[Terminé][Flashback] Egaré [Sigurd]

[Flashback] Egaré [Jason]

La montagne est très tranquille aujourd’hui, comme tant d’autres jours dans l’année. La neige est fraiche et bien envelopper les terres d’un bon linceul blanc, une poudreuse qui s’accumule et qui peut être un piège mortel hors des sentiers sûrs. Il suffit d’un mauvais pas pour glisser dans une crevasse dissimulée et il vaut mieux être un baroudeur aguerri de la montagne pour presque toutes les connaître et prendre le risque de ne pas suivre le chemin que prennent les bus. Cela tombe bien car c’est ce que je suis et c’est pour ça que je m’offre la tranquillité ultime et l’isolement de la montagne sauvage. Bien entendu, ce n’est pas que dans le but de ne voir personne, je ne suis pas un asociale total non plus. C’est aussi pour surveiller les meutes de loup sinistres, ou les petits groupes de smilodons qui parfois se rapprochent du sentier et des villages. Mais aussi pour faire du repérage. Pendant la saison humide à Dinotopia, les chutes de neiges sont importantes dans les Montagnes Oubliées et il est donc assez commun d’avoir plus d’avalanches à cause des couches de neiges qui s’accumulent encore et encore jusqu’à ce que le poids soit trop lourd. Depuis quelques années, j’escorte aussi des chercheurs pour surveiller l’épaisseur de la neige et suis chargé de garder un œil dessus ensuite si c’est dangereux.

J’admire le paysage sereinement tandis que mon compagnon s’offre une petite sieste sur une parcelle de végétation se dégageant de la neige comme un petit îlot au milieu des flots. Je vois ses oreilles frétiller nerveusement une fois, deux fois, puis il redresse sa tête vers le ciel avant de me regarder. Je porte mes doigts à ma bouche pour siffler d’une façon très particulière. Peu de temps après mon geste, j’entends des battements d’ailes frénétiques qui approche et finit par distinguer une perruche postale. J’époussète un rocher de sa neige pour lui offrir un perchoir et sort une petite écuelle à double contenance pour y verser de l’eau et une bonne poignée de fruits secs.

Ainsi donc il y a un disparu au temple du ciel. Voilà qui est étonnant... Un dolphinback qui ne tient pas en place et a décidé de fuir son lieu de paix et de réflexion. Je laisse la perruche me délivrer son message dans son entièreté ainsi qu’un avertissement. Je ferai bien de le retrouver vite car un blizzard est annoncé par les météorologues. Hum, voilà qui est embêtant, la journée était si belle. Je regarde Jormungand et tire amicalement sur sa longue dent qui dépasse pour lui signifier qu’il est temps de partir. Je salue la perruche avant de ramasser mes effets et de l’inviter à retourner une réponse comme moi je m’en charge.

Une ou deux heures plus tard, le vent commence à se lever et avec lui, la neige à tomber, ce ne sera pas simple pour lui de survivre. De cette saison, une petite chute de neige peut devenir un véritable blizzard mortel en quelques minutes et il faut connaître les montagnes pour ne pas s’y perdre. Surtout s’il perd de vue la route. Heureusement, mon compagnon est un chasseur endurci des montagnes et son flair redoutable. Il ne tarde pas à trouver une piste fraiche semble-t-il et malgré le blizzard, il parvient à la suivre.

Plus le vent se renforce, plus je dois me résoudre à me couvrir. Je descends sur mes yeux des lunettes sanglées à ma tête ainsi que la capuche en tissu épais doublée de laine de mammouth avant de remonter sur mon nez une écharpe que je croche aux lunettes. Cela me laisse une bonne visibilité et couvre l’intégralité de mon visage, me laissant au chaud. Il n’y a rien à dire, la laine de mammouth est redoutablement utile dans ces montagnes. Mes bottes doublées également dans cette matière me font presque oublier que je marche dans trente à quarante centimètres de neige par endroit.

Je finis par distinguer une silhouette d’un voyageur isolé qui ne semble pas être vraiment paré pour une traversée du blizzard. Je ne le distingue pas vraiment dans les détails, mais je fais un signe de tête pour que mon compagnon le contourne discrètement. Il ne faut qu’une minute à Jormungand pour disparaître, son pelage sombre totalement blanchi par la neige prise dans ses poils. Quant à moi, je me décide à interpeler l’individu suspect.

