[Terminé] Nouvelle Aube

Nouvelle Aube

Le fond de l’air est doux, j’ai laissé la fenêtre un peu ouverte pendant la nuit pour rester au frais et c'est ainsi que le vent du matin vient doucement caresser mon visage. Les quelques rayons du soleil qui entrent ne sont pas vraiment étrangers non plus à ce réveil tout en douceur. J’ouvre doucement les yeux pour bien me rendre compte que je suis toujours dans cette chambre, celle de Sany, ma douce et gentille sauveuse de la veille. Dinotopia est donc bien une réalité. J’ai ce mouvement réflexe de tendre mon bras vers la droite, comme s’il allait rencontrer le visage d’Abigail, mais non, elle n’est plus là. Cette pensée m’arranger un lourd soupire plein de tristesse avant que je ne me décide à me lever.  

Je me dirige vers la fenêtre pour voir ce qu'il se passe dehors et je vois des gens qui commencent doucement à sortir de différents bâtiments. Le lever du jour est un signal pour beaucoup de se mettre au travail j’ai l’impression, bien que cela soit encore un rythme plutôt tranquille.  
Après ça, je vais rapidement à la salle de bain encore une fois pour juste me débarbouiller et être un minimum frais en présence de Sany. Déjà que je lui impose ma présence, je ne vais pas faire offense à son hospitalité plus que généreuse.  

Je repense au crash, je n’arrive pas à ne pas le faire. Quand je ferme les yeux, je revois tout qui tremble autour de nous, les masques de respirations qui tombent, les alarmes et les cris des passager avant le grand plongeon. Puis c’est l’appareil qui se sépare en plusieurs morceaux et Abigail qui se fait entraîner dans les profondeurs sans aucun espoir de survie. Peut-être que tu es encore en vie quelque part, mais je préfère ne pas me faire d’illusions. Je prends de l’eau entre mes deux mains avant de me la claquer au visage pour me faire reprendre mes esprits. Je me craque légèrement la nuque pour me décoincer avant de d’essayer de trouver ma sauveuse en m’orientant dans sa demeure.  

Je finis rapidement par la trouver et je me fais entendre pour ne pas la surprendre avant de commencer à lui parler.

Kai ▬ Bonjour Sany, comment allez-vous ce matin ?  

Je fais en sorte de lui montrer que je vais bien avec un large sourire afin surtout de dissimuler le fait que je pense énormément à ma femme que je viens de perdre. Il n’est pas bon d’accabler ceux qui vous reçoivent avec tant de gentillesse avec vos problèmes. Cette femme a sûrement déjà bien assez de ses propres ennuis pour ne pas avoir à gérer mes états d'âmes de nouvel arrivant sur l’île.

Kai ▬ Je vais beaucoup mieux aujourd’hui, je n’ai plus mal à la tête du tout.  

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Sany avait passé la nuit dans la grange de l'Hacienda, au milieu des énormes sauropodes du domaine et en compagnie d'Ator. Evidemment, rien ne l'empêchait de dormir sur son canapé, ou même au dortoir des filles dans le pire des cas. Mais quitte à prêter sa chambre, autant en profiter pour ressourcer son âme en liant ses rêves avec ceux des sauriens le temps d'une nuit. Bon nombre de dolphinbacks ne seraient pas en mesure de comprendre l'aspect spirituel de la chose, mais pour Sany, ça existait. La jeune femme s'éveilla dès l'aube. Le travail à la plantation commençait toujours très tôt. Elle en profita ainsi pour ouvrir en grand les portes de la grange et permettre aux diplodocus d'en sortir. Ator comprit. La veille au soir, elle lui avait fait un récapitulatif complet de son entrevue avec l'inconnu qu'ils avaient trouvé sur la place et ça avait passionné le jeune saurien.

A présent, Sany se devait de voir si tout allait bien pour le rescapé, après l'avoir laissé seul aussi longtemps. De la grange à l'hacienda, elle croisa déjà bon nombre d'employés de la ferme, qui avaient l'habitude de se lever avant les stagiaires dont elle avait la charge. Ces derniers devaient sûrement être encore au réfectoire pour le petit-déjeuner et en y pensant, Sany songeait que son hôte devait avoir faim lui aussi. Ou aura faim quand il se lèvera. Il fallait voir où il en était. Elle souriait rien qu'à l'idée de le revoir et d'espérer qu'il se porte déjà mieux que la veille. La nuit avait dû l'aider à se faire une raison sur l'existence de cette île, et sans doute à calmer un peu ses ardeurs concernant les habitants reptiliens de celle-ci. Il en aura bien besoin parce qu'il n'était pas encore au bout de ses surprises.

Sitôt de retour à l'hacienda, la matriarche se rendit à ses appartements des étages, plus précisément dans sa cuisine où elle s'empressa de préparer de quoi nourrir son hôte tout en préparant du thé aussi bien pour lui que pour elle. C'était son petit rituel ça, un thé dès le matin, généralement doux pour bien commencer la journée. Elle avait donc opté pour les exotiques senteurs de jasmins dans la boisson fumante. C'est alors qu'elle entendit l'homme derrière elle. Elle fit volte-face, le sourire aux lèvres, bien heureuse de le voir debout, avec plus de couleurs au visage et avec bien meilleure mine.

- Paix de l'âme monsieur Awana, lança t-elle chaleureusement, je me porte bien merci et je suis ravie de constater qu'il a l'air d'en être de même pour vous. Avez-vous bien dormi ?

L'homme lui confirma qu'il allait mieux, que sa migraine avait disparu et c'était une excellente nouvelle. Versant un peu de thé dans un verre de céramique, elle le lui tendit en répondant :

- Voilà qui fait plaisir à entendre ! Vous êtes un costaud. Et un lève-tôt aussi visiblement. Nous apprécions ça ici. Qu'est-ce que vous aimeriez manger ? Vous avez le panier à fruit juste à côté de vous, sinon...Des brioches ? Confiture ? Je sais que les petits-déjeuner varient beaucoup selon le pays d'où l'on vient. Je ne sais pas de quoi vous avez l'habitude.

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La matriarche est dans sa cuisine quand j’arrive et je peux sentir un délicat parfum qui s’élève dans l’air. C’est une odeur douce, du thé parfumé, mais je ne reconnais pas l’odeur avec précision, peut-être une fleur. Elle est déjà souriante de bon matin et cela n’est que plus plaisant à voir. Je ne suis pas spécialement embrumé, mais je dois dire que son sourire est tout de même une sorte de phare qui met d’autant plus en forme. C’est toujours plaisant d’être accueilli de la sorte, mais vu la gentillesse de Sany, cela ne m’étonne guère.

Kai ▬ “Paix de l’âme” ?

Je laisse échapper cela à voix basse tout en poursuivant mon chemin pour m’approcher dans la gentille matriarche. Elle prend des nouvelles de mon état, ce qui était prévisible de sa part, gentille comme elle est. Son sourire est toujours aussi agréable à voir et je sens qu’elle s’inquiète vraiment de mon état, mais que ça lui fait tout autant sincièrement plaisir de me voir en bon état.

Kai ▬ J’ai très bien dormi. Je pourrais m’y habituer, mais je pense que cette nuit un canapé ou un tas de foin dans une grange suffira amplement. Mais pardonnez-moi, “Paix de l’âme”, c’est une façon de répondre à “bonjour” par ici ? Comment se salut-on à Dinotopia ?

Je suis très curieux de savoir quelles sont les coutumes des dinotopiens. Si je veux m’intégrer sur l’île il faut que j’en apprenne un maximum. Je n’ai pas vraiment le choix en réalité. C’est toute une nouvelle culture, inédite, qui s’offre à moi et à laquelle il va falloir que je m’habitue. Je ne pourrai pas repartir de cette île, jamais. Je suis donc obligé de pleinement m’intégrer si je veux pouvoir accepter dans un premier temps ma situation, mais surtout pouvoir un jour dire que ma vie est bien ici et non pas perdue ailleurs.

Je tends la main pour attraper la tasse en céramique. Ce thé a une délicieuse odeur et comme il est différent de celui de la veille je commence à me dire qu’elle est très connaisseuse et passionnée de thé. Je ne reconnais toujours pas l’odeur florale qui se dégage du breuvage.

Kai ▬ Merci pour ce thé. Oui je suis plutôt du genre lève tôt. J’ai pris l’habitude en étudiant les carnivores de me lever quand il fait encore nuit, si ça peut m’aider à m’acclimater, c’est déjà ça. Et pour le petit déjeuner, je pense que je vais me laisser tenter par de la brioche et de la confiture. C’est vous qui la faites ?

La confiture est sur Dinotopia forcément maison. Il n’y a pas d’industries et de machine automatique à mon humble avis, donc tout doit être fait de façon artisanale, en plus ou moins grande quantité peut-être, mais elle peut aussi être fait avec la passion d’une personne en faisant pour elle. Ma mère faisant de la gelée et de la confiture maison, principalement à la banane ou à la coco et c’est un souvenir qui m’est très cher.

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Le reflexe pour saluer l'homme n'avait pas pu être stopper à temps alors que la jeune femme aurait pu se douter qu'il n'avait aucune idée de la façon dont on saluait les gens ici. La voix de Kai n'avait été qu'un murmure mais elle l'avait bien perçut, elle l'avait vu, et surtout elle l'avait deviné. Elle garda néanmoins son sourire. Il n'était jamais trop tôt pour apprendre le savoir-vivre de cette nouvelle communauté dans laquelle il serait bien obligé de s'intégrer.

