[Terminé] Surprise !| Mehen

Mehen s'affairait aussi vite qu'il pouvait. Comment se fait-il qu'il avait été prévenu à la dernière minute qu'il allait avoir quelqu'un à la maison ? Pour une fois que ça lui tombait dessus, il fallait qu'il soit en retard pour l'accueillir. Il s'empressa de terminer le lit qu'il avait arrangé dans sa chambre d'amis. Quelle ironie du sort en plus que son pupille soit Paytah, il n'arrêtait pas d'y penser ! Dire que le jeune homme lui avait assuré qu'être un Outsider était ce qui lui convenait le mieux. Cela ne datait pas d'il y a si longtemps pourtant. Mehen soupçonnait que quelque chose soit arrivé au rebelle pour qu'il se décide à changer d'avis aussi radicalement. Evidemment, ça faisait plaisir au saurien, mais il s'interrogeait mine de rien. C'était un retournement de situation assez violent quand on y pense.

Quand il entendit frapper à sa porte, il se raidit. C'était la première fois qu'il allait enfin pouvoir s'occuper d'un humain. Ce n'était pas le moment de flancher. Surtout que c'était un ancien Outsider, il n'avait pas droit à l'erreur. Le parasaurolophus observa une dernière fois la chambre. Elle était propre, rangée, aérée. Le lit était fait, les habits étaient pliés, les meubles dépoussiérés...Non, tout avait l'air plutôt pas mal. Il avait même laissé quelques livres d'apprentissages sur le bureau, pour apprendre le Saurien et l'écriture en Empreinte de Pas. Bon, il n'allait pas faire attendre plus longtemps son invité. Il se pressa à la porte d'entrée. C'était effectivement Paytah qui attendait de l'autre côté du battant et qui s'exclama avec un grand sourire que le parasaurolophus lui rendit.

- A vrai dire, j'attendais ton arrivée, avoua le saurien, mais ça reste tout de même une surprise pour moi lorsque j'ai appris de qui j'avais la garde ! Paix de l'âme et bienvenue à la maison.

Il s'écarta pour le laisser entrer. Il n'avait pas un appartement particulièrement grand -du moins, du point de vue d'un saurien- mais tout de même assez pour accueillir une âme supplémentaire.

- Alors comme ça, on a quitté finalement les Outsiders ?

Oui, Mehen avait été surpris en recevant la perruche postale. Mais ça ne l'empêchait pas d'être ravi de cette nouvelle. Un Outsider en moins, c'était une bonne nouvelle, surtout quand c'était pour se joindre aux Dinotopiens. Mehen avait bien vu que Paytah n'était pas à sa place. Un rebelle qui jouait dans l'eau avec un saurien, c'était du jamais vu encore. Il n'aurait pas pu tenir longtemps chez les Outsiders. Mehen invita le jeune homme à entrer chez lui. Son appartement ressemblait à n'importe quel appartement qu'un humain pourrait avoir -version Dinotopia bien sûr- mais à une échelle un peu plus grande afin que ça corresponde à la carrure d'un saurien comme Mehen. Les chaises de la cuisine avait la taille d'un fauteuil par exemple, les verres étaient aussi gros que les pintes de bières. C'est un peu comme si tout avait doublé en taille finalement. Paytah s'empressa alors de raconter comment il en était arrivé là. Effectivement, ce fut une très longue histoire. Jamais le saurien ne l'interrompit pour autant, écoutant chaque péripétie qui avait petit à petit rapproché l'Outsider de sa nouvelle vie.

- En voilà une histoire ! Je suis tellement content que tu aies décidé de venir vivre parmi nous !

Ca aurait été mieux qu'il se passe d'attaque de carnivores et autre joyeuseté pour ça mais bon. Peut-être que ça avait été nécessaire pour le mettre sur la voie qui sait ?

- Eh bien...Euh merci, je suppose. Et je t'en prie ! Ca fait longtemps que j'avais envie d'héberger un Dolphinback sous mon toit alors c'est un plaisir. Surtout fait comme chez toi maintenant.

Il fut toutefois surpris de la question de l'ancien rebelle et fit les yeux ronds.

