[Terminé] Rescapée [Charlotte]

Une secousse, des tremblements. Les masques qui tombent et qui déclenchent des cris de terreur. Les passagers en panique. Ses mains qui ne quittent pas celles de ses frères et ses yeux qui se ferment. Elle prie de toutes ses forces. Tous prient. Même ceux qui ne croient plus en rien depuis longtemps. Le sol qui semble se dérober sous eux. De l'eau, beaucoup d'eau. Puis plus rien.

Une légère brise caresse son visage éteint. Une voix lointaine l'appelle. Comme dans un rêve. D'abord, elle pense à Luke. Puis ça recommence. Non, elle ne connait pas cette voix. Quelque chose, quelqu'un la touche. Une sensation bizarre sur sa peau humide, tiraillée par le sel, irritée par le sable. Elle se redresse soudainement, les yeux écarquillés, secoué par une toux incontrôlable. La jeune femme crache de l'eau salée. Une sensation de brulure envahie ses poumons, sa trachée. Sa main se porte à sa poitrine. Elle a cru mourir. Pourtant son coeur bat. Et puis elle découvre le visage d'un homme, tout près d'elle. Un inconnu aux cheveux blonds, accroupi, un air inquiet Tremblante, elle recule, elle a peur. Elle ne comprend pas tout de suite.

Elle découvre la plage qui l'a recueilli. Son coeur se met à battre à tout rompre. Charlie panique. Suffoque. Elle se lève d'un bond, la peur au ventre. Son corps frêle est secoué de sanglots tandis qu'à travers les larmes qui se forment à toute vitesse, inondent son champs de vision, elle essaie de retrouver ses semblables. Mais sur la plage, dans l'eau, rien. Seulement elle. Une nouvelle fois, elle a l'impression que la vie la quitte. C'est douloureux. Alors elle se met à appeler sa famille, à crier leurs noms, hurler, jusqu'à l'épuisement. Ses genoux la lâchent au bord de l'eau et elle s'effondre. Personne. Tout le monde est mort. C'est forcément un cauchemar.

Codage par Libella sur Graphiorum

Tout se bousculait dans sa tête. C'était le désordre total, le chaos. Ses derniers souvenirs, ceux du crash, du visage de ses frères, de ses parents. Des cris aussi. Mais après la sensation vertigineuse, rien à faire, elle ne se souvenait de rien. C'était le noir complet. Comment était-elle arrivée jusqu'à cette plage? Depuis quand était-elle échouée? Pourquoi il n'y avait pas trace de l'avion, même lointain? Pourquoi aucune valise, aucun corps ne l'avait accompagnée? Et... était-elle seule, désormais? Etait-ils vraiment... morts?

Les paroles de l'homme ne trouvèrent pas de réponse. Charlie n'était pas vraiment là, étouffée par le traumatisme que représentait la perte des siens et le choc, sordide, qui faisait trembler ses entrailles. Ses mains tenaient ses côtes douloureuses. Et ses pleurs finirent par se tarir, peu à peu, dans ce lent balancement réflexe qu'il la berçait sans qu'elle ne s'en rende compte, cherchant à se rassurer. Mais son coeur n'arrêtait pas sa course folle. Elle avait l'impression que sa tête allait exploser.

Ressentant la présence de l'homme qui s'était rapproché et qu'elle avait presque oublié, elle bascula, les fesses dans l'eau, plus apeurée que jamais. Le souffle coupé, prête à détaler. Désolé? Désolé. Désolé pour quoi? Pour elle? Parce qu'elle avait perdu tout ce qu'elle avait de plus cher ? Parce qu'elle était la seule survivante ? Qu'elle aurait préféré mourir avec eux ? Son regard voilé par la tristesse, elle n'arrivait pas bien à distinguer ses traits. Son visage était flou et sa voix, toujours aussi lointaine, brouillée par son esprit confus, par l'intensité de ses émotions. Charlie protégea son visage de son avant bras mais aucun mot ne parvint à quitter ses lèvres, comme bloqué par sa gorge nouée. Si elle avait pu, elle l'aurait défendu d'approcher. Elle l'aurait crié même, une fois de plus.