- Oui, c'est ainsi que nous nous disons bonjour en d'autres termes, expliqua t-elle alors, c'est une salutation. Et la réponse à "paix de l'âme" est "toute harmonie".

Ce n'était sans doute pas l'information la plus capitale à savoir sur cette île, mais c'était toujours bon de mettre le dolphinback au courant parce qu'il risquait de l'entendre souvent. Autant qu'il sache tout de suite de quoi il s'agit.

- Et pour la prochaine fois, j'ai fort heureusement mieux qu'un tas de foin à vous proposer.

Elle eut un sourire amusé. Ce serait un comble de faire dormir les invités dans des granges. Mais elle comprenait le fait qu'il ne veuille pas prendre une place qu'il ne lui était pas dû. Un moment ou l'autre, il fallait bien que chacun récupère sa couche. Elle n'avait rien contre. Mais l'homme ne serait pas obligé de sacrifier son confort pour ça. Il était plutôt bien tombé à l'Hacienda. Etant donné que c'était l'une des cinq zones de stages de l'île, il y avait des dortoirs pour accueillir les jeunes stagiaires et largement de place pour tout le monde.

Le Dolphinback attrapa la tasse sans broncher et Sany se servit également sa propre tasse. Dès le matin, ça réchauffait déjà les coeurs et ça aidait le cerveau à avoir son petit coup de fouet tout en douceur. Dès que l'homme émit sa demande après avoir confirmer qu'il était du genre à se lever de bonne heure, la matriarche se mit à fouiller dans ses tiroirs pour en extraire les mets demandés, tout en suggérant à l'homme de s'asseoir à la table d'un signe de main. Disposant le nécessaire sur un plateau, elle lui répondit :

- Moi personnellement, non. Mais nous avons un très bon fournisseur. La Boulangerie Kentrosaurus n'est pas très loin et se trouve être à mon humble avis la meilleure de la ville.

Après avoir disposé quelques brioches, couverts et ce petit pot de confiture d'orange sur le plateau, elle empoigna ce dernier pour rejoindre l'homme tout en continuant de lui répondre :

- Et croyez-moi, il y en a des bouches à nourrir ici, nous sommes loin d'être seuls ! Quand à la confiture, comme bien des choses à bases d'oranges, sont fabriqués ici-même, dans la plus grande exploitation d'oranges de tout Dinotopia.

La matriarche posa le tout sur la table, ainsi que sa théière, sa propre tasse, et elle-même s'installa face à Kai. Elle décida de lui donner un peu plus d'information de ce côté là car il était vrai que ce pauvre homme ne savait même pas encore vraiment où il se trouvait précisément. A présent qu'il avait récupéré de sa nuit, il était sans doute plus enclin que jamais à en apprendre d'avantage.

- Je ne m'occupe pas simplement de la ville ici. Je suis également la maîtresse de l'hacienda dans laquelle nous nous trouvons. C'est un grand domaine agricole où nous cultivons nos oranges. Ici, ce sont mes appartements privés mais vous verrez par vous-même que le bâtiment est beaucoup plus grand que ça et accueille énormément de monde. Des employés évidemment, mais également quelques adolescents qui viennent durant un an expérimenter ce que nous appelons un stage d'assignation, ou encore un entraînement initiatique. C'est tout ce petit monde qui est en charge des tâches dans les plantations, que ce soit de la cueillette ou la fabrication de certains produits comme du jus d'orange...ou de la confiture !

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Je suis faciné par l’explication de la jeune femme. Il se figure que “paix de l’âme” est bien l’équivalent d’une sorte de salutation, bien qu’au début cela semble être de prime abord un “bonjour” je trouve que ça manière de l’expliquer ensuite sonne comme une forme de salutation universelle. Il se pourrait bien que l’on dise “au revoir” de la même manière, mais il faut que j’en ai le cœur net.

Kai ▬ Cela semble convenir également à des salutations appropriées lorsqu’on se sépare également, je me trompe ou vous avez également une façon pour dire “aurevoir” ?  

J’oublie pendant un moment la tragédie qui m’a amené ici. Mon esprit curieux prend le dessus et j’ai envie de connaître un maximum de choses sur cet endroit plein de merveilles. Il y a quand même des dinosaures encore envie et une société qui semble s’être totalement développée autour de cet état de fait.  

Elle a un sourire amusé des plus chaleureux et ravissant. Elle ne manque pas de souligné que je n’aurais pas à dormir dans le foin. C’est au moins une bonne chose que d’arriver aussi vite à amuser ma sauveuse avec une réflexion des plus bateau.

Kai ▬ Vous m’en voyez ravi dans ce cas. Ce n’est pas que ça m’aurait dérangé bien entendu, mais un lit est finalement toujours préférable. De même s’il faut que je travaille pour m’offrir ce luxe, c’est avec plaisir. Il est hors de question que je ne parvienne pas à rembourser ma dette envers vous.  

Elle m’explique rapidement que c’est une boulangerie Kentrosaurus qui les fournit en brioche et pain. Soulignant le fait que nous ne sommes pas seuls du tout ici et qu’il y a beaucoup de bouches à nourrir. Il est vrai qu’elle semble s’exprimer comme si elle avait la possession ou l’usufruit des vergers et de leur exploitation. Je me doute donc assez facilement qu’il doit y avoir beaucoup d’ouvrier agricoles dans la ville où je me trouve. Toutefois, elle vient à préciser qu’il y a tout une économie qui tourne autour des oranges. Tout ce qui peut être fait à partir de ces fruits est produit ici, en ville avant d’être envoyé ailleurs sur l’île je suppose.  

Elle s’installe un peu plus en face de moi, le regard plus sérieux après avoir posé sa tasse et la théière sur la table. Je pense qu’elle se décide à apporter beaucoup de réponses à mes questions et c’est ce qu’il se passe. Elle m’explique qu’elle n’est pas seulement en charge de toute la ville, mais également de l’hacienda dans laquelle je me trouve. C’est un grand domaine agricole et la culture des oranges y est très importante. Je suis dans les appartements privés de la matriarche, mais il y a également des bâtiments prévus pour accueillir ceux qui travaillent ici. Elle me parle d’employés, mais également d’adolescents qui viennent pour un entraînement initiatique. Il y a tant de questions qui me viennent en tête que je ne sais pas par où commencer.  

Je prends une gorgée de thé avant d’arborer un grand sourire. Je crois qu’elle commence à me cerner et elle sait que je vais avoir plusieurs questions.

Kai ▬ C’est un vaste domaine, mais il n’y a besoin d’autant d’employés que lors des récoltes, les ouvriers agricoles viennent d’autres ville à cette occasion ? Enfin, ce n’est qu’un détail après tout. En réalité, je me pose surtout la question de ce que peut-être cet entrainement initiatique dont vous parlez. Cela m’intrigue et relève sans doute d’une grande importance culturelle. Dans les autres cultures que j’ai côtoyées, le passage de l’adolescence à l’âge adulte se fait par certains rites bien précis, c’est le cas ici ?    

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De part le fait que l'homme avait aisément deviné qu'il s'agissait d'une salutation, Sany pouvait en déduire qu'il avait tout de même un bon instinct. Elle sourit lorsqu'il continua de faire preuve d'une agréable curiosité et détermination à en vouloir toujours en savoir d'avantage.

- Non, vous avez raison. Seuls les Gardiens d'Habitats ont une salutation différente. Voyez ça comme...une sorte de protocole militaire. Vous découvrirez chacune d'entre elles bien assez tôt.

En disant cela, elle mentionnait le fait que ce n'était pas non plus une urgence. Elle n'avait pas envie de le surcharger en informations. Tout d'un coup, ce n'était pas bon non plus. L'homme avait tout son temps désormais pour découvrir peu à peu les aspects de la civilisation de cette île.

- C'est toujours préférable, assura t-elle, surtout lorsque nous en avons à disposition. Quand au travail, j'apprécie énormément votre bonne volonté mais j'aimerais vraiment que vous pensiez avant tout à vous rétablir.

On aimait les âmes travailleuses dans un lieu comme l'hacienda. Ce n'était pas pour rien que c'était là-bas qu'on y envoyait les stagiaires. C'était bien pour leur apprendre le travail avant tout. Pas de flemmardise tolérée. Rien que des coeurs forts, joyeux et rempli d'ardeur pour mettre la main à la pâte. Une année entière à labourer la terre, à s'endurcir sous la pluie et le soleil, autant dire qu'à la fin, les jeunes étaient fin prêt pour accepter les formations qui leur étaient dû en récompense. Comme elle s'y était attendu, ses paroles ne firent qu'accroître la curiosité de l'homme et ce dernier ne semblait pas savoir quelle question poser en premier pour assouvir sa soif de savoir. Sany devait bien reconnaître que ses désirs de vouloir tout connaître de son monde lui faisait vraiment plaisir. Mais ça ne l'empêchera pas de le ménager pour autant. Elle but une gorgée de thé avant de lui apporter les réponses tant désirées.

- Nos employés viennent surtout d'ici et sont bien moins nombreux que les stagiaires. D'ailleurs, ils servent plus de guide pour eux que de personnes chargées de les remplacer. Nos stagiaires en revanche viennent d'un peu partout sur l'île. Ce sont eux qui, à la fin de leur scolarité, choisissent le lieu de leur stage parmi les cinq d'accueil sur l'île.