Sigurd ▬ Hey Hooooo ! Vous là !!

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[Flashback] Egaré [Jason]

Le blizzard n’est pas près de vouloir diminuer en intensité et il est même possible qu’il se renforce encore. Le risque est vraiment important et il vaut mieux ne pas rester en extérieur. Malgré les couches de vêtement, si nous passons plusieurs heures dans une telle tempête, nous risquons ne pas en réchapper vivant. Par ce temps les risques de micro avalanches sont importants et il ne faudrait pas être pris dans l’une d’elle vers le vide. Dans ce coin, l’escarpement est important et au-delà des crevasses, il y a des zones qui tombent à pic et une chute serait mortelle. Autant dire que ce fuyard n’a pas vraiment choisit son moment, à moins qu’il ne soit assez fou pour penser gagner dans un bras de fer avec la Montagne.

Lorsque j’appelle la silhouette, après un moment à chercher d’où peut venir ma voix, elle presse le pas dans une direction qui si je ne me trompe pas n’est autre que le vide. Je vois la personne reculer brutalement et tomber à la renverse, sans doute après avoir compris que ce n’était pas la bonne direction. Puis elle change de direction à nouveau dans le but de retrouver son chemin à la hâte.

Sigurd ▬ Par Skadi, ce gamin est fou !

Je presse le pas moi-même, à grandes foulées et enjambées pour gagner du terrain, mais je me dois de rester sur mes gardes et faire attention, ce qui me ralentit un peu. Je décide de sortir l’appeau que j’ai à mon cou. De ce temps, siffler Jormungand ne serait pas très utile malgré son ouïe féline. L’appeau me permet de lui donner des instructions en soufflant à plein poumon.

Cette fois, je lui demande de se mettre en travers de la route du fuyard. Ce ne peut être que lui. Hors de question qu’il tombe dans une crevasse ou le vide en voulant me fuir ! Mon compagnon ne lui fera aucun mal, mais il sait se monter impressionnant et convainquant. Il usera de sa voix avec quelques grognements bien placés pour signaler sa présence. Puis il bondira face à sa proie, montrant les crocs pour lui faire comprendre qu’il ne fera pas un pas de plus dans cette direction.

De mon côté, j’arrive à rattraper doucement la silhouette que je poursuis depuis un moment et lorsque je suis à bonne distance, voyant que de son côté Jormungand s’est dévoilé à lui qui ne sait plus trop quoi faire, je l’interpelle afin de lui montrer qu'il est cerné.

Sigurd ▬ Hey ! La montagne est dangereuse ! Tu ne devrais pas être là. Sois raisonnable !

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[Flashback] Egaré [Jason]

Le blizzard rend difficile de voir très loin, même avec des lunettes pour se protéger les yeux, là n’est pas le problème. Le mur de neige est tellement opaque qu’il ne laisse pas aux yeux le temps de discerner quoi que ce soit à plusieurs mètres. D’ordinaire, j’aurais sagement décidé de rester là où j’étais pour monter une tente et attendre la fin des intempéries. Mais là, on m’a dit qu’un jeune homme s’est enfuit du temple du ciel, autant dire qu’il n’y a pas à réfléchir dans ce genre de cas. On reste droit dans ses bottes, on se met un bon coup de pied au cul et on y va, blizzard ou pas. La montagne est bien plus dangereuse que le reste des terres de Dinotopia pour quiconque n’en n’a pas l’habitude. Oh bien entendu les autres habitants peuvent pérorer sur le fait qu’il y a des carnivores partout et que les grandes routes ne sont pas moins dangereuses que les montagnes. Mais il n’y a pas de risque de blizzard mortels, de crevasses dissimulées ou d’avalanches, le tout en ajoutant des carnivores vivants en meutes, parfaitement adaptés à la vie ici.

De là où je me trouve, impossible de savoir s’il s’agit bien du jeune homme qui s’est enfuit. A la voix qu’il a lorsqu’il réagit à l’arrivée de mon compagnon, je sais que c’est homme, mais de là à savoir s’il s’agit de celui que je cherche... Il semble pétrifié par Jormungand, ce qui n’a rien d’étonnant avec sa stature. Son pellage sombre, tendant au noir çà et là, les mouchetures, mais surtout ses longues dents proéminentes, il y a de quoi rester peu serein. Il n’ose pas totalement se tourner vers moi pour me faire face, ce qui témoigne d’une certaine sagesse lorsqu’on se trouve face à un prédateur.

