[Terminé] Le Festival de la Paix.

Ah le Festival de la Paix ! Comme beaucoup d'événements festifs, Mehen ne pouvait qu'aimer ce jour. Tant d'animations dans la ville faisait toujours plaisir à voir et à entendre. Tôt dans la journée déjà, on avait pu commencer à entendre de la musique qui s'élevait des quatre coins de la ville. Petit à petit, le festival se mettait en place, les habitants se laissaient volontiers entraîner dans l'ambiance et le banquet de la Grande Place s'installait lentement mais sûrement. C'était une énième édition pour les plus âgés de la ville, et une nouveauté de plus pour les Dolphinbacks fraîchement débarqués sur l'île. La paix, c'était si important sur Dinotopia. Quoi de plus normal de faire un festival en son honneur ? En plus, par chance, il ne pleuvait pas. Mais généralement la pluie n'était guère un problème. Il y avait toujours moyen d'installer des toiles pour couvrir la place ou d'organiser les festivités dans de grandes salles. Ce n'était pas ce qui manquait à Waterfall City.

Mehen avait laissé son musée un peu de côté pour cette journée. De toute façon, les gens préféreraient sûrement participer au festival plutôt que de voir des vitrines qui étaient présentes toute l'année. Le jeune saurien s'était ainsi rendu de bonne heure à la Grande Place où il savait que tout se préparait. Et évidemment, il y avait déjà pas mal de monde qui s'entraidait pour mettre en place le grand banquet de ce soir. Une vraie fourmilières d'humains et de dinosaures s'attelaient à la tâche. Voilà ce qu'était cette belle harmonie qui faisait la fierté de Dinotopia ! Sauriens et humains oeuvrant ensemble, en ce jour commémoratif de la paix ! Sans plus tarder, Mehen offrit son aide. Sa carrure de parasaurolophus était toujours utile pour porter les choses lourdes par exemple. Oh, il ne faisait pas autant de miracles qu'un stégosaures ou un brachiosaure, mais au moins il pouvait se mouvoir plus facilement qu'eux dans cette foule. Aussi, on lui attela une petite charette dans laquelle des hommes et femmes empilèrent des bancs qui faudrait mener jusqu'aux longues tables que des dinosaures plus gros et forts amenaient également.

Mehen avançait d'un pas soutenu sans se presser non plus, pour éviter de bousculer quelqu'un dans cette foule. La charrette était bien remplie et il arriva ainsi à l'endroit où on attendait les bancs pour les installer. Le saurien attendit sagement que les personnes présentes le débarrassent de tout ce poids. Il était déjà prêt à repartir pour une nouvelle fournée. Alors qu’il venait de faire demi-tour, il tomba nez-à-nez avec une petite fille, qui tenait une couronne de fleurs dans ses mains. Mehen étira un sourire. Les enfants s’en donnaient vraiment à cœur joie cette année ! Aussi, le dinosaure baissa la tête pour laisser l’enfant lui passer la couronne autour de sa crête. Au moins, elle ne risquait pas de tomber comme ça ! C’est vrai que depuis que cette troupe de bambins était arrivée, il y avait de plus en plus de monde avec des fleurs sur la tête.

Mehen remercia l’enfant d’un signe de tête avant de la regarder repartir joyeusement dans une autre direction, continuer sa distribution. C’était vraiment mignon. Puis, il reprit la route, avec sa charrette derrière lui, esquivant soigneusement les passants et s’imprégnant de l’ambiance et de la musique qui animait la ville. Soudain, au dessus des têtes humaines et des petits dinosaures, le parasaurolophus aperçu un visage familier un peu plus loin. Il ne réagit pas tout de suite, de peur de confondre, mais après l’avoir observer quelques secondes, il était convaincu que c’était bien elle. Il se dressa alors sur ses pattes arrière, agitant une de ses pattes avant dans les airs pour se faire remarquer.

- Eh ! appela t-il, Xyria !