- Par terre ? Quelle idée ! Pourquoi pas sur la terrasse tant qu'à faire ? Si tu es ici, c'est bien parce qu'il y a de la place.

Il fit signe au jeune homme de le suivre. Il monta à l'étage et présenta les différentes portes devant lesquelles il passait, histoire de faire un peu le tour du propriétaire à son hôte.

- Cette porte là, c'est ma chambre. Ici, tu as les toilettes, juste à côté, c'est la salle de bain.

Il fit une petite halte pour lui montrer les lieux, poussant le battant pour présenter une immense baignoire. Ou plutôt une baignoire taille dino, avec un lavabo et un miroir tout aussi grand. Le tout cerné d'un carrelage avec des motifs d'hibiscus. De grandes serviettes brodées pendaient sur un sèche-linge de bambou et une fenêtre fermée par des rideaux en perles de bois donnait sur une petite avenue peu fréquentée. Il reprit ensuite sa visite, puis ouvrit une autre porte.

- Voici ta chambre !

Une grande fenêtre pourvu de rideaux clairs et légers donnait sur un petit balcon à la rambarde marbrée, qui lui même donnait sur une avenue. Une senteur d'algue provenait du port que l'on pouvait apercevoir depuis ce poste au loin sur la gauche. Mais juste en face se dressait une immense structure qui ressemblait à un grand stade, du moins depuis l'extérieur. Dans l'avenue en contre bas, les humains et sauriens allaient et venaient, vaquant à leur occupation. Pour le reste de la chambre, elle était très simple. Il y avait une armoire et une commode pour ranger les affaires. Un lit à baldaquin soigneusement fait, parsemé de plusieurs coussins brodés de velours dans des couleurs chatoyantes, un tapis recouvrait le plancher du sol sur lequel était posé une petite table et un fauteuil. Sans parler du bureau sur lequel Mehen avait laissé les livres pour Paytah.

Mehen sourit. Ca, ce n'était pas bien grave selon lui. On ne pouvait pas tout résoudre en un jour. C'était même encore mieux d'ailleurs que le jeune homme ait trouvé le courage de changer de vie malgré le fait qu'il avait encore peur des sauriens. En vivant auprès d'eux, les choses se feront d'elles-mêmes. Mehen fit alors visiter son foyer, du moins, dans les grandes lignes. Il présenta tout d'abord les pièces les plus importantes et surtout la nouvelle chambre de son invité, histoire qu'il puisse quand même poser le peu d'affaires qu'il avait amené avec lui. Mehen avait tout prévu cela dit, en ayant pris le soin d'acheter quelques tuniques humaines qu'il avait ranger dans l'armoire. Il se doutait bien que Paytah n'avait pas grand chose en affaires personnelles.

- Riche ? Pas tellement, ce n'est qu'un modeste appartement tu sais. Bien suffisant pour quelqu'un comme moi.

Paytah était véritablement étonné de sa découverte de la salle de bain. Mais il fallait bien que ce soit assez grand pour un dinosaure après tout. Mehen sourit à la remarque de Paytah qui aimait le carrelage, bien que, encore une fois, c'était très banal aux yeux du saurien.

- C'était l'appartement d'un ami à moi avant, un humain. Quand il est partit, j'ai dû refaire tout le mobilier pour que ça me corresponde !

Où était ce petit diable d'Aaron à présent ? Cela faisait quelques temps qu'il n'était pas revenu à Waterfall City mais Mehen ne doutait pas qu'il avait dû trouver plus intéressant à faire sur l'île. Il avait hâte de revoir son vieil ami mine de rien. La chambre de Paytah était la sienne avant et était donc restée à taille humaine contrairement à la chambre de Mehen. D'ailleurs, en découvrant la dite chambre, Paytah avait l'air comblé. Il y fouina, avide de découverte. Les lits à baldaquins étaient très prisés dans les grandes villes de Dinotopia. Il fallait dire que les Dinotopiens avaient le goût du luxe et du confort.

- Bien sûr que tu le mérites ! Je suis content que ta chambre te plaise.

