[Terminé] L'Ile en Débordement - Groupe 1 [EVENT]

Gunzo n'était pas tranquille. Ayant décrypté les signes de sa monture qui n'avaient pourtant rien à voir avec la présence proche d'une gallimimus à côté, l'homme savait ce qui se tramait. Du moins, plus ou moins. Il savait que le danger guettait, mais sans plus de détail. Combien ? Où ? Il ne pouvait pas le deviner. La pluie torrentielle l'empêchait de voir correctement la menace qui pesait sur ces gens, ou sur le brachiosaure un peu plus loin. Pas moyen de voir plus loin que le bout de son nez mais il savait que dans l'ombre de la forêt, des carnivores rôdaient. Des deinonychus plus précisément, à en juger par le comportement de celui qu'il avait en son pouvoir. Quoi qu'il en soit, il était inutile de prendre le moindre risque. Le jeune homme appela alors le mieux placé pour gérer cette situation mais aucun retour. Et le concerné n'était pas même dans le champ de vision du patriarche.

La monture aux dents acérées peinait à se calmer malgré la prise infligée par son cavalier qui plaquait sa tête vers l'arrière en tirant sur les rênes avec force. Mais le saurien ne pouvait s'empêcher de s'agiter en sentant la présence de ses semblables. Il voulait rugir, il voulait crier pour les appeler, les guider dans leur chasse. Peut-être pourront-ils même le libérer qui sait, et tous ensembles ils se feraient un petit gueuleton d'humains. Gunzo était bien tenté de partir à la recherche du chef, mais il ne pouvait se résigner à laisser les autres sans protection, quand bien même il y avait des membres de l'escadron dans le coin. D'ailleurs, en parlant d'eux, l'une d'entre eux arriva vers lui et lui signala que le chef n'était pas là, probablement de retour près du grand herbivore. Voilà qui n'arrangeait pas le jeune homme ! Il était patriarche, il savait se défendre, certes, mais il n'avait rien d'un membre de l'armée pour autant. Il aurait bien aimé qu'un qualifié tel que le chef soit là pour lui dire quoi faire.

- Nous ne sommes pas seuls, répondit-il alors à la femelle reptile, nous sommes encerclés.

Mais comme lui, elle ne pouvait pas le voir. A part l'imposant rideau d'eau et la masse sombre qui représentait les arbres des bois cernant le sentier, on ne pouvait rien distinguer d'autre et le bruit de la pluie était si assourdissant que si rugissement il y avait, on peinerait bien à les entendre. Pourtant, Gunzo était sérieux et surtout sûr de ce qu'il avançait. Les carnivores étaient là. Ils rôdaient dans la forêt. Ils étaient plusieurs, cachés entre les arbres. Ils sentaient la présence de chair fraîche et de proies faciles. Ils sentaient aussi la présence de l'un des leurs qui se trouvait là-bas. Ils attendaient sûrement le bon moment pour passer à l'action.

Prévenue, la gallimimus semblait devenir plus attentive à ce qui se passait dans les alentours, même si la pluie ne devait pas l'aider à ça. Elle avait une vue plus perçante que celle des humains, donc peut-être qu'elle voyait un peu mieux mais même avec ça, les éléments et le décor n'aidait pas à la reconnaissance du terrain. De plus, les prédateurs devaient sûrement être bien cachés, attendant le bon moment pour agir. Malgré le fait qu'il était plus haut qu'elle, perché sur son deinonychus, Gunzo entendit la jeune femelle marmonner à propos des civils. Il jeta un œil vers eux. Non, effectivement, ce ne serait pas une bonne idée. Cela provoquerait la panique et l'arrêt immédiat de leur aide et si tout le monde voulait s'en sortir vivant de ce marais, chacun devait y mettre du sien. Soudain, la saurienne se mit au garde à vous devant le jeune homme, qui n'avait guère l'habitude de ce genre de comportement. Il n'était pas chef d'armée après tout. Tout ceci était tellement formel ! L'ancienne patriarche ne lui avait jamais fait part qu'un jour il était possible qu'une situation comme celle-ci se produise. Gunzo écouta attentivement les paroles de la gallimimus. Il ne pouvait que suivre ses conseils. Elle en savait sûrement plus que lui, ou mieux du moins. De toute manière, ce que proposait la femelle lui paraissait ce qu'il y avait de mieux à faire. Il fallait protéger les civils avant tout et prévenir le chef. Il hocha la tête.

- Bien, faites ça.

Après quoi, voyant qu'il avait un peu d'avance sur les travaux de la tranchée par rapport aux autres, il se permit de quitter son poste sur le dos de sa monture carnivores pour aller prévenir les autres de l'escadron qui se trouvaient non loin, afin que les rangs soient resserrés tout comme l'avait suggéré la jeune reptile. Après quoi, il revint auprès des civils, à leur tête, et bien que sa vigilance avait redoublé, il poursuivit la creusée du canal.

