[Terminé] La Nouvelle Dolphinback [Charlotte]

La jeune femme, se retrouvant seule avec personne pour voir ses faits et gestes, quitta ses vieilles chaussures, libérant ses pieds de leur emprise douloureuse. La marche pénible que Corben et elle avaient du subir jusqu'à trouver le bus n'avait laissé aucune chance à ses orteils cloqués par endroits et toute une journée enfermés, ils étaient redevenu douloureux. Elle s'assit en tailleur sur un bout de divan et entreprit de se masser la nuque.

Depuis la cuisine, Karl lui répondit donc et cette fois Charlotte preta une oreille très attentive à ce qu'il racontait, contrairement à ce pauvre Mehen qui dans sa tentative d'avertissement n'avait eu droit qu'à un simple "hm" pensif. Le poisson fumé donc. Elle devrait se rappeler de cette astuce pour plus tard.

"Comment on fait pour savoir si on est sur le territoire ou non? Vous avez des cartes ou un truc du genre?"

Par contre, pas dit que les Outsiders puissent être amadoués par un simple bout de viande séchée. En effet, ils n'avaient pas l'air très commodes, ces gens là. Ceci dit, elle comprenait plus que bien qu'on puisse avoir peur de ces immenses bestioles. Surtout lorsqu'ils se mettaient à parler. La jeune femme s'était fait quelques frayeurs à son arrivée à Khasra. Sans oublier qu'elle s'était quand même évanouie à sa première rencontre avec l'un d'entre eux... Pourtant, aucune peur ne justifiait le meurtre. Mais comme elle se l'était souvent dit ces derniers temps, à Dinotopia ou ailleurs, les humains restent les mêmes. Cruels, égoïstes et violents. Et ce groupe là lui parraissait en être la parfaite représentation, d'après Karl en tout cas.

"Hm...je vois… Et ça leur arrive de recueillir des naufragés..?"

Car si ces gens étaient si mauvais, elle doutait fort que les patrouilles soient allé toqué aux portes du château pour prendre des nouvelles... Et puis ce groupe ne s'était pas formé tous seuls, par l'opération du saint esprit. Ces gens venaient bien de quelque part, non? Et peut-être que eux aussi cherchaient à grossir leurs rangs en sensibilisant des rescapés à leur cause. Peut-être que sa famille se trouvait là-bas... Au quel cas elle devrait s'y rendre.

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Lorsque l'homme quitta la cuisine pour farfouiller dans un tiroir et en sortir une carte pour la lui montrer, Charlotte se dit qu'elle aurait beaucoup aimé avoir un smartphone sur elle pour la capturer et enregistrer tout ce que Karl lui expliquait. Mais malheureusement pour elle, ça n'était pas le cas et d'après ce qu'elle avait pu observer, ici, tout le monde s'en passait. Elle allait devoir apprendre à faire avec. La brune du faire donc usage de toute sa concentration pour ne pas passer à côté d'un détail important, commentant ses explications par de petit "hm...", des "OK" et d'autres "oui", signe qu'elle suivait.

"Gardiens d'Habitats? C'est quoi?"

Mais quelque chose reteint son attention. Cette petite île, proche de celle où elle se trouvait actuellement. Ses yeux s'aggrandirent et l'espoir, alors à l'état de simple flameche, embrasa son âme. Il était possible qu'ils aient échoué là bas.

"Et... pourquoi pas? C'est si hostile que ça? Comment on s'y rend, là-bas?"

Charlotte s'était accoudée à la table et tentait d'appréhender les distances en se servant de ses deux doigts comme compas. Là encore, un long voyage s'annonçait pour elle, mais rien qui puisse la décourager.
S'il y avait de petites communautés qui parvenaient à y vivre, alors peut-être qu'ils avaient trouvé sa famille et qu'ils les avaient aidés, comme Corben l'avait fait ? Peut-être. Tout comme pour les Outsiders, elle devrait s'y rendre pour en avoir le coeur net. Voilà donc les deux endroits où elle se rendrait pour commencer.

