[Terminé] Le temps des emplettes (Kai)

Le temps des emplettes

La jeune femme était fin prête. L'aube venait à peine de pointer le bout de son nez mais ce n'était jamais un soucis pour Sany de se lever tôt. C'était même préférable en fait puisque c'était l'un des rares moments de la journée où les températures étaient encore un peu clémentes. Surtout en cette période de l'année où la zone désertique de l'île devenait une véritable fournaise pour les non-habitués.

Après s'être levée, laver, et avoir déjeuner au réfectoire avec les stagiaires qui s'apprêtaient dans peu de temps à achever leur stage de cette année, Sany avait eut dans l'idée de se charger du ravitaillement au marché de la ville. D'ordinaire, les stagiaires ou même les ouvriers agricoles pouvaient s'en charger car les oranges de l'hacienda étaient loin d'être suffisantes pour nourrir tout ce beau monde. Mais la matriarche aimait bien faire le marché. C'était toujours agréable de vagabonder parmi les allées remplies de stands et d'étalage quand il ne faisait pas encore trop chaud dans les rues de la cité.

- Ah, Ator ! Tu es prêt ? demanda t-elle alors qu'elle venait de quitter le bâtiment et faire quelques pas dans les plantations à la recherche de son alter-ego saurien.

Le jeune diplodocus était venu à sa rencontre, un gros panier d'osier pendant à son cou par une longue corde qui descendait jusqu'à son poitrail. Ce qui faisait qu'il n'avait pas besoin de baisser énormément la tête pour mettre le panier à hauteur humaine tout en faisant en sorte que ce dernier ne le gêne pas dans ses déplacements.

- Oui je suis prêt ! répondit l'animal, et...oh ?

Il s'interrompit, ayant remarqué quelque chose derrière son âme-soeur humaine. Intriguée, Sany jeta un oeil par dessus son épaule pour apercevoir la silhouette familière de Kai qui approchait. Elle étira un sourire.

- Bonjour Kai ! Vous êtes bien matinal.

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Le temps des emplettes

L’aube est douce à Khasra. C’est bien le moment de la journée qui par ailleurs le plus agréable en raison de la saison sèche maintenant bien entamée. Ce n’est pas de tout repos de vivre ainsi dans les contrées désertiques de l’île et je salue le courage de toutes les personnes qui ont décidé d’adopter ce style de vie. Il faut dire que pour beaucoup, les gens comme nous, un petit typé, avec un grain de peau un peu plus sombre, ou très sombre, le soleil est beaucoup moins un ennemi. Toutefois, bien que j’arrive à survivre et que j’endure beaucoup moins de désagrément qu’un caucasien lambda, je dois dire que l’eau me manque et que ma souffrance est ainsi donc bien plus psychologique que thermique. J’ai néanmoins décidé de rester une année entière à travailler à l’hacienda et dans les vergers de Khasra.

Il y a quelques jours encore, je fêtai la réussite à l’examen de fin d’étude en compagnie de Sany, mais alors, je ne savais pas encore ce que j’allais bien pouvoir faire. L’étape suivante est assez importante et j’ai pris beaucoup de temps pour me fixer sur une décision. Je n’ai pas besoin de retourner sur les bancs de l’université, j’ai déjà les connaissances sur les sciences dures, sur celle du vivant, qui sont nécessaires pour être un bon biologiste. En outre, j’ai également acquis les connaissances sur les animaux, leurs comportements et leur biologie spécifique pour les étudier ici, il me suffit de garder la même méthode et de livre la littérature sur la faune de l’île, chose que j’ai déjà commencé. Non, repartir à l’université serait une perte de temps, car je n’ai pas besoin de parfaire mes connaissances comme les jeunes. J’ai donc décider d’opter pour le stage d’affectation. D’ici une année, je pourrai peut-être être placé aux côtés d’un chercheur de l’île, comme le professeur Pastel et au terme d’un certain temps être recommandé par ce dernier pour officiellement être un chercheur affilié à une université de l’île.

Ce matin, je profite de l’air doux et frais de l’aube pour m’aérer l’esprit et réfléchir une dernière fois à ma décision tout en me dirigeant lentement vers l’hacienda pour annoncer la nouvelle à Sany. Je sais qu’elle aime se lever tôt en cette saison pour profiter un peu avant que la température ne grimpe et je ne tarde pas à voir Ator au loin. Il faut dire qu’un diplodocus ne passe pas facilement inaperçu. Plus je me rapproche de lui, plus je commence à distinguer la silhouette de la matriarche, jusqu’à ce qu’Ator me repère et ne fasse un signe à son âme sœur qui se retourne. Son visage s’illumine d’un sourire avant de me saluer.

Kai ▬ Paix de l’âme Sany ! Oui, vous aussi vous l’êtes ! Je profite un peu de l’air frais avant la fournaise de la journée. Comment allez-vous aujourd’hui ? Et vous Ator ?

Le temps des emplettes

Il s'en était passée des choses depuis le retour de Kai à Khasra après un an de disparition quelque part en vadrouille sur l'île. En effet, l'homme avait d'abord opté pour passer les examens de fin d'année et avec la ferme intention de les réussir. Sany n'avait pas manqué de l'aider à peaufiner son apprentissage, à lui enseigner ce qui serait utile pour lui de savoir afin de passer avec succès les épreuves, avoir les mêmes chances qu'un étudiant qui aurait passé tout son temps à étudier et à suivre ses cours. Kai était un homme studieux, qui apprenait vite et bien. Malgré le peu de temps qui lui était accordé avant les examens, il avait su se donner à fond pour assimiler un maximum de connaissances et autant dire que ça avait bien payé. Il avait réussi ses examens, tous comme les autres élèves de l'école de Khasra. Sany n'en avait jamais douté bien sûr mais elle était bien contente tout de même de sa réussite.

- Toute harmonie, répondit la matriarche d'un air satisfait devant la salutation employée par l'homme.

Ses manières étaient décidément digne d'un véritable Dinotopien. Même si, là encore, ce n'était pas pour surprendre la matriarche. Elle était toujours ravie de partager un peu de temps avec l'homme et, de ce fait, avait pu se rendre compte que malgré sa disparition durant des mois sur l'île, il avait su acquérir une bonne fois pour toute plusieurs moeurs de cette société qui lui avait été encore parfaitement inconnue il y a un an à peine.

- Je le suis toujours ! Nous ne perdons jamais de temps lorsque l'on travaille ici. Mais vous avez raison, les journées sont bien chaudes en ce moment. Vous tenez le coup ?

Ce n'était un secret pour personne que le Dolphinback était plus un adorateur de l'eau que du sable.

- Je vais très bien merci ! Et vous ?

Par ailleurs, Ator avait un peu baissé la tête vers le nouveau venu pour lui répondre :

- Je vais bien aussi mais franchement, je pense qu'on peut se tutoyer non ? Enfin...Vous surtout parce que bon, je suis plus jeune que vous !

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Le temps des emplettes

Je vois une légère variation du sourire si chaleureux de la matriarche lorsque j’utilise la bonne façon de saluer d’un dinotopien à un autre. Ce sourire, je l’ai vu mainte et mainte fois pendant les révisions et les cours que Sany m’a donné à l’approche de l’examen de fin d’étude des jeunes de Khasra. C’est le sourire d’une dinotopienne ravie de voir qu’un étranger s’accommode à la vie sur l’île et à ses usages. J’ai eu le temps de comprendre les subtiles différences dans les expressions du visage de la jeune femme. Elle sourit presque tout le temps, mais chacun d’eux est différent et peut en dire long sur son ressenti du moment. Je ne dirais pas que je les ai tous identifiés encore, mais je suis sur la bonne voie je pense.

Nous avons passé beaucoup de temps à travailler et elle m’a été d’un prompt secours pour rattraper quelques lacunes que j’avais encore en arrivant en ville avant l’examen. Mais j’ai été très bien accueilli aussi par les jeunes de la ville lorsque je me décidai à me rendre à l’école, en classe comme n’importe qui pour éviter à Sany de devoir trop s’occuper de moi. Et combien de nuits blanches encore passées à lire quelques ouvrages que la matriarche me prêta pour parfaire mon savoir dans les derniers jours avant qu’on n’évalue mes connaissances ? Je ne saurais le dire, mais en tout cas à chaque fois j’eu le droit à de bons moment avec une tasse de thé de sa part alors qu’elle m’avait sans doute aperçu en train de lire sur banc depuis sa demeure.