Ne voulant pas prolonger son supplice ni la tentation d’un vieil instinct dans le cas de mon compagnon, je siffle mon ami qui cesse sur l’instant de montrer les crocs et vient me rejoindre en passant à côté de l’homme sans même faire cas de sa présense.

Sigurd ▬ J’m’appel Sigurd et j’suis ta meilleure chance de survivre à ce blizzard. Suis-moi si tu veux vivre, ou offre-là à la Montagne si c’est ta décision.

Je tourne mon regard dans la direction de laquelle je viens. Il y avait un escarpement qui fait face au vent actuel, il nous offrira une protection supplémentaire. Je siffle une nouvelle fois comme j’y arrive tout en balançant mon bras dans une direction et je laisse Jormungand se lancer en avant. Malgré son poids, il a le pas léger et surtout il saura détecter les dangers.

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[Flashback] Egaré

Contre toute attente la tempête gagne encore en force et le vent commence à balayer la crête où nous nous trouvons. Le semblant de protection du piton rocheux n’est pas suffisant pour nous garantir une sécurité totale et je vois que les fixations ne tiendront pas. Il faut changer de plan.

Je prends le temps de réfléchir en remballant la tente à la hâte comme je veux avant de me souvenir de notre position exacte. Il y a une grotte normalement qui ne doit pas se trouver très loin et qui devrait nous offrir un abri bien plus idéal. Je me retourne vers le jeune homme tout en lui parlant très fort à cause du bruit du vent, afin d’être certain qu’il m’entende.

Sigurd ▬ Ok gamin ! Il faut qu’on bouge ailleurs ! Il y a une grotte pas loin ! Suis-moi !

Je fais un signe de la main à Jormungand afin qu’il ouvre la marche comme à son habitude dans pareille situation et je me hâte à sa suite dans l’instant.

Régulièrement je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule pour être certain que le fuyard me suit toujours et qu’il n’est pas perdu dans le blizzard. Il faut qu’on gagne au plus vite la grotte et faire un détour parce qu’il m’aura suivi de trop loin pour me voir n’est pas permis.

Lors que nous arrivons au pied d’une paroi, il n’y a rien de visible, mais je sais qu’elle est là. Mon compagnon aussi, il s’en souvient et commence à creuser la neige avec ses pattes puissantes. Je me joins à lui avant d’inviter le jeune homme à nous prêter main forte pour dégager toute cette neige qui s’est accumulée devant l’entrée.

Heureusement pour nous ce n’était pas trop grave et nous ne mettons qu’une dizaine de minutes pour nous frayer un chemin à l’intérieure de la grotte et nous mettre à l’abri.

Le blizzard est tellement fort qu’il commence déjà à reboucher derrière nous. Autant dire qu’il faudra à nouveau dégager la neige une fois la tempête terminée.

Je sors de mon sac un pot qui referme une patte bien épaisse, grasse et huileuse qui n’est autre que de la sève. Je sors également une longue bande de tissus que j’enroule au bout du manche de ma hache avant d’enduire ce dernier de la sève et d’y mettre le feu pour avoir une torche. Après quoi, je pose mon cul à terre, mon compagnon venant tout près de moi pour me tenir chaud et se reposer.

Maintenant que nous sommes au calme et débarrassés du blizzard, j’en profite pour retirer mes lunettes, baisser mon foulard et rabattre ma capuche en arrière. Puis je m’adresse au jeune homme.

Sigurd ▬ Hey bien. On peut dire que toi tu sais quand il faut se balader dans les montagnes ha !

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[Flashback] Egaré

La montagne est un piège qui peut se refermer en un instant sur vous et être mortel si vous ne prenez pas assez de précaution ou ne vous montrez pas assez humble. Il est orgueilleux de prétendre à avoir dompter cette dernière et même si je la connais comme ma poche, jamais je n’aurais cette prétention. Aujourd’hui malgré tout, j’ai été surpris par une tempête d’une rare violence et nous sommes maintenant obligé le jeune et moi de nous supporter dans une caverne qui n’est ma foi pas très grosse et encore moins confortable pour toute la durée du blizzard.  