Gunzo observa la jeune femelle partir pour prévenir son chef. A son tour, il alla un peu plus vite pour creuser la tranchée. La pluie n'aidait en rien et les civils devaient déjà être fatigués de tels travaux, mais il fallait absolument venir à bout de cette mission. Plus tôt le canal sera fait, plus vite ils pourront rentrer chez eux. Le fait qu'une silhouette qui s'éloignait de toutes les autres n'avait pas échappé aux yeux des prédateurs embusqués. La pluie était trop forte et ils ne pouvaient en voir les détails. Ils avaient juste vu que quelqu'un s'était éloignée, seule, du groupe. Quant au groupe en question, la garde semblait avoir redoublé de vigilance. Il ne sera pas facile de passer entre les mailles du filet. Aussi, la proie seule était une meilleure option. Mais il fallait l'intercepter avant qu'elle n'atteigne son but.

Un groupe de deinonychus prit ainsi la femelle en chasse, sans sortir des bois pour autant, ils se contentèrent pour le moment de la suivre jusqu'à ce qu'elle soit hors de vue de ses semblables. A un moment donné, il semblerait que la gallimimus soit prise d'un doute, se sentant suivit, mais les prédateurs restaient volontairement hors de son champ de vision. Ils voyaient mal à cause de la pluie, mais elle aussi. Et elle n'avait sans doute pas autant l'habitude qu'eux de se déplacer ainsi dans les marais. Les prédateurs pensaient déjà avoir gagné en voyant leur proie ralentir. Mais soudain, celle-ci se remit à courir. Il n'était pas question de la laisser s'enfuir. Elle était leur meilleure occasion.

Tapis dans l'ombre, les carnivores accélérèrent l'allure aussitôt pour dépasser la jeune femelle avant qu'elle n'atteigne sa vitesse de pointe. Quand celle-ci commença peu à peu à les rattraper sur le sentier, l'un d'eux bondit subitement hors du bois, chargeant sur la gallimimus et la percuta de plein fouet, la stoppant net dans sa course. Aussitôt, les autres deinonychus du groupe en profitèrent et sortirent à leur tour d'entre les arbres. N'étant pas aussi nombreux car le reste de la horde était resté là où se trouvait les humains, les quelques sauriens qui se trouvaient là s'éparpillèrent comme ils purent autour de leur proie et de celui qui venait d'entrer en collision avec elle, grondant férocement, menaçant et ayant hâte de se partager sa carcasse. Celui qui était tombé avec elle se releva d'un bond pour lui faire face, toutes griffes et tous crocs dehors.

(Mehen ne répondra pas pour le moment)


Les prédateurs avaient bien l'intention de faire de Xyria leur premier repas de la journée. Sans doute que celui qui était rentré dans la gallimimus avait eu aussi mal qu'elle et pourtant, son grondement était simplement celui d'un individu qui avait tout simplement hâte de planter ses crocs dans la chair de sa victime. Les deinonychus cernant la saurienne ne se laissèrent pas dérangé par le rideau d'eau qui leur tombait sur la tête ni par la boue qui recouvrait le sol, bien trop habitué à cet environnement. C'était ainsi quand on vivait dans un marais depuis sa naissance. L'un des prédateurs, celui qui était le plus proche de Xyria, bondit alors sur elle toutes griffes dehors. Mais la gallimimus se défendit et donna un coup de patte au carnivore qui l'envoya contre un autre. Les deux poussèrent un rugissement mécontent. Un rugissement aussi qui semblait donner l'ordre aux autres du petit groupe de s'en prendre à elle. En effet, les prédateurs se rapprochèrent dangereusement de la jeune femelle mais celle-ci s'empressa de prendre la fuite. Une mâchoire s'était tendue vers elle sur son passage mais claqua dans le vide, à un centimètre du bout de la queue de sa proie. La gallimimus s'était libérée. Aussitôt, le groupe de prédateur se lança à sa poursuite, dans l'espoir de la rattraper avant qu'elle ne rejoigne les autres. Ils poussèrent des rugissements sonores pour également prévenir ceux qui étaient restés du côté du chantier.

Gunzo traçait toujours le canal. Ils avaient déjà fait un bon bout de chemin et tout le monde travaillait d'arracher pied pour se hâter derrière l'homme et sa monture. Les eaux de l'étang s'engouffraient docilement dans la tranchée mais impossible de voir le bout de leur destination à cause de la pluie et du trajet qu'il restait à faire. De ses impressionnantes griffes de pattes arrières, la monture du patriarche traçait un profond sillon assez large pour contenir plus d'eau tandis que les civils et sauriens du bus agrandissaient et épaississaient les rebords du canal. Pour le moment, il n'y avait qu'un peu d'eau qui s'écoulait dedans car le bout du sillon, qui reliait à l'étang, était encore bouchée par un fin muret de boue, qui ne sera retiré qu'au dernier moment afin d'éviter que le canal ne déborde durant le chantier et que toute l'eau nécessaire soit perdue.

