[Terminé] Guerrière et paysanne - Morrigan Jones

Guerrière et paysanne

Dans les champs, Charlie cogitait. La tête protégée par le chapeau en paille que lui avait offert Sera, elle travaillait, arrachant assidument les mauvaises herbes et leurs racines tout en ne cessant de repenser aux derniers évènements. Tantôt elle s'en voulait pour tout, tantôt elle se félicitait, mais il y avait quelques points qui restaient inchangés malgré tout et l'un d'eux, c'était que les choses auraient été différentes si elle n'était pas si faible.

Si seulement elle avait su se battre, peut-être que ces barbares auraient lâché l'affaire et que toutes les horreurs qui avaient suivit n'auraient jamais existé. Dans le monde d'où elle venait, Charlie n'avait a aucun moment ressenti le besoin d'apprendre à se défendre. Des raisons, certains en avaient, mais pas elle. Sa vie était paisible, son entourage aimant, elle était heureuse et le tableau était dénué de toute ombre. Mais ici, les choses étaient bien différentes et elle l'avait apprit à ses dépends, et à ceux des autres.

Alors, comme elle le faisait depuis quelques jours, après son travail, l'australienne grimpait jusqu'au rempart qui surplombait la zone d'entraînement et s'asseyait entre deux créneaux, les jambes pendantes, pour observer les guerriers à l'oeuvre. Elle pouvait rester là pendant des heures, indécise. Etait ce vraiment une bonne idée? Elle n'avait rien d'une guerrière... Qu'en penserait Adam? Elle n'avait aucune envie de le contrarier plus qu'il ne l'était déjà... Et qu'elle arme? Elle se sentait si faible, si vulnérable... Mais que gagnerait elle si elle ne faisait rien? Des angoisses, des cauchemars, et c'est tout. Charlie en avait assez.

Pourtant, et comme à chaque fois, son regard se fixait sur cette archère. Une femme, belle et forte, qui _elle l'avait vu les jours précédents_ ne maîtrisait pas que cette arme. Elle l'imaginait courageuse, déterminée. A chaque fois, elle touchait sa cible. Ses gestes étaient précis, ses flèches propulsées avec puissance. Charlie l'admirait. Oui, si elle avait eu un peu de son talent, rien de tout cela ne se serait produit. Elle en était convaincue... ou voulait s'en convaincre en tout cas.

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La zone d'entrainement se vidait à mesure que le temps passait et que le soleil continuait sa course sans se soucier des hommes qui comptaient sur lui. Le léger vent qui s'était levé ne gêna pas la brune outre mesure. Elle resta assise là où elle était, entre deux créneaux, les pieds dans le vide et le soleil tapant dans son dos et sur sa tête cachée de son chapeau de paille qu'elle retenait d'une main.

Elle ne remarqua pas tout de suite que l'archère qu'elle observait le plus assidument s'était en allé, grimpant les escaliers pour, semblait il, la rejoindre. Mais elle fut ravie de constater qu'elle venait effectivement à sa rencontre puisqu'elle s'installa à ses côtés. Charlie lui sourit sans timidité, son visage éclairé en dépit de l'ombre que lui conférait son chapeau. Elle hocha la tête. En effet, elle ne ferait jamais partie de l'équipe de chasseurs, mais ça ne voulait pas dire qu'elle ne pouvait pas apprendre à se défendre. Quoi qu'elle pensait plus au genre de sauvages qui l'avait attaqué ou à ces machins ailés qui la terrorisait plutôt qu'aux carnivores qui vivaient sur la terre ferme. "Oui c'est vrai que je vous regarde souvent. C'est gentil de proposer mais..." Cette jeune femme lui paraissait aussi gentille qu'elle était douée et sa proposition fit chaud au coeur de l'australienne, malgré ses doutes. "... Eh bien je ne sais pas trop si... enfin si j'y arriverais." dit-elle en émettant un petit rire, gênée par ses aveux.

En réalité, ça n'était pas la seule chose qui la faisait douter. Après tout ça n'était pas en restant assise à regarder les autres s'exercer qu'elle saurait ce qu'elle vaut! Non, elle craignait aussi la réaction d'Adam. Habituellement, Charlie était plutôt très indépendante et même s'il était le seul dont elle se souciait vraiment ici, au final elle en n'en faisait toujours qu'à sa tête. Mais dernièrement, les choses avaient un peu changé et après sa réaction quant à son escapade, elle souhaitait le ménager.  Aussi, elle savait qu'il préfèrerait qu'elle lui demande à lui directement plutôt qu'à un autre, mais serait-il seulement d'accord pour lui apprendre? Charlie en doutait. D'un autre côté, elle sentait au fond de ses tripes qu'elle en avait besoin. Que ça lui ferait du bien. Peut-être que la venue de l'archère était le signe qu'elle attendait, ou du moins la bonne occasion. Elle pourrait toujours en parler à Adam plus tard sans lui parler de cet essai, n'est-ce pas? C'était décidé. Charlie, véritable tête de mule, en avait marre des hésitations, marre de se prendre la tête pour si peu. Elle décida de se laisser aller à ses envies. Elle retrouva son air enjoué habituel après un instant de réflexion. "Mais je crois que je ne risque rien à essayer! Dis, tu voudrais bien m'apprendre?"