Mais il avait continué à avancer sur ses deux pattes, ayant même commencé à bifurquer vers son amie qu’il n’avait pas vu depuis un bon moment. Et à trop se focaliser sur elle, il ne fit plus attention aux malheureux humains qu’il croisait. Tout à coup, il en bouscula un. Un homme d’âge mûr au teint bronzé qui avait également eu droit à sa couronne de fleur. Aussitôt, le saurien se recula d’un pas, retombant sur ses quatre pattes, bien gêné.

- Oh excusez-moi ! fit-il aussitôt, je ne regardais pas où j’allais. J’espère que je ne vous ai pas fait mal au moins ?

Sa maladresse légendaire le perdra un jour. Ca serait vraiment pas cool s’il venait à blesser quelqu’un en plein Festival de la Paix tout de même. Il n’en ratait vraiment pas une !

Comme bien des dinosaures, Mehen avait tendance à ne pas trop contrôler sa force. Alors qu'il pensait avoir à peine bousculer cet homme, il eut la désagréable surprise de le voir totalement à terre en posant les yeux sur lui après s'être rendu compte que Xyria avait eu le temps de le voir au sein de la foule. Le parasaurolophus se recula, autant que le permettait la charrette qu'il tirait, et s'excusa platement auprès de l'individu qu'il venait de faire tomber à la renverse.

- Vous êtes sûr ?

Le saurien était pourtant convaincu d'avoir entendu ce "ouille" si distinctif qu'on avait tendance à sortir justement après s'être fait mal. Même si ça ne devait pas être grand chose vu la rapidité avec laquelle l'inconnu s'était finalement remis sur ses jambes. Au même moment, Xyria parvint à se frayer un chemin dans la population pour rejoindre Mehen et cet humain qui était bien indulgent de ne pas en vouloir à la maladresse du saurien. Et la gallimimus, qui avait visiblement compris le problème en un regard, entreprit d'y apposer un commentaire bien à elle mais hélas bien véridique surtout.

- Et non, pas une, confirma l'hadrosaure, et j'ai pourtant l'habitude des bains de foule. Comment vas-tu Xyria ? Je suis bien content de te revoir aujourd'hui cela dit.

Mais curieusement, la femelle semblait apercevoir en l'humain accidenté un visage familier. Pourquoi pas après tout ? C'était souvent dans ce genre de festivité qu'on retrouvait par hasard de vieux amis. La preuve entre Mehen et Xyria d'ailleurs. Même s'il était logique pour Mehen de se trouver ici puisqu'il habitait la ville.

Mehen observait l'homme, vraiment gêné de sa maladresse, en dépit de ce que lui assurait ce dernier. Un bleu par sa faute tout de même ! Bon, le saurien dramatisait sans nul doute sur la situation. Mais bon, c'était le Festival de la Paix tout de même. Il aurait pu faire un peu plus attention. Inutile de gâcher le plaisir de tous. Dans cette foule, il n'était pas facile de savoir où mettre les pattes et c'était une raison de plus pour se montrer plus vigilant. Xyria arriva alors auprès des deux autres, annonçant à Mehen qu'elle se portait bien également et que ce dernier se rende compte que l'homme bousculé et elle n'étaient pas inconnu. A la réponse de l'homme, le parasaurolophus tourna un regard espiègle vers son amie.

- Tu te perds dans le marais toi ? C'est bien la peine de te moquer de moi quand je fais une boulette !

Mehen était peut-être un maladroit né, mais Xyria ne faisait pas mieux que lui parfois. Rien que leur première rencontre s'était faite à partir d'une violente collision alors que la gallimimus avait cru intelligent de sauter un rocher dans la plaine sans savoir ce qu'il y avait derrière ! La femelle expliqua alors qu'elle était venu avec sa famille et Mehen sourit d'avantage. Il se souvenait très bien d'eux. Il suivait les exploits de la mère chaque année aux Jeux Olympiques de Dinosaures et avait déjà eu l'occasion de rencontrer le frère.

- Ah, comment se portent-ils ? demanda t-il alors, moi ça va, j'aide aux préparations du grand banquet. Tu y seras j'espère ?