Soudain, le dinosaure que montait Gunzo s'agita de plus belle, tant et si bien que le jeune homme devait redoubler de force pour le maintenir en positon. La tension était palpable. Quelque chose se passait, il le voyait bien. C'est alors que, ayant plus d'avance sur les autres, Gunzo entendit des grondements non loin de lui. Observant le sentier aussi loin que la pluie lui permettait de voir, il vit, très légèrement, plusieurs silhouettes qui sortirent des bois avant de s'éloigner sur la route. Les autres deinonychus qui étaient restés tapis dans la végétation près du groupe de civil avaient finalement abandonné leur surveillance pour partir sur le chemin. Ils firent barrages à la jeune gallimimus, l'empêchant d'avancer plus loin, grondant férocement, tandis que les autres à sa poursuite l'empêchait désormais de faire marche arrière.

- Escadron ! appela l'homme face aux autres gallimimus du groupe, là-bas, sur le chemin, hâtez-vous !

C'est tout ce qu'il pouvait dire, car c'était tout ce qu'il savait. Il se passait quelque chose un peu plus loin sur le sentier, mais il ignorait quoi. Il ne pouvait pas abandonner les civils, il devait continuer l'avancement de la tranchée. Mais les autres de l'escadron pouvaient y aller car il n'y avait plus, ou alors beaucoup moins, de prédateur qui surveillaient désormais les humains. Toutefois, Gunzo restait très attentif à ce qui semblait se passer plus loin, au cas où il soit tout de même obligé d'intervenir. Mais il fallait tout de même que quelqu'un veille sur les civils.

La tranchée avançait plutôt bien sous la direction de Gunzo. Les civils étaient actifs et déterminés à en finir rapidement. Ils avaient froids et étaient trempés. Mais plus ils avançaient, plus ils se rapprochaient dangereusement de l'endroit où Xyria était en proie à une horde de prédateur. Il fallait juste espérer que les civils ne s'en rendent pas compte et que tout le monde puisse s'en sortir indemne. Les deinonychus poursuivaient toujours leur proie, seule et sans défense. Les choses se compliquèrent quand le reste de la horde avait décidé de barrer le passage à la jeune femme. La voilà entièrement cernée par cette meute sanguinaire tant et si bien que sa carcasse ne serait sans doute pas assez pour tous les rassasiés ! Les prédateurs avaient hâte d'en finir, affamés qu'ils étaient, leurs puissantes griffes avides de trancher la chair. La pluie, ils n'y faisaient même plus attention. Ils étaient assez prêt de leur proie pour bien la voir. Ils grondèrent férocement, prêt à se jeter sur elle. Elle pouvait bien dire ce qu'elle voulait, ça ne changeait rien pour eux. A elle toute seule, elle pouvait toujours essayer de se battre, le nombre la vaincrait et l'enverrait rejoindre son défunt père. Le combat commença alors et la gallimimus se retrouva vite à terre. Persuadés de vaincre, les carnivores se ruèrent autour d'elle. Soudain, des cris les arrêtèrent. Les prédateurs redressèrent leur mâchoire pleine de dents pour voir débarquer d'autres gallimimus agités. Le combat était sûrement beaucoup plus équilibré, mais les prédateurs, si prêt du but, ne comptaient pas se laisser impressionner par de nouvelles proies potentielles. On avait tendance à dire que les deinonychus et les raptors étaient les prédateurs les plus intelligents du règne saurien. Ce n'était pas une idée reçu. Après quelques échanges de grondement, les carnivores décidèrent d'utiliser une organisation mieux définie. En effet, la horde fit face au reste de l'escadron, rugissant avec force, menaçant, pour les obliger à garder leur distance. Un seul deinonychus était resté prêt de Xyria et avait pu la rattraper à temps avant qu'elle ne soit entraîné par l'un des siens. Le monstre posa sa patte griffue sur le corps de la femelle et d'une patte avant, il dégaina un coup de griffe dans le visage de celui qui avait tenté de la sortir de là. Pendant ce temps là, le reste de la horde se répartie autour des autres de l'escadron et chaque membre choisit alors une proie à abattre. Le combat s'engagea subitement sous la pluie, les deinonychus se ruant sur les herbivores, bondissant sur eux, toutes griffes dehors. Ils étaient bien tentés de se faire un festin aujourd'hui !

