[Terminé] La Nouvelle Dolphinback [Charlotte]

A chaque nouveau mètre parcouru, le visage de la maire se précisa et Charlotte en découvrit les traits dures, sévères. De près, elle était encore plus impressionnante. L'aura qui émanait était unique en son genre. Elle ne savait trop comment ni pourquoi, mais elle lui inspirait une grande sagesse. L'australienne fut vite englobée par la foule qui s'écarta à son arrivée avant de se refermer autour d'elle en un cercle parfait. Les rumeurs allaient bon train derrière elle et elle eu du mal à se concentrer sur les présentations plus que pompeuses de la maire de la ville... Elle du se faire violence pour ne pas faire demi-tour. La brune était plus que mal à l'aise et ça se voyait à son attitude. Si elle avait pu se faire aussi minuscule qu'une souris, elle l'aurait fait sans hésiter un instant et aurait disparu entre les pieds des curieux. Mais hélas, Charlotte n'était dôtée d'aucun pouvoir et elle devait maintenant affronter les regards braqués sur elle.

"B, bonjour. Enfin je veux dire, paix de l'âme?"

Sa gêne était plus que palpable et sa maladresse allait de paire. C'en était presque risible. En plus de ça, elle n'était plus vraiment certaine des mots qu'avait tenté de lui enseigner Sany, les salutations d'usage à Dinotopia. D'où son manque de confiance en elle. Franchement, elle se sentait ridicule face à une face avec autant de préstence que cette Iva Dalahan.

"Merci mais... Avez-vous trouvé d'autres naufragés?"

Charlie se reteint de lui dire qu'elle se moquait éperduement de ses discours et des règles. Effrontée qu'elle était, elle n'avait pas pu s'empêcher de lui poser la question fatidique, bravant tous les codes de bienséances qui auraient certainement voulu qu'elle patiente encore un peu ou que la maire elle-même lui donne l'information en temps voulu. Une vraie mulle. Et derrière elle, tous se turent, les yeux ronds comme des billes face à tant d'audace.

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Charlotte remercia intérieurement Sany pour ses bons conseils, et sa bonne étoile _ en l'occurence Corben_ de l'avoir mis sur sa route. Elle était rassurée que la maire lui réponde, allant même jusqu'à sourire devant son effort de politesse. Effort qui ne dura pas longtemps d'ailleurs, de même que ce sourire... Comme elle l'avait craint, la veille, dans ce bus, et puis jusqu'à son arrivée au Sénat, la réponse qu'Iva lui jeta au visage froidement n'était en rien positive. Et dans son regard, aucune étincelle d'espérance non plus. Une vague de tristesse et de colère manquèrent d'atteindre les yeux en amande de Charlie. N'y avait il donc aucun espoir?

Autour des deux femmes, dont l'écart d'âge était assez saisissant, les curieux n'osaient plus dire un mot. Plus aucun sourire non plus sur leurs visages. Certains regardaient la jeune femme, navrés. Mais cette élan de compassion apparu comme de la pitié aux yeux de Charlie. Et elle détestait ça. Elle aurait voulu leur hurler dessus, leur demander ce qu'ils faisaient là à la regarder comme ça, comme une bête curieuse enchainée que l'on scrute tristement, alors qu'ils pourraient mettre leur compassion à l'oeuvre en passant l'île au peigne fin. C'était à elle d'être triste. Pas à eux. Mais elle n'en fit rien. Même à Dinotopia, Charlotte restait la même et cacher ses sentiments était un réflexe de protection contre le monde qui l'étouffait.

Elle suivit donc la maire qui l'intima d'entrer dans le Sénat d'un signe subtile, ce qu'elle fit sans broncher, soulagée de se mettre à l'abri des regards.

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Alors que la charismatique maire la guidait à l'intérieur du Sénat, la foule dont Charlie croyait être enfin débarassée les suivirent. Ses sourcils se froncèrent tandis qu'elle suivait silencieusement la femme. Sa colère s'apaisa un peu et pour cause, c'est le stress qui la remplaça. La salle dans laquelle elle venait de pénétrer était vaste et fastueuse. Les curieux prirent place sur des sièges rigoureusement alignés face au piedestral et Charlotte senti son coeur battre un peu trop fort à son goût. Elle n'aimait pas se sentir épiée ainsi. Elle avait l'impression d'être bien malgré elle le personnage principal d'une cérémonie dont la signification la dépassait.

