[Terminé] En route vers l'inconnu - Xyria

Faire diversion. C'était sorti comme ça, alors même que Charlie n'avait absolument aucune idée du comment. Et maintenant que Xyria lui exposait leurs options, toutes plus dangereuses les unes que les autres, elle se demandait franchement d'où ça lui venait. Mettre sa vie en danger, c'était devenu une spécialité pour la jeune femme. Elle ne comptait plus le nombre de fois où ses frères l'avaient sortie d'affaire. Ils avaient été deux anges gardiens, tout au long de son adolescence. D'ailleurs, elle s'était toujours refusée à penser à ce qui se serait passé s'ils n'avaient pas été là. Mais à présent, c'était sur elle qu'ils comptaient. Les rôles s'étaient inversés. S'ils étaient en vie, quelque part sur cette île, elle se devait de les retrouver. Et pour ça, la chose la plus importante était de rester elle-même en vie. Sans quoi, l'une ou l'autre des options de Xyria lui aurait pleinement convenu.

D'un autre côté, elle avait peur que le temps joue contre elle. Définitivement, elle ne pouvait se résoudre à simplement attendre que le t-rex finisse par s'ennuyer et libère la voie pour les laisser passer. Charlie se prit la tête entre les mains, mettant sa matière grise au travail forcé. La jeune femme pesait le pour et le contre, envisageait des situations dont les issues probables n'avaient rien d'un conte de fée. Puis, après de longues minutes, elle renversa le contenu de son sac au sol, éparpillant ses affaires comme pour mieux les voir, jusqu'à ce qu'une idée fuse. Relativement ingénieux, probablement stupide, peut-être moins risquée que les précédentes, mais elle était prête à tenter le coup.

Alors, sans un mot, Charlie prit son couteau et entailla son plaid pour en libérer les mailles. Lentement, elle continua à tirer dessus pour former une petite pelote de laine grisâtre. Elle ramassa également quelques gros cailloux autour d'elle. Sauvegardant son couteau et sa gourde, elle rangea le reste de ses affaires dans son sac de fortune et entreprit d'attacher chaque élément avec des morceaux de laine qu'elle avait tiré de la couverture dont il ne restait plus que la moitié. Le tout, les objets et les cailloux, se retrouvèrent attachés les uns aux autres pour former une sorte de grappe bruyante dont elle prenait soin d'étouffer les bruits en les englobant de sa main. Ne restait plus qu'à suspendre cette sorte de mobile sur une branche, tirer le fil, et... à espérer que ça fasse suffisamment de bruit pour l'intriguer et qu'il s'éloigner assez pour leur laisser le temps de passer.

"On s'éloigne, en passant sur les côtés, à couvert. On tire là dessus. On sera assez loin, je pense. S'il mort à l'hameçon, on fonce dans la clairière. On lâche une ou deux de tes bombes puantes derrière nous, histoire de nous couvrir, au cas où. Ca lui donnerait peut être moins envie de faire demi-tour. Si jamais sa foire, on retourne se planquer dans les bois et on fait le tour... Si sa foire vraiment... laisse moi tomber, d'accord?"

Son plan était au mieux, bancale, au pire, c'était du suicide. Mais Charlie était déterminée. Elle voulait croire en sa bonne étoile. Alors... elle se devait d'essayer. Pour autant, elle ne tenait pas à entraîner Xyria dans sa chute. Rien ne la forçait à la suivre dans cette folie.

L'australienne hocha la tête en signe d'accord. Si Xyria semblait aussi peu convaincue par son idée que l'on puisse l'être, elle l'était au moins suffisamment pour accepter. Etait-ce parce que finalement, son plan n'était pas si désastreux qu'elle-même le pensait, ou bien parce qu'elle voyait bien dans ses yeux qu'avant ou sans elle, Charlie le mettrait à exécution? Peu importait et ça n'était pas vraiment le moment de réfléchir à ça.