C’est une femme qui a le cœur sur la main, même quand elle vous dispute, un vrai cadeau de la connaître. C’est bien elle qui m’a convaincu de rester ici une année entière, ne serait-ce que pour compenser mon absence de nouvelles d’autant de temps. C’est limpide dans mon esprit quand je la vois ce matin m’accueillir comme à son habitude avec un sourire.

Kai ▬ Vous avez bien raison et c’est pareil pour moi ! Pas d’heure pour les braves comme le dis le dicton après tout.

Je passe ma main droite sur ma nuque alors qu’elle évoque la chaleur de l’endroit, tout en riant déjà à moitié.

Kai ▬ Je dois dire que je préfère de loin quand il y a une bonne étendue d’eau, mais rien n’est perdu, installez une oasis aux eaux profondes et ça ira ahahah !

Mais non, plus sérieusement, ça va. J’ai beaucoup voyagé par le passé et j’ai passé beaucoup de temps dans des régions arides du monde, en Afrique ou en Australie, je ne sais pas si vous connaissez ces coins du monde extérieur, mais on peut y trouver des déserts pas mal ressemblants à ici. Il n’y a pas toujours de grands carnivores, évidemment, donc mes voyages dans les déserts à proprement parler ont été rare et plutôt pour étudier la vie cachée avec des confrères mais ça va. La chaleur ne me dérange pas tant que le manque d’eau surtout, mais je vous ai vous donc pourquoi demander plus ? Ah ah

C’est vrai que la présence de Sany ici est sans aucun doute la raison pour laquelle je reviendrai toujours en ville même une fois que j’aurais atteint mon but. Que je m’installe ici définitivement est peu probable, tout comme l’idée de partager ma vie... Enfin passons sur ces idées. Pour l’heure, je suis en très bonne compagnie de bon matin après tout.

Kai ▬ Je vais bien j’étais impatient de vous voir aujourd’hui justement, donc c’est un très heureux hasard.

C’est alors qu’Ator se penche un peu plus sur moi de son imposante stature mêlant pourtant une bonhommie naturelle plus que touchante.

Kai ▬ C’est vrai ! Mais seulement si tu en fais autant alors. Dis-je d’un signe de tête amicale envers le saurien.

Je me tourne vers Sany également, hésitant un peu, mais prenant mon courage à deux mains.

Kai ▬ Je.. Hum.. Bien entendu vous pouvez aussi me tutoyer matriarche, cela va de soi. Dis-je avec le sourire.

Le temps des emplettes

Ce n'était pas une surprise effectivement de savoir Kai à l'extérieur si tôt dans la journée. Lui aussi voulait tout naturellement profiter de la fraîcheur du matin. Il avait aussi bien assimilé les bons gestes pour vivre dans une ville aussi aride que les cours qui lui ont permis de passer ses examens de fin d'année.

C'était sous de telles journées qu'on regrettait parfois de ne pas être un dinosaure pour qui plus soleil il y avait mieux c'était. Les sauriens de la région étaient bien les seuls à ne pas souffrir de la saison sèche. Enfin, pour une majorité d'entre eux étant donné que chaque espèce était différente et avait ses préférences. Mais certains comme les diplodocus, les ankylosaures ou les stégosaures figuraient parmi ceux pour qui la vie dans le désert était appréciable.

- En voilà un dicton, commenta la matriarche avec malice, et ceux qui ne sont pas braves ?

Elle gloussa à la réponse de l'homme. Sans nul doute qu'il aurait souhaité avoir un lac ou la mer juste de l'autre côté des remparts de la ville. S'il le pouvait, il se jetterait la tête la première dans les abreuvoirs des sauriens ou les puits alimentant les cultures.

- Je crains malheureusement que vous ne deviez vous contenter que de notre fontaine publique !

C'était une belle fontaine de mosaïque, trônant au milieu de la plus grande place de la ville. Mais elle n'était évidemment pas faite pour les baignades ! Sur les paroles de l'homme, Sany nia d'un signe de tête lorsqu'il mentionna des continents dont elle ne savait rien. Bien qu'elle savait qu'il existait des déserts évidemment sur le reste du monde. Et sans doute beaucoup plus grands et rudes que celui-ci.

- Soit, finit-elle par répondre avec amusement, je ne peux qu'être enchantée que ma simple présence vous permette de vous satisfaire de cette rude vie à Khasra.

Rude pour certains, mais clairement pas pour elle qui avait toujours vécu dans ce genre de région. Ce serait la vie dans des lieux trop sombres, humides ou frais qui lui poserait véritablement problème.

- Vraiment ? ajouta t-elle en glissant une longue mèche de cheveux ébènes derrière son oreille, vous avez de la chance d'être tombé sur moi aussi rapidement alors. Ator et moi nous apprêtions à partir au marché. Voulez-vous vous joindre à nous peut-être ?

- Oh ? fit Ator devant la réplique de l'homme, euh bah d'accord.

Sany avait suivit leur échange du coin de l'oeil, avant de relever un sourire vers Kai comme si elle s'était attendu à ce que son tour vienne sitôt après. Elle glissa un doigt à son menton, faisant mine de réfléchir à la proposition de l'homme.

- Hm..."Mais seulement si tu en fais autant alors."

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Le temps des emplettes

Sany est une femme très spirituelle, dans le sens surtout qu’elle dispose d’un esprit vraiment affuté et que converser avec elle est toujours très intéressant. Elle ne manque pas la perche tendu, le bâton pour me battre avec un dicton qui laisse une place à une interprétation divisant là les gens en deux catégories, les braves et les larves.

Kai ▬ Ah ah je dois dire que je n’ai jamais songé à ça. Ce dicton n’est peut-être pas si bon.

Une fois encore, elle m’a eu à mon petit jeu et je ne peux que sourire tout en secouant la tête tel un “bien joué” silencieux lui accordant le point pour cette première manche matinale qu’elle remporte haut la main.

Kai ▬ Je m’en contenterai alors ahah !

La fontaine de la ville est de toute façon une réalisation magnifique qui témoigne du savoir-faire des artisans locaux qui ont contribué à la grandeur de la cité. La mosaïque est fine et terriblement précise dans sa conception. Une œuvre d’art embellissant un outil des plus utiles pour les gens qui vivent ici.

La matriarche nie de la tête connaître les régions du monde extérieur dont je lui parle. Ce n’est pas étonnant. Au-delà de la simple curiosité de savoir ce que les hommes font en dehors de leur île, peu de dinotopiens ont une passion pour le savoir qui se trouve hors de leur portée sinon grâce aux récits des dolphinback conservés au musée tenu par Mehen. Elle ne manque pas de répondre avec amusement tout de même à ma façon de flatter sa personne en soulignant que c’est un plaisir et un avantage pour la ville de l’avoir ici de mon point de vue. Je ne manque pas de rougir légèrement, comme un gamin pris à son piège finalement avant de rebondir.

Kai ▬ Peut-être qu’à l’occasion cela vous plairait de parler un peu des déserts hors de ce monde et des gens qui y vivent ? Autour d’une bonne tasse de thé pourquoi pas.

Je ne veux pas trop insister non plus sur le sujet et surtout pas aujourd’hui. Nous aurons tout le temps pour ça en d’autres occasions. Je ne sais pas à quel point cela peut l’intéresser en plus de ça. Elle a déjà fort à faire avec sa ville pour ne pas avoir beaucoup de temps à écouter des récits parlant d’autres coins du monde qu’elle ne pourra jamais voir de ses yeux de toute façon.

Quoi qu’il en soit, je suis véritablement ravi de tomber sur elle et Ator de bon matin et je ne peux que sourire à la proposition de me joindre à eux pour aller au marché.

Kai ▬ Avec grand plaisir ! Je vous accompagne.

En marchant, alors que nous échangeons sur le fait de se tutoyer avec Ator, je me fais à nouveau prendre à mon jeu par Sany qui ne manque pas de reprendre les mots que j’ai eu envers le saurien qui semble un peu étonné par ailleurs de ma réaction.

Kai ▬ Ah ah. D’accord Sany, j'en ferai autant. Dis-je avec un large sourire avant de reprendre. Mais dites moi tous les deux. Qu’est-ce que vous escomptez trouver au marché ?