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La réponse de l'archère était l'évidence même et mettait Charlotte face à la vraie nature de sa réticence. Il n'était pas dans la nature de l'australienne d'hésiter à se lancer dans de nouvelles expériences, bien au contraire, mais celle-ci en particulier, après les récents évènements, soulevait d'autres questions dont elle n'était pas sûre qu'elles se posent réellement et surtout, dont toutes les réponses qui lui venaient en tête n'étaient qu'incertitudes. Cela dit, chassez le naturel, il revient au galop. Après quelques réflexions et considérant la présence de la guerrière à ses côtés, Charlie décida de se laisser tenter, se rassurant du mieux qu'elle le pouvait pour ne pas contrarier cette envie qui la taraudait sérieusement.

Enfin, la guerrière accepta et Charlie oublia momentanément tous ses doutes vis à vis d'Adam. La suivant jusqu'à la zone d'entrainement en contrebas, elle senti son corps se réveiller à mesure qu'elles se rapprochaient, comme si jusqu'alors il n'était qu'un tas de chiffon engourdi par le quotidien. L'attitude de l'Outsider était encourageante et si du haut de ses remparts, Charlie l'avait vue comme une entité forte, elle lui découvrait à présent de la douceur.

Sage et à l'écoute, la jeune femme observa la seconde se mettre en quête d'un équipement susceptible de lui convenir. Son regard balaya la réserve, intrigué, tandis qu'elle sentait son appréhension grandir. Elle y était déjà venue avec Adam, mais jamais pour elle. Coupée dans son observation, Charlie découvrit une main tendue vers elle et un sourire qui lui plu beaucoup. Elle la saisie, riant des taquineries de la guerrière et appréciant l'entrée en matière qui la détendit amplement. "Enchantée! Je te souhaite bon courage alors. Moi c'est Charlie."

Après une main amicale, c'est un arc qu'elle lui tendit. Naturellement, Charlotte l'attrapa par l'arc en bois, la corde vers elle, sans se poser de question. Elle n'avait jamais fait de tir à l'arc, pas même avec ses frères à l'époque où tout était bon pour s'amuser, mais avant suffisamment regarder les autres s'en servir pour savoir dans quel sens le prendre. Morrigan la corrigea avec une bienveillance qui rassura une Charlie, toujours très attentive. Une élève modèle que certains de ses anciens professeurs auraient bien aimé connaître.
Soupesant l'arme, elle la trouva souple et légère. La tenir correctement n'était pas bien compliqué et cela la conforta dans l'idée qu'elle était la meilleure pour elle. Légère donc, simple et pratique. Pouvoir atteindre une cible à distance, notamment ces horreurs volantes, voilà ce qui lui plaisait.

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Enchantée, elle l'était aussi. Charlie n'était pas vraiment du genre timide, mais il y avait chez les guerriers quelque chose qui la tenait à distance. Pas de la crainte, mais plutôt une admiration qui, d'une certaine manière, l'impressionnait assez pour la tenir en respect. Jamais elle n'aurait osé demander à l'un d'eux de lui donner des leçons de tir à l'arc ou de maniement de lance, malgré son envie dévorante. Peut-être qu'elle aurait demandé au mari de Sera, en revanche, après être passé par elle avant bien sûr. Ce dont ne voulait surtout pas l'australienne, c'était déranger, et sa famille en faisait déjà bien assez pour elle.

Tâchant d'imiter au mieux la position de l'archère, Charlie l'observait avec beaucoup de sérieux et se corrigeait du mieux qu'elle pouvait. D'abord sa posture, puis l'emplacement de ses doigts sur l'arc, de la flèche imaginaire, l'inclinaison... il y avait tant de paramètres à prendre en compte que la jeune femme était persuadée de mal faire. A son tour, elle fit claquer la corde plusieurs fois jusqu'à obtenir un résultat relativement similaire à celui de Morrigan qui se montrait très pédagogue et patiente avec elle. Son estime pour elle grandissait à chaque fois qu'elle croisait son regard bienveillant.
Puisque cela semblait nécessaire, Morrigan vint se placer derrière elle et corrigea les erreurs de Charlie, défaisant ses doigts pour les placer autrement, remontant son coude qui ne faisait que baisser à chaque fois qu'elle tirait sur la corde.