Elle marqua une pause, le temps de manger un morceau, de laisser passer cette information dans l'esprit de l'homme, puis poursuivit :

- J'ignore s'il peut s'agir d'un rite comme vous l'entendez, comme vous en avez déjà vu. Cet entraînement initiatique consiste à venir vivre et travailler durant un an dans un lieu comme celui-ci avec les dinosaures pour parfaire leur intégration au sein de la communauté saurienne. A la fin de leur stage, nous assignons chacun d'entre eux à l'un des trois habitats de l'île. C'est un peu comme une sorte de rang, de symbole. Nous leur attribuons par la même occasion une formation qui leur permettra d'apprendre leur futur métier.

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Je suis content d’avoir vu juste sur le fait que ce soit une forme usuelle de salutation que l’on dit aussi bien pour se dire bonjour qu’au revoir. Toutefois, il y a quelque chose qui vient piquer ma curiosité dans la réponse que Sany me donne. Ce terme de “gardiens d’habitats” me laisse perplexe pendant un instant. Ce serait une sorte de protocole militaire selon ses dires. Je suppose que mon visage était marqué par l’interrogation pour qu’elle poursuive l’explication. En tout cas, je comprends rapidement qu’il y en a plusieurs sortes.

Kai ▬ Je suppose qu’il vaut mieux que je n’apprenne pas tous tout de suite. Mais je suis intrigué par cette notion de Gardiens d’Habitats il est vrai.

La bienveillante matriarche me fait savoir combien elle apprécie ma proposition de participer à l’activité de son exploitation ou de sa ville pour rembourser ma dette. Ce n’est pas qu’elle ne veut pas de mon aide, au contraire même, mais elle pense avant tout à ma santé et au fait que je doive me reposer encore un peu pour pleinement récupérer. Je ne pipe mot à sa demande. Elle est la maîtresse des lieux, de la ville et ma sauveuse, je peux bien lui accorder cela. Je lui souris avant de croquer dans une tartine qui a un goût des plus exquis. C’est à croire que tout a un meilleur goût sur cette île.

Le biologiste en moi essaye de comprendre et les théories se bousculent rapidement dans ma tête. Il est possible que la qualité insulaire de cette île, bien que disposant de denrée venant d’un peu partout à première vue, aie un sol particulièrement riche. Il est même possible que cela soit le résultat des déjections des dinosaures, plus fertiles que celles d’autres animaux. Cela peut aussi être le résultat d’un mélange de plusieurs de ces hypothèses. Si une tempête protège l’île en permanence, il se peut aussi que cela explique la qualité de l’air et de l’eau que je perçois à chaque bouffé ou gorgée. Dinotopia commence à avoir des allures de véritable petit paradis. Je suis peut-être mort après tout et c’est ce qu’il y a de l’autre côté pour moi ? Cette pensée me fait sourire et à moitié rire l’espace d’un instant avant de revenir sur la conversation que j’ai avec Sany.

Il y a beaucoup de monde, mais comme je le pensais, il y a du mouvement d’ouvriers. Les jeunes font office de travailleurs saisonniers pour se former au travers de stages divers apparemment. Ce n’est pas un système des plus idiot, c’est même sans doute très formateur et enrichissant pour tout le monde.

Kai ▬ Je vois. Les études sont surtout là pour préparer à un avenir très concret et vous leur montrer un maximum de choses pour qu’ils puissent se faire une idée. Mais dites-moi, quels sont ces autres lieux d’accueil de stage ? Ont-ils certaines spécificités comme vos vergers d’orange ?

Chassez le naturel, il revient au galop. Je ne peux pas m’empêcher de poser tout un tas de question. J’espère juste ne pas trop ennuyer la matriarche avec ce genre d’interrogations.

Les mots qu’elle a employés sont selon moi riches de sens. Il est question d’intégration à la société saurienne. Cela signifie que même s’il y a une certaine forme d’harmonie ici, nous sommes ici chez les dinosaures et ce n’est pas autre chose. Je suis toutefois intrigué par les termes qu’elle emploie justement.

Kai ▬ Communauté saurienne dites-vous ? Je ne suis pas certain de comprendre. Vous voulez dire s’occuper d’eux comme des soigneurs ?

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Sany ne se jugeait pas assez douée avec les nouveaux venus en ce qui concernait ce genre d'explication. Elle utilisait des mots et expressions comme si son interlocuteur pouvait savoir de quoi il s'agissait sans même s'en rendre compte. Si elle avait l'art de savoir s'exprimer et exposer des choses grâce à son rang et à sa gestion dans sa communauté agricole, elle était loin de se savoir parfaite au rôle de guide pour nouveaux venus fraîchement débarqués sur l'île. Pour éviter cependant de torturer l'homme en le laissant mijoter dans une ignorance probablement insupportable, elle entreprit cependant de lui donner un bref éclaircissement.

- Voyez ça comme les protecteurs de l'île. D'où leur nom finalement, ce sont nos gardiens, ceux qui veillent à ce que tout va bien. Qui aide les personnes en danger par exemple, qui s'assurent que rien ne perturbe l'environnement et la biodiversité de Dinotopia.

Garde-chasse était peut-être ce qui se rapprochait le plus d'eux dans le monde de Kai, avec un supplément d'attaque/défense pour protéger la population. Leur but n'était nullement de s'en prendre aux carnivores cependant. Au contraire, leur objectif était également de leur venir en aide si besoin et de surveiller la qualité des territoires dans lesquels ils vivaient.

- Oh non, les autres lieux de stages sont aussi des exploitations agricoles. A l'exception de celui au Temple du Ciel où les stagiaires apprennent un mouvement beaucoup plus spirituel et l'autarcie dans les montagnes. Quand aux autres, voyons, eh bien il y a ici à l'Hacienda. D'ailleurs, vous vous trouvez dans une ville nommée Khasra. Il y a un lieu de stage à Vidaba, au nord, qui représente l'une des plus grandes communauté agricole de l'île.

La jeune femme comptait sur ses doigts au fur et à mesure qu'elle énumérait les endroits.

- Et puis, il y a les champs d'orge de Churmley, à l'ouest et l'exploitation de Telson au sud.

Mais l'homme avait largement le temps d'en savoir davantage également sur tous ces lieux, ainsi que les régions diverses dans lesquels ils se trouvaient. Le terme de communauté saurienne parlait plus à Sany étant donné que les dinosaures étaient surtout vue ici à l'égal des Hommes. Ce n'était pas de simples animaux. Même si beaucoup pouvaient le laisser croire car ils exécutaient des tâches que les gens du monde extérieur laissaient faire à des bêtes. Mais ici, on pouvait autant voir un brachiosaure labourer un champ que d'être avocat dans un tribunal.

- C'est un exemple, répondit Sany après une gorgée de thé, mais il s'agit surtout d'apprendre à travailler en harmonie avec les dinosaures. Apprendre à les comprendre, à ressentir les choses comme eux, à se lier à eux. C'est pour cela que les stages se déroulent en milieu agricole. Le travail de la terre favorise cette connexion en plus de celle à la nature. C'est une compréhension de la vie.

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Ces fameux gardiens ont vraiment des allures de militaires en effet, ou de police. Cela me ramène quelque peu à leur système de lois. Il faudra que je me renseigne là-dessus. Toutefois, d’après ce que Sany avait sous-entendu dans une autre conversation, c’était précisément pour ça qu’il fallait que je me rende à leur Sénat.

Kai ▬ Je comprends. Ce sont des garants de la paix de tous en somme. Une noble vocation que de dédier sa vie à protéger les autres.

Cette société offre beaucoup de possibilités. S’il y a des savants, des protecteurs, des ouvriers et des agriculteurs. Je pense que je pourrai forcément trouver mon bonheur et ma place quelque part dans tout ça. Il est évident que je ne vais pas renier qui je suis, un scientifique avant tout, mais s’il faut mettre les mains dans la bouse pour commencer, ce ne sera pas une difficulté. En réalité, je serai capable de passer d’un travail à l’autre ici me connaissant tant il y a des choses variées à faire.

Kai ▬ Je vous avoue que cela ne va pas être facile de trouver une place en particulier pour moi quelque part. J’ai toujours été un touche-à-tout avec la bougeotte. Je m’occupai des animaux dans un sanctuaire, ou dans des réserves mais j’en observais aussi dans leur milieu naturel sans aide des hommes. Autant dire que j’aurai envie de refaire ça ici ah ah.

Cette conversation avait le don de me donner le sourire et avec celui de Sany, ça ne fait qu’illuminer un peu plus ma journée.

Elle me fait sommairement un petit état des lieux en ce qui concerne les différents lieux de stages pour les jeunes. Je crois comprendre avec ce qu’elle a sous-entendu avant que je devrais surement passer par là moi-aussi. Au moins, je pourrai sans doute revenir la voir, après tout, c’est ma sauveuse. Mais je ne m’imposerai pas non plus ainsi. Il faudra que je lui en parle plus tard une fois le retour que j’aurais eu des autorités compétence de Waterfall City.

Kai ▬ Khasra, c’est un joli nom. Pardonnez les questions qui n’en finissent pas, mais cela a une signification particulière ? En tout cas, j’ai hâte de parcourir l’île pour voir tous ces endroits surprenants.

Les montagnes, ce n’est pas mon dada, mais il faut dire qu’avoir été pris dans une avalanche n’a pas aidé à apprécier l’environnement. Toutefois, observer les tigres de Sibérie ou les léopards des neiges avait été une rare expérience d’une très forte intensité. Je suis curieux de ce que je pourrais observer dans les différents environnements de l’île.

