[Terminé]A la Rencontre des Pilleurs d'Epave [Charlotte]

Cette fois, ce ne fut ni le chant des oiseaux ni le jour qui réveilla Charlie, mais bien son ami. Une chance qu'ils aient trouvé cet abri, car les bruits qui leur avaient tenu compagnie toute la nuit n'étaient pas franchement rassurants. D'ailleurs, elle aurait été prête à parier que sans la présence d'Adam et des quatre murs autour d'eux, jamais elle n'aurait pu s'endormir dans de telles conditions. La jungle et ses alentours, c'était vraiment le pire endroit où elle avait mit les pieds. L'humidité qui y régnait l'épuisait déjà, à peine réveillée. C'était comme si cet air chargée en eau lestait ses poumons et ses jambes. La sensation était particulièrement désagréable et elle n'avait qu'une envie, c'était quitter cet endroit le plus tôt possible. Alors sitôt les yeux ouverts, Charlie se redressa, essayant tant bien que mal d'étirer son corps endolori. N'ayant plus de sac ni de source d'eau à proximité, elle n'eut pas besoin de beaucoup de temps avant de prendre la route. D'ailleurs, à ce stade, elle rêvait de retirer ses vêtements et surtout, de laver sa peau crasseuse de toute cette transpiration, de terre et d'autres. Même si ses narines tentaient de la convaincre du contraire, Charlie savait pertinemment qu'elle empestait... Peut-être que ce serait possible, à Sauropolis? Quoi qu'il en soit, elle croisait les doigts pour y arriver dans la journée.

Plus ils s'éloignaient de la forêt, mieux elle se sentait. Enfin, elle pouvait dire ce qu'elle voulait, la beauté des paysages qu'ils traversaient était à chaque fois époustouflante. Mais lorsque la rivière se jeta dans une étendue d'eau d'un bleu si pure, Charlie pensa à un vrai petit paradis caché de tous. Et les dauphins qui surgissaient de l'eau en ricanant ajoutaient une touche magique à l'ensemble. Vraiment, c'était magnifique. Typiquement le genre d'endroit qui fait de belles cartes postales. Et même si le bâtiment qu'Adam lui indiqua ne faisait pas beaucoup rêver en comparaison, Charlie était aussi heureuse de le voir apparaître que si elle était sur le point de se rendre à Disney Land. Enfin! Ne restait plus qu'à espérer qu'ils n'aient pas fait tout ce trajet pour rien... Une pointe d'appréhension commençait à naître en elle à mesure qu'ils se rapprochaient de la taverne.

Les voilà à présent devant les portes de l'établissement. A l'intérieur, on pouvait entendre des voix s'entremêler et des verres s'entrechoquer. Sans plus attendre, Charlie prit les devants et pénétra dans la taverne. Quelques têtes se tournèrent vers eux, des coups de coudes s'échangèrent et quelques secondes plus tard, un silence étrange prit place, seulement perturbé par de légers murmures. Soit elle avait une tête vraiment affreuse, soit ils n'étaient pas la bienvenue.

La jeune femme ignorait tout de la présence de cette roche et de ses effets. La seule et unique chose qui la rassurait, c'était la présence d'Adam. Elle savait qu'avec lui à ses côtés, elle ne craignait rien. Et si d'ordinaire, Charlie n'a pas froid aux yeux, c'était d'autant plus vrai lorsqu'elle était en sa présence. D'ailleurs, elle était bien trop obnubilée par l'objectif premier de leur présence ici qu'elle ne remarqua pas la tension qui montait en Adam. Elle fit encore moins attention à tous ces regards braqués sur eux. Oh bien entendu, elle les avait remarqué, comment faire autrement? Et ce silence chargé d'animosité... elle fit simplement le choix de ne pas prendre tout ça en compte. Pour autant, elle n'osa pas rompre le silence, comme si elle s'attendait à ce que, quoi qu'elle dise, ça soit mal reçu. Elle laissa simplement les chuchotements monter, les regards curieux les dévisager. Comment leur en vouloir? Deux inconnus à l'allure plus que suspecte qui faisaient irruption dans leur taverne... y avait surement de quoi se méfier.