Je dévisage ce jeune garçon, cet adolescent plutôt, qui n’a eu d’autre envie que de braver la montagne sans la connaître au risque d’y perdre la vie. Et tout ça pour quoi au juste ? Parce qu’il n’aime pas la sérénité du temple du ciel ? Franchement il faut que ça ne tourne pas rond dans sa tête à lui.  

Au moins il ne perd pas de temps malgré mon entrée en matière pour me demander de le conduire dans les basses terres une fois le danger passé.

Sigurd ▬ Hors de question.

C’est là une réponse bien sèche et franche de ma part qui coupe court à toute forme d’espoir d’aide de ma part pour le jeune homme.

Sigurd ▬ On m’a demandé de te ramener au Temple du Ciel et c’est ce que je vais faire.  

J’offre une caresse fraternelle à Jormungand qui relève la tête pour me regarder avant de gronder doucement en regardant le jeune fuyard qui se trouve devant nous.

Sigurd ▬ Franchement je m’interroge, pourquoi avoir quitté le Temple du Ciel où tu peux rester bien tranquille et réfléchir ?  

Franchement quand j’y pense je ne comprends pas vraiment. Il est si difficile que ça de s’adapter à la vie sur cette île et accepter les choses ? Je me souviens que mon père et mon grand-père me racontaient souvent quand j’étais jeune que les choses ont été difficiles pour les gens de notre peuple qui sont arrivés ici par hasard. Mais ils connaissaient une vie rude chez eux et ici cela a pu être une sorte d’Eldorado pour eux même si cela signifiait ne plus jamais partir. Aujourd’hui un véritable petit village a presque entièrement été bâti par eux à la lisière entre les basses terres et la montagne et ils ne s’en sont pas si mal sorti. Est-ce parce qu’il se sent seul et qu’il ne pourra jamais partir ? Hum, je peux comprendre, mais ce n’est pas comme s’il pouvait y faire quoi que ce soit de toute façon. Autant accepter les choses et renoncer au contrôle illusoire qu’on pense avoir sur sa vie.  

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[Flashback] Egaré

La situation est prompte à appeler la sérénité, dans ce confinement de fortune bravant la furie de la nature à l’extérieur. Toutefois, ce n’est pas vraiment ce qu’il se passe et une autre tempête se forme dans la tête du jeune homme aux réponses de Sigurd qui ne sont pas vraiment à son goût. L'homme est bourru et direct et la réponse qu’il formule à la demande de l’adolescent n’est vraiment pas pour lui plaire car il n'est pas question qu’il l’aide à quitter les montagnes.  

Sigurd ne sait pas vraiment ce que c’est que la “police” mais il se doute que cela a à voir avec les gardiens qui l’ont conduit ici. Cela ressemble au terme de milice qui est bien plus courant pour désigner les gardes des grandes villes aussi.

Sigurd ▬ De police ? Non. J’suis juste un gars qui connait la montagne et à qui on a demandé de rendre service. J’suis pas un gardien.

Être gardien aurait bien plu à Sigurd et à bien des égards ses occupations dans les montagnes ressemble à s’y méprendre à ce que font les chevaucheurs de mammouths. Cependant, il n’y a pas de gardien avec leurs smilodons, c’est comme ça. Tout ce qu’il peut faire c’est aider au dressage, former la nouvelle génération à faire de même et se lier d’amitié avec un de ces fauves tout en surveillant les meutes de ces derniers et celles des loups sinistres qui hantent aussi les montagnes.  

La conversation commence à avancer alors que le jeune homme laisse sortir le fond de sa pensée après que Sigurd lui ait dit ce qu’il comptait faire de lui dès la fin de la tempête. L’homme serre le poing, retenant une furieuse envie soudaine de lui en coller une. Non pas pour lui faire mal, mais juste pour lui remettre les idées en place une bonne fois pour toute. Il arrive à sa retenir et préfère lui répondre.

Sigurd ▬ Si j’avais laissé ta vie tranquille aujourd’hui, tu sais en train de mourir de froid quelque part dehors et c’est ton cadavre que j’aurais ramené en ville. Tous les gosses du monde extérieur son p’tit cons ingrats de nos jours ? Ou c’est juste toi qui a un problème avec les gens qui veulent juste t’aider ?