Charlie hocha la tête. "Oui." Elle l'affirma sans trop savoir si elle en était réellement capable. Physiquement, elle se sentait encore un peu faible. Mais mentalement, Charlie était forte et elle savait que son envie d'y parvenir pouvait de surpasser le reste. Alors elle s'essaya à l'exercice, encore et encore, prenant parfois le temps de se remettre en place correctement, écoutant les consignes de Morrigan et s'exécutant sans jamais se décourager. Combien de fois elle refit ce geste? Combien de temps s'était passé exactement? Elle n'en avait pas la moindre idée et se rendait bien compte qu'il lui en faudrait plus encore avant de savoir manier cette arme, mais après un moment, alors que ses doigts devaient douloureux et qu'une tension se faisait sentir dans son épaule, elle l'interrogea. "Qu'est-ce que t'en penses?" dit-elle en s'appliquant particulièrement pour faire claquer une dernière fois sa corde.

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Plutôt satisfaite de sa réussite à l'exercice soumit par Morrigan, l'australienne hocha la tête à son tour, confiante. "Oui." Assorti d'un sourire, ce simple mot reflétait sa détermination, son désir d'aller au bout des choses tout en exprimant sa gratitude. La guerrière était si patiente et pédagogue que cette bienveillance qui enrobait chacune de ses paroles était d'or pour Charlie. Elle n'avait pas peur, pas vraiment, mais il était naturel de ressentir une certaine appréhension lorsque l'on apprenait à manier une arme. Pourtant, la présence de Morrigan suffisait à faire disparaître ces battements de coeurs indésirés et les quelques doutes qui lui restait en tête.

Prenant toutes les dispositions nécessaires au tir de flèches, Morrigan la conduisit vers des cibles qu'elle avait vues criblées au moins une centaine de fois déjà. Restait à voir si elle y parviendrait à son tour ou non.
Alors qu'elle prenait place, elle se souvint de cette aventure avec son amie Xyria qui s'était étonnée de son lancé précis avec ces boules puantes de sa fabrication. Peut-être qu'elle avait naturellement en elle une chose susceptible de l'aider à maîtriser l'arc, qui sait? Quoi qu'il en soit, Charlotte se promit intérieurement que même face à l'échec, elle n'abandonnerait pas. Maintenant qu'elle avait fait ce premier pas, elle le savait, têtue comme elle était, qu'il lui serrait impossible de lâcher l'affaire.

"Non, ça va." En vérité, le bout de ses doigts était douloureux, mais il n'était pas question de battre en retraite pour si peu. La brune avait bien de la corne sur la paume de ses mains à force de manier les outils dans le champs et son dos s'était endurci au fil des jours. Pour l'arc, ce serait la même chose. Ses doigts finiraient bien par s'habituer à cette corde et dans quelques temps, à force de pratique, elle n'aurait plus mal.

Charlie se saisi de la flèche qui lui était tendue par la guerrière, toujours aussi impliquée dans l'apprentissage en dépit du fait que son élève lui était totalement inconnue une heure plus tôt. "D'accord." répondit la jeune femme avec beaucoup de sérieux.
Etait venue l'heure d'essayer vraiment. Comme elle l'avait vu faire pendant des jours depuis son perchoir, Charlie positionna la flèche sur sa corde de manière assez naturelle. Rien de compliqué puisque les deux objets étaient fait l'un pour l'autre. Elle se positionna, bien stable, de la même façon que précédemment lorsque la flèche qu'elle décochait était encore imaginaire. Elle dû s'y prendre à plusieurs fois en revanche avant de trouver une prise confortable, mais finit par en trouver une qui lui paraissait plutôt correcte. Fixant la cible après avoir expiré profondément, elle tendit la corde à son maximum, son coude recula puis finalement, ses doigts lâchèrent le projectile qui parti à toute vitesse se ficher dans une botte de paille, non loin de la cible. Elle jeta un regard à Morrigan, plutôt impressionnée par la puissance de l'objet. Rapidement, Charlie qui n'avait pas perdu en concentration ni en volonté, se remit à l'oeuvre. Plusieurs fois elle manqua de peu la cible, l'effleurant tout juste, mais cela entamait moins sa motivation que la pulpe de ses doigts, rougis par l'effort et les frottements. "J'ai l'impression de bien viser pourtant."