Il se passa seulement quelques secondes, et pourtant pour beaucoup, le malaise semblait avoir duré d'interminables minutes. Charlie n'eut pas le temps d'observer autour d'elle que déjà, une jeune femme peu commode se fit entendre, derrière son bar. Ses paroles, son ton surtout, laissait deviner un caractère bien trempé. Le moindre faux pas et elle les jetterai dehors aussi vite qu'ils étaient entrés.
Fidèle à elle même, Charlie ne se démonta pas.

"Pas de celui là, en tout cas. Ni du vôtre."

C'était sorti tout seul et le plus sérieusement du monde. Aucune once de méchanceté ou de mépris là dedans bien que ça ne soit pas l'envie qui lui manque, seulement Charlie tenait à s'affirmer face à gérante. Et ça sembla marcher. Un léger sourire en coin se dessina au coin de sa bouche alors que ses yeux se tournaient de nouveau vers Adam. Si elle avait pu le fusiller du regard, Adam serait mort une dizaine de fois déjà. La femme se remit à essuyer les verres qu'elle avait abandonné à leur arrivée et comme si elle avait hissé un drapeau blanc, les conversations reprirent l'une après l'autre, augmentant le volume sonore autour d'eux.
Portant sa main sur son épaule blessée, elle s'avança vers le comptoir, tâchant de garder la tête haute et de ne pas trébucher. Et contre toute attente, elle offrit à la femme un sourire auquel elle ne s'attendait visiblement pas, avant de lui parler d'une voix plus douce que du coton, comme si son accueil désagréable n'avait jamais eu lieu.

"Ecoutez, on a traversé toute l'île pour venir ici. Nous ne sommes pas là pour voler, ni tuer." elle marqua un temps, cherchant ses mots, "J'ai besoin de savoir si mes bagages ont été récupérés, par ici. Vous pouvez nous aider? S'il vous plait..."

Pas une fois Charlie ne manqua un sourire, ou prononça le nom plus que péjoratif de "pilleur d'épave". Elle n'avait encore jamais demandé d'aide à personne, depuis qu'elle était arrivée ici. A chaque fois, on la lui avait accordée naturellement, ou imposée pour son bien. C'était la première fois qu'elle comptait sur la bonté des Dinotopiens. Même si cette femme avait été particulièrement venimeuse envers eux, elle espérait qu'elle par contre, était bien du genre des insulaires.

Après un si long voyage, un verre de n'importe quoi du moment que le liquide était frais lui aurait bien plu, mais ils n'étaient pas là pour ça. Il n'avaient clairement pas fait tout ce chemin pour boire un coup!

Charlie avait beau eu user de tout le tact dont elle disposait et des mots qui lui semblaient les plus doux, la femme n'avait pas l'air de comprendre la vraie nature de sa demande. Non effectivement, cet endroit était loin de ressembler à une gare et Charlie ne ressemblait pas à une touriste non plus! Faisait-elle exprès de ne pas saisir? Ou était-elle simplement stupide? C'est Adam qui mit les pieds dans le plat, s'attirant un nouveau regard fendu d'éclairs de la gérante.  D'ailleurs, cette dernière refusait visiblement d'avoir quoi que ce soit à faire avec l'outsider, puisqu'elle l'ignora carrément et préféra s'adresser à la brune.

"D'accord. Merci."

Les affaires avaient reprit, comme elle disait. Charlie se tourna vers les tables désignées et s'efforça de ne pas exprimer le dégoût qu'elle ressentait sur ses traits. Elle continuait de sourire, tout en regardant ces personnes qui avaient profité du malheur des autres, des siens. D'un pas tout aussi incertain que le précédent, mais avec une détermination sans faille malgré tout, Charlie s'avança vers l'une des tables. Trois hommes y étaient installés. Tous avaient tâché de faire comme s'ils ne l'avaient pas remarquée, continuant de discuter en réfugiant leurs regards au fond de leurs verres. Jusqu'à ce que l'australienne prenne appui sur la table au bois collant à cause de l'alcool, retenant ainsi leur attention.

"Paix de l'âme, messieurs." elle s'étonna elle même sur ce coup là, "Pouvez-vous me montrer ce que vous avez récupéré du dernier crash, s'il vous plait?"

Prenant exemple sur Adam qui s'était montré plus direct qu'elle, elle souhaita néanmoins conserver sa politesse, histoire de ne pas les brusquer d'entrée de jeu. Les hommes semblaient particulièrement méfiants et n'osaient même pas regarder le guerrier, essayant de faire comme s'il n'était que l'ombre de Charlie. Le groupe marmonna une réponse  et s'échangea quelques regards, puis l'un d'eux, plus barbu que ses confrères, leva enfin les yeux vers la brune.