Le temps des emplettes

Sany se mordit doucement la lèvre inférieure avec un sourire tandis que l'homme ne sut que répondre à sa petite réplique suite à son dicton. Etait-ce un dicton qu'il avait inventé ? En tout cas, ce n'était sans doute pas un dicton qui convenait au peuple Dinotopien. Mais la matriarche devait bien avouer que ça restait toujours très plaisant de laisser Kai sans voix à l'aide de sa répartie. Cela n'avait rien de méchant bien sûr.

Elle ne faisait que le taquiner et il fallait dire qu'à force, c'était un peu devenu un hobby pour elle. Elle lui rappela par la suite l'absence évidente d'étendue d'eau pour ce pauvre adorateur de milieux aqueux. Hélas pour lui, la source naturelle la plus proche était le fleuve Amu et il n'était pas à disposition de cette cité. Khasra ne disposait que de la rivière souterrain Subamu dont l'eau remontait à la surface par les puits et les fontaines.

- Avec plaisir, répondit-elle bien sincèrement à la proposition de l'homme, je n'ai que peu l'occasion d'en découvrir plus sur le monde d'où vous venez. Il se peut que ce soit un manque de curiosité, mais avant tout un manque de temps. Mais sortant de votre bouche, cela ne rendra les faits que plus passionnants à découvrir.

La gêne légère mais bien présente de l'homme ne lui avait pas échapper. Aussi, elle en avait profité pour en rajouter une couche supplémentaire.

- A la bonne heure ! s'enthousiasma t-elle lorsque le Dolphinback accepta de se joindre à eux pour aller faire les emplettes.

Les trois compagnons entreprirent alors de quitter les plantations de l'hacienda pour rejoindre les rues de la ville, sans pour autant mettre un terme à leur conversation du moment. Puis, à la question de Kai qui avait accepté de tutoyer l'un comme l'autre, Ator répondit :

- Simplement de quoi fournir à nouveau le garde-manger de l'hacienda. Les adolescents humains, ça a un sacré appétit !

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Le temps des emplettes

L’espièglerie de la matriarche est charmante. Je ne prends mal à aucun moment ça manière de me prendre à défaut, c’est enfantin et assez séduisant en plus d’être vraiment amusant. Ces taquineries sont un véritable jeu entre nous maintenant depuis un petit moment et elle est vraiment très douée pour prendre l’avantage de cette manière. Ce dicton était maladroit c’est certain, mais finalement, est-ce que tous les dinotopiens de l’île ne sont-ils pas de braves gens ? Toutefois, je me garde bien de rebondir sur ce sujet. Pour l’heure elle a fait mouche à merveille.

Je suis assez content qu’elle soit ravie à l’idée d’entendre quelques histoires sur les déserts du monde extérieur et ce que je peux avoir à en dire. Peut-être que je pourrais en plus de ça passer voir Mehen à son musée pour aller recopier quelques cartes et ressources à dispositions pour étayer ce que j’aurais à raconter. Mais surtout, je pourrais aussi prendre quelques cours sur l’art de la peinture, car autant je sais bien dessiner, autant une belle peinture d’un désert et d’un point de vue dont je pourrais me souvenir pourrait lui faire plaisir en guise de cadeau à son prochain anniversaire. J’aurais le temps de voir venir la chose.
Comme je le pensais, ce n’est pas un manque de curiosité de sa part, mais de temps qui induit le peu d’information qu’elle a sur l’extérieur. C’était évident, ses responsabilités de matriarche d’une ville comme Khasra doivent l’occuper énormément. Je ne sais même pas si elle arrive à voyager comme elle le voudrait à travers l’île.

Je vois bien qu’elle surenchérit parfois pour m’embêter un peu, d’autant plus quand je suis déjà un peu gêné par une situation. Il faut dire que Sany, plus qu’une bonne amie maintenant, est une femme tout à fait charmante. Je ne sais pas trop si c’est toujours le contre-coup du fait qu’elle m’ait sauvé la vie, une sorte de syndrome du sauveur en amour, mais elle ne me laisse pas du tout indifférente et j’ai l’impression qu’au pied levé de bon matin je me laisse un peu avoir facilement.

Je profite donc de la marche pour me remettre un peu. Ainsi donc ils vont au marché pour refaire des réserves pour l’hacienda. Je suis assez amusé par le commentaire d’Ator sur l’appétit des jeunes humains, sont appétit de jeune diplodocus devant être véritablement redoutable également.

Kai ▬ Ils sont encore en pleine croissance et n’arrête pas de travailler dans les vergers toute la journée. C’est un peu comme toi Ator. Ah ah. J’espère qu’on pensera un peu aux sauriens qui ont un bon appétit également ahah ah !

Je laisse quelques pas encore se faire et finalement nous arrivons doucement en vue de la place du marché. Je décide alors d’aborder le sujet, maintenant que j’ai retrouvé contenance et dissipé mon léger trouble issu des taquineries de Sany et mes propres sentiments.

Kai ▬ J’ai une nouvelle pour vous deux au fait. J’ai arrêté ma décision sur ce que je vais faire maintenant que j’ai réussi l’examen. J’ai décidé de demander à être assigné ici même pour le stage d’un an. Si ça te va Sany, bien entendu.

Le temps des emplettes

Tenir une ville aussi grande que Khasra n'était, certes, pas de tout repos, mais ça n'avait jamais empêché Sany d'accorder un peu de temps pour souffler un peu en bonne compagnie. Partir voyager ailleurs sur l'île n'était pas impossible, mais ça restait de très rares moments qu'elle pouvait s'accorder. Le dernier en date avait été lorsqu'elle s'était rendu à Chandara pour le mariage de l'Impératrice et ça commençait à remonter vraiment loin dans le temps. En plus de gérer la ville, elle avait en prime la responsabilité des stagiaires qui se trouvaient à l'hacienda. Une responsabilité supplémentaire donnée à seulement cinq patriarches ou matriarches sur l'île, ceux et celles qui tenaient les lieux d'assignations. Mais c'était une responsabilité dont elle était malgré tout très fière et elle ne se laissait jamais débordé par la tâche, toujours prête à vendre coeur et âme à tous ses devoirs de matriarche avec le plus grand des plaisirs.

- Hm, c'est vrai vu sous cet angle, répondit Ator à la remarque de Kai, enfin je disais pour votre petite taille, les humains engloutissent pas mal quand même !

- C'est amplement mérité pour le travail accompli, renchérit la jeune femme avant de s'adresser à Kai, il ne faut pas s'en faire mais les sauriens sont moins exigeants en matière de nourriture que nous.

Ils mangeaient beaucoup évidemment. Etant donné leur corpulence, c'était normal. Mais contrairement aux humains, qui mangeaient majoritairement des fruits et des légumes, les sauriens pouvaient se satisfaire d'herbes, de buissons, de feuilles des arbres, qui était inconsommables pour les humains. Bien sûr, ça ne les empêchaient pas de savourer les mêmes mets qu'eux mais dans l'absolu et surtout pour les plus gros dinosaures, nul besoin d'aller au marché pour trouver de quoi se nourrir. Aux portes du marché de la ville, le regard de Sany et d'Ator dévia sur l'homme qui avait une décision à leur annoncer.

- Si cela me va ? fit la matriarche, ravie, mais bien évidemment ! Ce sera un véritable plaisir de te compter parmi mes stagiaires.

- Mais alors, ajouta le saurien, tu as laissé tombé l'idée d'approfondir tes études ?

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Le temps des emplettes

Je ris de bon cœur à la conversation que nous avons tous ensemble car il faut dire qu’elle est bien légère et met de bonne humeur de si bon matin. Il est évident que les sauriens ont beaucoup moins à s’en faire, bien que la végétation dans le désert doive vite devenir rare pendant la saison sèche et les gabarits comme Ator ont de gros besoins. Toutefois, je ne doute pas qu’en cas de besoin d’énormes cargaisons de feuilles puissent arriver d’autres endroits de l’île.

Kai ▬ Je te l’accorde Ator, nous sommes parfois de vrais goinfres ! Il faut dire que la cuisine, ça donne toujours plus d’appétit que les mets au naturel. En tout cas pour ma part ahah !

J’arrive parfaitement à me satisfaire de ce que j’ai, ce n’est pas vraiment la question. Quand je voyage, je mange moins, ou en tout cas j’économise davantage. C’est pour ça que je prends souvent des fruits secs, ou des noix. Les corps gras sont plus nutritifs, même si je n’en suis pas très friand.