Codage par Libella sur Graphiorum

Finalement, l'homme se résolut à respecter une certaine distance, n'osant plus approcher d'elle, ce qui permis à Charlie de baisser un peu sa garde, de s'apaiser suffisamment pour que ses mots prennent enfin sens. Deux dernières larmes finirent par tomber, trouvent quantité de leurs jumelles dans les eaux salées qui recouvraient le bas du corps de la jeune femme. Sa main vint essuyer ses joues, doucement et elle renifla, toujours sanglotante, à l'image d'une gamine qui n'arrive pas à calmer son chagrin, prête à replonger au moindre mot de travers.

Il disait vouloir l'aider. Mais ce qu'elle voulait elle, la seule chose qu'elle désirait, c'était qu'on lui ramène sa famille, qu'on lui assure qu'ils étaient en vie, qu'ils étaient juste ailleurs, quelque part, et qu'elle finirait par les retrouver. Ce mince espoir l'aida à délier sa langue. Corben. se répéta t elle plusieurs fois intérieurement. Elle même n'était plus sûre de savoir comment elle s'appelait. Elle mit un temps fou avant de répondre.

"Cha... Charlotte."

Sa voix n'était pas sereine, mais elle continua sur sa lancée, sans quitter des yeux cet homme qui lui proposait son aide. Une fois sa vision éclaircie, Charlie pouvait un peu mieux détailler son visage, ses traits. Finalement, il avait l'air plutôt amical. En tout cas, il était suffisamment bienveillant pour s'être inquiété de sa santé.

"Je... Je suis où?"

Avec un peu de chance, se disait-elle, cela faisait plusieurs jours qu'elle dérivait et par miracle, elle avait survécu et s'était échouée ici, alors que sa propre famille s'en était tirée, trouvant refuge dans une autre île d'un potentiel archipel. C'était la seule chose capable de la réconforter un peu. L'idée que, quelque part, sa famille était encore en vie.

Codage par Libella sur Graphiorum

Dinotopia. Ce nom fantasque avait l'air tout droit sorti d'un bouquin. Mais Charlie était bien trop confuse pour s'en rendre compte. Elle prenait l'information telle quelle sans essayer de voir plus loin. Ca ne lui évoquait rien, c'est tout ce qu'elle savait, tout ce qu'elle pouvait en conclure.

"Je..."

Elle dégluti, tournant la tête derrière elle comme si l'avion allait apparaître par miracle, derrière les vagues ou qu'une silhouette lointaine lui ferait des signes. Mais toujours rien à l'horizon. Cette étendue d'eau lui donnait le vertige. Et ses questions encore plus, mais elle fit son possible pour essayer d'y répondre. Repenser à ce qu'il s'était passé, à sa famille, leur provenance, leur destination.... tout ça lui compressait la poitrine, extirpant de nouvelles larmes des tréfonds de son âme meurtrie.

"On a prit l'avion à Brisbane... on allait voir le Grand Canyon. C'est le rêve de papa."

Elle parlait comme une gamine. Et le mot "papa" manqua de l'étrangler. Charlotte se stoppa net dans son récit, incapable de parler de l'accident. Elle ramena ses jambes contre elle et entoura sa tête de ses mains secouées de spasmes. C'était bien trop dur à supporter. Bien trop dur. Elle n'arrivait pas à concevoir leur disparition. Elle ne pouvait pas y croire. Et pourtant... Pourtant elle était bien la seule sur cette plage. Aucune trace de l'avion. Aucune trace de qui que ce soit d'autre. Juste elle. Et cet homme qui faisait son possible pour l'aider. Plusieurs minutes passèrent avant qu'elle libère son visage désormais constellé de grains de sable, reniflant de plus belle.