"Vous avez quoi en échange?"

La vérité, c'est qu'elle n'avait absolument rien à offrir, mais Charlie ne se laissa pas déstabiliser et répondit d'un ton tout à fait serein.

"J'ai pas mal de choses intéressantes dans le sac de mon ami. Mais d'abord, je veux voir ce que vous avez."

De nouveau, les hommes se consultèrent silencieusement, comme s'ils étaient capables de communiquer par la pensée. Les pilleurs devaient surement se dire qu'elle avait du récupéré des affaires elle aussi, puisqu'elle avait survécu à son crash. L'homme à la longue barbe semblait hésitant. Néanmoins, il reprit donc la parole, caressant sa toison grise d'un air songeur.

"D'accord. Mais vous seule."

Qui avait-il dans le sac d'Adam susceptible de les intéresser? Rien. La vérité, c'est que Charlie avait menti, tout simplement. Avait-elle un autre choix? Adam n'avait il pas dit qu'ils feraient tout pour récupérer ses biens, quitte à user de la force pour ça? Etait-ce vraiment une bonne idée de les menacer dans cette taverne? Certainement pas. Pour l'instant, ce mensonge était tout ce qu'elle avait trouvé. Et ensuite? Et bien elle aviserait. En tout cas, cela leur permit au moins de jeter un oeil à leurs trouvailles et c'est tout ce qui comptait.

Evidemment, le guerrier refusa catégoriquement la demande du barbu. C'était à prendre ou à laisser, mais il ne comptait pas la laisser partir avec ces trois inconnus et ça, l'homme le comprit aussitôt. D'ailleurs, il ne chercha plus à négocier. Sa crainte pour Adam était palpable. C'était tout juste s'il osait le regarder et comme la gérante de l'établissement, c'était uniquement à Charlotte qu'il s'adressait.

"Merci."

Sous bonne garde, la brune suivi donc l'homme en charge et tous trois firent le tour du bâtiment jusqu'à atteindre une charrette pleine de tout un tas de choses entassées les unes sur les autres. Le dinosaure qui y était attaché sembla affolé de voir un Outsider s'approcher et de son côté, Charlie se força à avoir l'air le plus à l'aise possible en approchant cette espèce qu'elle n'avait encore jamais vue, ni entendue. Très vite, elle oublia la présence de la créature, mais également celle du pilleur, et même celle d'Adam. Ses yeux scrutaient avec attention chaque pièce se trouvant sur la charrette. Il y avait de tout, et surtout beaucoup de n'importe quoi. Un grand bazar dans lequel elle farfouilla sans demander l'autorisation. L'homme n'osa rien dire, certainement à cause du guerrier et de sa lance, toujours bien dressée.

Ses mains retournèrent plusieurs vêtements, écartèrent des livres gondolés par l'eau et des pièces métalliques appartenant surement à l'avion. Elle ouvrit quelques valises, poussa une pile de chaussures en cuir... et parmi ce monticule, un petit objet s'y était glissé. Un porte feuille qu'elle reconnu immédiatement. Sans dire un mot, Charlie s'en empara religieusement et souffla un bon coup avant de l'ouvrir. La jeune femme tournait le dos aux deux hommes, si bien qu'aucun d'eux ne pu apercevoir les larmes monter. Larmes qu'elle ravala tout de suite, refermant le portefeuille dans la foulée. Oubliant ses blessures et la douleur qu'elles lui causaient, Charlie monta directement sur la charrette et se mit à fouiller frénétiquement le reste de son contenu. Elle en sorti un sac à dos, un téléphone portable à la vitre brisée et un briquet rechargeable. Lorsqu'elle eu terminé, Charlie descendit de son perchoir et regarda Adam. Elle avait trouvé. Et maintenant?