Mon visage s’illumine quand je lis sur le sien sa réaction à mon annonce. Mes oreilles n’en sont que plus enthousiaste quand elle exprime le sien à l’idée que je reste ici en tant que stagiaire. C’est un plaisir immense d’être aussi bien accueilli, même si pour Sany, c’est une évidence de se comporter comme ça avec n’importe qui d’autre ici, mais ça ne me touche pas moins de savoir ça.

Ator soulève une question intéressante, car j’ai beaucoup parlé de mes envies d’études à Sany et lui pendant mon séjour et de mes craintes afin de faire valoir mes anciens statuts du monde extérieur ici-même.

Kai ▬ Tu as raison Ator. Mais vois-tu, j’ai fini par comprendre un peu mieux comme ça fonctionne sur Dinotopia. Il se trouve que j’ai déjà un gros bagage scientifique. Du coup je vais faire mon stage ici et ensuite, si Sany trouve que cela me correspond, j’espère bien être envoyé auprès d’un chercheur qui étudie les carnivores de l’île. De ce que j’ai compris, si je deviens pendant un temps au moins son apprenti il pourra ensuite me faire nommer comme chercheur s’il estime que j’ai les compétences requises. Comme je les ai déjà acquises par le passé, j’espère que ça ne prendra pas longtemps.

D’ailleurs j’ai déjà fait la rencontre du professeur Absolem il y a peu. Un esprit brillant et nous nous accordons bien sur nos recherches.

Mais crois-moi, rester ici, ça ne m’empêchera pas de commander des livres sur tout un tas de sujets liés à la faune et la flore de l’île Ator ahah !

Le temps des emplettes

Ator approuva les paroles de Kai d'un grand sourire. Le fumet émanant de la cuisine humaine mettait l'eau à la bouche de n'importe quel saurien, il fallait bien l'admettre ! Du moins, de la cuisine humaine Dinotopienne bien sûr.

- C'est le de but de la cuisine.


Il ne faisait malheureusement pas partie des espèces de sauriens qui serait en mesure de pouvoir de cuisiner de bons petits plats comme les dinosaures bipèdes et moins imposants pouvaient se le permettre mais il ne se plaignait pas de son sort pour autant. Vu son gabarit, il valait mieux pour lui qu'il se contente de nourriture qu'il pouvait trouver n'importe où dans la nature. Il y avait des plantes dans cette zone aride de l'île, adapté à ces conditions de vie, surtout dans l'enceinte de la ville. Mais pour compenser et nourrir tout le monde, les apports en herbes et foin n'étaient pas négligeables non plus. Par chance, faisant partie des sauriens habitués à cette vie dans le désert, Ator et les autres diplodocus savaient se priver aisément d'eau et de nourriture en cas de besoin.

- En effet, tu as bien compris, remarqua l'imposant dinosaure.

Sany posa la main sur l'épaule de Kai, lui offrant un sourire avant d'ajouter :

- Tu as pris la bonne décision, et je ne doute pas une seule seconde que Dinotopia saura te donner la destinée qui siéra à tout le monde.

Il était vrai que ce sera à elle de donner sa décision quand à l'avenir de Kai, comme elle le fait depuis des années pour chaque stagiaire venant ici. Mais pour elle, ce n'était pas une question d'autorité et d'obligation où elle se contentait de remplir les rangs à travers l'île. Assigner quelqu'un à un habitat, puis à ce qu'il fera de sa vie, c'était une tâche tout ce qu'il y avait de plus spirituelle. En un an, elle se devait de percevoir l'âme de chacun et sonder en elle-même ce qui serait profitable à tous pour le bien de l'île et de ses habitants. Ce qui permettra à chacun d'être en harmonie avec soi-même et son existence pour les années à venir.

- Le professeur Absolem ? J'ai eu l'occasion de le rencontrer un jour. Fort sympathique et fière allure !

Elle ne le connaissait pas plus que ça mais Xyria les avait présenté durant le mariage de l'Impératrice. Tandis que la matriarche jetait un oeil à quelques choux verdoyant, Ator répondit au Dolphinback :

- Je n'en doute pas de ta part ! Même si je me demande si tu auras encore la force de les lire. Les journées de stage ne sont pas de tous repos. D'ailleurs, toi qui aime les bouquins, tu as sans doute dû déjà voir la grande bibliothèque de Waterfall City, non ? On raconte que c'est la plus complète de l'île.

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De ce que j’ai pu voir des grandes villes de Dinotopia, il est vrai que la bonne cuisine fait partie des mœurs locale comme pour le reste du monde. C’est à croire que certaines choses ne changent vraiment pas, peu importe où est-ce qu’on se trouve dans le monde. Il y a une grande quantité de restaurants où les cuisiniers se démènent pour arranger tous les produits au mieux pour satisfaire les papilles des clients.

Kai ▬ Tu as bien raison Ator.

Je suis content de rester en ville, je pense avoir bien compris comment fonctionne l’apprentissage et les formations sur l’île. Ce qui compte c’est avant tout être compétent dans ce qu’on veut faire et ce sont les paires qui nous forment et évaluent si nous sommes prêts ou non. C’est un peu comme du compagnonnage finalement appliqué à toutes les métiers possibles. Ce n’est pas idiot et il est peut-être regrettable que ce soit désuet dans le monde extérieur, bien que ce soit compréhensible étant donné le nombre d’humain qui ne cesse d’augmenter.

La main de Sany se pose sur mon épaule et je vois un grand sourire sur son visage. Le geste me touche, mais encore plus ses paroles. Elle me soutient, et ça me touche d’autant plus car j’espère bien pouvoir m’intégrer comme il se doit à la société dinotopienne et apporter ma contribution. Je pense qu’étudier sur le terrain les carnivores est une bonne chose de mon point de vue pour toujours mieux les connaître, malgré le fait que du point de vue de beaucoup la documentation est bien assez conséquente. Quoi qu’il en soit, apporté une cartographie précise des territoires des carnivores et de leurs déplacement et positions au mieux, au bout de quelques années cela peut permettre d’établir des prédictions qui pourront aider les gardiens d’habitat à être plus efficaces et les voyageurs plus en sécurité. En tout cas, c’est ce que j’espère pouvoir aider à faire.
Je pose ma main sur celle de Sany en retour, un sourire tendre sur le visage.

Kai ▬ Tes paroles me touchent. J’espère bien apporter ma contribution et trouver ma place. Mais je ne me fais pas de soucis. Je pense que tu sauras m’aider pour ça.

Sany est une personne très sage et elle fait déjà ça pour tous les jeunes venant à Khasra depuis qu’elle est matriarche de la ville. Je ne doute pas qu’il est peut-être plus facile de guider un jeune, mais je pense être un livre ouvert pour elle et je ne suis pas vraiment un grand rebelle. Enfin... sauf si elle décide de m’assigner à la terre en plein désert, je serais peut-être un peu dubitatif à ce moment-là si ça arrive.

Pastel Absolem est un scientifique comme on en trouve peu sur l’île et on peut dire que ses opinions sur les carnivores sont tranchées bien qu’ouvertes, mais peut être trop ouvertes pour les habitants de l’île.

Kai ▬ Tu as raison Ator, les journées seront rudes, mais un petit livre pour se détendre, ça ne va pas me tuer ahah.

Il est vrai qu’il a fière allure Sany. On ne le rate pas avec son chapeau. On a peut-être ça en commun ahah. J’ai lu ses travaux à la bibliothèque de Waterfall City justement Ator et oui en effet je pense qu’il faut plus d’une vie si on veut tout lire. En tout cas, j’aime bien comment travaille ce professeur. J’ai bien l’impression que lui aussi pense qu’on pourrait renouer avec les carnivores à en lire ses écrits.

Je sais je sais... tu vas me dire que je dois être prudent et ne t’en fait pas Sany, je ferai tout pour l’être. Mais ce n’est pas tout suite que je vais aller me former de toute façon. J’ai un an à passer en très bonne compagnie ici pour aider aux vergers avant

Je termine ma tirade tout en posant ma main sur l’épaule de Sany à mon tour pour souligner que c’est bien entendu presque uniquement pour rester pès d’elle que j’ai décidé de rester à Khasra.

Le temps des emplettes

Sany avait toujours espéré que Kai suive la voie que l'on offrait habituellement à n'importe quel Dinotopien. Suivre des cours, son stage, sa formation...Suivre la vie comme elle devrait l'être à Dinotopia. Mais lorsqu'il était partit jouer les explorateurs sur l'île, elle avait été un peu déçue. Déçue et inquiète pour son avenir.