Kai ▬ De l’orge ? Ce pourrais-t-il que vous brassiez de la bière à Dinotopia ?

C’est peut-être trivial, mais j’avoue qu’une bonne bière entre amis après une chaude journée de travail n’est pas à négliger. Ce sont de bons moments. Peut-être qu’il y avait des tavernes ou des bars après tout, ce ne serait pas étonnant vu le niveau de développement qu’ils ont l’air d’avoir.

La matriarche tranquillise sans mal mes inquiétudes.

Kai ▬ Je comprends le côté harmonie et vie avec les animaux comme dans une symbiose. Désolé pour la question, c’est juste que l’espace d’un instant, en les considérant comme des égos en parlant de communauté, j’ai cru qu’il y avait encore des choses pouvant défier la raison ah ah ah.

C’était un peu gênant de dire des âneries pareilles devant sa sauveuse, mais j’avais l’impression d’être très bête d’un coup et le dire à voix haute n’arrange rien à cela.

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Sany n'aimait pas beaucoup le terme de police ou de militaire, qui était à ses oreilles trop formel ou dur. Mais c'était sûrement la meilleure façon de faire comprendre un peu mieux le rôle des gardiens dans leur monde. Il fallait qu'elle emploie des mots que l'homme connaissait. Elle eut un large sourire à sa réponse.

- En effet !

L'homme semblait douter sur son avenir, bien qu'il espérait sans doute pouvoir faire la même chose que chez lui. Mais ici, l'étude d'animaux sauvages risquerait de s'avérer...particulièrement dangereuse !

- Vous trouverez votre place ici, assura t-elle néanmoins, nous trouvons toujours quelque chose pour nos Dolphinbacks.

Même les plus réticents. Ici, à Dinotopia, l'éveil se faisait naturellement. Ceux qui se croyaient juste bon à vivre dans le Monde Extérieur se découvraient avec surprise une véritable vocation sur l'île qu'ils n'auraient jamais pu s'imaginer auparavant. Malgré leur malheur, ils finissaient toujours par apprendre à aimer cette nouvelle vie.

- Une signification particulière ? Pas que je sache. Peut-être dans une langue ancienne, je ne saurais le dire.

Au moins, cet homme savait prendre son malheur en patience. Sa passion grandissante pour son île d'adoption arrivait sans peine à le détourner de ses origines. Bonne ou mauvaise chose ? Disons que, au moins, il ne déprimait pas dans son coin. Peut-être que cette acceptation facile était sa manière de faire son deuil. Il prenait plus cela comme une opportunité que comme une épreuve. La jeune femme eut un sourire amusé, presque taquin, à la question de Kai.

- Vous aimez la bière ?

A l'idée de savoir cette boisson ici, l'intérêt de l'homme pour cette île avait dû augmenter ! Toutefois, il ne s'agissait sans doute pas de la même bière dont il avait l'habitude. Quasiment tous les goûts étaient différents après tout à Dinotopia. Finissant son thé et son petit déjeuner, la matriarche reposa doucement sa tasse, un instant songeuse, avant de répliquer :

- Cela dépend de votre définition de la raison.

Elle finit par se lever pour ranger ses affaires, jetant un oeil par dessus son épaule pour adresser à l'homme :

- Si vous avez terminé, que diriez-vous de prendre enfin un peu l'air ?

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Tout à Dinotopia est très différent tout en restant finalement assez similaire. Il y a des garants de la paix, car il y a toujours des personnes ou des animaux qui sortent du moule de la société. Je ne suis pas sociologue, mais si on parle de norme, ce n’est pas pour rien et il y a toujours des exemples de personnes qui ne semblent pas adaptés à la société dans laquelle ils se trouvent. En somme, ce genre de chose a un côté assez rassurant sur l’endroit dans lequel je suis arrivé.

Il y a quelque chose dans cette société qui m’intrigue et qui me fascine. Quand Sany parle de comment cela se passe pour les jeunes et leur formation, je sens une bienveillance infinie. Il se pourrait ce que ce système, bien que d’apparence moderne ait pu garder cette proximité, cet humanisme dans leurs rapports à la jeunesse qui est presque le propre des cultures plus primitives comparativement aux pays se disant développés.

Kai ▬ En réalité, je ne doute pas vraiment de pouvoir trouver une place. Ce dont je doute le plus, c’est arriver à tenir en place et à rester dans une seule voie. Mais je suppose que j’ai le temps pour tout ça après tout.

J’ai le don de bouger tout le temps et de vouloir un peu tout faire et tout essayer. Il y a des dinosaures sur l’île ! Comment ne pas vouloir tout savoir d’eux dans les moindres détails, étudier leur façon de vivre en troupeau, de chasser ou de se reproduire. Naître, vivre et mourir, c’est ainsi que va le monde et le vivant et c’est de loin en s’intéressant aux différentes facettes composant cette simplicité que se trouve ma façon de faire mon métier.

Pas de signification en particulier d’après la matriarche. Pour ce qu’elle en sait en tout cas, mais il n’est pas impossible que ce soit le cas en se penchant sur les langues anciennes.

Kai ▬ Je comprends. Si jamais il y a une réponse, je suppose que cela doit bien se trouver dans vos bibliothèques sans aucun doute.

Il n’y a pas de mal s’il n’y a pas de signification. Après tout, beaucoup de villes dans le monde n’ont pas un nom ayant une signification en particulier.

Je suis démasqué en l’espace d’une seconde par la jeune femme. Il n’y a pas le moindre jugement de valeur dans son regard, cela se voit. Mais cela m’amuse un peu d’être aussi évident dans mon intérêt pour cette boisson.

Kai ▬ Sans être soiffard, je pense pouvoir dire que j’apprécie une bonne bière fraiche de temps à autre oui. Dis-je avec le sourire.

J’ai de bons souvenirs liés à des soirées avec ma femme, des amis, des collègues autour d’une bière locale, bonne ou mauvaise, cela n’avait pas d’importance au final.

Sany reste bien énigmatique d’un coup face à la façon dont je prends sa réponse et lui réponds. Il y a que quelque chose qui cloche, je le sens. Elle met un terme un peu rapidement à la conversation d’après moi en proposant de sortir prendre l’air. Je me lève sans demander mon reste.

Kai ▬ Avec plaisir oui.

Je l’aide à débarrasser la table de notre petit déjeuner et ranger les affaires tout en lui emboitant le pas pour sortir. Je ne sais pas trop ce que je vais découvrir, ce qu’elle tient à me montrer, mais avec des dinosaures en vie, plus rien ne peut vraiment m’étonner sur cette île.

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Sany opina du chef. Evidemment qu'il avait le temps. Et qui sait, ses doutes se dissiperont d'eux-même avec le temps. Pour tenir en place, rien de plus simple : il fallait qu'il fasse vraiment quelque chose qui lui plairait, qui le fascinerait au plus haut point et qui le tiendrait en haleine des années durant. Ce qui n'était pas trop difficile pour un Dolphinback qui avait tout à découvrir. La moindre section à exercer devenait une passion. Sany ne le connaissait pas encore très bien, mais son instinct de matriarche ne la trompait pas : quoi qu'on lui confie pour son avenir, il s'y mettra à fond.

- Oh oui probablement. Je ne me suis jamais penchée sur la question alors j'ignore s'il y a une réponse. Si jamais vous le découvrez, n'hésitez pas à m'instruire !

Elle lui fit une oeillade espiègle. Cet homme était bien plus curieux qu'elle, et dans des domaines si varié qu'il y avait des chances finalement pour qu'un jour, il en sache plus sur cette île que la matriarche elle-même !

- Nous avons toutes sortes de bières et je suis certaine que vous en trouverez une à votre goût, même si notre spécialité à Khasra reste le jus d'orange et le thé à la menthe !

Nouveau sourire après cette remarque. Après quoi, elle proposa à l'homme de sortir. Depuis son arrivée, il n'avait pas mit un pied dehors, et à peine le nez à une fenêtre. Peut-être avait-il envie d'en voir un peu plus de la ville. Kai aida la jeune femme à débarrasser la table, à ranger la cuisine, partant pour l'accompagner à l'extérieur. Une fois chose faite, la jeune femme s'apprêta à quitter ses appartements. Tandis qu'elle quittait les étages de l'hacienda, elle mit cependant le dolphinback en garde :

- Sachez que nous nous trouvons dans le désert, il est possible qu'il fasse un peu trop chaud pour vous. Si jamais vous ne vous sentez pas bien, n'hésitez pas à m'en informer.

Elle arriva en bas, dans un vaste hall qui donnait accès à une large double porte. Lorsqu'elle poussa cette dernière, la lumière du jour et la chaleur du dehors s'engouffrèrent à l'intérieur de la bâtisse. De l'autre côté du battant s'étirait un large sentier qui traversait les plantations cernant l'hacienda, rejoignant plus loin un amas de bâtiments qui formaient le reste de la ville. Les orangers baignaient dans la lumière du soleil matinal, sur un sol sec mais fertile, traversé par des allées plus ou moins larges. Un autre grand bâtiment s'apparentant à une grange se trouvait non loin de là. Sany fit quelques pas au dehors, prenant à son tour un bain de soleil. Quelques personnes étaient visibles, serpentant entre les arbres avec des paniers, des brouettes ou des pelles, un chapeau de paille sur sa tête. Certaines étaient accompagnés de dinosaures de diverses espèces, comme cet ornithomimus qui accompagnait un groupe de jeunes, un râteau reposant sur son épaule, ou ce tricératops un peu plus loin qui tirait une charrette de bois. Au-dessus de la cime des arbres, on pouvait apercevoir quelques longs cous de sauropodes dépassés dans le ciel. Mais les lourds pas de l'un d'eux se firent entendre à proximité de l'hacienda. Sany tourna le regard et son sourire vers Ator, son diplodocus qui était venu à sa rencontre. Il abaissa son long cou vers le sol, sa tête arrivant à la hauteur de la jeune femme qui posa une main sur son museau.