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Il est vrai que Charlie était on ne peut plus motivée, mais quand on avait des préoccupations comme les siennes, c'était tout à fait normal disons. Finalement, il n'avait fallu qu'une petite impulsion de rien du tout de la part de la guerrière pour que l'australienne se lance. Cette idée lui trottait dans la tête depuis si longtemps. Elle serait passée à l'action bien plus tôt s'il n'y avait pas eu Adam dans l'équation, surement bien plus compliquée que la situation ne l'était en réalité. Et puis, il lui avait récemment offert sa ceinture et son couteau. N'était ce pas, en quelque sorte, un gage de confiance? Comme ça l'arrangeait dans ce cas précis, Charlie calma les quelques doutes quant à l'avis d'Adam sur la question avec ceci. Et de toute façon, avec un peu de chance, il n'en saurait rien. Du moins, pas dans l'immédiat.

Avec son chapeau de paille posée sur ses bouclettes, Charlotte n'avait pas du tout l'allure d'une grande archère. Pas comme Morrigan et ses beaux et longs cheveux noirs. La ceinture d'Adam lui donnait peut-être un peu plus de style, quoi qu'elle jurait considérablement sur ses vêtements en lin d'un blanc incertain. De loin, une personne ne connaissant pas la demoiselle aurait pu se dire qu'elle s'amusait simplement avec une amie. Que tout ça n'était qu'un simple jeu. Mais de plus près, en voyant son regard, et plus généralement, si on connaissait un tout petit peu Charlotte Nelson, on se rendait vite compte que c'était du sérieux pour elle, et ça aussi, Morrigan semblait l'avoir bien comprit.

Alors que cette dernière était allé récupérer les flèches que Charlie avait éparpillé un peu partout autour de la cible indemne, la jeune femme s'étira le dos et fit courir ses doigts sur un piano invisible. Quelle douleur! pensa t elle, espérant s'habituer assez vite pour ne pas avoir à faire de pause dans son apprentissage, histoire de garder un peu de pulpe sous ses ongles.
Charlie écouta très attentivement les conseils de Morrigan. Elle s'en fit une liste mentale, y ajouta les consignes précédentes et comptait bien les appliquer, point par point. Evidemment, elle voulait réessayer. Surtout maintenant qu'elle avait vu Morrigan à l'oeuvre sous un angle bien plus intéressant que celui qu'elle avait depuis les remparts. Les yeux plein d'admiration et l'esprit gonflé de détermination, Charlie s'empara des flèches qui lui étaient tendus et se remit en position.

Prenant un appui stable sur ses pieds, elle s'appliqua à reproduire la position parfaite de Morrigan. Du temps, elle avait du temps, alors elle le prendrait. Son coude, plus haut, ses doigts, plus bas. Elle tira raisonnablement sur la corde, ignorant la douleur irradiante, et visa la cible. Mais avant de tirer, elle prit en compte ce que lui avait dit la guerrière. Il fallait anticiper la gravité qui envoyait toutes ses flèches glisser de part et d'autre, alors elle visa plus haut. Maintenant le vent. Charlie ferma les yeux et essaya de le ressentir sur son visage. Il était léger, mais bien présent. Pour autant, elle n'en connaissait pas la force. Alors elle tendit davantage la corde et décocha une première flèche. Celle-ci effleura la cible sur son côté gauche, mais centré, ce qui la laissait penser qu'éventuellement, en corrigeant mieux la trajectoire en fonction du vent, elle réussirait. Oui, elle réussirait.

De nouveau, Charlie se positionna. Chaque étape de sa liste mentale fut soigneusement côché. La corde tendue, elle visa, inspira, se concentra, puis usant de ses dernières force, envoya une seconde flèche. "Aïe!" laissa t elle échapper alors que la corde frottait une dernière fois le bout de ses doigts douloureux. Concentrée sur son petit mal, Charlie releva la tête un peu tard. Au début, parce qu'elle était persuadée de trouver la flèche fichée partout sauf dans la cible, elle n'y cru pas. Elle resta figée, arc en main, les yeux rivé sur la cible enfin atteinte, mais après quelques secondes, Charlie explosa de joie riant et s'écriant. "Ouais! J'ai réussi! T'as vu ça? J'suis trop contente!" Oui, la flèche avait bel et bien atteint la cible. Ca n'était pas son parfait centre, ni même approximatif, mais elle avait réussi à faire quelque chose. "C'est grâce à toi! Merci Morrigan!" s'exclama Charlotte.