Elle ne regrettait pas ce départ car elle avait rapidement comprit que l'homme n'était pas fait pour rester dans une salle de classe. Et en dépit de cette longue absence sans aucune nouvelle pour la rassurer, elle devait bien admettre que cette année a été profitable à Kai qui n'avait pas perdu son temps. Mais lorsque ce dernier avait accepté de rester un peu en ville plutôt que de retourner vagabonder dans des zones hostiles de l'île, ça avait donné espoir en la matriarche que ce dernier puisse attraper au vol le cursus Dinotopien qu'il avait manqué. Et dans sa décision d'aujourd'hui, c'était ce qu'il avait choisi de faire. C'était comme le voir revenir dans le droit chemin. Peut-être qu'elle ne lui avait pas suffisamment bien expliqué la façon de faire sur l'île ? Elle ne pouvait pas s'en rendre compte mais ça devait sans doute être déstabilisant d'avoir un métier et de ne pas pouvoir l'exercer à sa guise simplement parce que tout était différent ici.

- Bien sûr, assura la jeune femme, et je ne serais pas la seule à le faire. Nous mettons toujours tous un point d'honneur à permettre aux Dolphinbacks de trouver leur place parmi nous. D'ailleurs, tu as sans doute dû t'en rendre compte durant tes voyages. Je présume que tu as rencontré pas mal de monde.

Ator n'était pas un adorateur de la lecture. Pour sa part, il préférait largement travailler dans les plantations que rester poser le nez sur du papier pendant des heures. On pourrait penser que c'était un truc d'humain mais beaucoup de sauriens aimaient lire également. Sany reprit son attention vers Kai après avoir payé le marchand chou de confiture à l'orange dénichée dans le panier que portait le diplodocus.

- Tu le connais mieux que moi en tout cas, lança t-elle, son chou dans les bras, je ne peux que saluer votre optimisme. On dirait que vous vous êtes bien trouvé.

Elle rangea le chou dans le panier du saurien tout en écoutant Kai assurer que ce n'était pas demain la veille qu'il retournerait fricoter avec les prédateurs et c'était déjà ça de gagner. Elle releva un sourire vers lui lorsqu'elle sentit sa main sur son épaule et répondit :

- Un an. C'est à la fois si long et si court.

Elle reprit la marche à travers les autres habitants de la ville regroupés en cette matinée ensoleillée bien que les murs rapprochés des habitations offraient pas mal d'ombre le long de l'allée, ainsi que l'ombre de l'immense saurien qui suivait la matriarche.

Codage par Libella sur Graphiorum

Le temps des emplettes

Il est vrai que ce n’est pas que l’apache de Sany d’être bienveillant envers les nouveaux venus sur l’île. Tous les dinotopiens font pareil pour dire vrai. C’est d’ailleurs la différence la plus marquante avec le reste du monde. Si on oublie les communautés les plus isolées qui sont bienveillantes avec les étrangers se présentant comme voulant apprendre et les respecter, à quelques détails près, l’ensemble du monde moderne est assez froid. Le commun des mortels vous ignore totalement dans la rue et cela m’est arrivé de voir que certain on de violents accidents sans que personnes d’autre que moi ne s’arrête pour aider. Mais sur Dinotopia c’est différent et c’est à croire que c’est l’opposé du monde extérieur, une minorité de “je m’en foutistes” et une très grande majorité de personne avec le cœur sur la main.

Kai ▬ C’est vrai. J’ai toujours été très bien accueilli par les gens de l’île. Peu importe où j’ai pu me rendre. A aucun moment je n’ai ressenti quoi que ce soit de négatif en tout cas. Et beaucoup sont aussi très curieux des histoires sur le monde extérieur.  

Mais c’est quand même un profond soulagement d’avoir rencontré une personne comme Sany qui a su m’accueillir à bras ouvert. C’est ma sauveuse, certes, mais elle a su également me préparer à et m’accompagner pour que ma peine s’en aille avant de m’aider à trouver une place ici.  

Le professeur Pastel et moi nous ressemblons beaucoup je dois dire, si on omet le fait que je trouve que mon chapeau me scié mieux. Nous voulons étudier les carnivores et pourquoi pas arriver à si bien le faire qu’un nouveau pont pourrait être tendu entre les dinotopiens et les mangeurs de viande. Evidemment, ce n’est pas demain la veille qu’un tyrannosaure viendra dans une grande ville, mais le premier pas pourrait se faire avec un baryonyx, plus neutre et mangeur de poisson comme les dauphins pourquoi pas ? C’est sans doute cette même flamme qui nous anime le professeur et moi, mais nous sommes aussi bien différents sur d’autres point je pense. Mais il faut surtout remercier Sany pour m’avoir bien guidé et informé.

Kai ▬ Eh bien, j’avoue que j’ai eu de la chance. Quand tu m’as sauvé la vie l’an dernier avec Ator et ramené ici pour me dire ce qu’il y avait à savoir sur l’île je pensais... que c’était la fin de ma vie. C’est p’t’être un peu mélodramatique de dire ça comme ça, mais je me suis toujours intéressé aux animaux et surtout aux carnivores. Alors je commençais à me dire qu’ici, c’était fini la vie de biologiste pour gagner ma croûte, mais finalement, c’est pas aussi simple. Et je pense qu’on s’est bien trouvé oui. Je vais sans doute profiter du temps que j’ai avant de commencer en septembre pour retourner enquêter avec lui. En tout cas ce n’est pas impossible.  

Il faut que nous arrivions à élucider ce mystère pour le moment encore insoluble autour d’un dinosaure inconnu et sorti de nul part.  

Malgré le fait que je reste ici, il est vrai que c’est bien court de son point de vue avant que je ne reparte à l’aventure. Je suppose qu’elle serait bien plus heureuse si je n’allais pas m’aventurer dans les zones dangereuses de l’île, mais je suis comme ça. Un homme profondément ancré dans la nature, amoureux d’elle et passionné par ce qu’il fait.  
Au détour d’un virage d’une rue bien à l’ombre je décide de repasser devant pour faire face à Sany.

Kai ▬ C’est vrai que c’est à la fois très court et très long. Surtout que les journées seront bien remplies. Mais écoute... Je... Je te promets de revenir tous mois pour te donner des nouvelles une fois que j’aurais repris la route. Et je t’enverrai des perruches chaque semaine ! Promis ! Ahah ! Comme ça tu sauras toujours où je suis et ce que je fais. Pas comme cette année passée.  

Le temps des emplettes

Sany opina du chef aux paroles de l'homme qui confirmaient les siennes. Même les Outsiders auraient pu être en mesure de bien l'accueillir vu qu'il n'était pas encore un Dinotopien à part entière. Généralement, les rebelles n'avaient de haine que pour les dinosaures et ne s'en prenaient pas aux humains, à quelques exceptions près.

Enfin, Sany était tout de même soulagé que Kai trouve d'avantage son compte chez les Dinotopiens que chez les Outsiders. Des Dinotopiens un peu froids et distants, ça existait aussi cela dit. Rien n'était parfait. Mais ils restaient très rares. Cependant, d'après les dires de Kai, chacune de ses rencontres s'étaient toujours très bien passées.

- De la chance ? Tu te sous-estime. Tu sembles être quelqu'un qui a toujours été fort dans tous les sens du terme. Quelques que soit les épreuves à passer, tu sais les passer et tu sais t'en remettre. Que ce soit avec mon aide, ou avec l'aide de quelqu'un d'autre, ou sans aide du tout, je suis persuadée que tu aurais trouvé malgré tout le moyen de continuer à aller de l'avant.

Même si elle devait bien avouer que l'envie de Kai de vouloir expressément vouloir retourner sur le terrain avant la rentrée n'était pas un enthousiasme qu'elle partageait particulièrement. Pour elle, il n'y avait rien de mieux que de laisser les prédateurs dans leur coin et à leurs affaires. Leurs vies avaient tout autant droit à l'intimité, à ce qu'on les laisse tranquille. Elle avait de la chance avec sa ville, ce n'était pas dans le désert qu'on trouvait vraiment des carnivores. La menace provenait seulement des ptéranodons et des mosasaures, à condition toutefois de s'approcher du canyon. Enfin bref, de toute façon la matriarche s'était promis de respecter les décisions de l'homme quoi qu'il en coûte. Du moins, à condition que ce dernier ne fasse pas de folie non plus et se tienne aux lois de l'île bien évidemment.