Le parchemin que la maire désignait lui permit de reporter son attention sur autre chose que ces yeux inquisiteurs. La liste des noms qui y étaient incrits dépassait l'entendement. C'était donc sur la base de naufragés, comme elle, que cette île s'était peuplée. Elle eu un peu le tournis lorsqu'Iva lui expliqua que ces noms étaient ce de milliers de rescapés et que ceux-ci avaient appartenus à différentes époques et nationaliés. Ca lui faisait le même effet que lorsqu'elle tentait de s'imaginer ce qu'il pouvait bien y avoir au delà de leur galaxie, de se figurer les distances extraordinaires qui séparaient la Terre d'autres planètes, d'autres étoiles. Elle se sentait insignifiante. Elle l'était.

Sans vraiment se rendre compte de ce qu'elle était entrain de faire, la jeune femme s'empara de la plume. Elle n'avait jamais écrit de sa vie avec un tel outil, mais elle l'avait vu, à la télévision, dans des films qui parlaient d'une époque passée depuis longtemps. Trempant le bout de cette dernière dans l'encrier, elle prit soin d'immiter ce que le cinéma lui avait montré en essuyant le surplus de liquide sur le rebord du récipient en verre. Et enfin, dans une écriture maladroite mais élancée, son nom rejoignit la longue liste qui s'étendait devant elle. Son seul nom. Pas celui de Luke, d'Adrian, de sa mère ni de son père. Seulement le sien. Elle tourna un visage décomposé vers Iva.

"Et maintenant?"

Malgré la nombreuse assistance devant elle, les dinosaures comme les humains, malgré la présence d'Iva et de ses paires à ses côtés, Charlotte Nelson se sentait plus seule que jamais.

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Elle n'eu pas le temps de poser la plume sur son support que la foule se mit à l'acclamer, commandée par leur maire. Charlotte en resta abasourdie et laissa retomber la plume sur le pupitre, bloquée sur les applaudissements des spectateurs. Quel accueil, se dit-elle. Elle n'en revenait pas. C'était tout bonnement incroyable de voir autant de cohésion, autant de joie. Mais ça l'oppressait aussi. Etre ainsi au centre de l'attention la rendait anxieuse. Elle avait le sentiment de devoir rentrer dans une case pour plaire, pour coller à ce qu'on attendait d'elle, ce qu'évidemment, elle ne ferait pour rien au monde. Et la suite des évènements expliqués par Iva ne plu pas du tout à la brune qui s'était mise à serrer les poings, essayant de se contenir du mieux possible.

"Je... quoi?!"

L'assemblée resta muette pour la seconde fois et tous semblaient se demander ce qui lui prenait.

"Quelles études? Je m'en fiche de découvrir ce monde, je n'ai pas le temps ! Je ne peux pas. Il faut... Je dois aller à leur recherche!"

La jeune femme fulminait et ses yeux jetaient des éclairs mortels. Dans quoi venait-elle de mettre les pieds? Pourquoi Sany l'avait envoyée ici? Elle se sentait piégée, acculée. Elle paniquait, suffoquait. Son coeur battait à tout rompre et on aurait pu s'attendre à se que ses cheveux se dresse sur sa tête tellement elle était furieuse.

"J'suis pas venue ici pour... pour devenir une Donotopienne ou je sais pas quoi! Ma famille est quelque part dehors et... Et merde!"

Cette fois, c'en était trop. Elle se tourna, prête à laisser tout en plan, à quitter cet ville de malheur et ce piège administratif dans lequel elle s'était fourée.

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Des recherches étaient peut-être déjà en cours, mais Charlotte ne pouvait pas laisser le sort des siens entre les mains de personnes dont elle ignorait tout. Les Dinotopiens n'avaient pas encore su gagner sa confiance et ce sentiment de trahison qu'elle ressentait, ce piège qu'on lui avait tendu, n'aidait en rien la jeune femme à laisser faire les locaux. Elle devait en avoir le coeur net, tout faire pour les retrouver. C'était plus fort qu'elle, plus fort que tout.

"Et je suis supposée faire quoi alors? Avoir une confiance aveugle en vous et quoi? M'intégrer? Vivre ici? Qui vous dit que j'en ai envie?!"

Si c'était un spectacle qu'ils voulaient voir, alors ils allaient être servis. Elle se retourna, enflammant la maire de ses yeux devenus incendescents, les poings toujours serrés, à tel point qu'elle sentait ses ongles entrer dans sa chaire. Ses dents mordaient sa lèvre inférieure.