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La main que posa Morrigan sur la sienne calma Charlie et cette joie vive de la première réussite qui donne souvent envie à l'apprenti de se remettre à l'oeuvre, quand bien même la fatigue se fait sentir et qu'une salve d'échec successifs l'attend. Forte d'expérience, la guerrière lui assura qu'elle en avait assez fait pour aujourd'hui et Charlie était bien d'accord. S'arrêter sur une petite victoire, voilà de quoi la motiver pour les prochains jours. "D'accord." Décidemment, Charlie était bien docile. A croire que cette nouvelle étiquette d'élève modèle ne lui allait pas si mal, finalement.
Pour ce qui était de ne pas tirer ailleurs que sur les cibles, Charlie n'avait pas prévu de se mettre à la chasse. Au delà du fait que l'idée ne lui plaisait pas, elle ne comptait pas quitter les remparts protecteurs du château avant un long moment. Il lui fallait encore du repos car contrairement à la plaie qui formait à présent une fine cicatrice sur son cou, sa hanche n'était pas tout à fait guérie. Charlie avait aussi besoin de se sentir en sécurité. Ses dernières mésaventures lui trottaient encore fraichement dans la tête.

La brune la laissa observer ses mains. Elle même ne s'était pas rendue compte de la rougeur de ses doigts et d'une partie de sa paume. Une ampoule s'était même formée sur son pouce. Charlie s'apprêtait à refuser la généreuse proposition de Morrigan, mais celle ci l'intimait déjà de la suivre, alors elle n'en fit rien et s'exécuta sans discuter, comme elle l'avait fait toute la journée, l'aidant à ramener leur attirail dans la réserve. Remettant son chapeau de paille en place, elle rougit aux dires de Morrigan. Il faudrait voir avec le temps pour ce qui serait de ses performances, mais l'appréciation de la guerrière lui fit plaisir. "Oui, je le ferais." promit elle. Mieux que ça, Charlie espérait pouvoir s'entraîner un peu chaque jour. Maintenant qu'elle y avait goutté, qu'elle s'était jetée à l'eau et qu'elle avait apprécié, plus rien ne l'empêchait de continuer. Forcément, elle préfèrerait s'exercer à l'abri des regards, mais elle n'y manquerait pas.

Peut-être était ce l'aura naturelle de l'archère qui lui donnait une sorte de pouvoir sur Charlotte et qui la rendait si sage et qui l'avait tenue concentrée plusieurs heures durant, qui sait? Mais la vérité était bien plus simple que cela. Elle se sentait grandement reconnaissante et de fait, respectueuse envers celle qui lui avait si gentiment offert son aide. "J'espère bien, oui! Mais pour l'instant je suis contente d'avoir essayé. Je crois que j'aurais jamais osé si tu me l'avais pas proposé. Ou du moins, pas tout de suite..."
Tandis qu'elles marchaient, Charlie pensait à Adam, la main posée sur le fin pommeau de son couteau. Une habitude qu'elle avait prit après seulement quelque jours en sa possession. Elle espérait qu'il ne prendrait pas mal la nouvelle. Car c'est principalement cela, son éventuelle désapprobation qui l'avait empêchée d'agir. Oh bien sûr, elle ne parlerait pas de sa professeure, sait on jamais, mais elle ne désirait plus lui faire de cachotteries.

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Charlie reçu le baume que lui offrait si généreusement Morrigan avec un sourire qui en disait long sur le sentiment de reconnaissance qui l'emplissait toute entière. "Merci beaucoup!" Si elle avait pu accélérer le temps pour arriver plus vite à son entraînement du lendemain ainsi qu'aux prochains, la jeune femme l'aurait fait sans hésiter. Maintenant qu'elle avait essayé, Charlie avait hâte de recommencer, de tenter de s'améliorer. Il lui semblait qu'une éternité s'était écoulée sans qu'elle n'ai ressenti cela, alors que les expériences nouvelles, les aventures, se sentir pressée de ce qui était prévu pour les jours à venir, tout cela faisait partie de son quotidien autrefois. Finalement, elle était aussi heureuse d'avoir eu l'opportunité de se jeter à l'eau pour cette raison que pour celles qui l'avaient poussée à s'intéresser au tir à l'arc.

Tandis que Morrigan s'étirait, Charlie enduisait ses mains d'une petite noisette de la mixture qu'elle avait préalablement sentie sans en distinguer d'odeur particulière. Si elle devait en utiliser régulièrement, peut-être devrait elle apprendre à le fabriquer un de ces jours? A présent qu'elle savait où trouver Morrigan en dehors de la zone d'entraînement, elle aurait surement l'occasion de le lui demander le moment venu, pensa Charlotte.

"Oh euh, oui? Avec plaisir." En l'observant avec une certaine distance, l'australienne ne s'était pas imaginée que Morrigan puisse avoir un caractère si agréable. Tout du moins, le portrait qu'elle s'en était fait, totalement arbitrairement, était un peu plus froid que la réalité. Comme à peu près tous les guerriers qu'elle avait regarder s'entraîner d'ailleurs. Ils leur semblaient appartenir à une sorte de monde parallèle au sien. Elle se disait que pour affronter des créatures comme celles dont elle avait eu la malchance de faire la rencontre, il fallait avoir un caractère dur, être solide, relativement détaché des autres. Et Adam? Ce qu'elle pensait de lui n'avait rien d'objectif.