Sany se stoppa lorsque l'homme passa sur sa trajectoire. Elle leva son regard vers lui alors qu'il lui déclarait mille et une promesse de repasser souvent la voir et de ne pas la laisser sans nouvelle comme la dernière fois. Est-ce que ce serait suffisant pour combler son absence ? Elle en doutait fort. Mais l'effort restait appréciable et c'était toujours mieux que rien. Elle finit par sourire.

- Ne t'oblige en rien. Revenir tous les mois serait sans doute fatiguant pour toi et peut-être inadapté à ton emploi du temps. Après ce stage, tu seras en formation et tu auras du pain sur la planche auprès de ton mentor.

Elle élargit davantage son sourire avant d'ajouter :

- Mais j'accepte avec joie toutes les nouvelles que tu pourras m'apporter et j'espère bien que tu ne m'oubliera pas dès lors que tu quitteras cet endroit.

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Le temps des emplettes

Je suis profondément flatté par la façon dont me décrit Sany. Elle me voit comme quelqu’un de fort qui est capable de réussir tout ce qu’il entreprend ou en tout cas de se relever à chacune de mes chutes avec ou sans aide. Il est vrai que je suis quelqu’un qui fait fit des à priori et du danger souvent. Je vais là où me guide mon cœur et mes envies, j’en paie le prix à chaque fois peu importe lequel. C’est vrai qu’un jour peut être que ça me coûtera bien plus cher que quelques nouvelles cicatrices ou des os cassés. Je comprends donc bien les craintes générales de Sany à mon sujet, mais les mots qui sortent de sa bouche pour peindre mon portrait selon elle m’enchantent.

Kai ▬Je pense néanmoins que quiconque te rencontre et peu te compter comme amie est une personne chanceuse.  

J’ai perdu beaucoup de choses très importantes dans ma vie en arrivant sur cette île, à commencer par ma femme Abigail. Mais je pense pouvoir affirmer que j’ai gagné également quelques trésors faisant maintenant partie de ma vie. Sany est le plus éclatant de ces trésors. Si tous les habitants de l’île ou presque sont des personnes au grand cœur et aux nobles idéaux, il m’apparaît que Sany est de loin la plus belle personne à ce jour. Peut-être que vis encore avec une forme de syndrome induit par le fait qu’elle m’ait sauvé, mais je m’en fiche. Mon avis et mes sentiments sont tout de même réels.  

C’est encore une fois du Sany tout craché. Elle pense d’abord à ma fatigue avant ce que je lui promets de faire pour elle. C’est tellement touchant. Elle raison en plus de ça. L’île est tout de même bien grande et il faut souvent de nombreux jours pour se rendre d’un point à un autre et devoir mettre Khasra sur mon périple chaque mois peut en effet être éreintant. Toutefois, il me suffit de prévoir au mieux mes parcours de l’île.

Kai ▬ T’oublier me sera parfaitement Sany...  

Pendant un instant je me suis laissé totalement envahir par les sentiments que m’inspire la matriarche alors qu’elle évoque un grand sourire le désir d’avoir à défaut toutes les nouvelles possibles que je pourrais bien lui donner.  

Je me sens soudainement comme un lycéen maladroit. Je crois bien que je n’ai jamais été très doué pour ce genre de choses que je vais encore une fois garder ça pour moi malgré les maladresses. Ça a toujours été comme ça. Un crocodile affamé et blessé ne me fait pas peur, mais une femme pour qui j’ai de tendres sentiments...
Je profite d’apercevoir au marché le petit vendeur de la papeterie et de fourniture pour lui remettre un petit sac d’écailles provenant des chutes naturelles des lamberosaures que j’ai récupéré pour lui. En échange, je lui reprends un nouveau carnet de dessin protégé de l’eau par ce même genre d’écailles. Ayant déjà rempli le mieux en une année à parcourir l’île.  
Cette petite diversion me permet de dissiper une nouvelle fois mon trouble avant de revenir le sourire aux lèvres vers Sany et Ator.

Kai ▬ Enfin, j’ai mon nouveau carnet. Ça se rempli vite quand on voyage ahah. Il y a tellement de choses magnifiques sur cette île !

Le temps des emplettes

Sany sourit de plus belle aux propos de Kai. Même si ce dernier exagérait sans doute pour avoir autant de considération à son égard.

- Ca en fait beaucoup alors des chanceux, répondit-elle néanmoins.



Mais par la suite, évidemment, elle ne faisait encore une fois que taquiner l'homme. Malgré ce qu'elle venait de lui dire, elle était parfaitement convaincu que jamais Kai ne l'oubliera, quelque soit la distance ou le temps qu'ils mettront à se revoir. Elle lui avait, certes, sauvé la vie mais elle ne prenait pas ce fait en compte dans le lien qui l'unissait à l'homme. Ils se seraient rencontrés d'une autre manière, sans doute moins dramatique, qu'elle aurait les mêmes sentiments envers lui que maintenant. Et qu'elle aurait tout autant à coeur d'avoir envie qu'il reste plutôt qu'il s'en aille risquer sa vie. Le point rassurant étant que lorsqu'il le fera une prochaine fois, ce sera sous l'oeil avisé de son mentor qui lui offrira toutes les connaissances nécessaires pour que ce métier ne devienne pas une tombe.

- Je l'espère bien, lui répondit-elle.

Elle profita du fait que le Dolphinback s'éloigne à un stand pour poursuivre ses courses, ramassant d'autres fruits et légumes qu'elle échangeait contre les produits de ses plantations, que ce soit des oranges, leur jus ou bien d'autres. Dans le gros panier qu'il trimballait, Ator suivait docilement et laissait la femme gérer les affaires. Ce panier nécessiterait plus d'un humain pour le trimballer mais il était d'un poids plume pour le saurien. Au retour de l'homme à ses côtés, Sany lui proposa une des pêches qu'elle venait d'obtenir avant de lui répondre :

- Je me demande si je me trouve dans ton carnet.

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Le temps des emplettes

J’adore voir de si jolis sourires se dessiner sur le visage de Sany, même si la connaissant elle me dirait à tous les coups que je suis en pleine exagération. De mon point de vue ce n’est pas le cas, c’est bien plus important que ça. Toutefois, lorsqu’elle me sourit en me répondant je sens une nouvelle fois une petite boutade dans le but de me taquiner et il faut dire que j’ai comme un bref instant qu’elle a parfaitement saisit ce que je voulais dire en vérité.  

Cependant je ne peux pas non plus lui donner tort de façon factuelle, pense sincèrement que toutes les personnes qui connaissent Sany sont chanceuses. C’est une amie que je devine pouvant faire toutes les folies pour les personnes qu’elle aime sincèrement. Mais plus encore, c’est une personne qui est capable d’aimer profondément toutes les personnes qu’elle rencontre.  

Jouant le jeu de la femme magnifique qui joue avec nefs, je prends une mine à la fois boudeuse et revancharde, grand joueur que je suis également.  

Ainsi donc, qu’on le veuille ou non, il est selon moi impossible d’oublier la matriarche de Khasra et ce serait un vide impossible à remplir à nouveau que de ne plus pouvoir la voir, lui parler et profiter de son esprit. Non clairement, je me suis senti tellement petit en revenant ici comme si de rien n’était et sans lui avoir donné de nouvelles pendant une année. Jamais cela ne se reproduira.  

Pendant que je m’affaire à un troc en bonne et due forme avec mon marchand préféré de la ville, Sany en fait de même de son côté. C’est qu’elle est surtout là pour faire des courses pour les ouvriers agricoles de l’hacienda après tout.  
Quand je reviens près d’elle, elle me tend une pêche que je m’empresse de goûter.

Kai ▬ hum délicieuse !  

Je ne peux m’empêcher de m’exprimer à voix haute dans cela fait du bien de bon matin. Mais je manque presque de m’étouffer quand elle se questionne ostensiblement sur la possibilité de sa présence dans mon carnet.  