Elle acceptait donc les conditions de Xyria. Monter sur le dos d'un dinosaure, elle l'avait déjà plus ou moins fait lorsqu'elle avait voyagé dans cette sorte d'énorme nacelle. Enfin, on avait dû la hisser à bord puisqu'elle s'était évanouie en comprenant que ce le long cou qu'elle apercevait au loin n'était pas celui d'une girafe... En revanche, elle n'avait jamais touché la peau d'une de ces bêtes et elle devait bien l'admettre, ça l'effrayait un peu. Surement car ça représentait un pas de plus vers eux, et que quelque part dans son inconscient, ça encrait tout ça un peu plus dans le réel. Car oui, malgré tout, malgré ses actes, ses paroles, ses sourires, Charlie espérait toujours être dans un rêve.

La jeune femme finit donc ses préparatifs et bientôt, elle déroulait la laine tout en s'éloignant dans la direction prévue. Une cinquantaine de mètres plus loin, la pelote s’essouffla. De là où elles étaient, avec toute cette végétation, elles ne voyaient plus le mobile. La brune dégluti, et réajusta son sac rendu plus léger. Si elle devait grimper sur le dos de Xyria, il fallait le faire avant de faire sonner le carillon improvisé, histoire de gagner un temps précieux.

"Je... je monte comment?"

C'était tout juste si Charlotte remarqua la pointe d'humour de Xyria, trop concentrée sur sa tâche, à savoir grimper sur le dos d'un dinosaure. Si elle avait été plus détendue, le parallèle avec une poule lui aurait sauté aux yeux. Mais l'heure n'était pas à la plaisanterie pour la jeune femme. Après tout, elles s'apprêtaient à faire un truc complètement fou, à prendre des risques inconsidérés et ce seulement pour gagner du temps. Si on pesait le pour et le contre d'un point de vue tout à fait neutre, le choix était vite fait. Mais voilà, Charlotte n'était pas neutre, loin de là.

L'australienne appréhendait le contact avec lesdites écailles. Alors elle souffla un bon coup avant de poser son pied sur le coude de Xyria. Lentement, pour s'assurer qu'elle ne lui faisait pas mal. Puis vint le moment de se hisser sur son dos. Charlie posa sa main sur la peau écailleuse pour plus de stabilité et se retrouva enfin assise. Voilà, elle l'avait fait. La jeune femme réprima un frisson et réajusta son sac, l'envoyant dans son dos pour ne pas être gênée. La position n'était pas trop inconfortable et elle ne redoutait pas de tomber durant leur course. A nouveau, elle prit une profonde inspiration et expira tout l'air de ses poumons dans l'espoir que ça calmerait son coeur qui battait un peu trop fort. Le moment était venu de mettre leur plan à exécution. Elle se força à entourer le cou de Xyria avec ses mains.

"C'est parti."

Une fois Xyria redressée, Charlie chercha le t-rex du regard et une fois trouvé, elle tira fort sur le fil de laine, plusieurs fois. Au loin, le carillon de fortune teinta gravement.

Elle ne pu s'empêcher de sursauter lorsque le t-rex se mit à rugir. Son étreinte autour du cou de Xyria se resserra sans même qu'elle s'en aperçoive. La bête se dirigea vers les feuillages bordant la clairière. Ca avait marché. Mais ça n'était pas le moment de souffler, c'était là que tout se jouait. Elle reçu les boules puantes. Ce serait sur elle que reposerait la responsabilité de le tenir à distance, si jamais il venait à remarquer leur petit manège. Et si jamais elle échouait... si jamais elles se faisaient rattraper... Son coeur battait de plus en plus fort et bientôt, l'adrénaline prendrait le contrôle de tout son corps.

Xyria fendait l'air à toute vitesse et Charlie avait les mains si moites qu'elle devait se concentrer pour ne pas glisser et réassurer sa prises plusieurs fois de suite. A de nombreuses reprises, l'australienne jeta un coup d'oeil derrière elle. D'abord, elle l'aperçu fouiller les branchages. Ensuite, se débattre avec le carillon coincé entre ses dents. Mais lorsqu'elle se retourna une dernière fois, il était entrain de les prendre en chasse. Là, son sang ne fit qu'un tour. Cette vision était terrifiante, cauchemardesque. La pire scène possible dans les films de dinosaures. Et elles étaient en plein dedans. Certes, elles avaient parcouru beaucoup de distance, mais il se rapprochait. Il se rapprochait à une vitesse incroyable. Vu comme ça, il semblait lent et lourd. Mais lorsque Xyria faisait plusieurs enjambées, il n'en faisait qu'une. Bientôt, le son des pierres s'entrechoquant dans sa gourde sonna comme le glas.