Charlie suivit donc de nouveau la guerrière, admirative par sa chevelure si brillante et lisse en comparaison avec la sienne. Pas qu'elle se soucie tant de ce genre de choses futiles qui n'avaient d'ailleurs plus beaucoup de sens dans ce monde là, mais Charlotte savait apprécier la beauté là où il y en avait. Puisque le silence régnait et qu'elle aimait bien ce qu'elle découvrait chez Morrigan, elle décida de le briser en posant une question qui en engendrerait certainement bien d'autres. "T'es née ici?" Le bruit de leurs pas raisonnaient dans les couloirs frais du château.

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L'histoire de Morrigan avait l'air plus compliquée qu'elle ne se l'était imaginé, tout comme le reste de sa personnalité d'ailleurs. Charlie s'en était fait une image relativement simple, mais naturellement, les gens ne se résument que très rarement à ce qu'ils inspirent chez les autres. Elle hocha la tête, tout en se demandant si elle n'avait pas été trop indiscrète. Loin d'elle l'envie de raviver de douloureux souvenirs... Charlie préféra ne pas poser plus de question.
Pour ce qui était de se plaire ici plutôt que n'importe où ailleurs sur l'île, elle la cru sur parole, comme tous les Outsiders d'ailleurs, elle y comprit. Les choses auraient peut-être été différentes sans Adam, très certainement même. Son destin aurait été certainement bien plus sordide et sa vie écourtée s'il ne s'étaient pas retrouvés, mais à présent, elle ne s'imaginait vivre nulle part ailleurs.

"D'accord, j'y penserais ! Merci. " Charlie ne se perdait que rarement dans les couloirs du château maintenant, mais cela lui arrivait encore malgré tout. Elle ne manquerait pas de demander à Morrigan s'il lui arrivait d'en avoir besoin et qu'Adam était trop occupé pour l'accompagner où que ce soit. Alors que la guerrière semblait dans ses pensées, elles continuèrent de déambuler dans le château. De son côté, Charlie sourit à un petit groupe d'enfants qui croisa leur chemin et salua deux ou trois autres personnes, collègues de travail qui furent presque étonnés de ne pas la voir en compagnie du guerrier qu'elle suivait partout.
Les deux femmes arrivèrent devant des tables bien garnies qui, il fallait l'avouer, faisaient très envie. Charlie avait eu une journée particulièrement bien remplie et son tout nouvel apprentissage avait puisé ses dernières forces. "Ouais, je veux bien!" La faim, la soif, elle prendrait tout ce qu'on lui offrirait et qui serait susceptible de la contenter. Car Charlie n'osait toujours pas trop se servir par elle-même, ni dans le garde manger, ni lors des banquets et encore moins chez Sera qui lui offrait son grenier en guise de logement. Malgré cela, Charlie prit sur elle et imita Morrigan. Elle s'empara d'une petite boule de pain aux céréales sans rien y ajouter avant de la rejoindre. Charlotte prit place sur un tabouret et remercia Morrigan pour la centième fois de la journée après avoir reçu le thé qu'elle avait préparé.

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"Ca se voit tant que ça?" plaisanta Charlotte. La jeune femme avait longtemps porté le jean qu'elle avait sur elle en débarquant ici, et disons que ça n'était pas le genre de vêtement que l'on a l'habitude de voir dans les parages. Un simple coup d'oeil et les gens comprenaient rien qu'en la voyant. Aujourd'hui, elle avait prit ses marques chez les Outsiders et se fondait un peu mieux dans le paysage.
"Pas vraiment, non." A vrai dire, Charlie considérait le château comme ça maison depuis peu. Depuis son retour de mission sauvetage, en fait. Déjà sur le chemin, elle n'avait qu'une envie, c'était retrouver ce qu'elle nommait elle-même son chez elle. Ce sentiment là était très récent, mais les derniers évènements lui avaient fait réaliser que sa vie se trouvait ici et nulle part ailleurs. Ici, entourée de ces gens bienveillant avec elle, protégée des horreurs de ce monde par les hauts remparts et près d'Adam, surtout.