Le viking ne mache pas ses mots, mais il est comme ça. Il est direct et il ne mentira pas à ce gamin, ce n’est pas son genre.

Sigurd ▬ Ecoute p’tit. J’sais pas c’que tu traverses. C’est vrai. C’est sans doute pas facile d’arriver sur l’île et d’accepter que ce soit finit la vie d’avant. Mais c’est comme ça. Si on t’as envoyé au monastère, c’est parce tu ne devais pas être un tendre en bas et que t’arrive pas à accepter.  

Mais avant faut arrêter de faire sa tête de mammouth !

C’est qu’il est aussi têtu que ces derniers, mine de rien. Mais à son âge, on devrait encore faire confiance aux aînés qui savent mieux les choses. Si les autorités de l’île l’ont envoyé se calmer au Temple du Ciel, ce n’est pas pour rien. C’est qu’il en a bien besoin.  

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[Flashback] Egaré

Le viking écoute avec attention l’adolescent qui peu à peu est transis de froid malgré l’abri qu’ils ont trouvé pour se protéger de la tempête. Sigurd ne perd pas une miette de sa réponse quant à l’affirmation de ce dernier selon laquelle il aurait été retrouvé mort gelé s’il n’avait pas été là. Pendant ce temps, l’arpenteur des montagnes fouille son sac à la recherche d’une couverture qu’il ne tarde pas à trouver. Il la lance au jeune homme pour qu’il puisse l’utiliser pour se réchauffer un peu.

Il ne rien en lui passant de quoi se tenir chaud, préférant réfléchir un instant à ce que le fuyard venait de lui dire.

Sigurd ▬ Frictionne toi la poitrine si t’as froid et colle tes mains sous tes aisselles pour pas perdre la chaleur.

C’est une vieille astuce, mais elle est efficace. S’il n’est pas habitué à la haute montagne, ça lui fera une leçon à imprimer dans son esprit une bonne fois pour tous au cas où. Il faut préserver la chaleur, et les mains en perdent beaucoup, autant les ranger où ça peut être utile.

L’arpenteur de montagne se laisse aller à la réflexion ensuite, car ce que lui a dit le jeune homme n’est pas sans en dire long sur l’image qu’il a de l’île. Il pense sérieusement qu’on l’a envoyé aussi loin de tout juste à parce qu’il ne rentre pas dans le moule ?

Sigurd ▬ C’est des conneries. Dis sèchement Sigurd.

L’homme bourru caressa doucement son compagnon qui lui rendis une sorte une sorte de grondement proche d’un ronronnement.

Sigurd ▬ On n'envoie pas des gens au Temple du Ciel juste parce qu’ils ne rentrent pas dans les “cases” comme tu dis si bien. On les envoie là-bas pour se calmer car ils peuvent représenter un danger pour les autres ou eux-mêmes. Si t’es là, c’est qu’t’a surement fait le con comme un outsider sans pour autant les rejoindre. Mais si tu veux plaider ta cause, j’t’écoute. On ne peut pas dire qu’il y a grand-chose à faire pour le moment. Que tu vide ton sac ou qu’on reste dans le silence ça me va, mais dans les deux cas j’te ramène après au temple. Même si je dois te ficeler sur mon dos pour ça.

La balle est dans son camp et une fois encore le viking s’est montrer direct, sans pour autant avoir une attitude hostile ou un ton particulièrement dur au-delà sur certaine froideur typique de sa personne. De son point de vue, il énonce simplement des faits d’une façon très abrupte. Même s’il se montre résistant, et qu’il joue sur la non-violence des dinotopiens, ici on est dans les montagnes. Même s’il ne lui décrochera sans doute pas la mâchoire à l’aide d’un bon direct du droit, il le maîtrisera par la force sans lui faire de mal s’il le faut.

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[Flashback] Egaré

Le petit ne se montre pas vraiment coopératif avec Sigurd et cela ne le gêne pas vraiment en réalité car il est bien libre de faire ce qu’il veut. Ou presque. Sur Dinotopia on ne bride pas les gens, on essaye de faire en sorte qu’ils révèlent ce qu’ils ont véritablement au fond d’eux et rien de plus. Si certains choix peuvent paraître étranges pour certains jeunes, il s’avère souvent au final qu’on les a très bien orientés et qu’ils s’épanouissent pleinement dans ce qu’ils font ensuite. A quelques rares, très rares exceptions. C’est pareil avec les dolphinback, même si c’est souvent plus délicat. Leur monde est plein de cases, bien plus que dans le nôtre et ils se figurent souvent que dans notre cas nous voulons les formater alors que les personnes essayent juste de les comprendre pour mieux les aider. C’est en tout cas ce que j’entends dire lorsque j’aborde le sujet avec mon amie matriarche, se dit Sigurd.  