"Et qu'est-ce qui me prouve que vous les cherchez vraiment, hein? Je peux savoir? C'est vous qui allez m'empêcher d'aller les chercher, peut-être?! Je t'en foutrais moi, des compétences! Si je dois crever dehors, tant pis. Au moins je serais avec eux!"

Un long "oh..." de consternation s'éleva derrière elle lorsqu'elle jura au nez de la très respectée maire. Charlotte pensait chaque mot qu'elle venait de prononcer et sa fureur n'avait d'égal que sa tristesse. Mais au fond d'elle-même, l'australienne savait pertinemment qu'Iva avait raison. C'était de la folie de s'aventurer à l'extérieur des villes, seule et sans ressource. Elle ne connaissait rien de ce monde et les dangers qu'il recélait lui étaient en grande partie inconnus. Pourtant, Charlotte n'en démordait pas. Il faudrait lui passer sur le corps pour ça.

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Et là, la douche froide. Charlotte se figea. Le regard et les paroles de Iva Dalahan ne pouvaient pas êtres plus incisives ni plus sensées. Elle repensa tour à tour à ses frères, ses parents. S'ils étaient présents, s'ils pouvaient la voir, lui parler, ils ne la laisseraient pas faire une chose aussi stupide. Quitte à l'assomer, à la séquestrer. Elle repensa à Corben qui l'avait secourue envers et contre tous, alors même qu'elle s'était montrée particulièrement infecte avec lui. Et Sany... Sany ne voulait sans doute que son bien. Comment une femme aussi douce et au traits aussi pures et fins pouvait elle être mesquine au point de l'envoyer dans la gueule du loup. Et puis Mehen, n'avait-il pas tenté de la rassurer lorsqu'elle avait heurté le petit dinosaure apeuré ? Ne l'avait-il pas mis en garde contre les carnivors qui pululaient, hors de la ville?

Le regard de Charlotte s'abaissa. Cette femme avait raison, sur toute la ligne. Elle n'avait rien d'autre à dire, rien à ajouter. Elle s'en voulu d'avoir dit de telles choses, d'avoir eu ces mauvaises pensées au sujet de ceux qui leur avaient apporté leur aide, sans aucune contre partie. Et pourtant, malgré tout ça, elle ne pouvait toujours pas se résoudre à les abandonner. Car c'était ça qu'elle ressentait, dans le fond, en plus de la culpabilité d'être en vie, et peut-être pas eux. Elle rangea son idée dans un coin de sa tête. Elle finirait par partir, de toute façon, quoi qu'on puisse en dire. Mais elle devrait s'équiper un minimum, se renseigner si elle ne voulait pas finir en charpie et avoir une chance de rester envie suffisamment longtemps pour retrouver ses proches. Peut-être que d'ici là, on les aurait retrouvé?

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Charlotte avait de nouveau dix ans face à Iva. Ses yeux étaient résolument planté sur le sol, entre ses pieds, mais son esprit lui, au delà de la confusion, était plein de malice. Elle partirait, c'était un fait. Mais pour l'heure, elle devait se montrer patiente, une fois de plus. Ravaler sa fierté, contraindre son anxieté au mutisme et contenir sa tristesse. Ca faisait beaucoup pour une si frêle jeune femme qui s'inquiétait en plus de devoir faire le deuil de sa famille portée disparue. C'était sa hantise.

Un homme, de ceux qui étaient présent sur le piédestral avant qu'elle ne pénètre dans la salle avec la maire, se planta face à elle. Et ce simple mot, cette soudaine familiarité, fit relever les yeux bruns de Charlie vers ce visage inconnu et pourtant si rassurant. Il n'était pas comme les autres, elle s'en était immédiatement aperçue.

Pour la première fois depuis qu'elle était sur cette île, elle se sentait comprise, vraiment. Il disait savoir ce qu'elle ressentait, et instinctivement, elle le croyait. Ce Karl avait mis le doigt exactement là où il fallait, ou pas d'ailleurs. Puisque Charlie, incapable de se contenir davantage, laissa échapper une unique larme, bien vite essuyée d'un revers de la main. Elle ne voulait pas étaler ses sentiments. Elle avait déjà laissé éclater sa colère et ne voulait pas en plus donner ce plaisir dramatique à l'assemblée.  
Etait-ce ça qui l'attendait d'ici peu de temps? Devrait-elle comme lui se résigner à abandonner sa famille? Devrait-elle apprendre à vivre sans eux? Etait-elle contrainte et forcée de rester vivre ici? Ne serait-ce que dans l'espoir de les voir réapparaitre un jour, comme par magie? Et si jamais elle ne les revoyait jamais, ce que tous ici semblaient croire, cesserait-elle de s'en vouloir?