- Te voilà enfin Sany, lança l'immense saurien, je commençais à croire que tu ne sortirais pas !

- C'est que nous avons un invité, ne l'oublie pas, répondit-elle avant de se tourner vers le concerné.

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Il y a beaucoup de choses à faire et à apprendre sur une contrée comme Dinotopia, les gens qui y vivent, les villes qui s’y sont construites et le sens de tout un tas de choses. Ce n’est pas vraiment mon domaine d'anthropologie et la sociologie, mais les gens et le sens derrière ce qui est leur monde, leur quotidien, c’est important. S’il y a une signification derrière le nom de cette ville, je compte bien en faire part à Sany aussi vite que possible.

Kai ▬ Je n’y manquerai pas bien évidemment ! Dis-je en souriant.

Il ne fait aucun doute que c’est une femme qui porte un certain intérêt à se cultiver au quotidien, sans pour autant être une chercheuse, cela se voit dans son regard qu’elle a encore beaucoup de curiosité pour sa contrée.

Une bonne bière, j’ai presque l’impression d’imposer une vision tellement basse de ma personne, mais après tout, pourquoi pas ? J’ai toujours apprécié l’aspect convivial d’une bonne bière à partager, mais il en est de même avec un bon thé comme en ce moment avec Sany et j’ai déjà hâte d’autres moments en sa compagnie.

Kai ▬ Je n’en doute pas non plus. Pas plus que je ne manquerai une occasion de revenir ici souvent pour partager vos spécialités avec vous Sany.

C’est sans doute parce qu’elle m’a sauvé la vie, mais je me sens connecté à la matriarche. Je sais que ma réponse peut être étrange car elle suppose déjà mon départ, mais je sais déjà que je vais devoir quitter la ville pour me rendre aux autorités de l’île afin d’entamer le processus d’intégration. Mais elle a bien compris également que je suis le genre d’homme à aimer bouger tout le temps et tout voir. Il est évident que je vais partir d’ici tôt ou tard, mais je reviens toujours auprès de mes amis. C’est une règle. Je dois beaucoup à cette demoiselle qui m’a sauvé et je ne l’oublierai jamais.

J’ai vite oublié que nous étions très loin de là où j’ai échoué à la base. Elle me rappelle assez vite que nous sommes dans un désert et qu’il fait encore plus chaud que sur la plage.

Kai ▬ Merci. Je vais beaucoup mieux et les fortes chaleurs ne me gênent pas spécialement tant que je ne me laisse pas déshydrater comme hier.

Ce n’est vraiment pas un problème. Je suis allé plusieurs fois dans des lieux vraiment très chauds en Afrique et j’ai étudié des prédateurs du désert avant de me spécialiser un peu plus sur les reptiles.

Nous traversons l’hacienda qui est en effet de grande taille. Il a beau être encore tôt, l’activité commence à se faire de plus en plus sentir et l’air est déjà plus chaud qu’à mon réveil. La ville est déjà en train de se mettre en activité et nous serpentons sur des sentiers jusqu’à un grand bâtiment qui ressemble un peu à une énorme grange. Je ne fais pas très attention à mon environnement étrangement, mais j’ai eu comme une étrange impression l’espace d’un instant, imaginant voir un dinosaure avec un outil de jardinage entre les pattes et reposant sur son épaule.
Je contemple les champs et verger où l’on peut déjà voir des gens s’afférer au travail matinale. Un son très lourd se fait entendre et la terre tremble. C’est là que je vois un énorme diplodocus qui s’approche de nous deux. Sany est soudainement tout à fait rayonnante en voyant la créature, comme s’il s’agissait d’un précieux ami à elle. Il baisse sa tête jusqu’à ce qu’elle arrive à la hauteur de la matriarche. Mais je n’étais pas prêt un seul instant à voir sa bouche s’articuler de la sorte pour parler.

Kai ▬ WoWooOOO !! Ahhhh ! Mais qu’est-ce q… Dis-je d’un ton ahuri.

C’était juste impossible selon tout ce que nous savions de ces créatures ! Il n’y avait pas d’explications logiques ! Cerveaux trop petits, pas de développement d’un larynx ou de véritables lèvres. Comment était-ce seulement possible ?

Kai ▬ Je… Je… est-ce que je me suis vraiment remis de ce coup de chaleur ? Ou est-ce que c’est ce que vous me cachiez ? COmment est-ce possible ?

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Sany eut un large sourire. L'homme appréciait vraisemblablement sa compagnie, suffisamment pour déjà se languir de futurs moments et découvertes auprès d'elle. La matriarche tentera toujours de le satisfaire au mieux, mais elle ne pourra sans doute pas attiser sa soif de savoir autant que d'autres. Elle haussa une épaule en répondant :

- Oh, ce sera avec plaisir, même si vous avez encore beaucoup à découvrir et à partager avec autrui.

Oui, elle espérait malgré tout ne pas être sa seule connaissance de l'île. Ceci dit, elle ne s'en faisait pas trop pour ça. Kai avait l'air sociable, intégriste, pas du genre à se renfermer sur lui-même comme un coquillage. Sans nul doute qu'il fera énormément de rencontre rapidement et dans de bonnes conditions. Cela étant, au fond d'elle, elle savait que dès que l'homme quitterait la ville, elle espérera son retour un long moment, ne pouvant se demander ce qu'il devenait jour après jour. Elle se posait déjà tant de question à propos de Charlotte. Elle ne voulait pas perdre cet homme de vue comme elle.

Avant de sortir de la fraîcheur du bâtiment, Sany mit Kai en garde sur la température extérieure qu'il ne semblait pas craindre. Elle opina du chef, mais se jura intérieurement de garder un oeil sur lui quand même. Sitôt dehors, la jeune femme gardait une cadence adéquate pour l'homme. Elle ne le considérait pas comme fragile, mais voulait lui laisser le loisir et le temps de voir tout ce qu'il aurait envie de voir autour de lui. Cette petite fourmilière s'agitait déjà beaucoup et pouvait devenir rapidement difficile à suivre quand on avait pas l'habitude. Quand Ator rejoignit le duo de bipède, ce fut pour une nouvelle surprise à l'encontre du dolphinback. Quand ce dernier s'exclama subitement, l'animal eut un retrait vif de la tête vers le haut.

- Sany ! lança t-il, outré, tu ne lui as rien dit ?!

L'air innocent, la jeune femme ne lâchait pas le saurien du regard.

- C'était pour la surprise. Il m'aurait pas cru de toute façon.

- C'est pas sympa !

Sany se félicitait de s'être arrêté à l'ombre d'un oranger pour faire découvrir cela à Kai, car ce n'était pas dit qu'un nouveau coup du soleil le renvoi au tapis en plus de ça. Elle se tourna alors vers lui, s'assurant d'un rapide coup d'oeil de son état, avant de finalement lui répondre :

- Vous le cacher ? Ce n'était pas mon attention. Mais vous vous doutez bien que ce n'est pas l'une des premières choses que l'on informe quand on essaye d'aider quelqu'un à se remettre d'un drame. Ceci dit...C'est une belle surprise, vous ne trouvez pas ?

Disant cela, elle joignit ses mains dans son dos avant d'adresser un nouveau regard au diplodocus devenu très incertain de la situation.

- Le pourquoi du comment, je n'ai pas vraiment de réponse à vous donner. Cela remonte à plus d'une ère et j'ai plus étudié le désert que l'évolution saurienne depuis les temps immémoriaux.

- Hm...reprit le reptile qui rabaissa la tête à la hauteur de l'humaine en scrutant Kai, navré de vous avoir fait peur. Je m'appelle Ator.

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L’énorme créature a bien parlé, c’est un fait, il n’y pas de doute. Il semble presque désolé au premier abord, pratiquement moralisateur envers Sany qui ne m’a pas prévenu avant. Je me doutais bien qu’elle ne me disait pas tout. Il n’y avait qu’à voir son petit sourire parfois et la façon dont elle est vite venue à l’idée de sortir et continuer notre conversation en extérieur. Toutefois, je ne peux pas lui en vouloir. Comme elle le dit à son ami à écailles, si elle me l’avait dit avant, je ne l’aurais pas cru un seul instant.

Je prends sur moi et je me relève pour me montrer un peu plus digne tout de même. Une fois la surprise passée, c’est bien la curiosité que reprend le dessus. C’est bien la chance de toute une vie que de pouvoir parler avec une autre forme de vie dotée d’intelligence.

Kai ▬ Il est vrai que je ne vous aurais pas cru. Mais je vous l'accorde, c'est une merveilleuse surprise que cela. Je n’aurais jamais cru ça possible même dans mes rêves les plus fous et pourtant croyez-moi j’en ai eu des idées folles.

Je suis stupéfait devant l’animal qui me parle et s’excuse de m’avoir fait peur comme si de rien n’était. Il est évident que pour lui c’est tout à fait normal de parler et de se conduire comme n’importe qui d’autre, mais c’est un spectacle qui me laisse sans voix. En réalité, je ne sais pas ce qui est le plus incroyable pour le moment, le fait qu’un animal s’exprime avec des mots comme un humain, étant certain un animal au final, ou que ce soit un dinosaure encore en vie, en chair et en os qui le fasse.

