se montrer prudent avec des dinosaures un peu trop lourds.

- Ah non, nous ne sommes pas très friands de chansons de désespoir, répliqua la jeune femme avec amusement, je me doute bien que ce n'est pas facile, mais il faut essayer quand même. Même la bonne humeur peut aider à avoir moins mal !

Parfois, la douleur était psychologique. Pas à cent pour cent bien évidemment ! Mais pour Sany, plus on se plaignait d'avoir mal et plus on aura mal. Le mieux encore était de penser à autre chose. Et à de bonnes choses en général. Et justement l'idée de discuter d'autre chose, comme des diplodocus, était une bonne alternative.

- Bof, ils ne se battent pas plus que ça, avoua la matriarche, ils sont trop lourds pour bien se mouvoir mais d'un autre côté, ils n'en ont pas trop besoin. Leur taille et leur poids font tout le travail. Les adversaires que ça n'intimident pas doivent y mettre du leur pour espérer faire mal à un dinosaure de cette corpulence. Ceux qui sont trop petits risquent d'être écrasés et les autres peuvent être renversé d'un simple coup de queue. Mais en vrai, ils n'ont pas tellement l'esprit de combativité comme certains.

Les diplodocus étaient de bons gros pacifistes. Ils se défendaient plus qu'ils ne se battaient vraiment au contraire d'autres herbivores plus teigneux comme les pachycéphalosaures ou les styracausaures qui étaient capable de foncer dans le tas sans faillir. C'est alors que les infirmiers revinrent auprès de Xyria et des brancardiers, annonçant avoir enfin trouver une place pour la gallimimus et aussitôt, cette dernière fut embarquée vers le Centre de Soins, suivit de la jeune femme.

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- Des falaises, ce sont des falaises, répondit Sany en haussant les épaules.

Que Xyria apprenne déjà à faire la différence entre une plage et une falaise avant de commencer à chercher à différencier les falaises entre elles !

- Mais je comprends votre confusion. Après tout, vous êtes des Plaines du Nord avant tout et hm...Si je me souviens bien de l'emplacement de votre camp, ce ne sont pas les plages qui vous cernent le plus ! De votre côté, il y a surtout des falaises. C'est vrai que les plages se trouvent plus sur la côte Ouest qu'au Nord.

Sans compter évidemment les plages de l'Est au niveau du Grand Désert. Sany sourit à la jeune gallimimus. Elle était ravie de pouvoir aider cette dernière à se sentir mieux rien qu'en lui parlant, lui faisant penser à autre chose. C'était aussi un bon stratagème mais la jeune femme s'inquiétait après tout du sort de l'apprentie alors quoi de plus normal selon elle que de prendre de ses nouvelles et lui tenir effectivement compagnie ? En tant que matriarche, elle avait toujours su se montrer à l'écoute des autres et était toujours là dès qu'on avait besoin d'elle. Même si ce n'était que pour discuter un peu.

- Voulez-vous que j'aille chercher une perruche postale pour vous ? demanda t-elle devant les espérances de la reptile.

De la chance probablement, songeait Sany à la remarque de la gallimimus. Ator n'avait pas l'habitude à ce qu'on s'en prenne à lui et c'était un jeune diplodocus après tout. Il n'avait pas fait plus attention que ça à vrai dire. Mais ce n'était qu'un coup de bec un peu trop bien placé, voilà tout. Malgré son inexpérience, il avait su faire fuir le volatile quand même. Xyria fut déposée sur un nid à sa taille, prête à recevoir des soins plus appropriés que deux bouts de bois pour tenir sa patte. Un médecin non loin de là terminait justement de touiller un onguent pour apaiser la douleur de la patte.

- Vous allez rester ici jusqu'au lendemain, assura l'un des infirmiers, et selon votre état, vous retournerez chez vous. De toute façon, le prochain bus ne quitte pas Canyon City avant demain matin.