Xyria lui donna le signal, et Charlie ne réfléchit pas plus. Elle se tourna, ignorant sa peur. La tête du t-rex était là, tout proche. Tant qu'elle pouvait en distinguer chaque détail, chaque dent, chaque écaille. L'australienne prit quelque secondes pour se concentrer, viser, et elle lança la première boule... directement dans sa narine.  Dans le regard meurtrier du prédateur, elle cru voir passer une sorte d'étonnement? Il ralenti, le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Mais voilà, la boule était entrée, et était bien coincée.  Le t-rex tourna sa tête dans tous les sens, essayant de s'en libérer, en vain. Il semblait vivre un véritable supplice.

Clairement, elle ne s'était pas attendue à voir le t-rex qu'elle craignait tant se tordre de douleur. Le prédateur assoiffé de sang qu'il était n'avait plus grand chose d'effrayant à présent. Et ses plaintes désespérées faisaient presque mal au coeur. C'était tout juste si elle s'en voulait de lui avoir fait ça. Mais voilà, le résultat était là. La bête prenait ses jambes à son cou et elles étaient désormais saines et sauves. Dès qu'elles furent à l'abris dans les buissons, Charlie descendit du dos de Xyria, atterrissant maladroitement au sol. Ses jambes tremblaient encore, à cause de toute cette adrénaline. Elle mettrait un moment avant de se remettre de ses émotions, c'était certain. Lorsque Xyria l'interrogea sur ce qu'elle avait fait subir à ce pauvre tyrannosaure, la jeune femme fixait encore le monstre qui s'enfuyait, les yeux dans le vague.

"Euh... je crois bien que si." dit-elle en se retournant enfin vers la gallimimus.

A vrai dire, elle n'avait même pas cherché à faire ça. Certes, elle avait prit le temps de viser, mais de là à ce que la boule puante finisse dans directement dans sa narine... C'était un peu lorsqu'on visait la cible aux fléchettes et que contre toute attente, après plusieurs échec, on finissait en plein dans le mille. Bon, elle n'allait pas se plaindre de sa performance non plus, mais elle craignait que Xyria le prenne comme une entorse à ses principes.

Alors que Charlie s'inquiétait de ce que pensait Xyria de tout ça, son rire retentit et par la force des choses, à la voir se rouler par terre comme elle le faisait, les quatre fers en l'air, le sien vint vite s'y mêler. La tension retomba instantanément et bien vite, des larmes perlèrent aux coins de ses yeux bruns. C'est vrai que la situation était plutôt comique, en fin de compte, et les paroles de Xyria relancèrent le fou rire partagé. Elles mirent un temps fou avant de retrouver leur calme, mais ce qui stoppa net Charlotte dans sa bonne humeur, ce fut l'évocation d'une possible reconversion.

"Oh, c'était un coup de chance, tu sais."

Elle tenta de lui offrir un petit sourire, puis se racla la gorge et remit de l'ordre dans sa folle tignasse pour retrouver sa contenance. La vérité, c'est qu'elle ne se voyait toujours pas passer le restant de ses jours ici. Elle savait qu'elle n'avait pas le choix, elle l'avait comprit à ses dépens, mais elle ne voulait pas y penser. Ca la terrifiait. De plus, cette impression d'être prisonnière de cette île ne s'était toujours pas dissipée. C'était encore là, bien caché derrière sa détermination à retrouver sa famille, prêt à resurgir, accompagné de l'angoisse qui allait avec et de la colère, aussi. Laisser derrière elle sa vie d'autrefois, c'était encore trop difficile à imaginer pour elle. Xyria venait de toucher la corde sensible. Alors une fois de plus, un sourire, et elle enterrait le sujet.
La brune considéra un instant le dos de son acolyte. Elle n'y avait pas été si mal, finalement, et le contact de sa peau l'avait moins révulsé qu'elle l'aurait cru. Mais voilà, elle préférait encore marcher par elle-même. Maintenir une certaine distance avec Xyria, c'était aussi maintenir une distance avec cette île, et cette vie future qui s'imposait à elle et qu'elle n'était pas encore apte à affronter.

"Merci, je vais marcher."