Kai ▬ Pardon, je manque à mes devoirs, Paix… de l’âme, Ator, je m’appelle Kai Awana et je viens d’arriver à Dinotopia… mais ça je suppose que vous le savez bien. C’est incroyable ! Je, je croi que je perds mes mots. Quand on est petit on est fasciné par les créatures comme vous car on les croit disparues et on essaye de tout savoir sur tout à votre sujet et en réalité il y a une île comme celle-ci, c’est incroyable… J’aurais tant de questions à vous poser c’est fou !

Je n’arrête pas de passer ma main dans ma barbe encore et encore, un peu nerveusement. Après tout, l’homme a eu quelques milliers d’années pour devenir ce qu’il est et les dinosaures sont séparés de nous par des millions d’années. Comment prévoir comment ils ont pu évoluer pour pouvoir parler, c’est juste incroyable.

Kai ▬ Tous les dinosaures de l’île sont dotés de la parole comme vous Ator ?

La question est assez ouverte, car je ne cesse de passer du dinosaure à Sany avec le regard comme pour me rassurer que je ne suis pas en pleine hallucination.

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Sany ne s'en voulait pas d'avoir agit ainsi, même si Ator ne pensait pas le moins du monde que c'était une bonne idée. Et la jeune femme n'avait pas agit sans connaissance de cause. Elle se souvenait très bien de la réaction de Charlotte aux premiers mots du saurien. Et elle savait tout aussi bien qu'avertir les gens avant ne servirait à rien. Qui croirait des propos pareil ? A part déclencher l'hilarité ou l'agressivité, elle n'en aurait tiré rien de bon. Autant les laisser faire eux-même la découverte. Une de plus sur cette île, mais sans doute la plus grosse d'ailleurs.

- Oui, j'ai cru comprendre que les animaux ne parlaient pas dans votre monde.

Enfin, si, sans doute qu'ils parlaient pour elle si elle les rencontrait. Mais simplement pas de la même façon que les humains. Même les dinosaures carnivores parlaient, en grognement, certes mais c'était leur langage à eux. Mais bon, c'était chercher la petite bête ! En disant cela, Sany faisait naturellement mention du langage humain.

- Toute harmonie ! répondit joyeusement le diplodocus devant la salutation adéquate de l'homme, en effet je le sais déjà, c'est moi qui vous ai porté jusqu'ici haha ! Oh...Je ris, mais je suis vraiment désolé de ce qui vous ai arrivé. Sany m'a raconté.

Les mots de l'homme avaient l'air de flatter l'animal qui se tut un moment pour se dandiner d'une patte sur l'autre.

- Content de ne pas vous effrayer alors. En général, c'est plutôt ce qui se passe avec les dolphinbacks...Et euh...Hm, je crois que je suis prêt pour les questions.

Sany aurait été mille fois tenter d'intervenir parmi le peu d'échange qui venait de s'écouler entre eux mais se faisait violence pour se retenir. En tout cas, ça se passait largement mieux qu'avec charlotte. Bizarrement, ça ne la surprenait pas. En fait, le caractère même de l'homme qu'elle avait appris à connaître lui avait signalé qu'il serait en mesure d'encaisser aisément cette révélation et ça avait incité d'avantage la matriarche à tenir sa langue jusqu'à maintenant.

- Nous autres qui vivons auprès des humains oui ! répondait le diplodocus avec entrain, mais tous ne parlent pas l'anglais comme moi. J'ai grandi à l'Hacienda, donc j'ai vu passé beaucoup d'humains qui ne parlaient pas forcément le Saurien. On parle donc beaucoup l'anglais ici.

- Le Saurien étant la langue officielle sur Dinotopia, ajouta Sany à titre informatif, mais comme nous accueillons des gens de tous les coins du globe, beaucoup de langues parviennent à se parler couramment, majoritairement entre humains.

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Ator est un être tout à fait fascinant. Il y a de la prestance chez ce dinosaure, au-delà de l’imposante stature, il met en confiance et a une façon de parler tout à fait agréable. C’est incroyable de dire ça d’un animal, mais c’est un fait pourtant. Il parle un anglais commun avec beaucoup d’aisance, au point que cela soit presque surréaliste.

Il n’a pas tort de le rappeler et cela prouve qu’ils sont tout de même assez informés sur ce qu’il se passe à l’extérieur de cette île. Mais en même temps, les animaux ont un langage parfois complexe à saisir, mais plus profond que nous, tout est possible. J’ai pu observer des animaux que l’on qualifie souvent d’être des bêtes sans cœur, faisant preuve de beaucoup de tendresse entre membres de la même espèce. Cela ne se voit pas souvent, mais même chez les reptiles ont peut parfois observer des attitudes étranges et complexes alors qu’on leur attribue une capacité limitée depuis toujours.

Kai ▬ Ils ne parlent pas comme vous avec des mots, mais ils savent bien se faire comprendre.

L’imposant ami de Sany me fait part du fait qu’il est bien au courant de mon histoire et de ma situation, puisque c’est lui qui m’a amené jusqu’ici sur son dos. C’est vrai que je me posais la question sur la façon dont la matriarche avait réussi à me faire passer de la plage jusqu’ici. Ce n’est pas que je doute des capacités de ma sauveuse, mais il faut avouer que j’ai un gabarit plus qu’imposant en comparaison de cette dernière.

Kai ▬ Dans ce cas, je vous remercie également pour m’avoir aidé. C’est très gentil de votre part.

Je veux bien croire que cela doit être courant avec ceux qui arrivent sur l’île en temps normal.

Kai ▬ La surprise a été totale, je dois bien l’avouer, je ne m’attendais absolument pas à vous entendre parler ainsi.

C’est peut-être ma nature adaptative qui joue en ma faveur et peut-être que le contre coup de la réalité va me plonger dans un grand désarroi dans les semaines à venir, mais je ne peux pas le prévoir. Je prends les choses telles qu’elles viennent dans ma vie et le secret du bonheur est d’accepter qu’on ne contrôle rien du tout.

Soudainement, alors qu’Ator allait répondre à ma question, l’émotion qui monte et mes yeux qui commencent à devenir humides avant de laisser une larme perler sur ma joue.

Kai ▬ Je dois dire que je suis assez ému, veuillez m’excuser, mais c’est que… je suis zoologiste et c’est incroyable, mais ma femme était paléonthologue, enfin elle étudiant les dinosaures en fossiles… elle aurait été tellement émerveillée de pouvoir vous parler aussi. Peut-être qu’elle aurait été plus effrayée que moi en revanche, mais vous avez l’air particulièrement gentil si je puis me permettre.

Je m’essuie rapidement pour en revenir à la réponse de gentil saurien. L’intervention de Sany vient apporter un plus à cette explication de la part d’Ator. En effet, avec le nombre d’échoués à travers les âges, ça explique pourquoi parler l’anglais ainsi que d’autres langues du monde extérieur.

Kai ▬ ça semble assez logique en effet. Ce qui est étonnant c’est justement le gain de la parole en elle-même. Les animaux dans le monde extérieur ont leur propre langage, mais rien qui ne soit une vocalisation comme celle humaine à l'exception de certains oiseaux. Je suis très curieux de savoir à quoi cela peut ressembler comme langue le Saurien. M’en feriez-vous la démonstration ?

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Ici à Dinotopia, personne ne doutait des capacités intellectuelles des animaux, que ce soit des êtres à l'égal des humains comme Ator, ou plus sauvages comme les prédateurs de cette île. A Dinotopia, chaque créature vivante était considéré comme capable d'intelligence, de sentiments et d'aptitudes qu'ailleurs on aurait tendance à n'attribuer qu'à l'humain et éventuellement à ses plus proches parents du règne animal. Ici, à Dinotopia, les dinosaures évolués donnaient un véritable coup de dague à toutes les croyances du Monde Extérieur. Un sourire s'étira alors sur les lèvres écailleuses du dinosaure au long cou devant les remerciements de l'homme.

- Je vous en prie ! Vous vous êtes bien remis j'ai l'impression.

L'homme avoua sa surprise et, dans un sens, ça aurait été bien plus étonnant s'il ne l'avait pas été. D'autres sauriens avaient sans doute plus l'habitude de rencontrer des Dolphinbacks pour la première fois et donc de gérer cette situation. Ce n'était pas le cas d'Ator et le jeune sauropode était bien content de ne pas avoir à traiter une crise de panique devant son nez.

- Euh...Oh...

Ator fut subitement mal à l'aise. Mal à l'aise devant le regard larmoyant de l'humain, mal à l'aise devant l'évocation de sa disparue, mal à l'aise devant tant de franchise à son égard.

- Oh non alors, vous allez me faire pleurer aussi !

Sany ne put s'empêcher de glousser malgré la situation.

- Dites les garçons, vous êtes vraiment des cœurs d’artichauts.

Mais elle avait le sourire large et bienveillant, chaleureux à l'encontre de Kai qui se laissait emporter par ses émotions au contact du dinosaure. Elle n'aurait sans doute pas pu rêver mieux comme réaction que quelqu'un prêt à pleurer de joie en rencontrant son alter-ego.

- Nous avons également des oiseaux qui parlent. Ils ne font même que ça ! rétorqua la jeune femme amusée.