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Karl ne se rendait pas compte à quel point ses propos soulagèrent la jeune femme. Comme le lui avait déjà assuré Sany, ils étaient bien organisés sur Dinotopia et Charlotte ne pouvait désormais que le constater. Il existait des patrouilles pour tout. Les airs, les eaux, les déserts, les plaines... A quoi aurait servit qu'elle perde la vie sur les plages des Terres Blackwood alors ? Pauvre fille qu'elle était, étrangère et ignorante, elle se serait certainement faite dévorer, ou serait morte de déshydratation. Heureusement que Corben avait été là... Néanmoins, pour ce qui était du château des Outsiders et de cette mini île, si toutefois personne n'avait été retrouvé d'ici là, elle se faisait un devoir de s'y rendre. Carnivors ou non. Elle ferait le stock de poisson fumé s'il le fallait, quitte à empester pendant des jours. Son instinct lui soufflait qu'elle avait de belles chances d'y retrouver ses semblables. Ou en tout cas, c'est ce qu'elle espérait de toutes ses forces.

"Dis... vos patrouilles. Elles ont fouillé toute l'île, hein?"

Enfin des t-rex... des raports... Charlotte essayait de se souvenir de ce film, devenu un peu sa référence depuis qu'elle était ici. Oui, c'était comme si elle était plongée en plein Jurassic Park, avec le sentiment désagréable d'en être l'héroïne. Quoi que l'héroïne fini toujours par s'en sortir. Non, elle, elle était surement le personnage secondaire, celui qui meurt bêtement juste avant la fin parce qu'il trébuche sur une racine en pleine fuite... La jeune femme dégluti.

Pour traverser Warmwater bay sans risquer de devenir le petit-déjeuner d'une bête sanguinaire en arrivant là-bas, la solution la plus sûre était encore de voler. Elle pourait ainsi arriver directement dans la communauté qui y survivait et de là, commencer sa petite enquête. Enfin... voler c'est bien, mais comment on fait? On empruntait pas un Skybax comme on loue une voiture.

"Et... comment ça se passe. Si jamais... si on veut voler à dos de skybax? Et je voulais savoir aussi... c'est quoi votre monnaie? Vous faites que du troc? J'ai vu Sany échanger des oranges pour m'acheter un billet, ce matin. Mais je me demandais... comment je fais moi? Je n'ai rien."

Si elle ne voulait pas quitter le Temple de ciel avec seulement ses vêtements sur la peau, il fallait qu'elle trouve un moyen de se procurer certaines choses. Ne serait-ce qu'un sac et une gourde. Et comme on dit dans son monde à elle, rien n'est gratuit. Si elle pouvait éviter de voler… ça serait surement mieux.

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Charlotte restait perplexe. Elle ne savait pas quoi penser de tout cela. Elle avait en effet toutes les raisons de leur faire une confiance aveugle, contrairement à ce qu'elle avait dit _ou crié plutôt_ à Iva Dalahan. Jusqu'à présent, et ça se vérifiait encore ce soir, ils avaient tous été d'une extrême générosité avec elle. Et pourtant... elle savait qu'elle n'y arriverait pas. Charlotte avait besoin de faire les choses elle-même, de participer à leur recherche. C'était plus fort qu'elle. Etait-ce plus une raison de confiance que de principe? Elle même ne savait pas vraiment.

"David... D'accord."

Elle irait vers lui en temps voulu, alors. Il faudrait absoluement qu'elle se souvienne de son prénom, et dieu sait qu'elle avait la tête archi pleine.
Une bonne odeur se glissa hors de la cuisine jusqu'à ses narines, réveillant un peu plus son appétit.

"OK. C'est vraiment... spécial ici. Rien à voir avec... "mon monde". Enfin, j'ai du mal à comprendre. Pourquoi on a pas connaissance de cette île? Je veux dire... je l'aurais su si une île peuplée de dinos avait été découverte. "

Elle passait ses doigts sur la carte, essayant de comprendre comment leur existence avait pu rester secrète aussi longtemps ? Aucun naufragé n'avait donc jamais divulguer ce secret une fois rentré au pays? Elle avait du mal à y croire. Non, la seule hypothèse possible... c'était que justement, personne n'en soit jamais reparti. Et cette vérité qu'elle avait occulté jusque là s'imposait à elle à mesure de ses réflexions...