Aussitôt, le médecin s'attela à la tâche, à l'aide de ses assistants. Avec délicatesse et professionnalisme, l'attelle de Xyria fut ôtée, la patte fut recouverte d'une pâte verdâtre et soigneusement bandée pour éviter au produit de se faire la malle au moindre frottement. Puis, une attelle plus sophistiquée et solide s'ajouta à la fin, bloquant correctement tout mouvement de la patte arrière. Sany avait observé le tout, les mains jointes dans son dos, notant avec un intérêt certain le travail des guérisseurs qu'elle trouvait toujours passionnant à regarder.

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Pendant un moment, Sany ne comprit pas la réaction de la jeune saurienne face à sa proposition. Xyria s'amusa de celle-ci comme si la jeune femme venait de lui dire quelque chose de totalement absurde. Mais Sany avait beau réfléchir, elle ne voyait pas de quoi il pouvait bien s'agir. Pour sa part, elle n'avait jamais eut de problème avec les perruches postales. Etait-ce que parce que celles de Khasra étaient plus civilisées ou parce que la jeune femme était matriarche et qu'il y avait donc le respect de la hiérarchie ? Sany ne saurait le dire, songeant au fait que toutes les perruches postales étaient de fidèles coursiers. Elles avaient leur petit caractère, certes, mais fallait bien en avoir pour pouvoir faire ce qu'elles faisaient toute la journée. Mine de rien, ces oiseaux n'avaient pas un boulot facile.

- Euuh...A vrai dire, je pensais plus au fait de vous en apporter une pour que vous puissiez entrer en contact avec vos proches...Vu que vous espériez recevoir de la visite de ces derniers.

Mais aux mots de la gallimimus, la jeune femme se rendit bien compte qu'elle n'avait pas les meilleurs affinités qui soit avec les perruches postales. Voilà qui ne devait pas être pratique quand il y avait besoin de communiquer à distance. Après quoi, les médecins prirent soin de la saurienne après l'avoir rapatriée à l'intérieur du centre de soins. Un membre cassé n'était pas un cas rare pour eux. A vivre à proximité des précipices, ce n'était pas ce genre de blessures qui manquait. Un éboulement, une chute...N'importe quel imprudent pouvait facilement se faire mal.

- Cela dépend de vous, répondit l'un des infirmiers visiblement conscient de l'impatience de la reptile, plus vous respecterez votre convalescence et plus rapidement vous vous retrouverez sur patte. En supposant que ce soit le cas, je dirais...trois bons mois. Alors je vous conseille de vous tenir tranquille si vous ne voulez pas que ça double.

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Sany ne pouvait que reconnaître que les perruches postales avaient un fort caractère mais elle ne pourra jamais leur en vouloir. C'étaient de petits oiseaux à qui on demandait beaucoup de choses. Celles qui avaient plus mauvais caractère étaient peut-être surchargées en travail qui sait ? Surtout celles au nombre aussi restreint que dans des camps ou de tous petits villages. Dans les grandes villes, ça allait encore, les postes étaient plus grandes, plus spacieuses, plus luxueuses pour elles et les oiseaux étaient plus nombreux. Enfin bref, Sany n'avait jamais eut à se plaindre de quoi que ce soit face à ces petites bêtes si utiles à la communauté. Ces dernières râlaient peut-être beaucoup mais elles faisaient toujours ce qu'on leur demandait au moins.

Quoi qu'il en soit, la gallimimus fut ravie de l'idée proposer par la matriarche. La jeune femme étira un sourire avant d'hocher la tête, prête à aller quérir une perruche à la poste de la ville dès que possible. Mais pour l'instant, elle suivit la saurienne qui fut enfin admise dans l'enceinte du centre de soins pour y recevoir une nouvelle qui la fit chavirer. La matriarche gardait le silence devant la mine déconfite du reptile qui se voyait déjà passer les trois pires mois de son existence. C'est qu'un os de dinosaure, ça ne se réparait pas comme un pot de fleur brisé. Sitôt la nouvelle annoncée, les infirmières s'éloignèrent un instant, permettant à Sany de s'approcher de la jeune reptile qui se plaignait déjà des semaines à venir.