Son attention dévia à nouveau vers l'homme que connaissait Xyria. Et visiblement, elle ne connaissait pas que lui seul.

Mehen se mit à rire à la protestation de Xyria. Ce n'était jamais de sa faute ! Le jour de leur rencontre, quand elle lui avait foncé dessus, là aussi bizarrement ce n'était pas de sa faute. Enfin, ça arrivait à tout le monde d'être surpris par une tempête mais tout de même. C'était une sacrée aventure que Xyria lui contait là. C'était comme si toute la misère du monde s'était abattue en même temps sur elle : tempête, forêt, tyrannosaure, perdu...Non, il y avait des chances pour que Mehen n'ai pas fait mieux qu'elle. Il aurait été mangé tout cru en un rien de temps.

- Eh bien, en voilà une histoire ! Pour ma part, en voyant des nuages arriver, j'aurais sûrement rebrousser chemin rapidement.

Et puis d'abord, il aurait pris de meilleure précaution à s'aventurer sur un territoire de carnivores. Cela dit, il était difficile de savoir de quelle manière on allait réagir face à une telle situation. La conversation vira plus joyeuse quand la famille de la gallimimus fut mentionnée. Celle-ci lui répondit avec enthousiasme de son frère et de sa mère et Mehen sourit amusé.

- Je la soutiendrais toujours aux Jeux ! assura-t-il.

Il ne soutenait qu'elle depuis qu'il avait fait la connaissance de Xyria. Mehen manqua de peu de marcher dans la plaisanterie de la femelle, son sourire s'abaissant dans un air d'incompréhension. Xyria ? Etudier des bouquins pendant le festival ? Quelle blague ! Il était bien content d'avoir vu juste quand elle lui assura qu'elle sera naturellement de la partie. Il gloussa.

- Bah, on ne sait jamais !

La conversation avec l'homme était moins amusante, même si Mehen ne savait pas trop de quoi il retournait. Il préférait rester en retrait devant le sérieux de l'histoire et ne reprit que lorsque le basané l'interpella.

- Mehen ! répondit le saurien avec entrain en tendant sa patte à l'humain, je suis tout aussi enchanté d'avoir fait votre connaissance. Surtout si vous êtes un ami de Xyria. J'espère qu'elle ne vous cause pas autant d'ennui qu'à moi !

Et il étira un nouveau sourire amusé en jetant un oeil espiègle à la jeune femelle.

Mehen sourit d'avantage à la réponse de Xyria qui n'était pas des plus convaincante. Il se doutait bien que l'ego de la femelle avait été piqué au vif et préféra ne pas rajouter d'huile sur le feu. La gallimimus avait mal calculé son coup, certes, et c'était probablement une erreur qu'elle n'était pas prête de recommencer. Enfin, il l'espérait. Car la saurienne semblait plus parée à réaffronter ces épreuves plutôt qu'à les éviter en se montrant plus prudente. Ah, les gallimimus !

L'homme ne tarda pas à prendre congé, se perdant rapidement dans la foule. L'expression de Xyria à ce moment là ne laissa pas le parasaurolophus indifférent. Il avait bien perçu le sérieux de leur conversation et avait bien compris que quelque chose de grave était arrivé le jour où ce Naoki avait aidé la reptile. Mais la femelle tenta vainement de reprendre de l'écaille de la bête en interrogeant Mehen sur son activité du moment. D'ailleurs, elle devina juste. Ce dernier reprit son sourire pour lui répondre :

- Avec joie ! Nous étions en train de terminer d'installer le banquet ! Je suppose que toute aide est la bienvenue. Il me reste encore quelques bancs à chercher. Tu n'as qu'à venir, tu aideras à les mettre dans la charrette !

Les humains ne seraient sans aucun doute pas contre la force d'un saurien pour cela, même si ce n'était qu'un gallimimus. Xyria sera toujours plus forte et plus grande que n'importe quel humain. Mehen reprit donc sa route à travers la foule vers l'endroit où les derniers bancs attendaient pour se faire charger jusqu'à la Grande Place.