"Je pourrais jamais partir d'ici, pas vrai?"

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Le silence était lourd, pesant, et par son biais, Karl ne faisait que confirmer implicitement ce qu'elle pensait. L'idée selon laquelle elle ne quitterait plus jamais cet endroit, qu'elle le veuille ou non, et qui avait grandit en elle sitôt qu'elle avait réalisé qu'il était peuplé de dinosaures. Comment le reste du monde pouvait en ignorer l'existence, autrement? Si un tel lieu avait existé pour le reste de l'humanité, personne n'aurait pu le garder secret si longtemps. La seule version possible était donc la sienne.

Lorsque Karl émerga de la cuisine, prenant place dans l'encadrement de la porte, la jeune femme toujours acoudée à la table releva ses yeux sombres vers lui. Elle avait comprit. Le Récif de l'Effroi donc. C'était à cause de lui que son avion s'était crashé, même si elle ne comprenait pas trop comment. C'était lui qui l'avait arrachée à sa famille, à sa vie passée. Et lui qui la retenait ici, captive.

Son regard se dirigea de nouveau sur la carte étendue devant elle. Si personne n'avait réussi à quitter cet île de malheur avant elle, alors c'était peine perdue. Le seul moyen d'en partir, c'était en partant les pieds devant. Alors à quoi bon essayer. La sentence était tombée. La jeune femme s'asseya sur la chaise qu'elle avait ignorée jusque là et se perdit dans le vague, sonnée. Au moment même où ils étaient entré dans cet avion maudit, leur vie avait prit un tout autre tournant. La Charlotte Nelson d'autrefois n'existait plus, qu'elle soit d'accord ou non. La brune esquissa un sourire. Celui là même qui lui servait à cacher ses émotions, habituellement. Pourtant, ses lèvres tremblaient et ne laissaient pas de doute quant à ce qu'elle ressentait réellement.

"J'espère aussi..."

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Prise au piège. C'était ce que ressentait la jeune femme. Elle n'arrivait pas à voir les choses sous un autre angle que celui-ci. C'était comme si elle prêtait une certaine forme de conscience au Récif de l'Effroi. Ou non, à l'île. Comme si c'était une entité capable de réflexion, d'élaborer ses propres plans. Comme si, en provoquant le crash de son avion, en la préservant de la mort, en la portant jusqu'à ses plages, elle et pas les autres, elle se délectait de son malheur et de sa présence ici, contrainte et forcée. Ca pouvait paraître idiot dit comme ça, mais elle détestait l'Île, sa geôlière. Foncièrement.

C'est tout juste si Charlie releva la tête lorsqu'un dinosaure d'une espèce qu'elle ne connaissait pas encore fit son entrée. Elle ne réagit pas davantage lorsque celle-ci se mit à parler, et encore moins quand elle appela Karl "papa", bien que cela reste surprenant pour la brune. La vérité lui était tombée dessus comme une guillotine coupe la tête d'un innocent, et plus rien d'autre ne trouvait d'intérêt à ses yeux que cette effroyable injustice, que ce destin qu'on lui avait imposé. Charlotte était éteinte sur sa chaise, bras balants, et plus rien ne semblait pouvoir la tirer de cette torpeur qui englobait son corps et son esprit.

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La fille adoptive de Karl _concept qui échappait totalement à la logique de la jeune femme_ posait un regard curieux sur Charlotte qui n'avait pas coeur à lui renvoyer ce dernier. Elle était là sans être là et c'est la main de Karl, posée sur son épaule, qui capta tout relativement son attention, l'invitant à reprendre des forces. Daignant enfin regarder autre chose que le vide, Charlie se tourna face à son assiette et entreprit de manger le plat encore tout chaud avec autant d'entrain que s'il avait s'agit d'épinards vapeur.