- De quoi vous casser plus de membres encore, commenta t-elle, pourquoi ne pas lire et étudier un peu de théorie pour changer un peu ? En attendant, je vais aller vous chercher une perruche postale. Peut-être deux, si j'ai bien entendu...?

Sur ce, la jeune femme quitta les lieux. Elle se rendit vers le centre-ville pour y dénicher la poste de Canyon City, saluée par quelques personnes qui reconnurent son statut. Une fois sur place, elle demanda à deux perruches disponibles de bien vouloir l'accompagner jusqu'au centre de soins. Et ce fut accompagné des deux volatiles multicolore que la matriarche revint auprès de la saurienne. Aussitôt, les deux perruches se posèrent non loin d'elle.

- Perruche postale numéro 15, à votre service ! disait l'une.

- Perruche postale numéro 109, je vous écoute ! disait l'autre.

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Sany n'oubliait évidemment pas que le froid était capable de causer bien des torts aux animaux à sang-froid, notamment aux dinosaures. Ce n'était pas pour rien qu'il n'y en avait pas dans les montagnes. Ou alors ils étaient très rares et s'y restaient pas longtemps. Ce n'était pas leur lieu de vie. Et si une météorite n'avait pas été à l'origine de leur disparition sur le reste de la planète, sans nul doute que ça aurait été le cas d'une ère glacière, là où seuls les mammifères avaient surtout survécu. Dieu merci que cette île ait existé pour épargner réellement la dite extinction ! Sany n'imaginait clairement pas sa vie sans dinosaures. Enfin, c'était sans doute un peu normal puisqu'elle n'avait connu que ça. C'était un peu comme si les gens du Monde Extérieur devaient voir leur vie sans chien ou chat.

- Peut-être pourriez-vous commander de nouveaux ouvrages dans ce cas là ? suggéra la jeune femme qui désirait aider au mieux la jeune saurienne à passer sa convalescence, quel genre de livres aimez-vous lire ? Je peux vous en prêter venant de la bibliothèque de Khasra si vous le souhaitez.

Ca ne vaudra jamais tous les ouvrages et parchemins que l'on peut dénicher à la grande bibliothèque de Waterfall City, mais Khasra était tout de même une grande ville et ses rayons étaient bien fournis. Même à l'Hacienda, Sany avait sa petite bibliothèque personnelle. Elle laissait volontiers les stagiaires la consulter d'ailleurs. Car le travail physique, c'était bien, mais ce n'était pas parce qu'ils avaient fini leurs études qu'ils ne devaient plus s'instruire ni augmenter leur culture générale.

- Oui c'est vrai, fit-il, ayant omit ce détail, eh bien il faudra faire un effort !

Malheureusement, Xyria devra faire avec ce qu'elle avait pour s'occuper durant tout ce temps qui lui faudra passer au nid. Sany ramena ensuite deux perruches postales à la jeune saurienne avant de s'éloigner un peu parce que ce n'était pas très poli d'écouter les messages des autres.

- Que croyez-vous ? s'indigna l'un des volatiles, nous sommes toutes aussi expérimentées et professionnelles pour mener à bien nos missions où que ce soit sur l'île !

Certains devaient traverser le désert, d'autres les montagnes glaciales, d'autres encore franchissaient l'océan pour rejoindre l'Outer Island. Ces oiseaux étaient petits mais rapides et tenaces. Jamais ils ne faiblissaient, incroyablement fiers qu'ils étaient d'être les messagers de Dinotopia. Ils prenaient leur rôle très à coeur, comme s'il s'agissait d'un véritable honneur et une mission des plus importantes -ce qui était un peu le cas dans un sens- D'un commun accord, les deux perruches s'envolèrent hors du centre de soins, ne se séparant dans deux directions qu'une fois dans le ciel. Après quoi, Sany revint près de la gallimimus.

- Auriez-vous besoin d'autre chose ?