Puis, à la requête de l'homme, la matriarche se mit à se présenter à lui, mais dans une langue qu'on aurait pu entendre nulle part ailleurs à la surface du globe et qui ne ressemblait à aucune autre. Le seul indice pour que Kai puisse savoir ce qu'elle venait de lui dire étant le fait qu'elle avait prononcé son nom en cours de phrase : Sany Jeznak, ainsi que cette petite révérence qu'elle ajusta à la fin sous le regard du reptile géant dont la tête se suspendait toujours à la hauteur de celle de la Dinotopienne.

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Il font la paire tous les deux. Ator est d’une grande prévenance pour ma santé tout comme Sany ce matin en me levant ou avant de nous séparer pour la nuit.

Kai ▬ Oui je me sens très bien aujourd’hui, je vous remercie. C’est avant tout grâce aux bons soins de Sany. Sans votre aide à tous les deux, je ne sais pas dans quel état je serais, mais ce ne serait sans doute pas beau à voir.  

Je crois bien que l’issue aurait été dramatique avec une telle insolation et la colère qui m'aveuglait la veille n’aidait pas. Il est certain que s’ils ne m’avaient pas trouvé, je ne serais sûrement plus de ce monde aujourd’hui.

Kai ▬ Oh non ne pleurez pas voyons. Il fait trop beau temps pour que nous nous prenions la pluie. Dis-je en riant

Il vaut bien mieux essayer de rire que de pleurer, voir le bon côté des choses même si c’est difficile. Je n’ai jamais vu un diplodocus pleurer, mais à n’en pas douter ce serait pour nous une petite mousson passagère avec sa taille.
Sany a le bon mot au bon moment également pour nous tirer un peu de cette séquence très émotionnelle. Je parre mon visage d’un grand sourire en guise de réponse, mais elle n’a pas tort.

Kai ▬ L’océan peut être calme, mais il montre toujours ses émotions.  

Evidémment, je me doutais bien que cette référence ne saurait pas trouver mon auditoire. C’est une chose que me disait souvent ma mère à cause du nom que je porte et qui renvoie à l’océan. Un homme peut montrer ce qu’il ressent car il n’est pas plus fort ou grand que la nature qui dans son cas montre quand elle est en colère ou aimante.

Il y a également des oiseaux qui ne cessent pas de parler d’après Sany et j’arrive parfaitement à imaginer ça. Je me suis déjà rendu dans un endroit où beaucoup de perroquets ont appris et cela n’arrête jamais. Toutefois, si les dinosaures parlent ici, je n’ose qu’à peine imaginer ce dont sont capables les oiseaux.

Kai ▬ Encore une chose qu’il me tarde de voir alors ! Ou plutôt d’entendre.    

Je n’en reste pas moins une sorte de grand enfant devant la magnifique créature qu’est Ator, c’est toujours presque incroyable de voir un authentique dinosaure en vie. Abigail serait comme une folle devant une telle chose et il est presque injuste que ce soit moi et non elle qui ait survécu au drame. J’espère qu’un miracle se soit produit, mais je n’y crois pas trop et je préfère ne pas trop y penser pour l’instant.

Kai ▬ Cela fait longtemps que vous vous connaissez tous les deux ?  

Il y a une connexion évidente à la façon dont ils ont de se conduire l’un envers l’autre.

Kai ▬ J’ai déjà pu observer par le passé une sorte de lien évident entre un humain et un reptile et je sens que vous êtes amis de longue date je me trompe ?  

La langue saurienne est très étrange et difficile à décrire. Je ne comprends absolument rien mise à part lorsque j'entends manifestement mon nom.

Kai ▬ En voilà une langue bien étonnante ! Il faudrait vraiment que je m'essaye à cela. Vous pouvez me dire ce que vous venez de dire ?

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- Vous êtes un chanceux ! répondit Ator.

En supposant que le fait qu'il soit malgré tout coincé ici après avoir tout perdu puisse néanmoins le garder dans la zone des chanceux. A la remarque de l'homme, le diplodocus gloussa, à sa manière.

- Il ferait beau voir de la pluie en plein désert !

Même durant la saison des pluies, cette zone de l'île était un peu l'exception à la météo. Alors que la mousson pouvait s'abattre partout ailleurs, elle se focalisait surtout à l'oasis, mais rares étaient les fois où la pluie tombaient sur Khasra. La seule chose qui distinguait les deux saisons ici était la présence de nuages en période humide et éventuellement une très légère baisse de température mais qui se remarquait à peine. Sany répondit à Kai d'un sourire. Après tout, à Dinotopia ne disait-on pas qu'une goutte de pluie enfante l'océan ? Il n'était pas difficile pour elle de voir en Kai une petite goutte de pluie tombée du ciel.

Ah les oiseaux. Les oiseaux qui parlaient restaient limités. Il s'agissait des perruches postales et elles parlaient parce qu'elles avaient sans doute suivit la même évolution que les sauriens de cette île. Mais ce n'était pas la peine d'aller interroger une mouette sur la plage. A part une tâche blanche sur l'épaule, on n'en tirerait rien d'autre !

- Nous sommes bien plus que des amis, s'empressa de répondre la matriarche, et oui, nous nous connaissons depuis des années. En fait, j'ai rencontré Ator ici même, à l'Hacienda, alors que j'y étais pour effectuer mon stage d'assignation. Vous savez, ce dont je vous ai déjà parlé. A l'époque, j'habitais à Ptéros, une autre petite ville du désert. Ator vit ici avec sa famille qui travaille dans les champs. Et durant toute mon année de stage, je l'ai fréquenté jusqu'à ce qu'il devienne mon alter-ego saurien.

La langue employée par la jeune femme intrigua l'homme au plus haut point et titillait son intérêt. Le Saurien devait lui paraître bien étrange comme langue tant elle semblait être un mélange de beaucoup d'autres avec un accent unique au monde.

- Je me suis simplement présenté après vous avoir salué, expliqua la matriarche, dans les grandes villes, vous n'aurez sans doute aucun mal à communiquer avec d'autres personnes. Mais plus les communes sont petites et en retrait, moins vous aurez de chance de tomber sur quelqu'un qui parle anglais. Les plus à même de le faire sont les patriarches et matriarches. Pourtant l'anglais est enseigné à l'école mais bon, tout le monde n'est pas forcément doué en langue. Certains dinosaures savent même être meilleurs que les humains dans ce domaine !

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L’imposant ami de la matriarche a raison, je suis quelqu’un de chanceux. Je souhaite ne pas avoir été le seul dans ce cas, car l’appareil a eu l’air de s’être brisé en morceaux, mais je ne peux jurer de rien. C’est l’Océan qui a le dernier mot en ce qui concerne la survie de ceux qui le parcourent, ni plus, ni moins. Peu importe que l’on s’estime être un bon navigateur ou nageur ; si l’Océan est contre vous, il vous dévorera sans que vous ne puissiez rien faire. J’ai eu beaucoup de chance d’être secouru par un dauphin et je dois célébrer d’avoir été désigné pour survivre, mais Abigail et les autres passagers méritaient également de rester en vie. J’en ai encore gros sur la conscience, mais je garde le sourire pour mes deux camarades afin de ne pas plomber l’ambiance une seconde fois.

Au moins ma plaisanterie apporte de la légèreté. Pas de pluie à cause de larme de diplodocus à l’horizon. Cela est même l’occasion pour lui de faire une petite plaisanterie à son tour en soulignant qu’il ferait beau voir de la pluie dans le désert.

Kai ▬ Oh vous devez bien avoir votre lot de saison des pluies pour avoir de si beaux vergers, à moins que vous n’utilisiez celle en sous-sol que vous m’avez fait goûter Sany ?

Je ne doute plus de rien maintenant. Après des dinosaures et ces derniers dans la capacité de parler, pourquoi un réseau complexe d’eau pouvant permettre à ces cités du désert de survivre ? Après tout, les contrées arabiques ont développé des pompes complexes pour faire jaillir l’eau afin de créer des cultures à leur époque, alors pourquoi pas ici également ?

La matriarche reprend la main rapidement pour expliquer qu’en effet elle et Ator, c’est une histoire qui remonte à loin, à sa formation pour tout dire. Ils se sont connus ici même et sont devenus de véritables alter-ego d’après elle.

Kai ▬ Ce n’est pas rien de parler d’Alter-ego, c’est une belle relation que voilà. C’est pourtant étrange de souligner Saurien dans cette façon de dire non ? C’est un terme particulier “alter-ego saurien” ?

Il faut avouer que je vais avoir beaucoup de choses à assimiler et à apprendre sur l’île pour pouvoir me sortir de cette ignorance à propos de tout et n’importe quoi ici bas.

La langue est tellement étrange, mais aux dires de Sany, il se figure que je vais avoir du mal à trouver des personnes parlant anglais en allant dans les petites communautés. Alors des personnes capables de parler les seules autres langues que je parle, ne mentionnons même pas l’idée. Il faut que j’apprenne cette langue.
Je me lance dans une imitation bien maladroite et sans doute avec un horrible accent pour leurs oreilles de dinotopiens en remplaçant juste le nom de Sany par le mien afin de me présenter à mon tour.

Kai ▬ Alors, c’était horrible à quel point Ahah ?!