Est-ce que tous les dolphinback sont conciliants ? Clairement non si j’en juge avec ne serait-ce que cette rencontre avec le jeune homme, pensa le viking.  

Un long silence s’installe doucement entre les deux hommes. Si ce dernier voit le temple du ciel comme une prison, c’est bien son problème pensa Sigurd. L’homme bourru ne chercha même pas à répondre. Ce n’est pas le genre à aimer beaucoup parler, mais il n’est pas têtu au point de vouloir à tout prix lancer un débat que l’autre ne souhaite pas avoir. Pour débattre comme discuter, il faut entendre l’opinion de l’autre et ce gamin n’est prêt à entendre que le sien. Du point de vue du viking, ça n’a donc pas beaucoup d’intérêt.  

Le silence a de ça que souvent les gens aiment le briser car il devient pesant au bout d’un moment, mais ça ne sera pas Sigurd qui viendrait à franchir la ligne. Il aime les montagnes justement pour leur tranquillité et il aime le volontariat à patrouiller seule avec son compagnon pour la même raison. Il aime les gens au camp de dressage, ça c’est certain et il aime bien discuter et passer de bons moments avec eux, mais il apprécie particulièrement le silence et le calme. Si l’adolescent veut parler, il n’aura qu’à le faire, mais dans le cas contraire, Sigurd ne cherchera pas à lui tirer les vers du nez. Il a dit ce qu’il avait à dire et est prêt à écouter.  

Pendant ce temps en revanche, le viking ne quitte pas des yeux Jason. Ce dernier semble sûr de lui et il se pourrait qu’il tente quelque chose. Au moins signe de fuite il lui bondirait dessus ou laisserait Jormungand faire avant de le ligoter.  

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[Flashback] Egaré

Sigurd est du genre tenace dans son style et ce n’est pas aisé de lui échapper. Le viking n’est pas dupe et il sait bien que dès que l’occasion se présentera, le jeune homme va essayer de s’échapper. Cela n’est pas envisageable dans l’esprit de l’homme des montagnes. On lui demander de le retrouver et c’est ce qu’il a fait, maintenant s’il décide de courir dans les montagnes pour se sauver, c’est son affaire, mais il ne battra pas Jormungand à la course dans la poudreuse c’est certain. Dès que la tempête se sera calmée, les gardiens se remettront à sa recherche et il n’aura qu’à se signaler d’une manière ou d’une autre pour leur indiquer la situation du jeune fuyard dans le pire des cas.

Le silence finit par se rompre comme le supposait Sigurd en adoptant cette approche. Le jeune homme finit par se décider à évoquer son inconfort dû au fait que le viking ne cesse pas de le scruter des yeux comme un prédateur prêt à fondre sur sa proie. C’est une comparaison intéressante quand on sait qu’un dinotopien ne mange pas de viande, pas plus qu’il ne tue ou ne prône un acte de violence comme une solution en soit. En revanche, c’est bien dans la nature du fauve qui se trouve à ses côtés, même si ce dernier a échangé depuis bien longtemps la chasse contre la pêche.

Sigurd ▬ T’aime pas les serpents ? Tu préfères les fauves peut être ?

L’homme jette un regard à son compagnon comme pour lui montrer que si d’aventure il a ses préférences, cela peut s’arranger. Le bon Jormungand ne se prive pas pour relever la tête et légèrement grogner dans la direction de l’adolescent.

Sigurd n’est pas là pour jouer les sadiques avec le jeune en fuite. Ça ne lui plaît de savoir que ce dernier a risqué sa vie bêtement et il ne va pas essayer de le tourmenter le moins du monde juste son plaisir. Non. Le viking a des principes qui lui ont été transmis par sa famille et la culture qu’ils ont préservé pendant des siècles, mais aussi ceux des dinotopiens de l’île. S’il peut aider le jeune, il le fera, mais ça ne veut pas dire qu’il ira dans son sens et encore moins qu’il le laissera aller dans où il veut si les autorités de l’île ont décidé qu’il était préférable pour lui de rester au Temple un petit moment.