Il s'approcha du jeune homme qui le questionna sur son rôle de tuteur.

- Non, tu es juste un pupille pour moi. Je dois t'héberger, te nourrir...Bref, veiller à ce que tu ne manques de rien. Et c'est normal, tu n'as pas encore de maison après tout. Tu ne sais pas encore vivre pleinement comme nous et te débrouiller par tes propres moyens. Quand tu seras assignés à un habitat et que tu recevras une formation pour apprendre un métier, il se peut que tu doives aller vivre chez un mentor et là oui, tu seras son élève. Mais tu n'y es pas encore.

A la question du jeune homme, Mehen s'avança vers le dit bureau et prit le premier livre avant de le présenter à l'humain.

- Je me suis dis que ça pourrait t'intéresser. Ce sont des livres d'apprentissage pour ceux qui débutent dans notre langue. Tu vois, celui-ci c'est pour apprendre le Saurien. Tu as des leçons faciles, et même quelques exercices à la fin ! Et celui-là...

Il prit l'autre ouvrage.

- C'est pour apprendre notre écriture en Empreinte de Pas. Si tu veux, je t'aiderais. Comme ça, tu sauras déjà les bases avant de commencer les cours. Enfin, bien sûr, tu n'es pas obligé de les garder si tu ne veux pas.

Mehen avait pensé que ça pourrait lui être utile. Ne serait-ce que pour commencer à traduire les panneaux dans les rues par exemple. Il avait pris exprès la taille de poche pour qu'il puisse les emporter facilement avec lui. Paytah l'informa alors de son test d'évaluation pour son niveau d'entrée à l'académie de la ville.

- Ah, très bien, commenta le saurien, je n'habite pas loin de l'académie. Tu pourras aisément t'y rendre à pieds. On peut presque la voir depuis le balcon. Tu vois le gros bâtiment en face ? C'est le Stade Aquatique. L'Académie se trouve un peu plus sur la droite. Tu ne pourras pas la rater, il faut passer par un pont au dessus des cascades pour l'atteindre. Elle se trouve un peu en dehors de la ville et ressemble à un genre de château.

Mehen sourit devant le jeune homme qui appréciait l'attention du saurien et son initiative de lui avoir préparer ces livres. Il était déterminé à commencer aussi vite que faire se peut et sa motivation faisait plaisir à voir. Au moins, plus vite il apprenait et plus vite il quitterait les bancs de l'école qui n'étaient plus trop de son âge -sauf pour les étudiants qui persévéraient dans une spécialité quelconque- Mais plus encore, le fait que Paytah s'intéresse d'avantage à la civilisation dinotopienne était également pour ravir le jeune parasaurolophus.

- Dans ce cas, je t'aiderais.

Sans perdre un instant et après les explications de Mehen sur l'endroit où se trouvait l'académie, l'ancien rebelle se mit tout de suite à ses débuts avec l'un des livres offert par Mehen qui se nommait tout simplement "Guide des Empreintes de Pas pour Débutants" avec la traduction en dessous justement en Empreintes de Pas. Ce n'était pas un livre très épais, mais il était très complet. Il s'entamait par une petite introduction historique, notant par exemple d'où venait cette écriture. A l'époque où les sauriens n'étaient pas aussi évolué, leurs premiers signes de communication avec les Hommes reposaient sur des empreintes de leurs pattes qui laissaient sur le sable. Petit à petit, au fil du temps, ces empreintes commençaient par vouloir dire des choses, que les humains décidèrent d'assimiler à des lettres de leur alphabet afin que les dinosaures puissent connaître à leur tour le langage et l'écriture. Aujourd'hui encore, même si bon nombre de sauriens savaient se servir d'une plume et des lettres latines, l'écriture en Empreintes de Pas restait la plus utilisée sur l'île. Le reste du livre présentait les différents types d'empreintes, leurs significations que ce soit en lettres ou en chiffre. Il y avait des exemples de phrases traduites, un ou deux chapitres sur des dialectes particuliers qui n'usaient pas des mêmes signes et s'achevait par des exercices pour aider à mémoriser et à utiliser cette écriture.