"Enfin je crois que ça va faire... deux ans? Peut-être moins, je ne suis pas sûre." ajouta Charlie en haussant les épaules. Elle ne comptait plus les jours depuis longtemps maintenant car de toute évidence, cela lui faisait plus de mal qu'autre chose. En tous cas, cela semblait une éternité pour elle qui avait été d'histoires sordides en histoires tragiques. Deux années où elle avait apprit à aimer la vie au château, fait connaissances avec certains de ses habitants, où elle s'était fait une place parmi eux. Deux ans qu'elle avait retrouvé Adam et perdu dans un même temps tout espoir de retrouver les siens, morts ou vifs. Cette pensée ne fit pas vaciller le sourire de Charlie qui s'efforçait de le préserver, cachant la peine qui, si elle avait été seule, lui aurait sans doute fait versé quelques larmes. Mais face à Morrigan ou quiconque, Charlie restait fidèle à elle même, souriante.
A son tour, elle bu quelques gorgées du thé qu'avait préparé l'archère. Il était chaud et parfumé, réconfortant, tout ce dont elle avait besoin présentement. "C'est très bon!" fit-elle un peu plus enjouée avant de reprendre, "Et cinq mois encore avant, j'arrivait sur l'île." La petite nouvelle, en somme. Depuis, elle n'avait pas eu la chance ou la tristesse de constater l'arrivée d'un autre dolphinback au château, à moins que ça lui ai totalement échappé, ce qui n'était pas improbable étant donné sa récente absence et le fait que tout compte fait, elle ne connaissait pas grand monde ici. L'essentiel de son univers tournait autour de son travail, de ses dessins, de sa famille d'accueil et de son ami d'enfance, et quand on croit avoir tout perdu, c'est déjà beaucoup.

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Charlie acquiessa. Effectivement, elle n'avait pas tout de suite rejoint les rangs outsider. D'ailleurs, elle n'avait réalisé que très récemment son sentiment d'appartenance au groupe. Pendant longtemps, elle avait tenu à garder son étiquette d'étrangère. Une étrangère qui ne voulait rien de ce monde. Mais les choses avaient changé. "Merci." dit-elle puisqu'on lui souhaitait la bienvenue parmi eux. A l'aise, elle décida d'en dire davantage à Morrigan. "C'est vrai que je me suis faite assez discrète." avoua la jeune femme qui, pendant longtemps, avait craint de déranger, d'abuser de l'hospitalité des habitants du château ou de faire ou dire une bêtise. "Et je me suis pas mal absentée, ouais..." dit-elle en se remémorant les histoires qui allaient de paire avec ces longues absences. "J'avais des affaires à récupérer, des choses à régler aussi... enfin bref. Le moindre voyage dur des lustres ici..." Elle soupira, regrettant sa voiture toute cabossée qui faisait surement office d'épave à la casse du coin, maintenant.

Elle rendit son sourire à Morrigan et trouva son regard étrange l'espace d'un instant, comme si quelque chose la préoccupait. Sans se formaliser et puisqu'elle ne la connaissait pas suffisamment pour être sûre de son ressenti, Charlie mit son impression de côté et poursuivit. "Ca a été très dur au début... j'avais pas envie d'être ici, nulle part en fait." Un court silence vint exprimer la détresse qu'elle avait ressenti alors. "Mais oui, les gens sont tous très gentils ici." En un instant, Charlie avait retrouvé sa jovialité et elle rit doucement en désignant le chapeau de paille qu'elle portait. "On prend soin de moi, tu vois! Dire qu'on m'avait parlé de cet endroit comme le repère de bandits sans foi ni loi..." Heureusement pour elle, Charlotte avait comme principal défaut d'être entêtée. Sans sa témérité, elle ne se serait sans doute jamais rendue dans cet endroit. Certes, les outsiders étaient loin de vivre à la manière des braves citoyens dinotopiens, mais globalement, cela convenait bien mieux à Charlie.

La question que lui posa maintenant l'archère mit un sacré coup à la jeune femme qui prit un air grave, pesant ses mots avant de répondre. Au départ un cauchemar, puis quand elle avait réalisé que tout était on ne peut plus vrai, cela s'était transformé en enfer, oui. Et le destin s'était montré cruel avec elle, de bout en bout. Peu nombreux avaient été les moments de répit pour l'australienne qui accumulait les traumas. "J'ai peur si... c'est pour ça que... enfin, que j'aimerais apprendre à me défendre, tu vois? Mais je me sens en sécurité ici. Pas toi?" Elle se rappela ce regard, un peu plus tôt... et sa façon de poser cette question... Morrigan avait elle peur, elle aussi?

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Charlotte appréciait la façon dont Morrigan respectait les zones d'ombres de son récit. La plupart des gens aurait cherché à en savoir davantage, à creuser, par simple curiosité, sans voir, sans comprendre que ça faisait du mal. Elle hocha la tête, un sourire en coin, avant de finir son breuvage. Effectivement, évoquer ce passage là plus en détails aurait fatalement raviver des émotions douloureuses à la jeune femme, et elle n'avait aucune envie de s'étaler devant la guerrière. "Compliqué" c'est le mot qu'on choisi pour éviter le sujet qui fâche.