Xyria accepta évidemment de venir en aide au parasaurolophus. Ce n'était pas le jour pour rester triste, ou du moins penser à des choses dramatiques et sans doute que de venir aider tout le monde pour ce bon jour de festivité ne pourra lui faire que le plus grand bien. Les deux amis se mirent donc en route, et Mehen ne se doutait pas à ce moment là qu'il avait été vu par une autre connaissance. Il y avait tellement de monde ici qu'il était facile de louper un visage familier. Il se stoppa net à la réaction de Xyria, tournant un regard interrogateur vers elle, mais le regard de la femelle était déjà tourné vers le sol.

- Lagad ? s'étonna le saurien après que Xyria l'ait mis en garde.

Mehen avait effectivement reconnu le petit animal qui se tenait aux pattes de la gallimimus et qui avait manqué de peu de se faire écrasé par cette dernière. L'hadrosaure était étonné. Un Lagad tout seul, ça n'existait pas. Son alter-ego était forcément dans le coin. Un fait qui rendait le saurien d'avantage confus parce que l'alter-ego en question ne sortait quasiment jamais de Vidaba. Pourtant, c'était bien Cybelle qui se pointa la seconde d'après auprès de l'archéoptérix, affolé par l'attitude de ce dernier.

- Cybelle ! fit joyeusement le saurien, toute harmonie à vous deux, je ne m'attendais pas à vous voir ici !

C'était le Festival de la Paix. La logique voudrait que bon nombre de personnes viennent ici. Mais Mehen savait que ce n'était pas le genre de ces deux là de quitter la couveuse de Vidaba. Aussi, les voir ici lui faisait chaud au coeur. Puis, Xyria l'interrogea.

- Ah oui ! se rattrapa le parasaurolophus, Xyria, je te présente Cybelle Luper et Lagad, des amis de longues dates même. Et Cybelle, Lagad, je vous présente Xyria !

Ah vraiment ? Lagad devrait faire dans la politique à l'avenir vu la facilité avec laquelle il arrivait à convaincre son alter-ego de sortir de son antre. Mehen se retint une blague du style et préféra faire les présentations. C'était un réel plaisir de se faire rencontrer ses amis. Xyria était sûrement sa meilleure amie, mais Cybelle était de loin sa plus ancienne étant donné qu'il l'avait connu alors qu'il était encore un jeune saurien et elle-même une toute jeune demoiselle. Quant à Lagad, c'était encore un enfant, mais il avait déjà sa place dans le coeur du parasaurolophus également. Peut-être pas autant que les autres car il le connaissait quand même beaucoup moins et surtout par l'intermédiaire de Cybelle en fait. Mais c'était un bon saurien, plein de vie, et sûrement ce qui était nécessaire pour permettre à la blonde de s'épanouir un peu plus.

- Eh bien, ça me fait vraiment plaisir de vous voir ici tous les deux, lança le parasaurolophus avec un large sourire, comment allez-vous ?

Qui sait ? La jeune humaine finira peut-être par prendre l'habitude de s'éloigner un peu plus souvent de son cadre de vie pour découvrir d'autres choses de l'île. Bon, c'était comme croire au dinosaure à cinq patte mais pourquoi pas après tout !

- Pas de soucis, je le comprends. Avez-vous déjà assisté au Festival de la Paix ?

Mehen tourna son regard vers la gallimimus qui semblait avoir remarqué quelque chose. L'attention de celle-ci était tournée vers la petite créature à plumes. Vidaba se trouvant dans la Plaine du Nord, le saurien s'étonnerait si Lagad n'avait jamais vu de gallimimus auparavant ! D'accord, Cybelle avait tendance à vivre un peu renfermée mais tout de même. Il y en avait qui travaillaient à la ferme également. A moins que ce soit le fait qu'il soit en face d'une membre de l'armée qui l'interloquait ? Quoi que l'armée des plaines n'était pas loin non plus.