Codage par Libella sur Graphiorum

Ses mots sonnèrent creux aux oreilles de Charlotte. Comment pouvait on dire une chose pareille? Comment pouvait il dire qu'il la comprenait alors qu'elle même ne savait pas ce qui lui arrivait ? Ce qu'elle ressentait ? Ses sourcils se froncèrent. Elle n'en croyait pas un traître mot et une vague de colère prit forme juste là, au creux de ses yeux. Elle le fusillait du regard. S'il n'avait pas continué, elle l'aurait envoyé balader. Elle était sur le point de le faire, d'ailleurs, lui réservant des paroles acerbes, mais il avait parlé de survivants. Il avait lui même évoqué cette possibilité, cette idée folle qu'elle avait eu que peut-être, ils étaient vivant, l'attendant quelque part, sur cette île ou ailleurs. L'étincelle d'espoir qui avait su la calmer un peu plus tôt s'embrasa alors.

"Hors de question que je parte. Je vais les chercher."

Avec une rapidité qui la surprit elle-même, elle se redressa, essuya ses larmes et se mit à marcher, longeant la plage. Sa tête la faisait souffrir, ses côtes aussi, et elle soupçonnait son poignet d'être cassé tant la douleur était lancinante. S'il y avait la moindre chance qu'ils soient là, sur Dinotopia ou peu importait le nom de cette fichue île, elle les retrouverait. Elle y passerait des nuits, des jours s'il le fallait. Elle arpenterait toutes les côtes, les plages, les falaises, les mangroves, mais elle les retrouverait. Quitte à en crever.

Codage par Libella sur Graphiorum

Ses pas foulaient le sable et son regard était vissé droit devant elle. Charlie serrait sa mâchoire, contenant ainsi les piques de douleurs qui tentaient de l'alerter sur son état. Mais tant qu'elle avait la force de marcher, tant qu'elle avait l'espoir de les retrouver, elle les chercherait. Sans relâche. Se reposer ? Pour quoi faire ? Elle ne concevait pas sa vie sans eux. Ni aujourd'hui, ni demain. L'homme qui s'empressait de la suivre, manifestement inquiet, essayait de la convaincre de rebrousser chemin. D'arrêter ses recherches désespérées, surement vaines et périlleuses, d'après ses dires. Passé la tristesse, c'était la colère qui prenait le pas.

"Foutez moi la paix!" lâcha t elle, les larmes aux yeux.

Il avait beau dire ce qu'il voudrait, lui parler de patrouilles, d'une ville proche où elle trouverait de l'aide, Charlotte n'était pas quelqu'un que l'on pourrait qualifier de raisonnable. Mais Corben allait bien vite s'en apercevoir.

"Si vous voulez m'aider, vous n'avez qu'à lancer l'alerte vous-même!"

En tournant la tête, elle senti un vertige manquer de la déstabiliser, ce qui ne l'empêcha pas de garder son objectif en tête : les retrouver, coûte que coûte. Continuant sa course, les pas de la jeune femme se firent plus lents, plus lourds. Elle avait l'impression d'essayer de marcher dans des sables mouvants. En réalité, elle titubait. Ses forces la lâchaient, doucement mais surement. Et après quelques minutes, elle s'effondra de nouveau, comme un peu plus tôt sur la plage. Les bras tendus devant elle, tremblants, elle reprit son souffle, essayant de repousser les sanglots qu'elle sentait revenir comme des démons, et se redressa. Mais son soudain regain de vigueur ne dura pas plus de quelques secondes cette fois et elle retrouva le sol tendre, incapable de faire un pas de plus. Sa tête tournait dans tous les sens. Elle était déshydratée, à deux doigts de s'évanouir. Elle n'y pouvait rien, ses jambes ne suivaient plus et bientôt, son esprit non plus. Corben avait raison.

Codage par Libella sur Graphiorum

Elle regardait la plage tandis que ses mains se crispaient dans le sable et qu'elle luttait pour garder l'esprit clair. A genoux face à la dure réalité, Charlie ne pouvait qu'admettre que Corben avait entièrement raison. Elle n'irait pas bien loin comme ça, seule, et finirait surement par mourir de faim, de soif, ou d'épuisement. C'était clair, si elle s'acharnait, elle ferait quoi, au mieux cent mètres? Peut-être davantage, mais si elle finissait par retrouver quelqu'un, ce serait à moitié morte. Non, elle n'était pas en état de continuer et son corps le lui faisait bien savoir. Corben avait finit par se résoudre à la laisser, déposant une sorte de gourde près d'elle avant de repartir, lui souhaitant bonne chance.