Le duo reprit donc la route. Voilà, leur plan avait fonctionné. Elles avaient traversé la clairière, donné une leçon au t-rex et maintenant, Charlie était sur le point d'atteindre son but : entrer chez les outsiders. D'ailleurs, même si Xyria ne semblait pas convaincue à ce sujet, il n'était pas question pour Charlie de rester vivre dans ce château. Sans parler de ses convictions, puisque la différence entre eux résidait bien là, elle ne se voyait clairement pas vivre là-bas. Si elle se sentait déjà prise au piège sur l'île, vivre dans cette prison de pierres ne ferait que renforcer ce sentiment et là, elle ne donnait pas cher de sa peau. L'australienne glissa sa main dans la poche de son jean en piteux état, et ses doigts se fermèrent sur sa chaîne brisée. Par chance, elle n'avait pas glissé de sa poche pendant leur course. C'était tout ce qui lui restait de sa vie d'avant, son seul souvenir concret, et elle y tenait plus que tout. Elle n'aurait jamais pensé être autant attaché à un objet. Pour une personne aussi peu matérialiste que Charlie, ça relevait de l'absurde. Et pourtant... aujourd'hui, c'était bien plus qu'un simple bijou.

"T'as encore quelques derniers conseils à me donner? Avant que je me jette dans la gueule du loup."

Le soulagement faisait encore son effet chez l'australienne qui avait le sourire facile. Incontestablement, Xyria était bien plus sage qu'elle, dans tous les sens du terme. Ses paroles avaient l'air tout droit sorties d'un recueil philosophique. Mais finalement, elle avoua qu'elle tenait ça de son père. Charlie senti son nez picoter. Si elle n'avait pas su gérer ses émotions, elle se serait surement mise à pleurer. Car oui, c'était tout à fait le genre de son propre père, à elle. Lui aussi était un homme sage et fier de ses enfants. Lui aussi aurait parfaitement pu tenir ce genre de propos. Il lui manquait tellement... L'air de rien, elle passa une main au creux de ses yeux, pour s'assurer qu'aucune larme ne s'y était frayé un passage. Ca n'était pas le moment de craquer, pas si près du but. Elle ne pouvait pas se le permettre.

Pour ce qui était de son arrivée chez les Outsiders, elle en était plus ou moins arrivée à la conclusion qu'elle aurait plus de mal à en sortir qu'à y entrer. Comme Xyria venait de le dire, si elle jouait la carte de la jeune femme perdue et désespérée _ce qui était totalement le cas, en dépit des apparences_, elle devrait arriver à y entrer. Les on-dit, elles les connaissait. Les gens à qui elle avait osé poser des questions l'avaient mise en garde à de nombreuses reprises et dans les livres, elle avait trouvé confirmation. Ces gens là n'étaient absolument pas recommandable pour la société dinotopienne, elle l'avait bien comprit. Quoique, comme elle avait cru le comprendre, personne ne savait vraiment ce qu'il se passait derrière les remparts. Ce serait donc à elle de le découvrir.

"D'accord."

Plutôt que de simplement espérer retenir ce que Xyria venait de lui dire, elle attrapa sa carte et griffonna les quelques indications qu'on lui donnait. Ainsi, le moment venu, elle saurait retrouver son chemin. Du moins, elle l'espérait. Car maintenant qu'elle savait ce qui l'attendait dans les marais, elle n'était pas prête d'y remettre les pieds de sitôt. Du moins, pas comme ça, pas toute seule, et encore moins avec sa famille. Après les avoir retrouver, elle ne risquerait pas de mettre leur vie en danger. Alors l'aide de Xyria et des siens serait plus que nécessaire.

Le château n'était plus très loin désormais. Charlie pouvait maintenant en distinguer les détails de pierres finement assemblées. Et elle le savait, c'était le moment pour elle de quitter sa protectrice. Sa présence ici, et même à cette distance, n'était pas sécuritaire. Plus elles avançaient, plus sa vie était en danger. La brune s'arrêta et se tourna vers Xyria, les yeux emplis de reconnaissance.

"Je peux continuer seule. Merci pour tout."