Mehen resta auprès du Dolphinback alors que ce dernier s'était installé sur son bureau pour entamer la lecture des premières pages du recueil. A sa question, le parasaurolophus gloussa. Non en effet, les humains n'avaient pas de pattes et de toute façon, il était bien révolu le temps où les sauriens laissaient des traces dans le sable pour se faire comprendre !

- Avec des petits tampons, informa alors l'animal.

Paytah reprit son parcours de l'ouvrage, arrivant finalement sur une page où se trouvait un genre de tableau qui répertoriait tous les signes d'empreintes existants ainsi que les lettres ou les chiffres auxquels ils correspondaient. Le Dolphinback en fut désespéré de découvrir tous ces symboles.

- Mais si voyons, assura le saurien, ça prendra juste un peu de temps. Tout ne s'apprends pas en un jour !

Dès que quelque chose devait s'apprendre, ça demandait de la volonté et de la patience avant tout. C'était pareil pour celui qui voulait apprendre l'alphabet russe ou arabe. Ou les kanjis japonais. Il y avait toute une panoplie de nouveaux signes à apprendre et à savoir utiliser.

- Evidemment que non, faut pas se mélanger les pinceaux !

Les choses iront mieux lorsque le jeune homme saura par coeur quel signe correspondait à quelle lettre. Finalement, ce n'était que du par coeur à retenir.

- Parle pour toi ! Pour nous autres dinosaures, on trouve ça bien plus facile de taper avec des tampons plutôt que de se battre avec une plume ou un crayon pour tracer vos lignes et boucles de lettres. Et elles aussi se ressemblent toutes en plus. Quand j'étais petit, je confondais toujours les m et les n, ou les d et b !

Finalement, tout n'était question que de point de vue. Le dinosaure sourit à Paytah avant d'ajouter :

- Ne t'en fais pas, tu as tout le temps d'apprendre et tu verras que ça finira par rentrer.

Mehen espérait que le jeune homme ne désespere pas aussi facilement devant ce qu'il avait à apprendre. Et puis là, il ne s'agissait que de deux ouvrages destinés à lui donner un coup de main. Une base. Ca sera sûrement plus facile une fois qu'il aura commencer les cours, avec un vrai professeur qui saura lui montrer la meilleure façon d'apprendre à être un Dinotopien digne de ce nom. Pour le rassurer, le saurien lui raconta ses propres difficultés d'apprentissage. Personne ne naissait parfait après tout. La vie était une expérience où on ne cessait d'apprendre même jusqu'à la mort.

- Ah, tu vois ? On peut toujours tout surmonter.

Le dinosaure resta aux côtés de l'humain alors que ce dernier reprit sa lecture, tout en essayant de retenir déjà les deux premières lettres de l'alphabet. Il sourit quand ce dernier referma le livre. Rien ne pressait de toute façon. L'ancien rebelle ne pouvait pas tout apprendre d'un coup non plus. Personne ne le pouvait. Le jeune homme se lança dans le second livre. Il était un peu plus complexe que le précédent. Pour l'alphabet, il suffisait d'apprendre les empreintes par coeur. Mais pour la langue en elle-même, il fallait comprendre les leçons de vocabulaire, d'orthographes, de syntaxe, de conjugaison, de prononciation...Un long chemin se tenait encore devant le jeune homme.

- Eh bien...Je suppose que tu dois être fatigué par le voyage. Mais aussi, tu dois avoir faim non ? Je vais te préparer un petit quelque chose à manger ! Qu'est-ce que tu aimes mangé ? Enfin, en plat végétarien je veux dire. Je ne suis pas un cuisinier hors pair mais je devrais avoir de quoi te satisfaire dans ma cuisine.

La vie du parasaurolophus allait vraiment être différente maintenant qu'il avait un humain pour vivre avec lui. Enfin, il savait déjà ce que ça faisait lorsque Aaron passait dans le secteur mais comme ce dernier ne restait que quelques jours, ce n'était tout de même pas comparable. Mehen ne savait pas encore combien de temps Paytah vivrait ici, mais ça sera tout de même un sacré bout. Le saurien proposa alors un repas au jeune homme, qui accepta volontiers tant la faim semblait le tirailler.