Elle n'avait ni le coeur à manger, ni le coeur à parler. Et pourtant, face à la salutation du jeune dinosaure, elle lui lança un sourire triste et un "bonsoir" dénué d'enthousiasme, oubliant les politesses Dinotopiennes. Charlie avait du mal à cacher ses humeurs depuis qu'elle était sur cette île. A croire que la fatigue ne l'avait en fait jamais quittée depuis qu'elle avait reprit connaissance sur la plage, la privant de ce masque derrière elle avait l'habitude de trouver refuge lorsque ça n'allait pas.

La brune mangeait avec tant de lenteur qu'elle fut la dernière à terminer son assiette.

"Merci. C'était très bon."

Encore une fois, aucun enthousiasme dans sa voix, devenue aussi terne que son regard.

"Excusez-moi. Je... je ne me sens pas très bien."

Elle savait que sa présence n'était pas des plus chaleureuse et que son comportement était loin d'être agréable. Mais elle avait du mal à passer au dessus. Ca la bouffait, elle n'y pouvait rien. Il lui faudrait du temps pour digérer le fait qu'elle ne quitterait jamais cet endroit.

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Quittant la pièce d'un pas las, la jeune femme se laissa guider jusqu'à sa chambre. Elle était spacieuse et outre la vue magnifique sur le canal, c'était le lit qui lui faisait de l'oeil.

"Merci pour tout." dit-elle avec ce même sourire qu'elle avait donné à la jeune dinosaure, avant le repas.

Enfin seule, Charlie entreprit de quitter ses chaussures et ses vêtements pour se glisser sous les draps sans même avoir prit le temps de regarder la décoration. Tout lui semblait si futil en comparaison de son mal être... En position foetale, la jeune femme laissa couler quelques larmes fini par s'endormir, les yeux rougis et les joues humides.

Tout comme sa première nuit passée chez Sany, son sommeil fut agité de cauchemars tous plus terrifiants les uns que les autres. Dans l'un d'eux, elle se retrouvait sur la plage où Corben l'avait retrouvée, tentant d'échapper à une horde de petits dinosaures aux dents longues et acérées. Ils riaient, ricanaient, jubilaient derrière elle, tandis qu'elle tentait de leur échapper. Elle finissait par tomber, ses pieds entravés par le corps de Luke. Sa peau était grise et gorgée d'eau. Elle se reveilla en sursaut au moment où les petits dinosaures machiavéliques se jettaient sur elle, poussant un cri de terreur. Assise sur son lit parmi ses draps trempés de sueurs, la jeune femme au coeur battant respirait si fort que ses poumons lui faisaient mal. Avait-elle crié ainsi toute la nuit ?

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Assise un long moment au bord du lit, tachant de remettre ses idées en place, Charlotte passait sa main sur son visage, massait ses tempes et démêlait succinctement ses cheveux avec ses doigts fins. La jeune femme étira son corps comme l'aurait fait un chat avant de remettre ses vêtements. Elle était justement entrain de lacer ses chaussures lorsque Karl toqua à la porte. Se pressant de terminer ses noeuds, la jeune femme se leva donc, quittant le matelas douillet qui avait tenté de la consoler cette nuit et ouvrit timidement la porte de la chambre.

"Bonjour!"

Elle le gratifia d'un sourire, essayant de paraître plus agréable que la veille ce qui en soit n'était pas compliqué, vu le niveau. Si la nuit avait été agitée pour la jeune femme, elle avait au moins récupéré suffisamment pour se sentir d'attaque pour son nouveau voyage. Enfin d'attaque, elle n'en était pas particulièrement ravie, et était en réalité plus pressée d'arriver que de partir d'ici, mais elle s'était faite à l'idée. Comme le disait si bien Karl, l'heure était venue.

"Qu'est ce que c'est ?"

Son regard s'était fatalement posé sur la mystérieuse petite boite qu'il tenait entre les mains, se demandant ce qu'elle pouvait bien contenir. Avec un peu de chance, ça ne serait pas un oeuf de dinosaure...