Et comme la gamine de dix ans qu'elle était redevenue, elle se jeta au cou de cet homme qui devait avoir l'âge d'Adrian environ, pleurant toutes les larmes de son corps. Une réaction aussi innatendue qu'inhabituelle pour l'australienne. Mais c'était beaucoup de pression, de stress, de colère et de tristesse qui l'accablaient. C'était trop pour elle. Et ce Karl Scott avait eu le malheur de lâcher la dernière goute au dessus du vase déjà plein à ras bord.

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Touchée par les paroles de cet comme qui avait vécu comme elle, des années auparavant, la perte d'un etre cher, la jeune femme se vidait de ses larmes contre son épaule. Elle en avait oublié les spectateurs, devenus muets face à cette scène particulièrement pathétique d'après l'australienne. Ses sanglots finirent par se calmer d'eux même. Charlotte était épuisée, et lorsque Karl parla de ses retrouvailles inespérées avec son père, la jeune femme releva vers lui un regard fatigué et rougis par le liquide salé.

Elle n'était pas du genre à se résigner si facilement, surtout lorsqu'il s'agissait de sa famille. Mais elle avait peur. Peur de ne jamais les revoirs. Peur de devoir abandonner, contrainte ou lassée par des années de recherches vaines. Peur de ce monde inconnu qui, malgré ses dires, lui tendait les bras affectueusement.

"Merci." souffla t elle simplement, avant de s'essuyer les joues, genee mais trop perturbée pour que ça ne transparaisse.

Pour l'instant, elle netait pas en mesure de faire quoi que ce soit. Venir jusqu'ici, en vie et aussi vite relevait presque du miracle. Elle remercia encore une fois sa bonne étoile d'avoir mis les bonnes personnes sur sa route et se promit quelle ferait les choses dans l'ordre, mais quelle les ferait toutes. Et ça commençait par arrêter de pleurer et se ressaisir.

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Le lieu dont parlait Karl... ne serait-ce pas ce fameux temple du ciel que cette femme avec qui elle avait partagé son voyage jusqu'à Waterfall avait pointé l'emplacement tandis qu'elles contournaient les Montagnes Oubliées? En temps normal, s'il on avait suggéré à Charlotte de s'exiler dans ce genre d'endroit, perdu dans les montagnes, celle-ci s'en serait offusquée et bien entendu, aurait refusé catégoriquement. On enferme pas un oiseau en cage. Et la jeune femme éprise de liberté qu'elle était n'aurait pas pu accepter le concept même de ce séjour, loin de tout, sous aucun prétexte. Mais cet homme lui inspirait confiance et malgré elle, la brune devait l'admettre : elle n'était toujours pas remise de ce crash.

Alors l'idée fit son chemin dans l'esprit torturé de l'australienne. Peut-être pourrait-elle récupéré, là-bas? Le temps que les patrouilles viennent à bout de leurs recherches. Et en apprendre davantage sur l'île. Une fois rétablie, elle n'aurait qu'à s'équiper un peu, quitte à chaparder. Si c'était bien au Temple du ciel qu'on voulait l'envoyer, elle ne serait plus très loin de là où elle avait échoué. Ce serait un bon début pour ses propres recherches.

Charlie acquiesça, un sourire léger masquant à peine sa fatigue mais surtout, cette idée qui désormais ne la quitterait plus : retrouver sa famille coute que coute. Cela prendrait le temps qu'il faudrait, mais elle parcourrait cette île de fond en comble pour les trouver. Morts ou vifs.

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Maintenant que Karl en parlait, Charlie sentait son estomac grogner. Elle n'avait pour ainsi dire rien avaler depuis ce matin et même si elle avait dévoré à peu près tout ce qui se trouvait à sa portée, sous le regard bienveillant de Sany et celui plus curieux d'Ator, elle avait une faim de loup. Effectivement, le voyage avait été long et la jeune femme, bien qu'elle ne se soit pas spécialement dépensée durant celui-ci, se sentait toujours faible. Elle ne savait pas exactement combien de temps le bus avait mis pour la transporter jusqu'à Waterfall, mais la nuit était proche.