- Et pourquoi je n'y arriverais pas ? répliqua le dinosaure, je ne suis peut-être pas cuisinier de profession mais je sais me débrouiller tout de même !

Il lui demanda alors ce qu'il voulait manger et malheureusement pour lui, la réponse de Paytah n'était pas une référence qui lui parlait beaucoup. Il ne savait pas du tout ce que mangeaient les...Enfin les gens comme Paytah quoi. D'ailleurs beaucoup de noms de plats exposés par le jeune homme étaient naturellement inconnus pour le saurien qui se mit à cogiter.

- Hm...Si tu le dis. Peut-être qu'on arrivera à faire quelque chose qui se rapproche de ce que tu connais avec ce que j'ai.

Il fit signe au jeune homme de le suivre hors de la chambre, et redescendit au rez-de-chaussée. Mais avant de passer à la cuisine, il s'attarda un moment dans l'entrée de son appartement, attrapant quelque chose qu'il avait gardé dans un petit coffret. Retournant vers Paytah, il lui tendit une clef.

- Tiens, c'est le double pour la porte d'entrée. Il s'agirait de ne pas oublier les choses importantes.

Puis enfin, il se rendit dans son coin cuisine et commença à fouiller ses placards pour voir ce qu'il avait à offrir à son hôte pour lui faire un repas un peu près correct.

- Alors voyons...fit-il tout en farfouillant dans ses affaires, en tout cas il me reste quelques pomme de terre, j'ai du maïs mais pas de fécule...Euh...J'ai quelques plantes aussi mais je ne crois pas qu'elles soient très digestes pour les humains ! J'ai de la salade aussi, quelques tomates...Sinon, on peut toujours sortir faire quelques emplettes !

Mehen avait été quelque peu vexé de la remarque de Paytah. Mais il n'en tint pas rigueur plus longtemps que ça. De toute façon, le jeune homme se rendra bien compte de la vérité un moment ou l'autre. Il serait sans doute même surpris d'apprendre qu'il y avait des dinosaures chefs cuisiniers dans les restaurants. Ceci dit, Paytah n'avait pas tort de penser que les sauriens pouvaient se nourrir d'herbe. C'était également ce qu'ils faisaient, mais à force d'évoluer avec les humains, ils avaient pris goût aussi à ses repas plus délicats et élaborés.

Mehen confia ensuite les clefs de sa demeure au jeune homme. Bien que, contrairement au reste du monde, fermer une porte à clef ici n'était pas si important que ça. Dans une société où la criminalité n'existait pas en dehors des Outsiders, il n'y avait pas vraiment besoin de prendre de telles précautions. Mais bon, c'était présent alors on s'en servait un peu quand même. Une fois dans la cuisine, il était temps de se mettre à la préparation du repas. Paytah suggéra un plat tout simple, décidant d'oublier bien vite ceux auxquels il avait l'habitude dans sa vie d'avant. Mehen était naturellement d'accord avec lui. Pour commencer, ça sera pas mal. Pour les jours suivants, il suffira que Paytah lui dise quoi acheter au marché pour avoir le nécessaire.

- A Dinotopia, ce n'est pas un accessoire que tout le monde possède. Nous autres sauriens aimons surtout le frais et cru. Mais tu as de la chance, j'ai toujours la cuisinière de mon vieil ami, donc je peux cuir ce que tu veux !

D'un signe de la patte, il désigna le dit objet dans un coin de la cuisine, qui semblait sortir tout droit d'une autre époque, quoi que revisité au goût du jour par l'esthétisme dinotopien. Saisissant une poêle qui pendait au mur, il ajouta :

- Tu n'auras qu'à t'occuper de la salade, pendant que je préparerais les pommes de terre.

Certains dinosaures pouvaient raffoler de plats cuits. Tous le monde avait ses préférences après tout, que ce soit chez les sauriens ou chez les humains. Beaucoup d'humains d'ailleurs se nourrissaient de nourriture crue. Ce n'était pas un problème pour eux. La cuisson était réservé à des aliments qui ne pouvaient pas être consommés autrement. Les cuisinières étaient un accessoire aussi dispensable que les bijoux ou les tapisseries. Certains s'en servaient, d'autres pas du tout. Ca éviter également les problèmes de surplus de pollution à cause des rejets de fumée. Généralement, c'était surtout les restaurants qui en possédaient.