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Lorsque Karl lui confia la boite qui lui était destinée, Charlotte cru d'abord à une erreur. Parmi toutes les personnes se trouvant dans son avion, et par conséquent, tous les effets personnels qui avaient coulé avec lui, comment serait il possible que ce soit précisément un de sien qu'on ai retrouvé? Pourtant, il y avait bien quelque chose qu'elle avait perdu, oui. Quelque chose de précieux qui valait désormais tout l'or de ce monde. Mais elle n'osait y penser.... Après que ses doigts aient parcouru l'arête de son couvercle, ils finirent par l'ouvrir, lentement, dévoilant son contenu avec précaution. Son regard, longtemps rivés sur le collier retrouvé, se levèrent vers Karl, pétillants de joie. Elle avait l'impression qu'un feu d'artifices explosait dans son cœurs et ses étincelles étaient clairement visibles dans ses yeux. Charlie avait du mal à y croire. Elle du toucher la fine chaine dorée pour s'en convaincre. C'était un petit miracle. Ses mains tremblaient et ses lèvres balbutiaient des remerciements éternels à Karl et à la Terre entière. Si elle ne s'était pas contrôlée, elle aurait sauté à son cou, une fois de plus. Mais ce pauvre Karl avait suffisamment supporté ses émotions. Elle embrassa le médaillon religieusement avant de le glisser dans sa poche. Le fermoir était cassé, surement arraché à un moment ou un autre avant son arrivée sur la plage. Elle essuya prestement une unique larme, naissant à peine sous son œil.

"Tu n'imagines pas ce que ça représente pour moi."

La symbolique de ce collier allait au-delà du simple cadeau que lui avait fait sa marraine, un jour comme il y en avait eu tant d'autres. Dans le contexte actuel, il était d'autant plus précieux que c'était le seul lien physique qui la retenait encore à sa vie d'autrefois, à sa famille. Ca dépassait totalement le concept du souvenir basique, auquel on s'attache par nostalgie. Non, c'était bien plus que ça. C'était tout ce qui lui restait d'eux. C'était l'amour, l'espoir, la vie. Pour le récupérer, elle aurait fait n'importe quoi. Comme elle aurait fait nimporte quoi pour échapper à cet endroit, à ce drame, ou mieux encore, pour revenir en arrière.

"Qui me l'a envoyé?"

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Elle n'insista pas quand il préféra taire l'identité de la personne qui avait retrouvé son collier et qui avait fait en sorte qu'elle le récupère. Pour autant, elle n'était pas prête d'oublier ce geste et ne manquerait pas de lui reposer la question, si toute fois elle revenait à Waterfall un jour. Peut-être que d'ici là, elle possèderait quelques biens, même dérisoires, à offrir en retour de ce geste qu'elle savait purement désinteressé. En attendant, rien ne pressait et il serait toujours temps de demander à Karl, plus tard.

Ce dernier quitta donc l'étage, la laissant seul sur le pas de la porte, la main toujours enfoncée dans sa poche, ne parvenant pas à lacher le collier. Charlotte le regarda une dernière fois, comme pour s'assurer qu'elle n'avait pas rêvé, avant de l'y remettre. Lorsqu'elle s'était aperçue de sa perte, elle n'avait même pas osé imaginer le retrouver un jour. Alors le tenir entre ses doigts aujourd'hui relevait du miracle et forcément, ça l'encourageait à garder espoir pour tout le reste.

Après être restée un long moment plantée comme un piquet devant sa chambre, la brune referma la porte derrière elle et finit pas descendre les escaliers, retrouvant le salon et ses splendides vitraux aux reflets multicolors. Elle les adorait.

"Ben... j'crois que je suis prête." dit elle en haussant les épaules.

Charlotte qui n'avait pour bien matériel que ses vêtements et désormais son petit collier cassé, ne mettait pas bien longtemps à se préparer. Pas de sac à dos, pas de téléphone portable à recharger ou quoi que ce soit pour s'appréter davantage. En arrivant ici, l'île l'avait dépossédé de tout, y comprit de sa routine de jeune femme australienne.

"Je vais devoir prendre… un bus? Comme celui que j'ai prit à Khasra?"