Mais aussi têtue que cette mule pouvait l'être, aussi téméraire, obstinée, Charlie ne pouvait pas contraindre ses jambes à la porter, ni son cerveau à fonctionner. Et le ton de l'homme qui avait voulu lui porter secours ne laissait pas beaucoup de doute quant à ses chances de survie.
Après avoir bu de longues gorgées d'eau douce en espérant ressentir ses bienfaits, la brune le regarda s'éloigner, désespérée. Rien n'y faisait, elle devait abdiquer. Et mon dieu que c'était douloureux. Elle avait l'impression d'abandonner les siens. De les perdres une seconde fois. Alors les yeux emplis de larmes, elle se redressa lentement, prenant garde à ne pas tomber de nouveau, au quel cas elle risquait de ne pas pouvoir se relever, et tenant l'outre contre elle, retenant de nouveau sanglots, elle s'adressa à Corben, contrainte et forcée.

"D'accord."

Ce mot lui fit tout aussi mal que ses côtes, lui arrachant une grimace. Charlie ferait ce qu'on lui dit, pour une fois. Elle repensait aux patrouilles et mettait donc tous ses espoirs en elles le temps d'aller mieux, en espérant que Corben disait vrai. Dès qu'elle serait en état, elle reprendrait ses recherches, c'était son objectif. Mais en attendant... en attendait elle devait lutter pour elle, pour sa vie, ne serait-ce que pour avoir une chance de les revoir un jour. Elle tremblait et se demandait comment ses genoux faisaient pour fonctionner encore. Sans l'aide de Corben, elle n'irait pas bien loin. Non. C'était certain.

Codage par Libella sur Graphiorum

Puisqu'enfin et à contre coeur, Charlie acceptait enfin de se laisser aider par Corben, il fit demi-tour, récupérant son bien avant de lui proposer son aide, sa main. Et la jeune femme se laissa épauler, les sourcils froncés dans une expression à mi chemin entre la douleur et la colère due à son impuissance. Mais elle devait se faire une raison : elle avait besoin de lui, ne serait-ce que pour marcher. Ce qu'ils firent finalement à un rythme affreusement lent.

L'homme n'avait pas l'air disons... serein ? lorsqu'il évoqua les moyens de transports d'usage sur l'île. Quoi qu'il en soit, Charlotte n'avait franchement pas les moyens de faire la difficile. Résignée à faire ce qu'il fallait pour se soigner, elle se fichait pas mal de leur manière d'atteindre la ville et ne posa pas davantage de questions. Elle avait tout juste suffisamment de forces pour se maintenir debout et devait se concentrer pour ne pas tomber, ce qu'elle manquait de faire à presque chaque foulée. Mais heureusement pour elle, Corben était la pour la soutenir. Elle n'avait pas l'esprit suffisamment clair pour se rendre compte de la chance qu'elle avait eu qu'il la trouve sur la plage, mais pour sûr, c'est quelque chose qu'elle n'oublierait pas.

Epuisée et à bout de souffle, elle sentait malgré tout l'effet de l'eau douce la revigorer un peu. Pas assez pour qu'elle puisse marcher seule, ni pour empêcher ses genoux de vaciller, mais au moins sa tête ne lui donnait plus l'impression d'être prise dans un étau et elle parvenait à garder les yeux ouverts ce qui relevait du miracle.

Codage par Libella sur Graphiorum

Chaque pas était une torture. Un bras fermement attaché aux épaules de Corben et un autre tenant ses côtes comme si ça pouvait atténuer la douleur, Charlie avait de plus en plus de peine à avancer et la pause salvatrice imposée par l'homme laissa le temps à la jeune femme de reprendre son souffle. Assise contre le rocher, le dos contre celui-ci, elle accepta volontiers l'eau proposée par son sauveur.

Quant à sa question, serait-ce vraiment utile de lui dire qu'elle était à deux doigts de tomber dans les pommes ? Surement pas. Alors elle se contenta de hocher la tête, incapable de prononcer le moindre mot sans ressentir une fatigue intense.