Adam prit le relais, laissant Charlie se charger du sac à dos dans lequel elle avait glissé ses trouvailles. Elle était incapable de le porter correctement, alors elle se contenta de le passer sur son épaule valide. Le temps n'était pas au recueil, mais bien aux explications et au conflit inévitable qu'elles allaient susciter. Et ça ne manqua pas. D'abord, le barbu s'indigna. On volait le fruit de son travail. Il se croyait peut-être légitime, mais Charlie ne faisait que reprendre ce qui lui appartenait de droit, comme le disait bien Adam. Néanmoins, si elle avait pu lui donner quoique ce soit en compensation pour éviter les problèmes, elle n'aurait pas hésité. Longtemps, Charlie avait réfléchit à ce qu'elle pourrait offrir, mais elle ne possédait rien à part elle-même et se trouvait dans l'incapacité de rendre le moindre service.

Inévitablement, le guerrier ne tarda pas à le menacer de sa lance tranchante. Apeuré mais plus encore guidé par son avarice, l'homme tremblant tenta une dernière négociation. L'outsider défendait les intérêts de Charlie qui regardait la scène, convaincue que tout cela allait mal terminer. D'ailleurs, ça ne tarda pas à dégénérer. En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, Adam se retrouva projeté au sol par une énorme queue munie de pointes. Si elle ne faisait rien, tout ça allait terminer en un bain de sang. Et tout serait de sa faute. Alors paniquée, elle se précipita vers son ami, faisant barrière de son corps fragile, tout en se faisant violence pour rester calme.
Les deux gardes dinosaures ne faisaient que leur devoir et Charlie repensa à Xyria, se disant que s'ils étaient comme elle, ils ne risquaient rien du moment qu'ils restaient tranquilles, du moment qu'Adam restait tranquille. Ainsi, en se tenant si proche des gardes, elle savait que son ami ne risquerait aucune attaque. Elle se tourna alors vers le vieux pilleur d'épave.

"Ces affaires m'appartiennent. Je suis la seule survivante. Personne d'autre ne viendra, vous pourrez garder le reste." elle prit sur elle pour conserver une respiration correcte et continua, "On va partir, et ne jamais revenir."

Les gardes semblaient s'être radoucis, puisque leurs pointes s'abaissaient à mesure qu'elle parlait. Quant à l'homme, il restait muet, soulagé par la présence des gardes mais toujours effrayé par cet Outsider qu'il savait capable du pire. Effectivement, frapper Adam de la sorte n'était pas le meilleur moyen pour faire retomber la tension, bien au contraire. Charlie lança un regard à son ami d'enfance pour se donner plus de courage.

"Une dernière chose... avez-vous trouvé des cadavres, au fond de l'eau?"

Une fois de plus, l'homme ne prononça pas un mot, mais après un certain temps, il se résigna pourtant à répondre, signifiant un "non" de la tête. Le regard de Charlie se posa sur le sol et à son tour, elle devint mutique. 

Charlie n'avait pas la carrure pour s'interposer, et encore moins entre Adam et des créatures dotés de piques comme celles ci. Mais ça n'était pas vraiment le but. Elle avait apprit que les Dinotopiens ne faisaient de mal à personne si c'était évitable, et qu'Adam ne répliquerait pas si elle était en travers de son chemin, ne serait-ce que pour éviter de la bousculer. Alors oui, ça pouvait paraître totalement dérisoire, mais au moins ça avait le mérite de fonctionner. Adam s'était redressé et à sa manière de les fusiller du regard, Charlie devinait aisément qu'à la moindre occasion, il ne se gênerait pas pour leur faire payer leur geste.

Heureusement, la situation se stabilisa et la tension redescendit un peu. Clairement, ils ne s'étaient pas fait des amis dans le coin et l'homme n'était pas prêt d'oublier leurs visages. A l'avenir, ils ne devraient plus jamais remettre les pieds dans cet endroit. Mais tout comme elle, Charlie savait qu'Adam n'en avait certainement pas l'intention.

En vérité, le pilleur ne dit pas toute la vérité à la jeune femme. Il avait bien vu des cadavres, au fond des eaux. Des morceaux de cadavres, pour être exact. Mais quel intérêt y avait-il à préciser cela? Le pilleur avait beau être ce qu'il était, la malveillance ne brillait pas dans ses yeux. Il n'aurait tiré aucun avantage à donner ce détail sordide à une jeune dolphinback qu'il devinait sans mal être en souffrance, alors à quoi bon?

Charlie cru s'effondrer lorsqu'elle senti la main d'Adam sur son épaule. C'était beaucoup d'émotions d'un coup pour la brune déjà fragile. Effectivement, il était plus que temps de partir d'ici.

"Oui."