Nouvelle Aube

Les petits plaisanteries aidèrent à garder une ambiance chaleureuse et surtout un début de complicité entre le saurien et l'homme. Il faut dire que Ator était encore jeune et avait la blague facile. Mais pour ce qui était des explications, il préférait de loin laisser la parole à Sany. Celle-ci répondit alors à l'homme :

- La pluie tombe presque jamais ici, assura t-elle, nous avons de la chance d'avoir un sol très fertile mais vous devinez juste également. La ville est irriguée par la rivière souterraine Subamu que l'ont peut puiser via de nombreux puits en ville. A l'aide d'un système de pompage, nous parvenons à faire remonter l'eau dans des tuyaux pour arroser les plantations quand le besoin se fait sentir. Peut-être que vous aurez l'occasion de le voir de vos propres yeux. Il s'agit du même système que celui utiliser par les pompiers pour éteindre les incendies.

La matriarche ne fut pas certaine que l'homme puisse comprendre les termes qu'elle avait employé. Mais apparemment, "alter-ego" ne lui était pas inconnu. Et même si la définition n'était peut-être pas la même pour lui, il pouvait au moins se faire malgré tout une idée de sa signification ici.

- Eh bien...Saurien pour dinosaure.

- Sany est mon alter-ego humaine ! renchérit le diplodocus à titre d'exemple.

La jeune femme ne s'était pas attendu à ce que l'homme se lance dans la langue mais ce fut une agréable surprise. Non pas parce qu'il avait réussit comme un pro, mais toujours plus par son désir d'apprendre.

- Eh bien ce n'est pas mal ! reconnut Ator, bien qu'il y avait des chances pour qu'il exagère.

Sany étira un sourire :

- C'est un début, fit-elle, je suis convaincue que vous apprendrez vite. Plusieurs dialectes sauriens sont enseignés à l'école.

Soudain, un oiseau multicolore arriva depuis le ciel, voletant aussitôt vers Sany avant de se poser sur le bois d'un chariot qui traînait là. La perruche s'ébroua aussitôt avant de s'éclaircir la gorge.

- Message pour Sany Jeznak de la patrouille des Ankylos sur les dernières nouvelles des recherches : quelques débris de l'appareil accidenté ont été aperçut sur la plage mais aucune trace de survivants pour le moment. Recherches toujours en cours avec la coopération skybax. Nous vous tiendrons informé ! Réponse à donner ?

- Oh, hm...Très bien, merci encore pour vos efforts.

Codage par Libella sur Graphiorum

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La diversité culturelle couplée à l’ingéniosité humaine et peut-être même des sauriens de l’îles fait qu’ils sont bien capables de manipuler leur environnement pour pouvoir satisfaire leurs besoins. Une rivière souterraine passe bien en dessous de la ville et une multitude de puits se trouvent un peu partout pour pouvoir la puiser, mais il y a surtout un système de pompe comme je le pensais, c’est épatant.

Kai ▬ Ce n’est pas ma spécialité, mais j’avoue que je suis impatient de voir comment vous faites pour irriguer vos cultures alors ce sera avec plaisir.  

Pour un expert en animaux il est vrai que cela est surprenant, mais depuis peu de temps je m’intéressais autant aux humains qu'aux animaux dans les contrées où les deux fonctionnent en symbiose. C’est fascinant d'atterrir ici.

Cette façon de se trouver et s’estimer l’alter-ego l’un de l’autre, c’est vraiment touchant et attendrissant. J’ai connu des relations humain-animaux, mais rien de tel. Il y a une profondeur incroyable dans leur lien qui est perceptible rien qu’en les regardant.

J’affiche un large sourire très vite suivi d’un éclat de rire à la réaction et au commentaire d’Ator qui est bien indulgent quant à ma performance.

Kai ▬ Vous êtes complaisant juste ce qu’il faut Ator ahah ! C’est gentil de votre part. C’était mauvais, mais je vous promets de revenir en parlant mieux que ça un jour !  

Ce petit moment convivial me fait rire aux éclats, je n’aurais pas cru que cela soit possible aussitôt après le drame. Sany a mille fois raison sur le fait que j’ai le temps devant moi pour pouvoir apprendre la langue et me former pour y arriver comme il se doit.

Kai ▬ Je pense que ça devrait bien aller alors. Il faudra que je m’attarde à apprendre la langue et pourquoi quelques dialectes plus tard.  

Je ne sais pas encore comment cela va se passer, mais il est vrai que cela me rappelle que je vais devoir quitter bientôt mes sauveurs pour me rendre à cette grande ville pour rencontrer les dirigeants et intégrer je suppose une sorte de registre. Je ne pense pas que j’intégrerai l’école tout de suite, je reste persuadé qu’il me faut voyager un peu pour faire le point sur moi-même afin de pleinement pouvoir accepter cette île.

Une oiseau singulier aux allures de perruche et perroquet se manifeste avant de se mettre à parler. Un message visiblement adressé à Sany. Cela me fait sourire alors qu’il demande une réponse, j’ai l’impression de voir une sorte de sms ou de tweet vivant venir délivrer son message. Une équipe envoie son rapport sur le crash et comme je m’en doutais, il n’y a pas de survivants pour le moment de retrouvés.

Kai ▬ Je tiens à vous renouveler ma gratitude pour ces recherches que vous avez lancé Sany. C’est très gentil de votre part. J’espère que je ne suis pas le seul à avoir réchappé à cela.  

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Sany acquiesça avec un sourire radieux. Elle serait toujours enchantée de montrer à Kai de nouvelles choses à voir et ne manquera pas de le prévenir lorsque les pompes seront utilisées. La façon de procéder pour ça ne devrait pas le laisser indifférent. Sans doute qu'Ator avait été trop poli pour dire ce qu'il pensait vraiment de l'essai de l'homme à sa langue, mais en tout cas il avait apprécié l'effort de ce dernier pour tenter sa chance, ce qui n'était pas négligeable. Le moindre effort était toujours très bien vu à Dinotopia, même s'il paraissait insignifiant et surtout s'il venait d'un Dolphinback. Les efforts des nouveaux venus étaient toujours bien félicité afin de les encourager d'avantage dans leur intégration de la société.

- Très bien, fit le saurien, j'ai hâte de voir votre progression !

Est-ce qu'il le mettait au défi ? Totalement. Mais gentiment également. Il était assez curieux de découvrir la cadence d'apprentissage de ce nouveau venu bipède.

- Oui, vous me semblez déjà être un bon élève, ajouta Sany qui avait le don de percevoir ce genre de chose comme une matriarche digne de ce nom.

Au départ de l'oiseau qui reprit son envol dans le ciel, Sany se tourna vers Kai qui tenait à la remercier une fois de plus. Chose à laquelle elle répondit d'abord d'un signe de tête, bien qu'elle ne jugeait pas ça nécessaire de recevoir une fois de plus sa gratitude. Elle n'avait fait que ce qui avait été le plus normal de faire.

- Je l'espère autant que vous.

Ator regarda les deux humains à tour de rôle avant d'ajouter à l'adresse du Dolphinback :

- Souhaitez-vous voir Khasra de plus près ? Les plantations, ça va bien cinq minutes mais je suppose que vous serez bien tenté d'aller voir autre chose ?

Codage par Libella sur Graphiorum

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Ator et Sany forment un beau duo, c’est difficile à dire, mais je vois bien pourquoi ils se qualifient l’un l’autre d’alter ego. Ils sont aussi gentils l’un que l’autre, en dépit de la médiocrité de ma tentative pour parler le saurien, ils n’en demeurent pas moins bienveillants. Ator a une douce parole en me souhaitant de progresser et de voir ce que cela donnera dans l’avenir. Je me fixe intérieurement pour objectif de pouvoir soutenir une conversation simple avec lui en saurien lorsque je reviendrai en ville après avoir appris la langue et fait le tour de l’île pour en savoir plus.

Kai ▬ Je ferai tout pour que mon niveau soit bien plus acceptable lorsque je vous parlerai à nouveau dans cette langue !

L’arrivée de l’oiseau parlant m’a fait un petit coup au moral. Les patrouilles que la matriarche a envoyé pour essayer de trouver des survivants n’ont rien donnée. Ce n’est pas comme si j’avais de l’espoir que ma femme soit encore en vie après ce que j’ai vu, bien sûr que non, mais j’espérai ne pas être le seul rescapé d’un crash d’avion de ligne sur cette île. Il est vrai que c’est déjà un miracle que je m’en sois sorti moi, mais je ne sais pas ce que j’ai bien pu faire pour mériter une telle chance. Les esprits sont avec moi, c’est ce qu’il faut que je me dise après tout.

Comme pour changer de conversation, sans doute car il avait bien vu ma mine devenir basse à cause des nouvelles, Ator propose avec entrain de faire le tour de la ville. Il a raison, les plantations, ça va bien cinq minutes, mais je veux tout voir moi !

Kai ▬ Cher Ator, j’ai cru que jamais la proposition ne viendrait ahah ! C’est avec plaisir que je vous suis pour une tour de cette ville qui a l’air plus que magnifique. Je veux tout savoir, tout voir !

Chassez le naturel et il revient au galop comme on dit. Il ne faut pas longtemps pour que mon moral ne remonte avec l’envie de découvrir toutes ces choses nouvelles qui se trouve sur cette île. Je veux parler aux gens et m’imprégner de la culture locale. Il ne faut pas que je vois cette île comme une prison, mais comme un nouveau départ. Je n’ai pas le choix, certes, mais c’est ainsi qu’est la vie. Il faut suivre le cours de l’eau et non lutter contre. Il faut que je vive pleinement cette renaissance sur une île peuplée de dinosaure vivant en harmonie avec les humains, pour moi, mais aussi pour Abigail qui aurait rêvé d’une telle vie !

Je me laisse guider par le diplodocus pour découvrir ce que j’ignore encore sur Khasra, toujours accompagnée par son amie et ma sauveuse.