La jeune femme s'était attendue à faire ses adieux à Xyria. Lorsque celle ci tourna les talons, Charlie la regarda s'éloigner presque solennellement, gardant en tête ses dernières paroles et toutes les choses qu'elle avait fait pour elle. Car c'était peut-être sa mission de la protéger, comme elle le lui avait dit, mais Charlie sentait qu'elle l'avait fait de bon coeur. Si elle était encore en vie aujourd'hui, en à deux doigts de toucher son but, c'était uniquement grâce à elle.

Mais voilà, un énième événement inattendu vint bouleverser l'ordre des choses, une fois de plus. Sans réaliser le pourquoi du comment, Xyria se retrouva suspendue dans les airs, balançant en bout d'une corde épaisse. Un piège. Pestant, la gallimimus tentait de ses défaire de son emprise sous les yeux ébahis de Charlie. Et bien, son arrivée chez les Outsiders commençait bien! En tout cas, ça ne faisait que confirmer ce qu'on lui avait dit à leur sujet. Car ce piège là n'était pas prévu pour un homme, ça ne faisait aucun doute.

"Oui. Oui, j'arrive!" dit-elle un peu paniquée.

Clairement, elle ne s'était pas attendue à ça. Ni à ressentir autant de stress pour un dinosaure, quelque soit son espèce. Elle ne savait pas ce que tout cela signifiait quant à sa position sur le sujet, mais pour ce qui était de Xyria, oui, elle la considérait comme son égal. Et ca faisait tout drôle de s'en rendre compte. Perturbée, la brune essaya de comprendre comment le piège était fait. En suivant la corde d'un bout à l'autre, elle s'aperçu qu'elle était solidement attachée au tronc d'un autre arbre. Elle tenta de défaire le noeud mais c'était impossible, la pression exercée était trop forte pour qu'elle puisse défaire quoi que ce soit. Elle fouilla dans son sac à la recherche de quelque chose de tranchant. Son couteau ? Râté, il avait servi pour fabriquer le mobile et pendait désormais à la mâchoire du malheureux t-rex qui avait eu la malchance de croiser leur route. Alors sans trop réfléchir, elle chercha alentours et jeta son dévolu sur un pierre brisée, espérant que le bord serait suffisamment tranchant pour l'aider. Et par chance, il le fut. Ainsi, elle sciait la corde dont les fibres se déchiraient l'un après l'autre.

"Attention..."

Elle l'avait surement prévenue un peu tard, puisqu'au moment même ou le mot était sorti de sa bouche, Xyria se retrouvait par terre, tombant comme une masse dans un bruit mat.

"Désolée! Ca va?"

Charlie n'avait pas pensé à ce détail. Effectivement, peut-être qu'avant qu'elle arrive chez les Outsiders, ce serait eux qui viendraient à sa rencontre, plus ou moins volontairement. Et s'ils s’apercevaient que c'était elle qui avait ruiné leur piège, son plan risquait d'être compromit. Aussitôt, elle jeta la pierre dans un coin, aussi loin que possible, et s'éloigna instinctivement de la corde rompue.

"Oui, ne t'inquiète pas."

De son côté, elle était ravie d'avoir aidé Xyria à ne pas finir sur un broche ou en entrecôte. Pour autant, elles étaient loin d'être quittes, toutes les deux. Car si elle s'était faite piégée, c'est uniquement parce qu'elle l'avait escortée jusqu'ici. Donc aux yeux de Charlie, elle lui devait encore beaucoup.

"J'espère qu'on se reverra. Au revoir, Xyria."

Puis ce fut son tour de tourner les talons. Elle devait prendre le plus de distance possible avec cet endroit, histoire qu'on ne fasse pas directement le lien avec elle si jamais des chasseurs découvraient le piège brisé. Une fois de plus, son coeur se mit à battre fort. Plus le contour des pierres composant le château se précisaient, plus elle tremblait. Plus que de l'appréhension, Charlie ressentait une grande excitation à l'idée d'enfin retrouver sa famille. Sur le trajet, elle avait eu le temps d'imaginer ces retrouvailles et s'était plus ou moins persuadée qu'ils étaient tous là, à attendre qu'elle vienne à leur rencontre. Oui, elle en était certaine. Il le fallait. Glissant sa main dans la poche de son jean, elle serait la chaîne brisée de son collier et s'arrêta face à l'édifice.