Face à la roche solaire, les deynonichus n’avaient pas fait long feu. Ils avaient luttés un bon moment face à cet escadron de gallimimus pourtant si peu nombreux. Même avec l’aide du parasaurolophus, on aurait pu penser que les prédateurs auraient fini par avoir l’avantage malgré la vaillance de leurs adversaires. La roche solaire avait garanti la victoire à ce petit groupe et il semblerait que les deynonichus soient partis pour de bon dans les profondeurs du marais. Tout la petite troupe semblait pouvoir se réjouir et éventuellement penser à retourner auprès des civils pour les défendre en cas de besoin. Mais soudain, un son retentit dans le lointain. Le son d’une corne soufflée qui appelait à l’aide. Et cela ne venait nullement du côté de la tranchée, mais au contraire de l’endroit où était coincé le brachiosaure ! Et tout portait à croire que c’était le conducteur qui demandait du secours de toute urgence. Depuis tout ce temps, ce dernier était resté seul durant tout ce temps avec sa grande monture. Mais il avait entendu un grondement inquiétant avant de se rendre compte que les arbres bougeaient non loin de lui. Un t-rex sortit alors des bois, sa haute silhouette impossible à rater, même à travers la pluie. Pour le moment, seule la vase dans laquelle était coincé le bus empêchait l’énorme prédateur de s’en prendre à lui, mais il n’était pas à douter qu’il trouverait l’occasion tôt ou tard.

Le conducteur du bus aurait aimé pouvoir y voir plus clair, mais à part la certitude qu’une importante menace pesait sur lui et sa monture, il ne pouvait pas en signaler plus. Le brachiosaure avait aussi perçu la présence de l’imposant prédateur et n’en était que plus inquiet. Il brama d’angoisse en voyant les arbres devant lui se mouvoir. Un grand carnivore rôdait non loin de lui et n’attendait que le bon moment pour passer à l’action. L’homme sur le dos de son compagnon entendit alors l’arrivée de l’escadron de gallimimus qui venait voir ce qui se passait. Depuis la hauteur du dinosaure, l’homme avait également du mal à bien les voir et à se rendre compte qu’ils venaient déjà de passer un rude combat.

- Quelque chose nous guette chef ! lança t-il d’une voix forte pour compenser le bruit de l’averse, là-bas dans la forêt, ça à l’air énorme !

Il essayait tant bien que mal de calmer la haute créature qui s’inquiétait de ne pouvoir se débattre de ce bourbier. Pendant ce temps-là, l’inquiétude montait aussi dans l’esprit des civils qui se trouvaient à l’autre bout du sentier, ayant bien compris que quelque chose se passait. Gunzo, le jeune patriarche, avait entendu le cor comme tout le monde. Il espérait que les gallimimus s’en soit tiré avec les deinonychus afin qu’ils puissent se charger de la suite. C’est alors qu’il vit les deux dinosaures revenir à lui.

- Quelles sont les nouvelles ? demanda t-il à Xyria, où sont les autres ?

Il fut soudainement inquiet. Xyria et Mehen revenaient seuls et blessés. L’escadron avait-il été décimé par les prédateurs, ne laissant qu’eux comme uniques survivants ? Le brachiosaure était-il devenu la nouvelle proie des carnivores ? Gunzo se sentait déchiré en deux car il avait bien envie de voir ce qui se passait, mais ne pouvait abandonner les civils. Il gardait toutefois la tête froide et attendit patiemment une réponse. Sa monture n’était plus aussi agitée qu’avant. Aussi le jeune homme pouvait au moins en conclure que les deinonychus n’étaient plus dans les parages.

Gunzo hocha la tête aux paroles de la jeune gallimimus. Il était rassuré de savoir tout le monde en vie, et visiblement, c’était le cas pour les autres civils que la gallimimus avait harangué pour qu’ils puissent continuer leur travail. La tranchée avançait de mieux en mieux. Très vite, le petit groupe dépassa la moitié du chemin et avait hâte d’y être. Mais pendant ce temps-là, au bout de ce même chemin, un autre problème devait impérativement être réglé avant qu’ils n’arrivent. Le conducteur du bus fut assez surpris de la décision du chef gallimimus. Allait-il vraiment affronter tout seul ce qu’il y avait là-bas ? Il ne savait même pas ce que c’était et il y avait peu de chance pour que ce ne soit « rien ». Pourtant, le chef avait l’air sûr de son coup. Il demanda aux autres de surveiller les alentours du bus avant de s’enfoncer plus loin. Mais à peine avait-il fait quelques mètres dans la forêt qu’il tomba nez à nez avec une énorme patte griffue. Puis une seconde. Deux grosses pattes qui maintenaient un corps colossal de t-rex. La créature baissa les yeux vers le dinosaure à ses pattes et poussa un rugissement. Il baissa la tête et ouvrit son énorme mâchoire pour le croquer tout cru.