Après quelques minutes de repos, ils reprirent donc la route, conservant cette même lenteur qui les avaient menés jusqu'ici. Désormais loin de la plage, Charlotte ne pouvait s'empêcher de penser à ses frères et ses parents. Et s'ils avaient fini par échouer sur cette plage, tout comme elle ? S'il avait suffit d'attendre pour les voir apparaitre ? Elle tenta d'effacer ces pensées parasites. Ca ne servait à rien de penser à rebrousser chemin, maintenant qu'ils en étaient là. De toute façon elle n'en aurait pas la force. Et intérieurement, elle priait pour qu'il lui en reste suffisamment pour arriver jusqu'à la ville dont Corben avait parlé. Avec un peu de chance, ils n'en étaient plus très loin... mais elle se garda de le questionner à ce sujet, de peur que la réponse ne la décourage plus qu'autre chose.

Codage par Libella sur Graphiorum

Les yeux mi-clos, Charlotte continuait d'avancer tant bien que mal. Heureusement, le sol du chemin qu'ils empruntait était bien moins meuble que le sable de la plage qu'ils avaient longé et le bras de Corben la retenait dans ce qui ressemblait plus à des chutes successives qu'à une marche en tant que telle.

Lorsqu'il se tourna, manifestement ravi de sa découverte, Charlotte eut peine à soulever ses paupières. Ses pupilles avaient du mal à faire le point sur la forme lointaine qui apparaissait derrière eux. Toujours accrochée à Corben comme une huitre sur son rocher, la jeune femme fit de son mieux pour rester éveillée, ses yeux s'ouvrant et ses fermant par intermitance. C'était surement le transport dont il avait parlé, un peu plus tôt, se dit-elle. Ou du moins, c'est ce qu'elle espérait. Peu à peu, la forme semblait se rapprocher du duo et ses contours se firent plus nets. Charlie cru d'abord à une girafe et repensa à ce que lui avait dit l'homme au sujet de la particularité de leur moyen de locomotion. Effectivement, ça n'était pas commun. A chaque fois qu'elle rouvrait les yeux, l'animal s'était rapproché. Elle n'était pas jaune et n'avait pas de tâches, cette girafe...

Lorsque Charlie comprit, ou ne comprit pas plutôt, ses ongles se plantèrent dans le cou de Corben auquel elle se cramponnait maintenant des deux mains. Ses yeux qui avaient jusqu'alors peine à s'ouvrir étaient écarquillés comme jamais, ronds et fixes sur... quoi?

Codage par Libella sur Graphiorum

La plainte de Corben ne parvint pas aux oreilles de Charlie qui ne relâcha pas son étreinte. Elle s'accrocha même encore plus fort à lui. Si elle en avait eu la force, elle aurait sauté dans ses bras. Tétanisée de peur, elle fixait la girafe qui s'était peu à peu transformée en monstre à mesure de son approche. Son cou était si grand qu'elle ne parvenait pas à distinguer la tête qui y était perchée et ses pattes si épaisses qu'elle n'aurait pas pu en faire le tour avec ses bras. Corben tentait de la rassurer, en vain.

Son esprit embrouillé ne parvint pas à mettre le mot adéquat sur ce qu'elle voyait, comme s'il préférait masquer la vérité qui pourtant, était plus que frappante. Ce qu'elle avait en face d'elle, Charlotte n'en avait vu que des illustrations, dans ces livres qu'elle feuilletait avec passion dans son jeune âge. C'était... c'était...

Lorsqu'un homme les salua du haut de ce qui ressemblait à une nacelle, la brune cru qu'elle était en train de rêver. Oui, tout ça ne pouvait être qu'un cauchemar. Et quand Corben plongea ses yeux dans les siens, la priant de lui faire confiance comme elle s'était résolue à le faire, sur la plage, elle se raidi et sa tête bascula en arrière tandis que ses muscles la lâchaient pour de bon. Charlotte n'était plus qu'une poupée de chiffon. C'était trop pour elle. Elle s'était tout bonnement évanouie.

Codage par Libella sur Graphiorum