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Ca n'étonnait nullement Sany de savoir que la gallimimus n'était pas très bouquin. Surtout des bouquins qu'elle devrait lire sans marcheur. La jeune femme avait tendance à voir la reptile comme uniquement de type sportif. Toutefois, en voyant cette dernière réfléchir à sa question, elle en vint à songer que, finalement, le dinosaure n'était pas tant que ça contre la lecture. Celle-ci lui mentionna alors les genres qu'elle préférait. Là encore, aucune surprise et Sany sourit. Quitte à rester couché durant des mois, il était vrai que lire des récits d'aventures étaient une bonne façon de s'évader.

- Oh, on doit avoir ça. Peut-être même qu'on pourrait trouver des choses intéressantes dans la librairie de Canyon City. Je regarderais à Khasra et je vous ferais parvenir ce qui me paraîtra être dans vos cordes. Nous avons également beaucoup de contes sur le désert si vous voulez.

Un nouveau sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme devant la perruche postale vexée. Mieux valait ne jamais sous-estimer ces petites créatures. Une fois les recommandations énoncées par Xyria, les deux oiseaux quittèrent les lieux sans demander leur reste. Nul doute qu'elles mèneront à bien leur mission et peu importait le vocabulaire qu'on employait pour elle. Elles se contentaient de répéter ce qu'on leur disait, sans chercher spécialement à comprendre ce qu'on leur disait.

- Vous avez raison. Quoi que nous ne tarderons pas à repartir de toute manière, contrairement à vous qui allez devoir rester ici encore un moment. Si vous tenez vraiment à ce que je reste, c'est avec plaisir que je le ferais. Ator comprendra parfaitement. Il n'était pas difficile.

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Sany n'avait jamais été très lectrice de romans fantasy. Elle préférait des choses plus calmes, quelques histoires de romances, un peu de drame éventuellement, un soupçon de comédie faisait toujours plaisir. Elle lisait beaucoup d'ouvrages documentaires également. Ca lui rappelait le bon vieux temps où c'était elle qui aidait à les rédiger quand ça parlait du désert. Mais après, elle avait souvent pas mal de travail en tant que Matriarche et n'avait pas forcément le temps à donner à la lecture ou même tout autre loisir. Son sourire s'élargit aux remerciements plus que ravi de la jeune saurienne. Sany ne pouvait pas faire grand chose pour l'aider étant donné les circonstances alors elle pouvait être heureuse si elle parvenait tout de même à donner un peu du sien. C'était dans sa nature que d'aider son prochain. C'était une femme à l'esprit cent pour cent dinotopien.

- Ce sont des contes du désert, répéta t-elle en haussant une épaule, ça parle forcément de désert majoritairement. C'est un style assez...poétique je dirais, avec une pointe de mystique. Certains racontent des histoires sur les Orofanis par exemple, ou Poséidos.

Sany avait une confiance absolue en Ator et c'était réciproque. Ce dernier l'avait bien vu quitter le centre de soins et donc se doutait qu'elle devait gambader de ça, de là. La jeune femme n'avait pas peur de l'inquiéter. Toutefois, elle serait quand même ravi d'aller lui raconter un peu ce qui s'était passé. Le jeune diplodocus allait être surpris d'apprendre la présence de Xyria, et surtout de la mésaventure de cette dernière. Comme quoi, Sany ne sera pas sortie pour rien ! Un peu plus et elle aurait pu complétement passer à côté du fait qu'elle se trouvait dans le même bâtiment de la gallimimus.

- Je compte bien lui faire un petit rapport sur ce qu'il vient de manquer, répondit la matriarche, le sourire aux lèvres, ensuite, je reviendrais vers vous puisque vous le voulez bien. En attendant, prenez déjà le temps de vous reposer.

Sur ce, la jeune femme s'en alla, quittant la salle où se trouvait la coureuse pour rejoindre sa moitié et, effectivement, se mettre à lui conter tout ce qui venait d'arriver.

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