Toutefois, dans un élan de vouloir rebondir sur l’ouverture du dialogue par le jeune, Sigurd laisse aller un peu sa curiosité.

Sigurd ▬ T’as quel âge ?

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[Flashback] Egaré

L’attitude du jeune homme est assez présomptueux et dédaigneux pour que Sigurd soit irrité en quelques simples mots, mais c’est le viking est un dinotopien et en tant que temps, il n’irait pas frapper Jason simplement pour se défouler. En réalité, le montagnard a pitié pour ce gamin qui ne semble pas savoir quand il faut remercier, quand il faut se montrer humble. Il est égaré, mais pas seulement dans la montagne pensa alors l’homme bourru.

Cependant, si les poings et la hache ne toucheront pas un cheveu du fuyard, ce n’est pas la même histoire avec le franc parlé de Sigurd. Qu’on le méprise lui et son mode de vie passe encore, mais quand il s’agit de Jormungand, il est hors de question de lui manquer de respect un seul instant. Les smilodons et les loups sinistres règnent en maîtres dans les montagnes si on exclut les pacifiques mammouths qui parfois malheureusement participent au cycle de la vie et tombent face à des meutes importantes de ces prédateurs. Hormis les tempêtes qui représentent bien le plus grand danger de ces pentes glacées, ce sont bien ces créatures qu’il faut craindre comme le loup blanc c’est le cas de le dire. Minimiser ainsi son ami alors que lâcher à ses trousses il n’en fera qu’une bouchée surement l’exaspère et lui fait desserrer les dents.

Sigurd ▬ Tu es bien irrespectueux pour quelqu’un de ton âge. Ce n’est pas une bestiole, mais une noble créature contrairement à toi qui visiblement n’a de respect pour rien ni personne. Et il a un nom.

En outre, tu sembles bien vaniteux si pense qu’un smilodon dans sa montagne peut ne pas te poser de problème. Tu serais sans doute mort avant d’avoir atteint la moitié du chemin pour descendre si on ne t’avait pas trouvé et pas forcément à cause du froid.

Sans doute qu’il aurait fait une mauvaise rencontre. Il y a des meutes de loups et des familles de smilodons dans le coin. Ce n’est clairement pas l’idée du siècle de fuir au moment d’une tempête, mais encore moins lorsque de toute façon on ne connaît pas la montagne et les zones à éviter.

Sigurd est intrigué par le jeune homme et la façon dont il a eu de dire qu’il se battait depuis assez longtemps. Il s’est endurci c’est évident et même ça le viking ne peut pas le nier.

Sigurd ▬ Plutôt que te battre tu devrais apprendre. Mais j’comprends, ce n’est pas facile d’arriver sur l’île, de tout perdre et de se sentir perdu. En plus, t’es encore bien jeune pour accepter tout ça.

Arriver sur l’île est une épreuve en soi et que ce soit les Nornes ou les dieux d’ici, personne d’autre ne peut prédire comment on réagit dans une telle épreuve. C’est difficile quand on est adulte, car toute une vie se voit être balayée. Finalement c’est sans doute mieux d’arriver ici jeune, pour oublier plus facilement la vie d’avant. Mais pour un adolescent comme lui, c’est pire encore. Il doit avoir les émotions à fleur de pot, entre ses rêves éteints, l’incompréhension et la colère. Tout doit se bousculer dans sa tête surement pensant Sigurd.

Sigurd ▬ Pourquoi tu te bats ? Pour survivre ? Pour vivre ? Et pourquoi tu veux vivre ?

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[Flashback] Egaré

Le jeune homme ne mache pas ses mots devant le viking et il ne semble pas bien raisonnable dans sa façon d’être selon lui. Il s’entête à penser qu’il peut continuer ainsi son style de vie sauvage, solitaire et reclus sur l’île. Il ne veut pas qu’on l’aide, persuadé sans doute qu’il est de pouvoir faire en sorte de s’en tirer sans l’aide de personne.  