Je m’en remets assez vite. Je ne suis plus un petit garçon après tout et ça n’a rien de honteux au final de dessiner des personnes que l’on rencontre. Je lui tends ainsi mon carnet pour qu’elle puisse constater elle-même ce qu’il en est tandis que je prends une nouvelle bouchée de la pêche juteuse qu’elle m’a offert.  
C’est amusant car il y a un an de cela je lui ai montré le portrait d’Abigail qui marquait le début de ce carnet ainsi que quelques lignes lui étant dédiées. Après venait également un portrait d’Ator ainsi que quelques croquis de ce dernier se déplaçant. Depuis, de nombreux autres croquis de diplodocus sont venus s’ajouter et détaillent leur façon de se mouvoir ou de s’alimenter, chanter ou ce genre de chose. Mais avec Ator, il y également Sany. Le carnet est rempli avec pleins de portrait de dinosaures, beaucoup de carnivores également dans leur vie de tous les jours et se trouvent çà et là des portraits des gens que j’ai rencontré comme Cybelle et Lagad, le professeur Absolem, la jeune Charlotte, la mystérieuse Morrigan, mais il y a une constante dans ce carnet... les portraits de Sany sont assez récurrents. Je ne pouvais pas m’empêcher de la dessiner, en noir et blanc au fusain ou avec des couleurs lorsqu’elle me manquait. C’est un portrait fraichement réalisé la veille d’elle tout en couleur qui vient remplir la dernière page de premier carnet d’aventure. Je ne m’en suis même pas aperçu, mais il commence avec ce que j’ai perdu de plus cher en arrivant ici et se termine avec ce que j’ai gagné de plus cher en m’échouant.  

J’espère juste alors que je la vois feuilleté le carnet qu’elle ne le prendra pas trop mal.  

Le temps des emplettes

Sany ne put s'empêcher de sourire amusée devant la moue que lui offrit Kai suite à sa remarque. Il faut dire que l'homme ne cessait de tendre le bâton pour se faire battre et qu'elle acceptait constamment de jouer le jeu sans jamais se fatiguer. Il s'agissait de petites plaisanteries mais ça renforçait les liens. Et Kai était devenu sa victime favorite pour ça.

La matriarche offrit une pèche bien fraîche à l'homme qui la savoura sans attendre. Qualité oblige à Dinotopia, même dans une cité désertique comme celle-ci. Les fruits étaient tous aussi beaux les uns que les autres et de la première fraîcheur. Ator baissa un moment la tête avant d'ouvrir son énorme bouche et la jeune femme envoya trois nouveaux fruits tout rond à l'intérieur pour qu'il puisse tout autant apprécié cet arôme sucré et rafraîchissant ainsi que confirmer les dires du Dolphinback. Elles étaient effectivement délicieuses.

Sany ne s'attendait pas à ce que l'homme lui tende directement le carnet pour qu'elle fasse une vérification dedans. D'ailleurs, elle ne le prit pas tout de suite. Elle n'avait jamais voulu sous entendre qu'elle voulait regarder ce qui s'abritait à l'intérieur. Mais en croisant le regard de l'homme, elle dû se rendre à l'évidence sur le fait qu'il n'avait visiblement rien à cacher et que ça ne le dérangeait pas le moins du monde qu'elle feuillette ces pages. Elle finit alors par s'emparer du carnet pour y jeter un rapide coup d'oeil. Le but n'était pas non plus de perdre trop de temps là-dessus. Le sourire restait sur le visage de la matriarche alors qu'elle parcourait les pages dont elle était parfois la vedette, ne pouvant que constater surtout la patte graphique de Kai qui ne manquait pas de susciter l'admiration.

- Oh ? fit-elle en remarquant un visage familier par hasard à travers les pages.

Familier. Oui, mais d'où ? Elle scruta un peu mieux le portrait en fouillant dans sa mémoire.

- Vous avez fait la connaissance de Charlotte ? fit-elle enfin, comment se porte t-elle ?

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Le temps des emplettes

Je vois bien au visage de Sany que cela la surprend tout de suite lorsque je lui tende avec tant de facilité mon carnet pour lui en livre le contenu sans condition. C’est n’est pas non plus sans raison, car je pense lui montrer ainsi assez facilement que je n’ai rien du tout à lui cacher à elle. Elle a une légère réticence au début, comme si je l’avais mise en porte à faux et cela est une petite pique que j’apprécie car c’est ma propre manière de la taquiner un peu en jouant sur son terrain de prédilection.

Plus le temps passe, plus notre relation avec Sany s’améliore, ou en tout cas c’est bien mon impression et je ne sais pas encore où ça va nous mener, si ça nous même quelque part de spécial, mais je pense qu’il vaut ainsi bien mieux qu’elle se rende compte qu’elle occupe une grande partie de mon esprit et que je couche ça sur papier dans mon carnet.
Je ne passe pas mon temps à traquer les dinosaures et dans mon carnet il y a beaucoup d’annotations qui permettent de suivre le fil de mes pensées. En soit c’est un journal de bord et j’écris dedans tous les jours ou presque. C’est vrai que pour le moment j’ai encore le regard d’un homme du monde extérieur qui étudie des animaux, mais nous en sommes tous en fin de compte et j’ai trouvé ça très intéressant de dessiner également des dinosaures dans ce qu’il faut au quotidien et pas seulement des carnivores. Mais je dessinais aussi des gens et surtout Sany car dès que j’avais un moment de libre le soir, ou que je buvais un verra dans une auberge, car elle occupait mes pensées.

Je regarde la noble matriarche feuilleter mon carnet, sans que son sourire ne perde de son éclat pour autant, ce qui n’est pas un mauvais point. Je suis plutôt content que son humeur reste égale car je nourrissais la crainte que ça ne l’enchante guère.

Elle s’arrête sur un visage avant de chercher un instant le nom de la personne et de me le livrer moi qui ne vois pas de ma position avec la façon dont elle tient le carnet.

Kai ▬ Faire la connaissance est un bien grand mot. Je lui suis rentré dedans à Waterfall City et nous avons discuté cinq minutes.

C’était y a plusieurs mois maintenant, je ne saurais même plus dire quand exactement, mais elle n’avait pas l’air au top car elle se déplaçait une sorte de canne et avait été manifestement blessée à la jambe. J’espère qu’elle s’est bien remise d’ailleurs.

Le temps des emplettes

Sany ne pensait pas particulièrement que Kai pouvait lui cacher des choses. Cependant, chacun avait le droit à son intimité non ? Et le contenu de ce carnet semblait si précieux aux yeux de l'homme que la jeune femme ne lui en aurait pas voulu de vouloir le conserver pour lui-même. Se voir de si nombreuses fois dans les pages de ce carnet signifiait beaucoup et ne pouvait que faire plaisir.

Curieusement, la jeune femme n'aurait pas souhaité qu'il en soit autrement. Mais en dehors de ça, ce carnet était complet dans bien des domaines et la matriarche avait la sensation d'avoir pénétré dans l'esprit même de l'homme rien en feuilletant ces pages.

- Oh, fit-elle avec un sourire amusé lorsque l'homme lui conta de quelle manière il avait rencontré Charlotte.

Une manière bien maladroite mais touchante à la fois. Ca sentait le hasard mais y avait-il seulement des rencontres hasardeuses sur Dinotopia ? Le sourire de Sany s'estompa cependant aux paroles suivantes de l'homme. Cela faisait une éternité qu'elle n'avait plus eu de nouvelles de Charlotte et savoir qu'elle avait eu des ennuis était loin de la rassurer.

- Je vois, répondit-elle avant de refermer le carnet pour le rendre au Dolphinback, je l'espère tout autant que toi. Il faudrait que je songe à lui envoyer une perruche postale à l'occasion pour voir comment elle se porte.

Contrairement à Kai, Charlotte avait rapidement disparu des radars de la matriarche après son sauvetage et faisait désormais sa vie quelque part sans que Sany ne sache vraiment de quoi il retourne.

- Elle a été la première naufragée que je recueille, expliqua t-elle à l'homme tandis qu'elle avait repris la marche à travers le marché, je ne l'ai pas trouvé sur la plage mais celui qui l'a fait nous l'a amené. Sa...découverte de Dinotopia n'a pas été aussi aisé qu'avec toi.