Adam entraîna la jeune femme à sa suite, loin de la taverne, de ses gardes et de ses avides pilleurs. Ses doigts serraient la bretelle du sac à dos retrouvé, sans jamais la lâcher. Et ses yeux... ses yeux s'étaient de nouveau perdus on ne sait où et ne quittaient plus le sol qui défilait sous ses pieds. On aurait pu croire à de la tristesse et bien évidemment, il y en avait. Tant que ce sentiment ne la quittait en fait jamais. En réalité, la dolphinback était heureuse. Et il y avait de quoi. Après un voyage tel que celui ci et toutes les péripéties qu'ils avaient enduré, ne pas repartir bredouille était une vraie joie. Ils n'avaient pas fait tout cela pour rien. Adam n'avait pas abandonné les siens pour du vent. Et si ce qu'elle avait retrouvé pouvait paraître misérable, cela représentait énormément pour elle.

Une fois la sorte de petite colline grimpée, Charlie releva enfin la tête et découvrit ce qu'elle supposa être Sauropolis. Parfait, c'était encore plus près que prévu. Avec toutes ces émotions, les jambes de la brune avaient du mal à la porter et malgré sa volonté, elle accusait le coup. Son épaule était de plus en plus douloureuse, surement à cause de la fatigue qui accentuait tout. Nouvel objectif : envoyer cette fameuse lettre à Jason. Lettre qu'elle avait perdu en même temps que son sac lors de l'attaque du pteranodon... il faudrait qu'elle avise sur place.

La pause octroyée par Adam lui permit de reprendre son souffle. Sauropolis semblait immense, de là où ils se trouvaient. Pourtant, elle était persuadée qu'elle préférerait largement Waterfall city et ses magnifiques ponts, ses chutes, ses eaux limpides. Et effectivement, en arrivant aux abords de la cité, cette impression se confirma. Sauropolis n'en restait pas moins splendide et son architecture lui rappela quelques villes européennes qu'elle avait pu voir sur des cartes postales. Une seconde fois, Adam choisi de faire une halte dans un petit coin discret, près de l'entrée, mais cette fois Charlie resta droite comme un piquet, tournée vers l'entrée. Elle avait hâte d'envoyer sa lettre à Jason et d'arriver au soir. Peu importe où ils passaient la nuit, elle n'avait qu'une envie, c'était se plonger dans ses souvenirs. Mais pas ici, ni maintenant. Si elle se laissait aller maintenant, le reste de la journée était fichu.

"On y va?"

Est-ce que ces pauses étaient seulement justifiées par le fait qu'il voulait prendre soin d'elle, ce dont elle ne doutait absolument pas en tous les cas. Ou bien y avait-il aussi un peu d'inquiétude quant à l'idée de la laisser seule entrer dans cette ville? A Sauropolis, elle était en sécurité, ça ne faisait pas de doute. Mais Adam avait toujours tenu à rester près d'elle, alors ça ne l'aurait pas beaucoup étonnée. D'ailleurs, la façon dont il lui annonça cela ne fit que confirmer cette impression. Sans grande surprise, elle se tourna vers son ami.

"Je comprend."

En réalité, elle s'y était attendue. Déjà à la taverne, sa présence n'avait pas été du tout appréciée, tout juste tolérée du moment qu'il s'effaçait. Alors dans une ville comme celle-ci, il y avait peu de chance qu'on le laisse entrer, étant donné la menace que sa communauté représentait pour la société dinotienne. D'ailleurs, s'ils ne toléreraient pas le jeune homme dans leur ville, le guerrier se méfiait d'eux également comme la peste. Charlie, elle, avait toute confiance. Elle savait pertinemment qu'entre ces murs, il ne lui arriverait rien. S'il y avait bien une chose qu'elle ne regrettait pas de son monde, c'était l'insécurité des grandes métropoles, accrue à la nuit tombée. Ici, il y avait beau avoir des dinosaures à tous les coins de rues, c'était sans danger pour la dolphinback.

"T'inquiète pas, je me dépêche."

Pour rassurer Adam et lui faire comprendre qu'elle ne lui en voulait de rien, bien au contraire, Charlie lui confia ses si précieuses trouvailles et lui colla un baiser sur la joue avant de lui tourner le dos. Une marque d'affection à laquelle il n'était pas habitué, mais qui émanait d'une Charlie au coeur définitivement tendre.