L'homme bourru ne répond pas sur l’instant préférant laisser couler et voir si une sorte de conversation peut s’installer entre les deux. Il n’est pas d’une nature causante, mais là, il s’agit d’un jeune homme qui devrait être au milieu de ses semblables et non reclus au sommet d’une montagne. Sigurd comprend son sentiment d’être emprisonné, mais à Dinotopia on ne prend pas ce genre de décision à la légère. Pour survivre, il a dû faire des trucs moches. Si le viking en lui comprend que tout faire pour survivre peut se comprend, surtout dans le monde extérieur, le dinotopien en lui pense qu’il y a une solution pacifique à cette situation. Ce qu’il ne comprend pas, c’est l’entêtement dont il fait preuve pour revenir à sa situation précédente.  

Sigurd est au contraire bien conscience de ce qu’il a dû apprendre pour survivre sur l’île, mais ce n’est pas là où il voulait en venir. Et c’est là où il veut en venir avec ses “questions philosophiques”, connaître les raisons pour lesquelles il fait ce qu’il fait et veut faire. Est-ce qu’il déguise ses pulsions sauvages derrière la nécessité de la survie ? C’est là une des questions que se pose Sigurd alors qu’il converse avec le jeune homme.  

Le viking souffle, voyant bien que l’adolescent s’énerve.

Sigurd ▬ Hum... T’es agressif pour une simple question hein ? La question si tu veux qu’elle soit clair, c’est pourquoi tu fais tout ça ? Juste pour survivre ? Parce que ça te plaît de simplement survivre, seul, isolé, sans but autre que de voir le soleil du jour suivant se lever ?  

Moi ce n’est pas ce que j’appelle vivre. C'est tout. Pourquoi tu rejette l’aide que des gens ont voulu t’apporter ? Pour retourner seul au milieu de la jungle et risquer de mourir. Je ne comprends pas cet état d’esprit si rebel. Tu crois que tu peux tenir assez longtemps dans ton coin et quitter l’île ? D’autres ont essayé avant toi, mais aucun n’a réussi.  

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[Flashback] Egaré

Vivre, si c’est le mot qu’il a décidé de coller sur sa manière d’être au quotidien depuis son arrivée sur l’île c’est bien son problème se figura Sigurd. Le jeune homme a l’air de penser le monde comme un jeu qu’il peut simplement arpenter à sa guise et à loisir en faisant fi de tous ceux qu’il croise sur son chemin. Il méprise ceux qui lui tende la main en pensant sûrement que chaque dinotopien est mu uniquement par le but de vouloir lui laver le cerveau et l’intégrer de force à la société pour en faire un parfait petit habitant. l

Sigurd ▬ Vivre comme un rebelle ne fait pas de toi quelqu’un d’exceptionnel, juste un p’tit con tu sais. Tu te moquer de ceux qui veulent juste ton bien et t’aider en pensant d’eux qu’ils sont des cons arriérés, mais de tous, ça reste toi qui fait qu’on éprouve de la pitié à ton égard.

Le sang du viking ne fait qu’un tour dans son système, agacé qu’il commence à être par l’attitude du jeune homme qui ne veut rien comprendre.

Sigurd ▬ Être dinotopien, ça se mérite de toute façon. T’es trop immature pour faire partie des nôtres. Tu ferais bien mieux d’aller voir les Outsiders. Tu méprise le monde qui t’entoure et la vie elle-même comme si tu savais tout sur tout mais tu n’es qu’un gamin ignare. Tu survie pour l’instant, mais non content de mourir seul, tu vas “vivre” seule aussi. Avec une telle attitude, c’est à se demander pourquoi les dieux ou la chance t’as fait atteindre les côtes de l’île plutôt que de sauver quelqu’un de plus à l’écoute !

Sigurd ne mâche pas ses mots une fois encore. Il sa voix ne s’est pas spécialement emportée avec la colère qui est restée sourde et contenue en lui. Ces paroles n’étaient pas vraiment très dinotopienne dans l’âme, mais parfois il vaut mieux exprimer les choses telles qu’elles sont aussi. Le viking descend d’une longue lignée de dinotopiens maintenant, mais les traditions ancestrales de son peuple natif du monde extérieur sont demeurées intactes. Si Jason crois qu’il parle à une poule sans cervelle et incapable de lui mettre le nez dans sa merde, c’est bien mal connaître le montagnard bourru.

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