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Le temps des emplettes

Sany ne dit pas grand-chose quand elle feuillette les pages de mon carnet, mais son sourire et ses yeux qui se promènent et détaillent ce qu’ils ont devant eux suffisent amplement à me donner une indication sur ce qu’elle pense. Je pense que cela la surprend, mais aussi lui enseigne pas mal de choses car un journal de voyage est toujours une porte ouverte sur la personnalité de son auteur, d’autant plus lorsque celui-ci dessine en plus des récits techniques et intimes.
Ayant fait l’effort d’apprendre à bien dessiner et à toujours m’améliorer au cours des années j’ai fait en sorte de ne rien perdre en arrivant à Dinotopia et c’est pour ça que je dessine les personnes que je rencontre dans ce carnet. Ce n’est pas comme si j’avais peur d’oublier qui ils sont, mais finalement les rencontres sont parfois tellement courtes que ça peut arriver. Mais un dessin donne le point de vue de celui qui le réalise sur ce qu’il inscrit sur le papier. Quand le dessin est au crayon levé, sans plus de travaille que ça, c’est souvent que je n’ai pas eu beaucoup le temps, donc que j’étais occupé ou que la rencontre a été brève ; alors que s’il est en noir et blanc avec beaucoup d’ombrages, peut-être était-ce avant tout pour saisir les détails de la personne ; et quand c’est en couleur, c’est pour retranscrire les émotions d’une situation ou d’une expression.

Elle peut en apprendre ainsi plus sur moi en quelques instants à regarder à l’intérieur de ce carnet qu’en une journée entière de conversation à n’en pas douter.

La jeune charlotte a l’air d’être une personne douce et un peu discrète, en tout cas c’est l’effet qu’elle m’a laissé lors de notre rencontre il y a plusieurs mois de ça.

Kai ▬ Je crois qu’elle venait de s’inscrire sur le registre, mais je ne suis pas sûr de ce que je dis. Mais si tu veux, je pourrais retourner à Waterfall City pour en savoir plus, à commencer par où la trouver pour que lui envoyer une perruche.

C’est vrai que je ne sais pas trop ce qu’elle a pu devenir cette jeune femme. Elle n’avait pas l’air au top de sa forme à ce moment-là, mais elle a forcément dû s’en remettre. En tout cas, j’espère pour elle n’a pas succombé à ses blessures ou qu’elles ne lui ont pas coûté trop cher lors d’un autre voyage.

Dinotopia, c’est tout un nouveau monde qu’il faut pouvoir accueillir en son sein. Dans mon cas, quand je suis arrivé sur l’île j’ai fait sortir toute ma colère sur la plage avant d’être trouvé et de m’évanouir. Puis j’ai été un temps dans le déni de mon propre deuil avant d’accuser le coup. Mais c’est vrai que la curiosité du scientifique animalier que je suis a tout de suite su me faire tenir le coup et explorer ce nouveau monde comme un gamin dans un parc.

Kai ▬ Je me doute que pour tout le monde ce n’est pas une sinécure d’arriver sur l’île. On perd toute notre vie d’un seul coup sans possibilité de la retrouver après tout. Parfois même... on perd des gens qui sont le centre de toute notre existence et faire avec n’est pas facile.

Je ferai de mon mieux pour avoir de ses nouvelles. Je compte bien repartir en vadrouille avant septembre. Avec de la chance j’aurais de bonnes nouvelles.

Le temps des emplettes

Sany nia d'un signe de tête aux paroles de Kai. Même si l'attention était tout à fait appréciable et charmante, l'homme avait déjà tant à faire qu'il n'était pas nécessaire pour lui d'aller en plus quérir des indices sur une personne en particulier.

- Merci mais ça ira, je me renseignerai par moi-même.

L'avantage d'être matriarche était d'avoir accès à bon nombre d'informations qu'un citoyen lambda ne pouvait pas avoir. Elle ne savait pas si ça aboutirait mais ce n'était pas impossible. C'était une île ici. A moins de finir dévoré, il y avait peu de chance de disparaître comme ça de la circulation. Waterfall City était la ville désignée pour gérer l'arrivée des rescapés. Sany avait toutes ses chances de trouver des informations sur Charlotte là-bas. Et sans grands efforts, elle l'espérait. Au pire, la demoiselle s'était liée d'amitié avec Xyria la dernière fois que Sany l'avait vu et la matriarche connaissait tout autant la saurienne. Peut-être qu'elle pourra demander directement à cette dernière également.

- Tu es têtu ! lança la jeune femme en offrant une tape sur l'épaule de l'homme qui n'avait pas du sentir grand chose vu sa corpulence, ne te donne pas cette peine et concentre-toi sur tes vadrouilles parce qu'après, je t'aurais à ma merci pendant une année entière !

- Moi si j'étais toi, j'obéirais à madame la matriarche, renchérit Ator, sa tête au-dessus de celle des deux humains.

Sany poursuivit alors ses emplettes, récupérant un peu de blé, un peu d'orge, quelques dattes, des haricots, un peu de litchi, de mangues et de melons. Un peu d'épices et autres plantes aromatiques.

Codage par Libella sur Graphiorum

Le temps des emplettes

Sany est une femme plus qu’indépendante. Je ne doute pas une seule seconde qu’elle soit capable de retrouver la jeune Charlotte dont elle n’a plus eu de nouvelles depuis un moment déjà. Ce n’est pas en insistant que je m’attire ses bonnes grâces, bien au contraire et c’est avec amusement et chamaillerie que nous continuons de discuter. Elle n’est pas sans me rappeler que je devrais profiter de mes vadrouilles à venir pour faire ce qui m’arrange moi et non pas essayer de l’aider elle alors qu’elle n’en n’a pas besoin. Après tout, comme elle le dit si bien elle-même, après ce temps de répit que j’ai, je serai à sa merci pendant toute une année.

Je ne me prive après la réflexion d’Ator pour afficher une sorte de petit sourire mutin avant de répliquer à mon tour.

Kai ▬ En voilà une belle promesse, ça me ferait presque rester ici plutôt que de partir ahah !

Ce ne serait vraiment pas pour me déplaire de rester auprès de Sany et de pouvoir approfondir notre amitié pendant deux mois supplémentaires, mais ce ne serait pas très juste pour les engagements que j’ai pris auprès de certaines personnes vis-à-vis de cette affaire de carnivore inconnu. Notre première exploration avec le professeur n’a pas permis de mettre un point final à sa découverte et ce n’est pas vraiment étonnant. Il nous faudra peut-être attendre le retour de la saison humide pour pouvoir en savoir plus maintenant que tout est terminé. Allez savoir. Ce n’est pas une mince à faire que d’élucider ce mystère.

Cela me fait adopter une mine plus sérieuse. Car après tout il faut bien que j’aborde le sujet également pour être honnête avec elle

Kai ▬ Mais tu as raison de dire que je devrais profiter...

Ecoutes Sany... je... je vais partir demain ou après-demain je pense. Je suis encore en train de m’organiser. Mais il faut que je profite du temps que j’ai pour approfondir mes recherches. Je ne sais pas ce qu’il se trame et la dernière saison des pluies ne m’a pas permis d’en apprendre beaucoup.

Ces quelques mois vont passez à toute vitesse et tu me manqueras beaucoup. Mais il faut que j’essaye d’en apprendre plus. J’espère... que tu comprends.

Je sais qu’elle comprend ma démarche, mais je sais aussi qu’elle n’est pas vraiment d’accord avec ça. Toutefois, j’espère vraiment qu’elle cautionne ma façon de faire, j’aimerai bien avoir sa bénédiction en quelque sorte.

Le temps des emplettes

Et ça ne déplairait pas à Sany non plus que l'homme se décide finalement de rester ici bien avant la rentrée. Toutefois, la jeune femme n'aurait pas été d'accord qu'il se prive de ce qu'il voulait faire ailleurs même si c'était pour lui faire plaisir. Elle aura bien le temps de profiter de sa présence durant l'année qui suivra, en retour à celle qu'il avait manqué avant son retour en ces lieux.

Et elle savait qu'elle avait intérêt à en profiter car l'homme s'éclipserait sitôt après son stage achevé pour débuter sa formation et surtout sa vraie nouvelle vie à Dinotopia. Temps perdu n'est jamais rattrapé paraît-il.

- A ta guise, répliqua t-elle avec malice.

Mais elle se doutait bien qu'il plaisantait et qu'il s'était déjà sans doute prévu tout un programme pour les deux mois à venir. Mais le sourire de la jeune femme s'estompa bien vite lorsque l'homme reprit la parole, sans disparaître pour autant. A vrai dire, elle s'était un peu douté qu'il repartirait bientôt. Mais elle ne pensait pas que cela se ferait si vite. Depuis combien de temps seulement était-il rentré ?

- Tu connais mon point de vue sur tes investigations. Ceci n'est pas ta responsabilité.

Sans parler des conséquences que cela pourrait engendré. Elle pouvait comprendre sa curiosité, mais à présent il s'animait de désirs d'enquête sur des choses qui le dépassaient totalement et dans lesquelles il ne devrait pas mettre son nez.

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