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Un peu différent? Déjà que ce qu'ils appelaient "bus" _et qui avait l'air de beaucoup de choses mais certainement pas d'un bus, ceux montés sur quatre roues, sans queue ni grands yeux, vous savez?_ avait fait un drôle d'effets à Charlie... alors elle se demandait vraiment ce qui l'attendait pour cette fois. Karl la guida donc à travers la foule et la brune fit bien attention de ne bousculer ni homme, ni gros lézard. Elle repensa à Mehen et se surprit à le chercher parmi les badauds, espérant voir sa tête à tout hasard, en vain. Il avait été gentil avec elle, et prévenant. La jeune femme ne l'oublierais pas, lui non plus.

Enfin, Karl lui présenta le chariot dans lequel elle ferait son voyage et autant dire que ca n'avait rien de particulièrement excitant. Elle se voyait déjà ballottée de gauche à droite comme les marchandises qui lui tiendraient compagnie. Un vrai sac à patates. Et cet énorme dinosaure avec ses deux gigantesques cornes lui flanqua un frisson. Un coup de tête maladroit suffirait à en embrocher dix comme elle. Charlotte déglutit, mais tâchait toujours de faire bonne figure, ne serait ce que pour faire honneur à Karl.

"J'en doute pas une seconde." c'était totalement faux, "Merci pour tout Karl. Vraiment. J'espère te revoir, moi aussi. "

Par contre ces dernières paroles étaient on ne peut plus sincères, tout comme ce sourire qui servit d'aurevoir. Malgré son appréhension tout à fait légitime, la jeune femme monta donc dans le chariot, essayant de se trouver une place confortable et fit de son mieux pour cacher jusqu'au bout son inquiétude. Combien de temps durerait cet exil? Comment ce serait, la vie dans ce Temple du Ciel? Quel genre de personne découvrirait elle une fois la bas ? Et encore un millier de questions auxquelles elle aurait tout le temps de réfléchir, en route pour les Montagnes Oubliées.

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Le voyage aura été un peu plus bref que le précédent. Peut-être parce que Charlotte, ainsi ballottée dans le chariot, avait trouvé le moyen de s'endormir, à croire que sa nuit ne lui avait pas suffit. Lorsqu'elle rouvrit enfin les yeux, c'était pour se frictionner vigoureusement les bras parcourus d'un leger frisson. Frisson autant du à la fraîcheur soudaine que par la vision de ces énormes bestiaux qui ne ressemblaient à rien de ce quelle avait pu voir jusqu'à présent. Ca n'avait pas l'air d'un dinosaure. Par d'écailles, pas de cornes ou de tête bizarre. On aurait dit un mixte entre un rhinocéros et un hippopotame, en cinq fois plus gros, si ce n'est plus. Les yeux rivés sur ces derniers, convaincue que l'île lui réservait encore bien des surprises, Charlotte mit un temps fou à descendre du chariot et prit bien garde de ne pas approcher ces immenses bestiaux gris. Mais sitôt fait, un homme au nom étrange l'accueilla. Elle reçu le manteau noir avec soulagement, ne perdant pas un instant pour sen vêtir et rabattre la capuche sur sa tête, empêchant ainsi le vent de s'engouffrer dans son cou.

"Toute Arménie... euh... harmonie! Toute harmonie."

A chaque fois qu'elle disait ça _quand elle arrivait à s'en souvenir_ elle avait l'impression de jouer un rôle, aussi mal qu'une gamine boutonneuse pour une pièce de Molière.

"Merci pour le manteau. Mais euh... dites... on va marcher jusqu'au Temple là ?"

Charlotte risqua un regard jusqu'au dit bâtiment. Il semblait s'élever si haut dans les montagnes qu'elle n'imaginait même pas pouvoir l'atteindre, que ce soit à pied ou autrement. D'ailleurs, sa mine découragée se passait de commentaire. Faut dire que la randonnée en montagne n'était pas l'activité favorite de l'australienne... par contre, marcher d'un bar à un autre... Elle secoua la tête.

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