De nouveau, la brune acquiesça. Sa voix s'était perdue dans sa gorgée nouée par la peine qui avait suivi sa colère. Elle n'en pouvait plus de tous ces regards, de toute cette attention et de cette anxiété qui en découlait. Charlie avait besoin de se retrouver seule et le Temple du Ciel serait l'endroit parfait pour ça. En attendant, elle voulait juste échaper à toutes ces paires d'yeux rivés sur elle, aussi bien humaines qu'animales. Elle était prête à suivre Karl n'importe où, tant que c'était loin de cette salle et loin de ce piédestral qui faisait office de scène de théâtre.

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La jeune femme était on ne peut plus soulagée de quitter enfin cet pièce qui n'avait été que synonyme de stress intense pour elle, peu habituée à ce genre de cérémonie étrange ni même à être au centre de l'attention. Sous un second tonerre d'applaudissements qui la fit sursauter, ils disparurent donc par une porte qui avait échapé à son attention, au fond de la salle gigantesque.

"D'accord."

Suivant son guide, Charlotte ne le quittait pas son dos des yeux, comme si elle avait peur que lui aussi disparaisse, la laissant à la mercie de la maire et de ses sujets. Comme cette dernière l'avait souligné, Charlie se rendait bien compte que tout le monde à Dinotopia était disposé à l'aider, voir à l'accueillir dans leur propre foyer, à l'image de Karl qui le lui avait proposé naturellement, comme si ça allait de soi. Et à l'évocation de ce nouveau voyage qui l'attendait, au bout duquel elle trouverait refuge dans ce fameux temple, la jeune femme se senti un peu hésitante. Chaque mètre parcouru le long de ce couloir infini la plongeait un peu plus dans les ténèbres, dans tous les sens du terme. Etait-ce la fatigue qui la rendait si instable? Qui embrouillait ses idées? Etait-ce pour ça qu'elle avait l'impression de ne rien comprendre à ce qui lui arrivait et que de fait, elle suivait Karl aveuglément sous prétexte qu'il lui avait accordé autre chose que ces salutations pompeuses et ses épaules pour pleurer? Elle n'était plus sûre de rien, si ce n'est qu'elle allait effectivement partir pour les Montagnes Oubliées dès le lendemain.

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Karl ouvrit la porte vitrée aux couleurs éclatantes et derrière, Charlotte découvrit un logement des plus somptueux. Tout était beau, ici. Le mobilier, les lignes, la décoration. Autant dire que la maison familiale des Nelson n'avait rien à voir avec ça, plus habituée aux meubles bricolés de son père, d'un style beaucoup plus travaillé, et aux petits espaces encombrés d'un bazare constant. Ici, aucune pile de livres à même le sol, pas de chaussures en vrac à l'entrée, ni de plaids en boule sur le canapé. Charlotte laissa s'échapper un soupir de soulagement. Pas trace de dinosaure, ou de qui que ce soit d'autre. Il n'y avait qu'eux. Elle serait enfin tranquille.

"D'accord. Merci."

Elle n'avait cesse de le remercier. Il venait tout de même de lui offrir une place sous son toit et par la même occasion de la tirer d'une situation délicate qui la dépassait complètement. Mais puiqu'elle était invitée à faire comme chez elle, elle prit place sur un bout de divan, regardant tout autour d'elle. Quand Karl entama la conversation, son regard s'était déjà perdu depuis longtemps dans les immenses baies vitrées chatoyantes et dont la porte d'entrée n'en était qu'un avant goût. Elle n'avait jamais rien vu d'aussi spectaculaire dans une maison et elle s'imaginait ce que ça pouvait donner lorsque le ciel était à son zénith. Pour sûr, ça devait être magnifiquement flamboyant!

"Euh, oui oui... Khasra, c'est ça."

La brune passa une main dans ses cheveux emmelés, pensive. En réalité, elle réfléchissait, triant avec soin les questions qui se bousculaient dans sa tête depuis ce matin.

"Comment vous faites? Enfin je veux dire, quand vous allez dehors? Pour ne pas vous faire attaquer par les... carnivors? Est-ce que c'est la seule chose dangereuse, en dehors des villes? On m'a parlé des "Outsid..." je sais plus. Ils sont où eux?"

En réalité, elle aurait pu lui poser encore des centaines de questions sans s'arrêter, mais elle se força à s'arrêter pour laisser le temps à Karl de répondre.

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