- Ca ne nous empêche pas de bien vivre, lança le dinosaure, amusé.

Et surtout de vivre longtemps. La qualité de vie à Dinotopia était telle qu'on ne pouvait blâmer la façon dont les gens se nourrissaient. La nourriture crue était beaucoup plus saine qu'autre chose et les cuisinières avaient été surtout conçut à la base pour aider les Dolphinbacks à s'y faire à leur nouvelle vie. Certains d'ailleurs se passaient de cuisinière pour cuir leurs aliments dans leur cheminée s'ils en avaient une. Mehen sourit à la réponse de Paytah qui s'empressa de mettre la main à la pâte. Le saurien, pour sa part, prépara les pommes de terre avant de les couper en tranche et de les mettre à cuir dans la poêle, le tout en ayant préalablement fait chauffer son antique four à l'aide de quelques morceaux de charbons. Cela faisait un bail qu'il ne s'en était plus servit !

- Une sauce ? fit le saurien en cogitant, je ne crois pas. Je n'ai pas pour habitude de cuisiner de cette manière.

Dinotopia, en dépit de son absence de technologie avancée, n'était pas dépourvu de modernité pour autant. Si les Roches Solaires détraquaient la majorité des appareils modernes du Monde Extérieur, elles permettaient, à l'inverse, d'alimenter certaines choses comme l'éclairage. Ces roches étaient une source d'énergie après tout, au même titre que l'électricité. La seule différence était qu'elles fonctionnaient de manière mystérieuse. La légende racontait que la ville mythique de Poséidos avait su exploiter leur pouvoir pour animer des machines mortelles destinées à détruire la race saurienne. Aujourd'hui, elles servaient principalement à protéger les Dinotopiens face aux prédateurs.

- Ah oui, ça il y a, répondit joyeusement Mehen à Paytah en lui tendant un petit pot de sel ainsi qu'une flasque d'huile végétal dont il s'était servit pour graisser sa poêle.

En ayant entendu le soupire du jeune homme, Mehen songeait vraiment que faire des courses rapidement ne sera pas de trop. Le mieux serait que Paytah lui dise quoi prendre pour être certain d'avoir de quoi lui faire de bons petits plats. L'enthousiasme du saurien redoubla face à l'autre question de l'humain tandis qu'il faisait griller ses tranches de pomme de terre.

- Bien sûr, tu peux y aller quand tu veux, mon appartement y est rattaché. Tu peux même passer par la porte de service si tu veux. Tu ne peux pas te tromper, c'est celle dans la petite ruelle à gauche en sortant d'ici.

Ca faisait bizarre à Mehen d'avoir quelqu'un à la maison autre que Aaron mais ce n'était pas désagréable. Ca lui faisait de la compagnie et s'était sympa de cuisiner avec lui même si pour cette fois, ce n'était pas de la grande gastronomie. Ca suffira pour cette fois.

- Je pense que c'est prêt aussi, répondit l'animal.

Les patates étaient dorées à souhait. Une fine couche grillée et croustillante les entouraient. Mehen rajouta un peu de sel pour parfaite la cuisson, après quoi il les glissa dans deux assiettes qu'il alla posé sur sa table de cuisine. Il y ajouta les couverts ainsi que le bol de salade à disposition au centre avec de quoi se servir. Il sourit au jeune homme.

- Et voilà !

Après quoi, d'un signe de la patte, il l'invita à prendre place sur l'énorme chaise-fauteuil avant d'en faire autant.

- Ce n'est pas grand chose mais on fera mieux la prochaine fois. Tu n'auras qu'à me dire ce que tu veux manger et j'irais faire des courses.

Il présenta sur la table une carafe d'eau en cristal, ainsi que des verres au cas où.

- Alors dis-moi, es-tu content de nous avoir rejoint ?