"Hm..." fit-elle tout en acquiesçant. Cela dit, elle n'était pas certaine qu'absolument tous les outsiders aient ce désire. Pas après avoir vécu la moitié de sa vie, ou plus, dans cet endroit, après avoir construit quelque chose ici, trouvé des raisons d'être heureux, pourquoi tout quitter ? Pour un monde qu'ils ne connaissent pas, plus, ou si peu, et qui n'a pas de place pour eux. La jeune femme faisait le parallèle avec les prisonniers purgeant de longues peines. En sortant, ils sont perdus, isolés. Certains finissent par se suicider, d'autres font tout pour retourner en prison. Charlotte laisse de côté ses pensées glauques.

"Merci." Elle assorti sa parole d'un sourire. A vrai dire, elle se sentait déjà bien mieux depuis son retour au château. Son voyage lui avait fait comprendre que c'était ici, sa maison. Désormais, il fallait espérer que cette tristesse qui lui rongeait le coeur et l'âme resterait en veille, jusqu'à s'effacer totalement. Le souvenir d'autrefois, Charlie le chérissait, mais elle n'en pouvait plus de souffrir, de ça, comme du reste. Cette île lui avait fait tant de mal...

Charlie remarqua tout de suite le regard de Morrigan et s'en voulu immédiatement d'avoir touché un point sensible. Mais contrairement à elle, l'archère n'évita pas le sujet et son soupire donna le la avant même qu'elle ne se mette à parler. Avec attention, la paysanne l'écouta, et fut stupéfaite. Comment une guerrière comme elle pouvait craindre un dinosaure au point de parler de peur? Pour le coup, cela lui donnait la chaire de poule. Elle fronça les sourcils, très inquiète. "Mais... de quel genre... enfin qu'est-ce qu'il a de spécial?" demanda t elle à demi mot sans parvenir à cacher ce que tout ça lui inspirait. Leur petite conversation anodine se transformait peu à peu en récit d'épouvante pour Charlie qui avait du mal à déglutir en s'imaginant toutes sortes de choses quant à l'apparence de la chose en question. Si même Morrigan le craignait ici, dans l'enceinte du château, c'est qu'ils avaient tous des raisons de s'en faire.

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Guerrière et paysanne

Toute ouïe, Charlotte regardait la guerrière avec intensité. Ses sourcils légèrement froncés exprimaient autant son inquiétude que sa curiosité, clairement piquée par le sujet de la conversation. A mesure que son interlocutrice lui décrivait la bête en question, celle-ci prenait forme dans son imaginaire. Et ce qu'elle se représentait donnait des frissons. Un monstre sorti tout droit d'un cauchemar dont le seul point faible semblait être la lumière, brûlant sa peau livide et ses yeux qu'elle se figurait intensément rouges, ou bien bleus peut-être. "Mon dieu..." laissa échappé la brune au souffle coupé.

Morrigan avait peur, c'était très clair, et cela avait de quoi alarmer Charlotte. Si même elle, avec ses flèches et son courage, avait bien failli y passer... Elle réprima de sombres pensées mettant en scène l'archère et la bête. Pauvre Morrigan... pensa la jeune femme qui savait combien ce genre d'expérience était traumatisante.
Et ce sourire qu'elle lui servit ne suffit pas à la duper. Ni cela, ni le fait que cette chose se trouve si loin d'eux. Si une telle chose existait, peut-être y en avait-il d'autres? Peut-être plus grands encore, plus terrifiants? Et aussi, plus proches...? Mais même si Charlotte n'était pas rassurée le moins du monde, elle répondit au sourire de Morrigan par un autre, pas beaucoup plus convaincant. "Ouais, t'as surement raison..."

Charlotte tentait de cacher l'effet que lui faisait cette découverte, mais elle n'était pas sûre d'y parvenir. Et dire qu'elle avait entraîné ses amis dans son voyage à travers l'île... S'ils avaient croisé cette chose... Et lorsqu'Adam l'avait accompagné aux pilleurs d'épave... Elle ferma les yeux, effaçant les images sordides qui venaient à elle. Bon sang, qu'est-ce qu'elle pouvait être inconsciente! Charlotte s'en voulait. S'il était arrivé quoi que ce soit à l'un d'eux, jamais elle n'aurait pu se le pardonner. "T'en as parlé aux autres?" Où qu'elle se trouve, les guerriers Outsiders devaient connaître l'existence de cette créature.

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